cours de narratologie
ELEMENTS DE NARRATOLOGIE 1 LE RECIT 1. 1 HISTOIRE/ DISCOURS E. Benveniste a distingué deux catégories, deux systèmes d’énonciation dans la production linguistique : l’histoire et le discours. 1. 1 1’histoire = énonciation récit Enoncé (produit de l’acte de parole, d’écriture) d’où est absente toute référence à l’énonciation qui est la mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation ; elle concerne l’acte de produire un 9 Les indices formels d hii • S. v. p next page 3ème personne système temporel : p que-parfait et passé antérieur. ultiples • fois imparfait, plus- adverbe : là, c. c. t. comme ce jour-là, la veille, le lendemain… 1. 1 . 2 le discours énonciation discours Tout énoncé manifestant l’énonciation, supposant un émetteur et un récepteur (locuteur / auditeur), avec chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière. es indices formels du discours : MOI – ICI – MAINTENANT en constituent le cadre essentiel 1ère et 2ème personne tous les temps (sauf aoriste), mais surtout le présent, le futur, le passé composé adverbes et c. c. t. relatifs » comme aujourd’hui, hier, demain… ou ots avec sèmes évaluatifs, émotifs ou modalisants (peut-être) narration ; une lettre mêle aussi discours et récit. Le récit et le discours seront rapprochés des notions de monde raconté et de monde commenté. 1. 2 DEFINITION DU RECIT Un récit rapporte une succession d’événements et d’actes vécus par des êtres humains ou des êtres représentés sur un modèle anthropomorphique (animaux de la fable). Tous ces événements, actes successifs sont en corrélation et composent une même ACTION. Cf. R.
Barthes : le récit est la généralisation du syllogisme abusif : Post hoc ergo propter hoc. Une voix unique (narrateur) rapporte l’ensemble des événements, toutefois elle peut rapporter les discours des personnages. Michel Fayol a distingué le récit de l’annonce de nouvelles, fréquente dans les textes d’enfants. 1. Mon chat a mangé mon oiseau. 2. Mon oiseau est parti ! 3. Mon oiseau s’est envolé. Et le chat l’a mangé. Le dernier énoncé constitue l’ossature d’un récit car il comporte une ouverture et une clôture en relation ; certes, tout n’est pas explicite mais il y a une dynamique.
Les deux premiers sont de simples annonces de nouvelles. 1. 3 SIX CONDITIONS our parler de récit au sens strict, six conditions semblent nécessaires : 1. II faut qu’il y ait une succession d’événements dans le temps : au minimum deux périodes. 2. Il faut qu’il y ait une unité de thème, le plus souvent assurée par le(s) personnage(s) principal(aux). 3. II faut que ce(s) personnage(s) subisse(nt) des transformations. 4 II faut qu’il y ait unité de l’action, sinon, on a plusieurs récits. Il ne faut pas que l’on assiste à une simple succession chronologique d’événements — comme dans la chronique ou le journal intime, qui ne sont , au sens strict : au-del? g qui ne sont pas des récits, au sens strict : au-delà de la succession temporelle, il existe une logique de l’histoire, une « causalité narrative ». 6. Tout récit comporte une sorte de « morale », que celle-ci soit exprimée ou sous-entendue. On ne raconte pas « pour rien »: même les faits divers de journaux ont certaines finalités inciter à la prudence, exploiter le goût des lecteurs pour le sensationnel, amuser…
Fonction symbolique donc. Ces critères sont énoncés dans l’ouvrage de Jean-Michel Adam, Le récit, Collection « Que sais-je? » N02149. 1. 4 TYPOLOGIE DES RECITS Deux grands groupes : véridiques et fictifs. On pourrait peut être utiliser un autre critère : littéraires non-littéraires. La distinction reste théorique, schématique, car dans la pratique il y a des nuances : ainsi des éléments fictifs s’introduisent dans l’autobiographie ; dans le roman apparaissent des réalités historiques, cf. Balzac, Zola.
TYPES DE RECITS Récits de réalité Récits de fiction réalité imagination texte conversation quotidienne mythe Robert Brasillach. Cautobiographie peut prendre diverses formes également : autobiographie stricte, mémoires, journal ou carnet ntime… 2 LES POINTS DE VUE 2. 1 LES VOIX NARRATIVES Le récit peut représenter ou effacer l’image du narrateur, celle du destinataire ; il peut même leur faire jouer un rôle dans l’intrigue. Le narrateur, le « lecteur » ou « auditeur » peuvent être représentés comme tels, sur le modèle du récit oral (cf.
Odyssée, Heptaméron). Il importe de bien distinguer auteur et narrateur, lecteur et narrataire : L’auteur, le lecteur sont des personnes humaines réelles ; le narrateur, le narrataire sont des figures linguistiques, littéraires, des signes qui peuvent parfois s’incarner dans des personnages. Dans le récit autobiographique, le narrateur —figure textuelle de l’auteur adulte— tend à se constituer en personnage ; il se met ? distance comme enfant et s’institue regard adulte: cf. Gide, dans Si le grain ne meurt… (M. Vedel pria l’élève Gide de répéter… . Le narrateur et le narrataire peuvent être totalement effacés : cas du récit objectif à la 3ème personne et au passé simple ; le récit semble ainsi se raconter lui-même. Alors narrateur / narrataire sont extérieurs au récit, à sa diégèse : ils sont extradiégétiques. Inversement, le narrateur et le destinataire (lecteur, auditeur) euvent être des protagonistes dans l’intrigue, par exemple, dans les romans épistolaires, l’autobiographie, les récits internes au récit (faits par des personnages à d’autres) , ils sont alors intradiégétiques. 2. LA PERSPECTIVE NARRATIVE Le narrateur extradiégétique, à l’image de Dieu, tend souvent ? être omniscient : il possède le don dubiquité, sait tout ce qui est necessaire a l’action. Il a alors tendance a rés 4 OF lg possède le don d’ubiquité, sait tout ce qui est nécessaire ? l’action. Il a alors tendance à résumer, dire l’action ; il la manipule uand cela s’avère nécessaire : il est ainsi omnipotent. Le narrateur peut se présenter comme un témoin-observateur : il aura tendance à montrer l’action, comme un témoin apparemment impartial, sans en tirer toutes les ficelles.
Cest le cas du roman américain behavioriste. Le narrateur peut-être le ou un héros de la fiction : il raconte l’histoire selon son point de vue. Ce narrateur-protagoniste (intradiégétique) peut même se cacher derrière l’anonymat : cf. le Dr Rieux dans La Peste de Camus. On peut caractériser le rapport entre le point de vue du narrateur et celui des personnages : ) vision par derrière : le narrateur > personnage : il en sait plus que lui. 2) vision avec : le narrateur = personnage ; le narrateur peut s’identifier alors au pers. , prendre son parti. ) vision du dehors : le narrateur < personnage ; le narrateur n'est qu'un témoin ordinaire, il ne perçoit que les apparences, qu'une partie de l'action. 2. 3 RESTRICTION ET CHANGEMENT DE CHAMP Le récit peut prendre le point de vue d'un personnage privilégié : le récit se focalise alors (focalisation) sur un personnage. I peut prendre successivement plusieurs points de vue avec alternance des focalisations, en fonction de chapitres différents u à l'intérieur d'un même chapitre. La focalisation centre la "caméra narrative" sur un personnage auquel le lecteur pourra s'identifier.
On parle de focalisation zéro quand dans un récit aucun personnage n’est privilégié, r exem le dans Boule de Suif. interne ou externe selon que le personnage est vu, perçu de l’intérieur ou de l’extérieur (accès à sa psychologie). Quand les événements ne sont perçus qu’à travers les yeux dun personnage, le filtre de sa conscience (il n’en voit qu’une partie, ne les comprend pas forcément), on parle de restriction de champ. Exemple : Fabrice à Waterloo, dans La Chartreuse de Parme de Stendhal. 3 LES PERSONNAGES 3. LE PERSONNAGE COMME SIGNE Il convient de prendre conscience qu’un personnage n’est pas une personne, même si la conception du personnage renvoie à la conception historique de la personne. C’est un signe littéraire composé à l’aide de procédés plus ou moins conventionnels qui se traduisent dans des indices textuels. Il représente aussi bien un type social, un caractère, une force mythique qu’une idée. Si le personnage de roman veut donner l’illusion de la personne réelle, surtout depuis Balzac, il est aractérisé, constitué avec des procédés.
En effet, le personnage peut être d’abord un cadre où il se projette (Mme Vauquer et la pension dans Le père Goriot) un rôle dans l’action (traditionnelle opposition : sauveur / méchant… ) une constante dans un comportement (Salamano et son chien, in L’Etranger) une identité, souvent dotée dune onomastique à valeur symbolique : général des Entrayes, in Voyage au bout de la nuit ; banquier Saccard chez Zola, « un nom à aller au bagne ou ? gagner des millions un passé (les Maheu dans Germinal) une situation sociale, un métier cf. ard sociologique du XIX ème ) 6 OF lg champ, intériorité) une voix, un style (cf. lettre du personnage, discours au style direct, indirect ou indirect libre ; niveaux ou registres de langue. Le monologue intérieur constitue aussi le personnage. ) un objet associé, concrétisant une qualité morale Et, bien sûr, un caractère, une psychologie fixe ou évolutive, en référence à des conceptions de la personne datées… 3. 2 LE SYSTEME DES PERSONNAGES Les personnages d’un récit fictif forment un système, c’est à dire un ensemble organisé selon une structure ; pour la dégager, il aut classer les personnages.
Divers classements sont possibles, selon : le comportement : actif / passif, positif / négatif, sympathique / antipathique. la situation sociale : aristocrate / bourgeois, ouvrier / bourgeois… la situation dans un groupe : intégré / isolé la classe d’âge : jeune / vieux l’idéologie : révolutionnaire / réactionnaire, selon le point de vue de l’auteur. La grille est à bâtir empiriquement à partir du texte, de ses données. Il faut commencer par une observation objective et ne pas plaquer une grille a priori.
Si, généralement, les structures ont binaires, on rencontre parfois des catégories intermédiaires ou extérieures de personnages (cf. Stendhal). Contrastes et complémentations : généralement les personnages sont construits pour se mettre en valeur les uns les autres . couples ou trios… cf. Bardamu et Robinson chez Céline. 3. 3 ROLE DANS L’ACTION Propp a montré qu’on peut analyser la configuration des rapports des personnages ; il a établi une liste de sept rôles correspondant à une sphère d’action : l’auxiliaire, la princesse et son père (couple), le mandateur.
Ces rôles ne correspondent pas nécessairement à un seul ersonnage ou à un homme. Greimas a systématisé cette analyse et bâti le schéma actantiel : un actant est un rôle dans l’action, c’est une réalité abstraite différente d’un personnage : ainsi un seul personnage peut incarner différentes fonctions, un actant ne renvoie pas forcément à un être humain ou à un personnage unique. SCHEMA ACTANTIEL ADJUVANT SUJET O OPPOSANT Nadia, Nicolas M. Strogoff .
Ogareff et les Tartares DESTINATEUR OBJET O DESTINATAIRE Czar lettre Grand Duc On peut comparer cette structure à la syntaxe d’une phrase : sujet, c. o. d. , attribut… sujet représente la force thématique orientée (cf. le rapport de désir en psychanalyse ; le récit montre souvent un conflit désir / L’objet est le bien souhaité, pas forcément une personne (femme, trésor… ). Le destinateur est l’arbitre, l’attributeur, le possesseur du bien désiré. Le destinataire est l’obtenteur virtuel du bien souhaité, il peut être le sujet.
L’adjuvant et l’opposant sont ceux ui aident le sujet, ceux qui lui nuisent ou encore ce qui a de représentation d’actions, d’événements : c’est la narration, – une autre part de représentation d’objets, de personnages : c’est la description. La narration présente surtout des déroulements dans le temps, la description des arrangements dans l’espace. La description d’un personnage au physique et moral devient portrait. On identifie un énoncé comme narratif, un autre comme descriptif, généralement, en raison de l’opposition passé simple et imparfait, mais d’autres indices existent.
Le narratif asserte des énoncés de faire, le descriptif asserte des énoncés d’état. Face à un énoncé narratif le lecteur attend un déroulement événementiel, une issue plus ou moins prévisible selon un ordre logico-sémantique ; l’énoncé descriptif est ‘avantage réglé par ses structures de surface, par des structures lexicales. Si le narratif est plutôt linéaire, le descriptif est tabulaire. Voir le schéma de la description dans les Annexes. s passages descriptifs s’organisent souvent selon un ordre spatial : le regard suit par exemple un déplacement du proche ou lointain ou inversement ; pour un portrait, après une vue d’ensemble, le texte procède de la tête aux pieds etc. On peut noter des organisateurs textuels, des indicateurs de lieu qui structurent le texte très manifestement : au loin, en haut, en bas, plus loin,’ à droite, sur la gauche… Parfois, l’organisation se fait de manière logique : on procède plutôt en allant d’une vue d’ensemble à l’observation de détails. 2 ROLE DIEGETIQUE DE LA DESCRIPTION Son rôle diégétique, c. a. d. sa fonction dans l’économie générale du récit, peut être de deux grands types : – fonction d’ordre décoratif ; conception ancienne, la description sert à faire beau dans le texte ; prédominance des décoratif ; conception ancienne, la description sert à faire beau dans le texte ; prédominance des stéréotypes, du superlatif. – fonction d’ordre explicatif et symbolique ; la description tend ? évéler, à Justifier la psychologie des personnages, elle en est le signe et la cause et l’effet.
Cette conception culmine avec le roman réaliste et balzacien, en correspondance avec la théorie de l’influence réciproque du milieu et de l’individu, avec des « sciences » comme la physlognomome… Parfois la description sert aussi de pause dans le récit ; elle permet de jouer avec l’attente, le suspense… 5 L’ESPACE DANS LE RECIT DE FICTION un récit présente un espace imaginaire, même s’il est ou se veut « réaliste », dont la fonction, la nature, l’organisation et le mode de description sont divers. 1 FONCTION DE L’ESPACE Il permet un itinéraire : souvent le déplacement des personnages s’associe à la rencontre de « l’aventure ». Un voyage sert de déclencheur à l’action. cf conte folklorique. On peut réduire l’itinéraire à un schéma simple, à différents types de base exil / fuite (Voyage au bout de la nuit) errance (roman picaresque) aller-retour (roman d’aventure) périple / circumnavigation (Odyssée) initiation / conquête (Le roi des aulnes) etc. L’espace peut offrir un spectacle servir de décor à l’action. Dans ce cas il est soumis au reg nages. Il est déterminé 0 DE 19