Corrigé dissertation – intro & conclusion – la mondialisation :

essay A

L au r ence Bu r g orgue -La r sen Les Nouve Il es Technologies es nouvelles technologies de l’information et de la communication (ntic) sont partout. Elles ont envahi la vie personnelle des individus, transformé leurs manières de vivre, de penser, de chercher, de s’informer, de communiquer, d’é a Sni* to View consommer. Dans le même temp acteurs même de éveloppement des économiques, qu’ils soient issus de l’univers des petites et moyennes entreprises ou des multinationales les plus imposantes.

En un mot, elles configurent irrémédiablement les relations de l’homme au progres en ce début de xxie siècle. La création d’un portefeuille de Secrétaire d’État chargé de la prospective et du développement de l’économie numérique 1 démontre la transformation de la société française, qui ne peut passer à côté de la révolution technologique qu’incarne l’internet 2. Bien que ordinateurs et du débit de connexion des foyers qui permettent de travailler en temps réel sur I a (déjà) été occupé par deux titulaires, ÉrlC Besson tout d’abord, puis Nathalie Kosciusko-Morizet ensuite.

Le premier a même écrit un essai qui prend l’allure d’un éloge des nouvelles technologies, La République numérique, Grasset, 2009. 2. L’Académie française (www. academie-francaise. fr) recommande de le nommer avec l’article et sans la majuscule à l’instar du téléphone, de l’électricité ou encore de la télévision. C’est dans la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie que le mot internet a été intégré. 3. Joël de Rosnay, « Ce que va changer la révolution informationnelle Le Monde diplomatique, no 521, 1997, p. 28. ouvoirs 130. 2009 65 Laur ence burg orgue -larsen des bases partagées 4». Autant dire que les progrès à venir sont encore nombreux et que nous ne sommes u’au début d’une ère communicationnelle profo velle. On sait bien PAGF 0 très souvent en perte de repères civiques – est en mesure de se réapproprier son statut de citoyen avlsé, informé, éduqué, grâce aux nouvelles technologies et plus particulièrement grâce à l’internet. Ce mode de communication lui donne en effet les moyens d’une émancipation cognitive et démocratique.

L’émancipation cognitive Le savoir est émancipateur tandis que l’ignorance est avilissante : l’histoire de l’humanité pourrait se résumer à cette formule. Or, l’internet métamorphose radicalement le rapport au savoir de tous les des plus fortunés aux plus indigents, des mieux éduqués aux plus incultes. Ce que propose cet outil numérique – sorte de passeur, un passeur de savoir c’est l’accès instantané à la connaissance dans tous les domaines. Une bibliothèque géante et universelle, en somme, déterritorialisée mais formidablement accessible.

En plus des encyclopédies numenques qui ont fait florès dans tous les domaines – de l’encyclopédie générale et interactive Wikipédia aux plus spécifiques et militantes comme Kabylpédia (qui promeut la langue et la culture berbères) en passant par les plus pointues lancées et alimentées par des spécialistes (comme l’Encyclopédie de la vie qui recense les espèces vivantes) -r on y rouve également la Bibliothèque numérique mondiale (Bnm) 5. Ordonner et rendre accessible le savoir était ‘ ncyclopédistes des PAGF 3 0 directeur de la très prestigieuse Bibliothèque du Congrès américain.

Quatre ans après sa conception, 4. Éric Besson, La République numérique, op. cit. , p. 35. 5. Le 21 avril 2009, jour du lancement du site de la bnm par l’Unesco, deviendra sans doute une date historique : voir le site www. wdl. org/fr. nouv elle s technologies le projet est devenu une réalité tangible. L’ambition est importante : pouvoir naviguer – tel un explorateur des temps modernes, c’est- à-dire ? partir de chez soi, d’une bibliothèque, d’un cybercafé, bref ? partir d’une connexion à Pinternet – au sein des plus grandes bibliothèques du monde.

Les trésors cartographiques et ittéraires de la Library of Congress de Washington, du Centre d’étude et d’histoire du Mexique, en passant par la Bibliothèque universitaire de Prétoria ou encore la Bibliothèque nationale de France (entre autres) sont désormais accessibles en temps réel partout dans le monde. Cette bibliothèque numérique complète d’autres démarches lancées par Google – qui a déj? numérisé 7 millions d’ouvrages — ou par l’Union européenne qui avec

Europeana 6 0 culturelles et scientifiques grâce à la technologie du Podcast 7. Comment ne pas mentionner également que les universitaires ont su, un peu partout de par le monde mais avec des degrés variables, s’adapter en créant des cyber-revues et/ou en mettant en ligne des articles consultables partout et par tous. Autant d’éléments désarmais incontournables de la diffusion des travaux de recherche et, par voie de conséquence, de la renommee des chercheurs et de leurs universités de rattachement.

La révolution du savoir a, par la force des choses, entraîné des bouleversements majeurs ans le rapport au travail des individus (ainsi du télétravail), mais également les modes de fonctionnement des acteurs privés 8 comme des institutions au service de la chose publique 9. Que dire du « quatrième pouvoir qui voit ses fondamentaux métamorphosés par l’irruption de la technique numérique : c’est tout à la fois la déontologie et les méthodes de travail des journalistes qui sont revisitées 10. 6. www. europeana. u/partal/ 7. Parmi beaucoup d’autres, on renvoie au site du Collège de France (www. college-defrance. org) et à celui de l’Académie des sciences morales et politiques (www. smp. fr). 8. Les entreprises ont ainsi lancé les achats et les paiements en ligne, autant de transactions censées être sécurisées. g. L’exemple du monde de la ustice confronté désormais à la dématérialisation des pro ifiant ; voir Gérard PAGF s 0 communication dans les juridictions judiciaires », ICP, édit. gén. , 17 décembre 2008, p. 17-21. 10.

Christine Leteinturier, « De la Remington à internet, les mutations du cadre technique des journalistes Clés pour le siècle, Dalloz, 2000, p. 993-1009. 67 68 burg orgue -la r sen Ce bouleversement de l’accès au savoir ainsi que des modes de ravail n’étreint certes pas tous les pays et les individus de la planète de manière identique. La « fracture numérique » est une donne impossible ? éluder. Le niveau de vie des pays agit loglquement sur les possibilités d’accès et d’utilisation de finternet et, ce faisant, sur l’accès au savoir universel.

L’Union internationale des télécommunications a créé un nouvel indice de développement des nouvelles technologies, qui a permis de comparer l’évolution des ntic dans 154 pays sur une période de cinq ans (20022007) 1 1 . Les résultats – édifiants – étaient prévisibles : les ays d’Europe du Nord restent en tête, tandis que les pays les moins avancés sont encore loin d’un accès et d’une utilisation énéralisés. Il n’en reste pas moins PAGF 6 0 est irremplaçable 13, elle peut – beaucoup pensent qu’elle doit – être complétée par des formes de démocratie participative.

C’est le credo politique du moment. Mode passagère ou bouleversement radical des mœurs politiques et du rapport des citoyens à la res publica ? De quelle manière ce slogan de la postmodernité libérale peut- il concrètement se transformer en réalité positive et effective ? Comment faire n sorte que la démocratie participative – qui de simple principe devenue une valeur référentielle – soit efficace, en mesure de dégager des mécanismes procéduraux précis ; bref, comment éviter qu’elle ne serve d’alibi à une simple « démocratie d’opinion » ? À cela, pas de réponse évidente.

Ce qui est sûr, c’est que beaucoup de branches du droit sont 11. Cet indice est établi sur la base de onze indicateurs qui, ensemble, constituent une référence aux niveaux mondial, régional et national. Ces indicateurs concernent l’accès aux nouvelles technologies, leur utilisation, les compétences dans ce omaine, ainsi que le nombre de ménages ayant un ordinateur, le nombre d’internautes et les taux d’alphabétisation. 12. Slobodan Milacic, « La démocratie représentative devant un défi historique in Rafaâ Ben Achour, Jean Gicquel, Slobodan Milacic (dir. , La Démocratie représentative devant un défi historique, Bruxelles, Bruylant, 2006, p. 1-37. 13. La démocratie représentative – irremplaçable, on insiste – est également saisie par l’internet. On renvoie ici a estions posées par le 7 0 posées par le vote électronique ; voir Jean Gicquel, « Le vote électronique en France LPA. 6 avril 2006, no 68, p. 7 ; Marie de Cazals, ? La dématérialisation du vote : un nouvel horizon pour la démocratie représentative ? RDP, no 1, 2008, p. 185-210. e s imprégnées de ce questionnement et y apportent des réponses sectorielles. Du droit administratif de l’environnement 14, en passant par le droit de la régulation économique 15 jusqu’au droit constitutionnel de l’Union européenne 16, la participation des citoyens ? l’élaboration et ? la prise de décision s’impose toujours un peu plus. Dans ce contexte, les nouvelles technologies de l’information constituent les vecteurs idéaux de la manifestation de cette participation citoyenne.

En France, la ampagne référendaire sur le projet de Constitution europeenne a montré l’importance du Net dans la diffusion des arguments des partisans du non qui ont investi la Toile et ont fini par faire valoir et prédominer leur point de vue. La « netcampagne » naissait avec la manifestation d’un militantisme numérique subversif. Face à des médias classiques, Juges trop partisans – étant qua vorables à l’adoption du PAGF 8 0 Cet épisode a fait comprendre aux acteurs politiques français qu’ils ne pouvaient pas rester en dehors de la mouvance numérique.

La communicatlon polltique est aujourd’hui saisie à bras-le-corps par ‘internet. Les récentes campagnes électorales présidentielles en France, mais surtout aux États-Unis, ont montré que les politiques, afin de n’être pas dépassés par ce nouvel outil, étaient dans l’obligation vitale de le maîtriser pour mieux l’utiliser ; certains diront l’instrumentaliser. La victoire de Barak Obama, déjà surnommé le premier « web-président» de Phistoire amencalne, est le résultat d’une stratégie exceptionnelle où la maîtrise technique 14.

Marie-France Delhoste, « Démocratie participative : de l’échec de l’organisation étatique à l’avenir du projet européen RFDA, 2007, p. 1061 15. Martine Lombard, « Institutions de régulation économique et démocratie partlcipative AIDA 2005, p. 530. 16. On sait que le traité établissant une Constitution pour l’Europe avait jeté les bases pour octroyer une substance juridique à ce concept ; voir Constance Grewe, « Article 1-47 in Laurence Burgorgue-Larsen, Anne Levade, Fabrice Picod (dir. , Traité établissant une Constitution pour l’Europe. Commentaire article par article, Partie i et iv, Architecture constitutionnelle, Bruxelles, Bruylant, 2007, p. 624-633. Le traité sur union européenne, tel qu’adopté à isbonne le 13 décembre 2007, reprend cette isposition à l’article 11 tue. 17. Cet épisode impose d ppréhension de la l’appréhension de la démocratie dans le contexte européen. Pour un point de vue engagé et critique, voir Laurence Burgorgue- Larsen, « La démocratie au sein de l’Union européenne.

De la « constitution composée » à la « démocratie composée » », in Hartmut Bauer, Christian Callies (éd. ), Les Principes constitutionnels en Europe. Constitutional principles in Europe, Societas luris Publici Europaei (sipe), Bruylant, Sakkoulas, Berliner, 2008, p. 83-99. 69 70 du web – via son site officiel 18 comme l’utilisation à outrance e la téléphonie mobile (envoi de milllons de sms aux internautes citoyens) ont été les atouts d’une campagne politique hors du commun.

Qu’on l’accepte ou non, le fait est là : l’internet est entré dans les mœurs politiques et revisite drastiquement l’expression démocratique. Mieux, il est incroyablement subversif dans les sociétés verrouillées, tyrannisées, exploitées, encadrées par des régimes autoritalres qui entendent faire taire les voix dissidentes. La Chine, la Birmanie ou encore l’Iran des États qui entendent surveiller la Toile, les échanges et les prises de