Dossier Delocalisation Au Maroc

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Délocalisations: le malheur des uns fait le bonheur des autres ans les pays industrialisés, c’est devenu un sujet brûlant, un thème politique majeur. Que ce soit George Bush lors de sa dernière campagne électorale ou les hommes politiques européens, tous s’emparent du thème et promettent de lutter contre les délocalisations qui, pour reprendre leur imagerie politicienne, vident les pays industrialisés de leurs emplois. Le phénomène est plus complexe, mais le sujet est devenu tabou et les industriels, qui projettent de réduire leurs coûts ou d’améliorer leur compétitivité, Visiten secret. ? Surtout, ne as que nous somm pas dire en partant. or 17 l’anonymat et le mettent-ils pas de Le Maroc en voit venir chaque semaine et voit d’un bon œil ces investisseurs potentiels qui stimuleraient l’emploi. Certains secteurs doivent tout à ce déplacement international du travail: la confection par exemple. Mais plus récemment les faisceaux de câble automobile, l’aéronautique, les centres d’appels. pour autant, le Maroc a-t-il pleinement joué ses chances en la matière ? Probablement non. Les délocalisations vont beaucoup vers l’Europe ellemême, la Chine, Flnde, qui ne laissent aux autres pays que la portion congrue.

Car pour attirer des délocalisations, il faut autre chose que des bas salaires, pour lesquels on trouve d’ailleurs toujours moins cher que soi. pari de la jeunesse marocaine . 23 Le succès des délocalisations des faisceaux électriques . . . 24 L’aéronautique: un pôle en développement La filière textile-confection entre deux vagues de délocalisations Délocalisations : le Maroc peut-il Tandis que les uns tentent de retenir les entreprises candidates ? l’expatriation, les autres redoublent d’efforts pour les attirer. Les enjeux sont enormes car le mouvement des délocalisations enclenché depuis . 26 quelques nnées n’est pas près de toucher à sa fin. Au contraire, il n’en est qu’? ses prémices. chiffre 305 PAG » 7 est passée de 20 % en 1980 à 80 % en 2000. L’essor des technologies de l’infor- « D CNUCED Selon l’étude sur les stratégies de délocalisations des sociétés européennes menée par la CNUCED, quatre entreprises sur dix ont commencé à délocaliser leur activité de service. d’entre elles considèrent que l’opération est un succès, 3 % ne sont pas satisfaites. mation et de communication facilite les échanges entre les nations à molndre coût.

Il offre même de nouvelles opportunités avec le éveloppement des activités de services « offshore L’explosion du secteur des TIC en Inde a généré un chiffre d’affaires de 7,7 milliards de dollars en 1999, un quinze fois supérieur à celui de 1990. Les exportations de ce pays sont passées de 1 50 millions de dollars en 1990 à 4 milliards de dollars en 1999. Des prévisions portent ce chiffre à 50 milliards de dollars pour 2008. Un phénomène à ses débuts Époustouflant’ Pour la CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Dé « la délocalisation ? en France.

Cette délocalisation peut être intégrale, phénomène rare, ou artielle, une partie de la production étant assurée en France, l’autre ? l’étranger. La production assurée par l’entreprise délocalisée est alors souvent le fait d’une filiale. Relocalisation d’entreprises qui consiste à déplacer son site de production à l’étranger afin de se rapprocher d’autres marchés et de vendre sa production sur place. Localisation d’entreprises qui consiste à installer directement un site de production à l’étranger. Ce phénomène constitue une forme d’investissement direct ? l’étranger.

La CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) opère une autre distinction entre : la délocalisation interne de l’entreprise, aussi appelée « délocalisation captive qui désigne une décentralisation dans le cadre de l’entreprise, moyennant rétablissement de filiales étrangères. – la délocalisation externe de l’entreprise, aussi appelée « délocalisation en sous-traitance (en anglais « outsourcing » ) désigne l’entreprise qui confie la sous-traitance d’un service à une tierce partie à l’étranger. CONJONCTURE N’ 856 – J ANVIER 2005 – 20 en tirer profit ? ne véritable opportunité de dévelo ement économique et social pour des pays PAGFd0F17 cerveaux et le pays augmente ses recettes d’exportation. Mais la concurrence est rude. Les activités de services qui utilisent les technologies de l’information et de la communication, par exemple, sont particulièrement volatiles. Elles font abstraction des notions d’espace et de temps. Elles vont là où le rapport qualité/prix est le meilleur. « Les délocalisations de services ne sont pas un phénomène nord/sud », rapporte encore la CNUCED. « Les grands bénéficiaires sont l’Irlande, le Canada, l’Israël et l’Inde.

La part de marché des services délocalisés qui revient à ces quatre pays dépasse 70 % En mars 2004, le cabinet d’études américain Gartner a présenté les résultats d’une étude qui précise que « jusqu’à 25 % des métiers traditionnels des technologies de l’information dans de nombreux pays développés aujourd’hui seront situés sur les marchés émergeants d’ici à 2010 Toujours selon le cabinet, si l’Inde reste le leader incontesté des délocalisations lointaines, la Chine et la Russie continuent d’être des concurrents sérieux.

Quant ? l’Irlande et Israël, elles sont déjà devenues des localisations clés pour les applications informatiques prêtes à l’emploi et les services de traduction et d’adaptation. Le Maroc a construit sa confection sur es délocalisations avant d’en être lulmême victime Stratégie à définir Pour y parvenir, ces nations ont déployé de nombreux efforts et mis en lace une véritable stratéeie. L’Inde 17 Contrairement à des idées reçues, la délocalisation n’est pas un phénomène Nord-Sud.

La majorité des délocallsatlons se trouvent en Europe (centres d’appels et sièges régionaux) CONJONCTURE NO 856 -JANVIER 2005 21 Des entreprises ayant leur siège au Royaume-Uni, en Allemagne et au Benelux totalisent 90 % du nombre des emplois de servlces déjà délocalisés. La proportion des sociétés britanniques devrait augmenter dans les années ? enlr. Les critères de choix de la délocalisation L’Irlande a misé sur la formation puisqu’elle dispose d’un grand avantage : une population jeune. En libéralisant le secteur des télécommunications, elle a également réduit les coûts des communications…

Le Maroc a pris conscience de l’opportunité à saisir. La politique d’ouverture et de libéralisation entamée depuis le début des années 80 favorise l’émergence d’un environnement concurrentiel propre à rendre les entreprises de plus en plus compétitives. La modernisation des infrastructures de télécommunications ouvre de nouvelles perspectives. Explosion des centres d’appels Le secteur des centres d’a production industrielle au ministère de l’Industrie, du Commerce, et de la Mise à Niveau. Les investisseurs de ces secteurs bénéficient d’une contribution financière par l’entremise du Fonds Hassan Il.

Ils perçoivent une aide qui peut couvrir 50 % du coût du terrain, plafonnée à 125 dirhams par m2 et 30 % du coût du bâtiment, plafonnée à 450 dirhams le m2. « Le secteur automobile a drainé un flux d’investissements important au cours de ces trois ou quatre dernières années. Les entreprises de ce secteur occupent aujourd’hui plus de la moitié de la zone ranche de Tanger. Elles fonctionnent en flux logistiques très tendus, un avantage concurrentiel pour elles », précise-t-il encore. En signant l’accord avec le groupe Renault, le Maroc envisage de créer une plateforme d’assemblage automobile.

Les économies réalisées grâce à l’abaissement des coûts de travail compris entre 20 % et 40 qui dépassent souvent les attentes des entreprises, sont le premier avantage cité. Influence des facteurs souples Si les facteurs solides tels le coût, les competences de main-d’œuvre ou le décalage horaire influencent les entreprises délocalisantes pour 59 gt. Les facteurs souples omme l’alignement sur les pratiques des concurrents, l’offre de partenariat, la situation politique ou le lob b in interne, comptent pour plus de 40 96.

PAGF70F17 dizaine d’entreprises sont déjà installées au Maroc. Pour redynamiser les flux d’investissements dans les secteurs du textile et du cuir, le Maroc compte profiter des accords de libre-échange avec les États-Unis. En passant par le Maroc, les pays européens pourraient échapper CONJONCTURE N’ 856 – JANVIER 2005 – 22 aux droits de douane qui atteignent 40 % dans ces secteurs. Pour y voir encore plus clair, le ministère a confié une étude au cabinet Mc Kinsey. Quels sont les étiers et les marchés de demain, quels sont les avantages concurrentiels du Maroc sur ces marchés…? ? À partir des résultats attendus pour la fin de l’année, nous affinerons notre stratégie affirme le directeur de la production industrielle, convaincu que le partage intelligent entre le nord et le sud est un moyen pour résister, entre autres, à la pression chlnoise. Corinne Langevin Les centres d’appels . le pari de la jeunesse marocaine Le secteur des centres d’appels a bénéficié d’une forte vague de délocalisations. Les entreprises étrangères ont trouvé auprès de la jeunesse une maind’œuvre flexible et bon PAGF