Dissertt
Quel est donc le lien qui nous unit, et grâce auquel notre union est une réunion homogène ? C’est notre qualité de Juif. De quelque ville, proche ou lointaine d’où nous venions, quelles que soient les conditions sociales auxquelles nous avons été ou nous sommes soumis, nous nous sentons frères parce que nous sommes Juifs. AI ne suffit pas cependant de constater ce fait, il faut en comprendre la signification.
En affirmant que je suis Juif au même titre que tel homme, habitant d’adossa ou de apparue, de ébaucheras, de posent, ou de variées, veux-je dire par là que j’ai la même foi, les mêmes croyances dogmatiques ou métaphysiques que cet homme dont je me sens le proche ? En un mot, est-ce un lien religieux qui nous unit ? En nous disant Juifs voulons-nous dire que nous premier boy lézardée I octobres 31, 2010 | 28 pages avons une identique conception de la Divinité, et non seulement de cette divinité, mais encore du culte qui doit lui être rendu et même de la nécessité de ce culte ? Aucunement, et il ha parmi nous des israélites pratiquants, orthodoxes ou libéraux, sans doute des déistes, des panthéistes à la façon de pilon ou à celle de espionna, peut-être des positivistes et des matérialistes et assurément des athées. Être juif, cela ne veut donc pas dire être de la même religion. Je sais bien qu’on affirme communément le contraire et qu’on affecte de considérer comme ne faisant pas partie d’israélien tous ceux qui ne fréquentent pas les synagogues.
C’est surtout dans les pays où les Juifs se consolent du mépris qui leur est témoigné par le fait qu’on a consacré leur émancipation, c’est surtout dans ces pays qu’on ne veut voir dans le judaïsme qu’une confession religieuse. Cela peut être une tactique, une politique, – celle de l’autruche – mais ce n’est pas l’expression de la vérité ! Dans ce cas particulier, il m’est sans doute permis de le dire ici, ce sont les antisémites qui ont raison.
Ils ne savent pas pourquoi, certes, et c’est simplement leur haine qui leur a donné une confuse clairvoyance, mais ils sont bien dans la vérité contre les journaux qui défendent l’orthodoxie. Le judaïsme comporte une religion – une religion nationale – mais il n’est pas seulement une religion et que peut répondre un orthodoxe, un hissait, un dualiste ou un de ceux qui répudiant le nom de Juifs pour ne retenir que celui d’Israélite à l’athée qui lui dira : « Je me sens Juif. C’est I nom de Juifs pour ne retenir que celui d’Israélite à l’athée qui lui dira : « Je me sens Juif. »C’est là un sentiment qui a a valeur, tout au moins il existe et il est bon de se demander d’où il sort, sur quoi il s’appuie, quelles en sont les causes et la genèse. À ces questions une réponse est faite à la fois par les philosophies et les antisémites. Ce qui unit entre eux tous les Juifs du monde, c’est qu’ils sont de même race. Cette affirmation ne soutient pas l’examen.
Le Juif russe au nez écrasé, aux pommettes saillantes, aux yeux bridés, le Juif espagnol au nez recourbé, à la bouche charnue, le petit Juif brun au nez droit et le petit Juif roux d’allemand, ont-ils le même ancêtre, descendent-ils d’un même couple ? On, mais on pourrait leur chercher des aïeux dans la jade d’autrefois, et on retrouve leur effigie la fois sur les bas-reliefs des étatistes et sur les fresques qui ornent les tombeaux des Pharaons. Il ha plusieurs types juifs, mais malgré les croisements et les mélanges, on peut soutenir, contre rénal, que la pérennité de ces types est incontestable.
Si donc nous rectifions l’idée que poil et antisémites se font de la race juive, on peut dire que l’identité des origines, constitue déjà un lien entre es juifs. Mais la croyance en cette communauté d’origine n’est pas suffisante pour nous unir. Est-ce uniquement la qualité on nous attribue qui nous attache les uns aux autres ? Non, car c’est à cause de cet attachement qu’on nous accorde cette qualité. Où puisons-nous alors ce car c’est à cause de cet attachement qu’on nous accorde cette qualité. Où puisons-nous alors ce sens de notre unité, si je puis dire ?
D’abord dans un passé commun, et un passé bien récent. Le Juif émancipé se conduit le plus souvent comme un parvenu, il oublie l’aïeul misérable dont il est issu. Alors que chacun s’ingénie à se chercher des ancêtres, il veut oublier qu’il en a eu un. Cet ancêtre lui fait peu d’honneur, c’était généralement un pauvre ère que l’on retrait à peu près aussi bien qu’un chien, auquel on reconnaissait à peine le droit à la vie, et qui pâtissait doucement, sordidement, avec une résignation d’une humilité peu esthétique.
Cependant, si ce Juif émancipé faisait soigneusement son examen de conscience, il reconnaît que l’humilité de l’aïeul est devenue chez lui de la platitude, sa résignation de la lâcheté, et que cependant l’excuse qu’avait le petit Juif d’autrefois n’existe plus aujourd’hui. Parmi ceux dont je parle, parmi les Juifs d’Occident, il en est aussi qui ont essayé d’oublier ce passé vieux d’un siècle, pour pouvoir s’assimiler aux nations au lieu desquelles ils se trouvaient. Sont-ils parvenus effacer de leur esprit et de leur c?Ur ce que dix-sept siècles y ont imprimé ?
Qu’est-ce que cent ans ? Est-ce suffisant pour abolir l’??uvre de 2 plusieurs millénaires ? Car, en parlant de dix-sept siècles, je méconnais les milliers d’années pendant lesquelles se forma ce peuple Juif que a colère de orme et la haine de la chrétienté ont semé sur la terre, comme un ce peuple Juif que la colère de orme et la haine de la chrétienté ont semé sur la terre, comme un grain rebelle. Si encore pendant ces cent ans, les animosité et le mépris avaient disparu.
Et, si, malgré tout, ils veulent oublier, n’ont- ils pas un vivant témoignage de ce jadis en voyant la condition présente des Juifs roumains ou des Juifs russes, des Juifs de Perse et de ceux du marc. Je me souviens d’un jour où tout ce tragique passé reparut devant moi. C’était amasseras. J’avais erré par les rues du ghetto, poursuivant l’ombre du divin espionna et j’étais allé m’asseoir dans la vieille synagogue portuaire pour mieux évoquer l’image de celui que la synagogue poursuivit.
J’étais resté longtemps assis sur le banc, devant le sanctuaire dont le bois, dit la légende, vient de pâlissaient, en face de la plaque e marbre où sont inscrits les noms des espionna. Quand je sortis, je vis dans la cour de a synagogue un campement de Juifs russes, et je me crus reporté aux âges d’autrefois, où les troupes de Juifs fugitifs couraient les routes pour échapper à la spoliation, au martyre et au bûcher.
Tous les siècles de misère, de désespoir, de résignation et d’obstination héroïque revécurent et ce fut l’sauveurs légendaire, l’éternel et misérable vagabond que je crus voir passer. Ce n’est certes pas l’anti-sémites contemporain qui rayera tout cela de nos mémoires. Et voilà encore un en vivace entre nous : une histoire commune. Que comporte-t-elle, cette histoire ? Elle comporte des traditions et des une histoire commune. Que comporte-t-elle, cette histoire ? Elle comporte des traditions et des coutumes communes.
Traditions et coutumes n’ont pas également persisté, car beaucoup d’entre elles étaient des traditions et des coutumes religieuses, néanmoins elles ont laissé leurs traces en nous, elles nous ont donné des habitudes, plus même, une attitude d’esprit semblable grâce à laquelle, malgré les divergences individuelles nécessaires qui nous séparent et doivent nous séparer, nous regardons les oses sous un même angle. Outre ces traditions et ces coutumes, se sont élaborés, au cours des âges, une littérature et une philosophie.
De cette philosophie et de cette littérature nous avons été exclusivement nourris pendant de longues années. Assurément, nous vivons actuellement, et beaucoup de juifs d’autrefois vivaient sur un fonds d’idées générales, idées humaines et universelles que les nôtres ont contribué d’ailleurs à créer, mais nous possédons certaines catégories d’idées et certaines possibilités de sensations et d’émotions que n’appartiennent qu’ nous parce qu’elles naissent recensement de cette histoire, de ces traditions, de ces coutumes, de cette littérature et de cette philosophie.
Comment traduit-on ce fait pour un certain nombre d’individus d’avoir passé, traditions et idées communes ? On le traduit en disant qu’ils appartiennent à un 3 même groupement, qu’ils ont une même nationalité. Et voilà ce qui fait comprendre cette Incontestable fraternité juive que beaucoup cherchent nationalité.
Et voilà ce qui fait comprendre cette incontestable fraternité juive que beaucoup cherchent expliquer par des sentiments humanitaires ; mauvaise explication, puisque ces sentiments se particularisent et eu ceux qui veulent répudier leur qualité de Juif les oublient. Telle est la justification du lien qui unit les Juifs des cinq parties du monde : AI ha une nation juive. Ce n’est pas la première fois que j’émets cette opinion. Je l’ai développée il y a trois ans dans un livre que l’on ma beaucoup reproché.
On ma dit qu’en affirmant la permanence et la réalité d’une nation juive, je me faisais l’auxiliaire des antisémites. J’ai beaucoup réfléchi à ce grief si grave et je persiste à rester sur ce point l’allié des antisémites, comme on a bien voulu le dire ; ?e suis leur adversaire sur tant d’autres que je puis me permettre ‘appuyer par des raisonnements précis leurs confuses affirmations. Ce qui me choque en effet de la part des antisémites, ce n’est pas de les entendre dire : « Vous êtes une nation ! , ni même de les entendre affirmer que nous sommes un état dans l’État, je trouve qu’il n’ a pas assez d’états dans l’État, c’est-à-dire, pour préciser mieux, qu’il n’ a pas assez, dans les états modernes, de groupements autonomes et libres liés entre eux. L’idéal humain ne me paraît pas l’unification politique ou intellectuelle. Une seule unification me semble nécessaire : c’est l’unification morale. Ce qui me choque, car c’est contraire à la vérité, c’est de montrer les Juif c’est de montrer les Juifs comme une nation spécialement haineuse, corruptrice et perverse.
Ce qui me choque, car c’est contraire à la justice, c’est de rendre, dans un but fort louche, les Juifs responsables de tous les maux sociaux. Quant à ce fait qu’il y a une nationalité juive, serait-il constaté uniquement par les antisémites et repoussé par ceux des Juifs qui s’imaginent volontiers, les uns qu’ils étaient autrefois aux côtés d’romarins dans la forêt de tatoueurs et les autres près de frictionneront à alésa, ce e serait pas pour moi une raison de le nier, puisque l’évidence l’impose.
Si je regarde devant moi, je vois, je le répète, quelques millions d’êtres humains ayant été soumis pendant des siècles aux mêmes lois intérieures et extérieures, ayant vécu sous les mêmes codes, ayant eu mêmes idées, mêmes m?ours ; je constate que ces milliers d’individus se donnent encore le même nom, qu’ils se sentent encore unis et qu’ils ont conscience d’appartenir au même groupement. Que puis-je convenablement conclure ? Que ces milliers d’individus forment une nation.
On me dira que beaucoup d’entre eux se sont fondus, assimilés. eu signifie ceci ? N’ a-t-il pas, par exemple, des Allemands d’origine française et des Français d’origine allemande ? Cela empêche-t-il qu’il y ait une nation allemande et une nation française ? Certes non, pas plus que 4 cela n’empêche les critiques d’établir ce que tel auteur allemand doit à ses ascendants allemand doit à ses ascendants français et tel auteur français à ses ascendants allemands.
La vérité est que, parmi les Juifs qui nient l’existence d’une nation juive, beaucoup sont poussés par la crainte des conséquences. Ce n’est pas chez eux – à de rares exceptions près – une opinion ou une conviction, c’est une diplomatie, et c’est parmi ceux-là – chose étrange – qu’on trouve le chauvin juif, celui qui dit . « Voilà ce qu’on ne voit pas chez les Juifs. »Ou « Voici qui ne peut se trouver que chez les Juifs. En réalité on trouve chez les Juifs la même somme de vertus et la même somme de vices et d’infamies que chez tout autre peuple. N’est-ce pas naturel ? Si on examine maintenant cette nation juive, on constate qu’elle est, elle aussi, divisée en classes. Je ne parle pas de la noblesse juive, elle vient du saint Empire, mais il ha une grande bourgeoisie financière, industrielle et commerciale, une petite bourgeoisie intellectuelle et trafiquants, et un immense prolétariat juif.