CORPUS
Entraînement à la question sur corpus Voici trois textes extraits d’œuvres du XXe siècle : _ Céline, Voyage au bout de la nuit ; _ François Mauriac, Le nœud de vipères ; Marguerite Duras, Barrage contre le Pacifique. Après avoir lu ces extraits, traitez les questions sulvantes : 1 . Comment cet argent ou ces biens matériels sont-ils décrits et suivant quel point de vue ? 2. Quelle place prennent l’argent ou les biens matériels dans l’esprit des personnages, dans leur vie, dans leurs relations entre eux et avec le monde ?
Texte 1 : Céline, Voyage au bout de la nuit Voyage au bout de la omans de Céline (de n v – org 1894-1961), publiée 93„,. Sni* to vieu s’engage sans réfléch 1914-1918 et se trou plus célèbre des rdinand Destouches, incipal, Bardamu, la guerre de urs et à son absurdité. Lors d’une nuit d’errance, il se lie d’amitié avec un réserviste nommé Robinson qui cherche à déserter. Blessé puis réformé, il part pour VAfrique où il retrouve Robinson. Bardamu parcourra et traversera ainsi plusieurs univers (New York, Paris, sa banlieue) dont il découvrira les vices. ? Saisissante épopée de la révolte et du dégoût, long cauchemar visionnaire ruisselant ‘invention verbale, et dominé par Flnoubliable figure de Bardamu, Le Voyage a exercé une action considér Swipe to View next page considérable. Céline fut l’un des premiers à vivre ce dont la littérature actuelle allait bientôt se nourrir presque exclusivement : l’absurdité de la vie humaine » Comme si j’avais su où j’allals, j’ai eu l’air de choisir encore et j’ai changé de route, j’ai pris sur ma droite une autre rue, mieux éclairée, « Broadway »1 qu’elle s’appelait.
Le nom je rai lu sur une plaque. Bien au-dessus des derniers étages, en haut, restait du jour avec des mouettes et des morceaux du ciel. Nous, on avançait dans la lueur d’en bas, malade comme celle de la forêt et si grise que la rue en était pleine comme un gros mélange de coton sale. C’était comme une plaie triste la rue qui n’en finissait plus, avec nous au fond, nous autres, d’un bord à l’autre, d’une peine ? l’autre, vers le bout qu’on ne voit jamais, le bout de toutes les rues du monde. Les voitures ne passaient pas, rien que des gens et des gens encore.
C’était le quartier précieux, qu’on m’a expliqué plus tard, le quartier pour l’or : Manhattan. On y entre qu’à pied, comme ? l’église. Cest le beau cœur en Banque du monde d’aujourd’hui. Il y en a pourtant qui crachent par terre en passant. Faut être osé. C’est un quartier qu’en est rempli d’or, un vrai miracle, et même qu’on peut l’entendre le miracle à travers les portes avec son bruit de dollars qu’on froisse, lui toujours trop léger le Dollar, un vrai Saint-Esprit2, plus précieux que du sang.
J’ai eu tout de même le temps d’aller les voi J’ai eu tout de même le temps d’aller les voir et même je suis entré pour leur parler à ces employés qui gardaient les espèces. Ils sont tristes et mal payés. Quand les fidèles entrent dans leur Banque, faut pas croire qu’ils euvent se servir comme ça selon leur caprice. pas du tout. Ils parlent à Dollar en lui murmurant des choses à travers un petit grillage, ils se confessent quoi. Pas beaucoup de bruit, des lampes bien douces, un tout minuscule guichet entre de hautes arches, c’est tout.
Ils n’avaient pas l’Hostie3. Ils se la mettent sur le cœur. Je ne pouvais pas rester longtemps à les admirer. II fallait bien suivre les gens de la rue entre les parois d’ombre lisse. Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit. Texte 2 : François Mauriac, Le noeud de vipères Dans la plupart de ses romans, François Mauriac (1885-1970) écrit la bourgeoisie bordelaise dont il critique l’étroitesse d’esprit, l’hypocrisie et l’avarice.
Mais il s’intéresse aussi et surtout aux âmes esseulées et égarées, qui, déchirées entre le bien et le mal, cherchent le salut : « ceux qui semblent voués au mal, peut-être étaient-ils élus avant les autres, et la profondeur de leur chute donne la mesure de leur vocation » (Les Anges noirs, 1936). À ce titre, l’incipit de Thérèse Desqueyroux (1962), est emblématique de cette quête de Dieu et de l’amour qui habite toute son œuvre ; le narrateur s’adresse ainsi à son héroïne