De L Ethos Et Du Pathos En Politiqu E

essay B

7 p g De l’ethos et du pathos en politique (pause) dans le couple et je vois bien comme je vous déçois (pause) quand je suis en-deçà de vos attentes (très grand sourire) » Et puis dans un final au ton un peu fielleux : « Au fond, moi, ce que je vous souhaite, c’est une année 201 2 (pause) où on ne s’ennuie pas, (pause) où vous avez le sentiment de faire votre travail, (pause) tout votre travail, (pause) de raconter des histoire, (pause) de belles histoires, décortiquer des programmes, (pause) de bons programmes, saluer des tempéraments, (pause) des grands tempéraments, (pause) étonner vos lecteurs, vos uditeurs, vos téléspectateurs h. Fielleux parce qu’il laisse entendre qu’au fond la presse n’est intéressée que par la dramatisation de l’information (beaux récits, belles polémiques, beaux portraits) au détriment de l’objectivité. Grand moment de discours pervers, du chat qui joue avec la souris. Non point le chat Tom, toujours piégé par la souris Jerry, mais le chat qui avec sa patte s’amuse à retourner la souris dans tous les sens avant de la manger. Ou bien si l’on préfère une autre comparaison animalière, puisqu’il est une bête de scène doublée d’un « tueur », omme cela a été dit, le jeu du serpent à la fois charmeur et venimeux.

Bref un rapport d’amour-haine avec les médias qu’il inaugura durant la campagne de 2007 lorsque, monté sur un cheval, il se montrait à un groupe de journalistes entassés dans une charrette, comme les condamnés à mort que, durant la Révolution, on conduisait à la guillotine. Et François Hollande, celui que Nicolas Sarkozy considérait comme un « simple supplétif de DSK » aux dires de Jean-Pierre Raffarin, et auquel il l,’ considérait comme un « simple supplétif de DSK » aux dires de Jean-Pierre Raffarin, et auquel il n’accorde aucune carrure de eader, quel corps a-t-il ? D’abord, surprise à observer ses deux premiers grands discours, celui de la convention d’investiture, le 5 novembre 2011, et celui du lancement de sa campagne au Bourget, le 22 janvier 2012, tous deux marqués au coin du paradoxe.

Voilà un homme que l’on disait mou (rappelons-nous les jeux de mots autour de « mimolette b), sans épaisseur, obsédé par la synthèse et le rassemblement lorsqu’il était secrétaire du parti socialiste, afin de préserver l’unité du parti. un homme que l’on considérait incapable de trancher, de prendre des décisions, e s’opposer avec fermeté à un adversaire. C’est lui que l’on voyait compassé, le corps guère mobile, la gestuelle retenue, le visage impassible, et certains pronostiquaient qu’il ne tiendrait pas longtemps face au « tueur » qu’est Nicolas Sarkozy, que celui-ci n’en ferait qu’une bouchée. Et voilà que le public le découvre tout autre. Évidemment, il s’agit là de discours de meeting, pas d’une conférence de presse, pas d’une déclaration après un Sommet, pas d’un entretien avec des journalistes.

Un meeting est un moment de rassemblement des partisans autour de celui qui doit porter haut une parole de combat. C’est un moment de forte émotion collective, de communion entre les membres d’une grande famille qui doit se reconnaître unie. Dans un meeting, l’orateur doit savoir ménager ses effets, monter progressivement en puissance, user d’images chocs et de métaphores parlantes qui tiendront lieu de formules pouvant servir d’argum d’images chocs et de métaphores parlantes qui tiendront lieu de formules pouvant servir d’arguments aux militants. Le discours de meeting n’est donc pas comparable aux autres genres précédemment décrits. D’abord, on découvre que François Hollande a un corps.

Celui- i, debout, placé derrière le pupitre, légèrement penché en avant, en attitude de concentration et de fonceur, se met ? bouger ; certes pas au point de danser comme celui de Nicolas Sarkozy, mais avec un léger balancement de droite à gauche et d’avant en arrière. puis, ce corps commence à s’animer par le mouvement des bras, tantôt, ouverts à l’horizontal pour signifier le rassemblement, tantôt, ouverts vers l’avant, chaque fois qu’il interpelle le peuple, tantôt vers le haut, tournant parfois en lents moulinés puis se refermant vers soi pour signifier enthousiasme et force de proposition. Son bras droit est levé en permanence et souvent jeté vers l’avant, avec parfois le doigt pointé lorsqu’il accuse la politique actuelle ou qu’il indique une direction à suivre en déclinant diverses mesures.

Souvent, on le voit, poings serrés —surtout le poing droit—, mais de façon naturelle comme le ferait tout orateur en cette même circonstance, lorsqu’il s’agit d’affirmer avec force sa conviction : « C’est moi qui porte l’obligation de gagner, c’est moi qui va vous conduire à la victoire, celle que vous attendez depuis trop longtemps On le voit cogner ses deux poings l’un contre l’autre, uand il décrit un combat et menace : « Présider la république, c’est faire respecter les lois par tous ; c’est être impitoyable vis-à-vis de la corruption ; c’est ê 4 OF l,’ respecter les lois par tous ; c’est être impitoyable Vis-à-vis de la corruption ; c’est être ferme, être ferme, contre l’émigration clandestine, impitoyable à l’égard de la corruption et malheur aux élus qui y succomberont » ; tous ceux-là, les délinquants financiers, les fraudeurs, les petits caïds, je les avertis : ceux qui ont pu croire que la loi ne les concernait pas, le prochain résident les prévient, la République, oui, la République vous rattrapera ! Et puis une combinaison de tous ces gestes lorsque terminant son discours sur le rêve français, il s’enflamme en répétant : « Le rêve français c’est l’achèvement de la promesse républicaine autour de l’école, de la laitité, de la dignité humaine, de l’intérêt général. Le rêve français, c’est le creuset qui permet à toutes les couleurs de peau d’être à égalité de droits et de devoirs. Le rêve français, c’est l’affirmation des valeurs universelles qui vont bien au-delà des frontières, qui vont bien au- elà de la Nation. » Mais il n’y a pas que les gestes, la voix aussi a son importance. ne voix qui monte et descend au gré de la force de conviction, de l’appel aux valeurs de la République : « La France n’est pas un problème, la France est une solution ». Une voix qui baisse après une acmé et termine en voix profonde, un peu à la Mitterrand : « C’est ça, le récit de la République Une voix qui devient intimiste lorsque l’orateur se confie : « Je vais vous confier un secret : j’aime les gens quand d’autres sont fascinés par Fargent ». Une voix qui se fait parfois ironique : « Certains me reprochent de ‘avoir jamais été ministre. Mais fait parfois ironique : « Certains me reprochent de n’avoir jamais été ministre.

Mais quand je vois ce qu’ils sont aujourd’hui, ça me rassure ! Un débit bien scandé sans jouer sur des pauses à la Nicolas Sarkozy, ponctuant un défilé de mots emblématiques : « la République, l’égalité, le rêve français, une France, oui, il y a quelque chose de la « Force tranquille » de Mitterrand comme l’ont souligné divers commentateurs, serait-ce pour le critiquer comme Marc-PhiIippe Daubresse, vice président de l’UMP, qui déclara que c’est une « pâle copie de Mitterrand François Hollande est-il plus authentique que Nicolas Sarkozy ? La réponse n’est pas du côté de la vérité de chacun d’eux, mais de l’effet que le personnage est susceptible de produire sur les électeurs.

François Hollande bénéficie d’une certaine fraicheur, d’une nouveauté qui ne permet pas encore de détecter de la roublardise. Nicolas Sarkozy, lui, porte le poids d’un passé qui permet de déjouer certaines de ses apparences. Peut-être assisterons-nous à un jeu inversé : fun va vouloir faire montre de gravité courageuse et de corps souffrant, l’autre d’énergie tranquille et de corps vivant. Mais une fois de plus il n’est pas aisé de prévoir le pouvoir d’agrégation que peut produire une image de candidat. La rondeur de François Hollande peut rassurer mais aussi le desservir ; l’agressivité de Nicolas Sarkozy peut fasciner mais peut lui être contraire.

De plus, l’image est soumise aux variations d’événements de tous ordres qui la rendent fragile. Il suffit de penser au cas de Dominique Strauss-Kahn. Je pourrais passer au prisme de l’analyse sémiologi 6 OF l,’ Je pourrais passer au prisme de l’analyse sémiologique la gestuelle de Jean-Luc Mélenchon, cette autre bête de scène. Mais ette bête est beaucoup plus dans la tradition tribunicienne que dans celle du grand communicant des meetings d’entreprise qu’est Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas pour rien que nombre de journaux de diverses tendances, commentent ses prestations en le nommant : « rock star de la politique Sa gestuelle n’est ni compassée, ni de conviction —c’est sa voix qui Pest—.

Elle est de décontraction, bougeant de droite à gauche de son pupitre, ouvrant ses bras dans des mouvements amples, levant le bras droit, levant le bras gauche, souvent en pointant un doigt en l’air pour avertir, et donnant à sa main diverses formes pour ccompagner ou illustrer son propos comme le ferait un bon orateur face à ses élèves (ce qui a fait dire à certains journaux qu’il transforme ces meetings en « moment d’éducation populaire Et puis, suprême coquetterie, mais marque de décontraction, il se passe la main dans les cheveux. Grands moments oratoires. Mais le plus intéressant chez cet orateur me semble être son discours, et je préfère me le garder pour une prochaine analyse, car se pose la question de savoir SI le discours de Mélenchon est populiste. Alors, le corps fait-il le candidat ?

Bien malin qui pourrait épondre tant il est malaisé de percevoir ce qui des paroles ou du comportement influence le plus le public. Il en est un peu comme dans la relation amoureuse : on ne sait jamais exactement ce qui vous attire chez l’autre. Et il est très probable que che ne sait Jamais exactement ce qui vous attire chez l’autre. Et il est très probable que chez chaque électeur doit se livrer un combat entre l’attirance du corps et le rejet des idées, ou inversement. En tout état de cause, on aurait tort de considérer que ce qui émane du corps dans une campagne électorale est un phénomène econdaire. Persuader un grand nombre d’individus passe davantage par des impressions que par des raisonnements.

Et parmi ces impressions, il y a celles que suscite le comportement qui constitue ce qu’Aristote appelle « le caractère de l’orateur la gestuelle étant un des marqueurs de ce « caractère Mais bien évidemment, au final, c’est le résultat de l’articulation — de l’alchimie, faudrait-il dire— entre le corporel et les idées qui impressionne l’électeur : le corporel qui révèle une personnalité, les idées qui témoignent des valeurs auxquelles s’attache le candidat. Et ces impressions sont d’autant plus difficiles ? déterminer et à prévoir que chaque électeur les ressent en fonction de ses a priori, de ses préférences, de sa sensibilité, de son milieu. Complexe mystérieux qui traverse parfois les clivages idéologiques. Patrick Charaudeau, « Les points fermés. Conviction ou Jeu d’acteur ? Le corps fait-il le candidat ? notes de campagne) », NOTES DE CAMPAGNE (Un regard sémiologique), site de Patrick Charaudeau – Livres, articles, publications Document 2 : La scène politique se caractérise par un dispositif qui est mis au service d’un enjeu de pouvoir. Celui-ci met en présence une instance politique et une instance citoyenne, l’instance politique étant toute tendue vers un « agir sur politique et une instance citoyenne, Pinstance politique étant toute tendue vers un « agir sur l’autre » qui doit s’accompagner d’une « exigence de soumission de l’autre ce qui explique que cette tension soit orientée vers la production d’effets ; mais comme dans un régime démocratique le pouvoir résulte à la fois d’un « consentement » (H. Arendt), d’une « domination légitime » (M. Weber) et d’une « organisation administrative » (J.

Habermas), l’instance politique est tenue d’exercer ce pouvoir au nom : – d’un droit dont une part est la légitimité attribuée par le jeu de la représentativité, de la délégation du pouvoir par le peuple, et une autre part est acquise par des stratégies discursives de légitimation mise en œuvre par le sujet politique ; – d’un savoir et d’un savoir-faire pour lesquels le sujet politique aura recours à des stratégies de construction d’images de lui- même, de façon à se rendre crédible aux yeux de l’instance citoyenne (ethos de crédibilité), et attractif (ethos d’identification), thos d’identification qui pose le problème de la frontière avec les effets de pathos puisque celui-ci cherche à toucher l’affect du citoyen. – de valeurs, de valeurs communes, qu’instance politique et instance citoyenne sont censées partager pour fusionner dans un certain idéal de « vivre ensemble Ici encore se pose le problème de la frontière, cette fois entre logos et pathos, puisqu’on peut adhérer émotionnellement à des valeurs supérieures. On voit que le discours politique est un lieu de vérité piégée, de faire semblant puisque ce qui compte n’est pas tant la « vérité » de cette parole lancée publ