Dissertation Guillaume

essay B

Dissertation Sujet • Le théâtre est-il un genre apte à reprsésenter les passions ? Le théâtre est un genre littéraire qui a une très longue histoire et épouse de nombreuses formes. Il est à l’image de la vie humaine et c’est sûrement pour cela qu’une de ses fonctions premières semble être la représentation des passions. Celles-ci peuvent être définies comme des émotions puissantes et continues qui dominent la raison, e l’être humain vers so contemporains, les dramaturges ont ains prédilection pour rep 2 p g ine puis aux grands e genre de grandes forces qui possèdent l’âme humaine.

On pourrait se demander pour quelles raisons le théâtre est à ce point utilisé pour dépeindre les tourments du cœur et de l’esprit, et ce qui en fait un genre si apte à matérialiser ces agitations des sentiments. Cependant, nous verrons tout d’abord que le théâtre offre parfois un divertissement agréable sans donner dans la peinture des grands sentiments. En effet, on pourrait croire ? première vue que le théâtre constitue un loisir simple qui n’a pas vocation à faire réfléchir à la nature humaine.

Nous verrons par la suite que l’ambition des grands auteurs est de s’élever au dessus de ce premier bjectif de distraction vers une forme théâtrale plus élaborée et deux aspects afin de créer des œuvres plus justes et plus complexes. On peut noter que le théâtre, avant de servir de miroir des passions humaines, est tout dabord un lieu où l’on va pour se divertir. De plus, il existe des cas où l’auteur n’a pas vocation à faire réfléchir le spectateur, mais seulement à lui faire passer un moment agréable et distrayant.

Le théâtre constitue tout d’abord une activité sociale importante. I s’agit d’un rituel mondain depuis plusieurs siècles qui attire le public d’une ertaine classe sociale. Le répertoire de pièces réputées est également un facteur qui peut éveiller l’intérêt du public et l’amener à se rendre au théâtre. Cet aspect social est particulièrement montré dans l’oeuvre de certains auteurs comme Proust ou, plus tôt, Alexandre Dumas.

On peut noter, dans le Comte de Monte-Cristo, une scène qui se déroule à l’opéra, ? Rome, dans le chapitre 34. Toute la noblesse est présente et profite de la soirée pour régler affaires politiques et amoureuses, sans prêter attention à la pièce. « Chacun causait de ses affaires, de ses amours, e ses plaisirs, du carnaval qui s’ouvrait le lendemain de la semaine sainte prochaine, sans faire attention ni aux acteurs, ni à la pièce.

Pour ce passage, Dumas s’est inspiré des mœurs de son époque et, bien qu’il s’agisse d’un extrême et que les choses aient évolué depuis le 19e siècle, on voit bien que le théâtre peut parfois servir de scène sociale et que la représentation des passions eut être totalement denuée d’intérêt. On pourrait alor 20F 12 représentation des passions peut y être totalement denuée d’intérêt. On pourrait alors douter de l’aptitude du théâtre à communiquer au public les passions ue l’auteur veut transmettre.

L’une des autres raisons pour lesquelles le théâtre rencontre du succès, c’est que lion y va pour se distraire : il s’agit d’un loisir. En effet, c’est un lieu de partage que l’on visite pour le plaisir de voir des pièces, des acteurs et des mises en scène plaisantes. On y va seul, en famille ou entre amis avant tout pour se divertir. Dans la comédie ou l’opéra par exemple, l’auteur utilise souvent les différents types de comique pour faire rire le spectateur. La farce et le théâtre de boulevard sont deux sous-genre encore plus pécialisés dans ce rôle de distraction.

Ainsi, dans les Fourberies de Scapin, Molière met en œuvre différents moyens pour provoquer l’hilarité du spectateur : à la scène 7 de l’acte Il, le comique de répétition est utilisé, avec la fameuse réplique de Géronte « Que diable allait-il faire dans cette galère » ; ? la scène 2 de l’acte Ill, le comique de geste est utilisé lorsque Scapin frappe Géronte caché dans le sac Il s’agit d’une farce qui ne vise pas forcément ? représenter des passions, mais plutôt à plaire au public qui vient la voir, au moyen de différentes ituations comiques.

Enfin, on va également au théâtre pour s’évader. Comme pour les autres arts, le théâtre peut servir à oublier la réalité le temps d’une pièce. En effet, le théâtre nous propose des situations et des univers imaginaires qui doivent correspo 30F 12 le théâtre nous propose des situations et des univers imaginaires qui doivent correspondre à ce que le spectateur ? envie de voir pour se changer les idées. Un aspect trop moralisateur et grave qui reposerait trop sur la représentation des passions pourrait désenchanter un spectateur qui chercherait ? ‘éloigner de ses soucis personnels.

Cet aspect féérique et imaginaire du spectacle est présent dans de nombreux domaines, comme la Commedia dell’arte, avec la poésie de certains personnages comme Pierrot, ou certains opéras. A ce titre, la flûte enchantée de Mozart et Schikaneder est un bon exemple. L’intrigue prend place dans un royaume imaginaire qui fait voyager le spectateur, et l’ambiance parfois sombre de la pièce est détendue par certains personnages burlesques, comme Papageno l’oiseleur.

La dimension merveilleuse de l’histoire est notament visible lorsque le prince Tamino parvient ? communiquer avec des animaux en jouant de sa flûte enchantée. « Qu’elle est puissante ta musique, belle flûte, puisque ta mélodie enchante même les animaux sauvages Le fait qu’une œuvre théâtrale soit éloignée de la réalité peut ainsi faire le succès d’une œuvre, plus que la représentation des passions humaines.

On constate que la représentation des passions peut être considérée comme un rôle secondaire du théâtre, qui parvient parfois bien mieux à nous présenter des œuvres ayant pour but de nous distraire, et dont le rôle peut dans certains cas ?tre plus d’ordre social. Cependant, lorsqu’on pas de théâtre supérieur ? 4 2 plus d’ordre social. Cependant, lorsqu’on passe à un niveau de théâtre supérieur ? celui du théâtre de boulevard, et que l’attention du public est présente, on se rend compte que la représentation des passions devient alors un rôle central du théâtre.

Plus encore que les autres genres, le théâtre est lié de façon intime à la reprsésentation des passions. Nous allons tenter de comprendre ce qui fait la spécificité du théâtre par rapport au roman, par exemple, et détaillerons ce qui ui permet de bien représenter les passions humaines. pour qu’une œuvre réussisse à toucher l’individu et à lui montrer divers sentiments, il faut avant tout que cette œuvre soit vivante, qu’elle parvienne captiver son public.

Cest ce qui fait la grande force du théâtre : il parvient, au moyen de différents éléments qui lui sont propres, à attirer l’attention du spectateur. Ainsi, le choix du sujet dune pièce, son intrigue et l’évolution de cette dernière, ses rebondissement, forment un terrain propice à la représentation des passions. Non seulement le scénario rendu ivant sur scène parvient ? saisir le public, mais il permet en plus de déclencher et de révéler les passions des personnages.

Dans le Cid, de Corneille, le duel des deux pères à la scène 3 du premier acte apporte de l’action à la pièce, retenant l’attention du spectateur, et permet ensuite de laisser éclater la honte et la haine du père de Rodrigue, de provoquer sa passion. « O rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? » (1,3). Dans Cyrano de Be 2 Dans Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand, c’est l’évolution de l’intrigue et de la orrespondance avec Roxane qui entretient et dévoile la flamme du personnage éponyme. ? je vous aime, j’étouffe, Je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop. » (111,7) De plus, l’art du dramaturge et du metteur en scène permettent l’efficacité d’une pièce et l’identification du spectateur aux protagonistes de celle-ci. Le rôle de l’auteur est de rendre un sujet beau et captivant, par le travail de la langue et les différents effets de style, tandis que celui du metteur en scène est d’actualiser la pièce et de tenter de rendre les objectifs de cette dernière les plus clairs possible.

De nombreux spectateurs ont pu faire l’expérience de la comparaison de deux mises en scènes d’une même pièce, qui en révèlent parfois des aspects complètement différents. Ainsi, parmi les mises en scène du Misanthrope de Molière en 2014, celle de Jean-François Sivadier au Théâtre National de Strasbourg relevait davantage de la comédie et montrait l’aspect ridicule du personnage d’Alceste, tandis que celle de Clément Hewieu-Léger à la Comédie-Française montrait plus les tourments intérieurs du personnage, sa dimension romantique, et l’expression tragique de sa passion amoureuse.

Il s’agit là d’une des caractéristiques propres au théâtre qui, contrairement au roman ou à la poésie, peut être travaillé et revu à l’infini, et ainsi gagner en force et en crédibilité d 6 2 être travaillé et revu à l’infini, et ainsi gagner en force et en crédibilité dans la représentation des passions en fonction des mises en scène et des affinités de chacun avec celles-ci.

Enfin, ce qui donne au théâtre une dynamique propre ? représenter les passions et permet au spectateur de se projeter dans les personnages des pièces, c’est l’incarnation des rôles pas des acteurs. Par leur jeu, ils permettent de rendre la représentation des passions crédible aux yeux du spectateur. Le théâtre est un art vivant, et les pièces sont revécues par les acteurs à chaque représentation ce qui est un avantage par rapport à d’autres genres qul ne connaissent qu’une seule forme fixe.

La force d’une scène et la véracité de la représentation dune passion dépendent en grande partie de l’interprétation et de la justesse d’incarnation de l’acteur qui devra faire vivre au spectateur ces émotions par procuration. Antigone de Jean Anouilh est une œuvre particulièrement ntéressante pour comprendre l’importance du jeu de l’acteur. En effet, le vocabulaire y est assez simple, parfois même familier, et on pourrait croire absente la force tragique de certaines répliques.

Cependant, si elle est bien interprétée, une réplique très simple comme celle d’Antigone à la page 68*, lorsqu’elle s’adresse à Créon : « Vous vous trompez. J’étais certaine que vous me feriez mourir, au contraire. », peut devenir déchirante et révéler toute l’étendue de sa quête de la Vérité, de son refus des compromis, et de sa détermination. L’acteur, qui est l’interprète du texte, j