Commentaire Tartuffe
Tartuffe. crite en 1664 et aussitôt interdite, s’attaque à un sujet délicat: l’hypocrisie e Dans l’extrait qui nou dénouement, le pers „ p g réussi à s’introduire c la main sur ses biens, nd à la scène du x dévot qui avait le pour mettre courtisant sa femme , revient se venger après avoir été démasqué grâce à un stratagème habile, et chassé de la maison. Nous étudierons d’abord les moyens mis en oeuvre par Molière pour ménager le coup de théâtre final, puis nous montrerons comment la scène tout entière est destinée à célébrer le Roi Soleil.
L’assurance de Tartuffe , son arrivée triomphante chez Orgon ne aissent hélas, aucun doute sur les malheurs qui vont s’abattre sur celui-ci et sa famille: son « gîte » désormais sera la prison. Tout concourt à nous convaincre du pire, et nota Sv. ‘ipe to notamment l’ absence totale de respect avec laquelle il parle à son ancien bienfaiteur, sensible dans la tournure familière répétée à deux reprises « Tout beau,.. out beau » et dans la défense qui suit « Ne courez point si vite Son assurance est telle qu’il s’amuse à reprendre son ancien personnage de dévot, tout en sachant pertinemment qu’il n’abuse plus personne. En effet, il évoque ironiquement « Le Ciel »( mis n valeur par sa place à la césure) dont il ornait chacune de ses phrases avant d’être démasqué. II continue à feindre de se parer des vertus de tout bon chrétien et d’excellent Sujet : une abnégation totale, rendue par l’ hyperbole « je suis… ppris tout souffrir », et un sens du devoir moral à toute épreuve que souligne l’emploi de la tournure restrictive « « Et je ne songe rien qu’à faire mon devoir Un dévouement total au souverain complète cet autoportrait édifiant, dévouement qui prime sur une éventuelle gratitude pour les bienfaits reçus, balayés égligemment d’un vers bref: « Oui, je sais quels secours j’en ai pu recevoir » . En reprenant son vieil habit de fausse dévotion, Tartuffe se moque ouvertement d’Orgon et de toute sa famille.
La consternation qui règne dans le « clan » d’Orgon, bien conscient de cette issue funeste, contribue également à nous y faire croire . Comme il est de règle dans les comédies, toute la famille et les domestiques sont réunis dans la dernière scène. Ici, leur présence donne plus d’intensité, de solennité et montre les torts causés par l’imposteur à chacun des membres d’une famille jusque-là honora 2 les torts causés par ‘imposteur à chacun des membres d’une famille jusque-l honorable.
Ainsi, les nombreux personnages de cette dernière scène montrent par leur seule présence, que le moment est solennel, l’heure grave, puisque un honnête homme, leur père, mari, beau-frère, maître… va être arrêté pour traîtrise envers le pouvoir royal. Il est vrai que « cette âme hypocrite avait déjà posé le masque » en répliquant brutalement à la fin de l’acte IV, à Orgon qui lui avait ordonné de quitter sa maison, mais son départ brusque n’avait pas permis aux spectateurs de le contempler assez longtemps sous ce nouvel aspect. Cette scène va leur en donner tout le loisir…
Réduits à l’impuissance, il ne reste plus aux victimes qu’ exprimer chacun à leur manière, leur indignation: Orgon, le premier concerné, ne s’attendrit plus sur « le pauvre homme! » mais laisse éclater sa colère, visible dans l’emploi de phrases exclamatives contenant des épithètes négatives « Traître!… scélérat » ou dans la question rhétorique des v. 1877-1878 où le mot « ingrat » est mis en valeur par la coupe. Enfin, les rimes signifiantes «charitable »/ « misérable » montrent l’étonnement devant une telle ingratitude.
Son épouse, Elmire, ans sa fureur le résume d’un mot L’imposteur! », sous-titre de la pièce. Dorine quant à elle, ironise sur l’habileté avec laquelle il sait cacher sa véritable nature: « sous le beau manteau » de vertus chrétiennes… Seul Cléante, le beau-frère d’Orgon, s ‘adonne à une analyse rationnelle du comportement de Tartuffe, pour en montrer clairement l’ 3 s ‘adonne à une analyse rationnelle du comportement de Tartuffe, pour en montrer clairement Il hypocrisie. Il use d’un champ lexical de l’apparence avec les mots « vous vous parez au V. 889 et le verbe «paraître » à la césure du v. 1890 . Il va énoncer trois défauts majeurs du héros de la pièce: c’est un être dépouruu de tout sens moral, concupiscent et ingrat. Ses arguments essentiellement liés au temps, vont le montrer sans équivoque. Le faux dévot n’a dénoncé Orgon qu’après avoir été surpris à courtiser Elmire, la femme de son bienfaiteur, conduite particulièrement scandaleuse que les rimes signifiantes « dénoncer »chasser » mettent en évidence.
Deuxième argument: un homme de bien comme il prétend l’être, dénonce- t-il la personne qui « de tout son bien » venait de lui faire don? Ingratitude que comme nous l’avons vu, Orgon a dénoncée déj uste avant. Enfin, un vrai croyant, un loyal Sujet accepterait- il les biens d’un traitre au Roy? Que de contradictions, que de décalages entre les discours et les actes… Cette tirade bien construite met l’imposteur dans un tel embarras que n’ayant pas de contre-argument valable à donner en retour, il a recours pour toute réplique, au terme méprisant de « criaillerie ».
Quelle différence avec les propos onctueux et le ton patelin qui étaient les siens auparavant! Le spectateur, stupéfait, ne se lasse pas d’écouter ce nouveau Tartuffe qui semble avoir tous les atouts pour triompher… Cette conviction partagée par tous les gens présents, est habilement entretenue par Molière pendant les quarante premiers vers grâce aussi a 4 gens présents, est habilement entretenue par Molière pendant les quarante premiers vers grâce aussi au personnage, fort discret, de l’exempt.
Cet officier de la garde personnelle du Roi, chargé de faire exécuter les arrêtés royaux, paraît un élément secondaire, presque un figurant, tant il laisse Tartuffe occuper le devant de la scène alors que lui-même demeure absolument muet. Et quand enfin il s’exprime en réponse aux ordres du «dévot», e dramaturge prolonge le quiproquo par l’ambiguité ironique de ses propos: il obéit en feignant de trouver lui aussi, qu’il est temps de passer aux actes « Oui, c’est trop demeurer … à l’accomplir quant à l’expression adverbiale « à propos » à la césure du v. 901 , elle est particulièrement chargée d’ironie puisque elle montre que la victime elle-même réclame le bourreau, en toute inconscience.. Mais ce ne sont pas les seuls moyens trouvés par le dramaturge pour prolonger le quiproquo: en effet, l’ordre qui suit Suivez moi » est d’autant plus foudroyant qu’aucun nom ne ‘accompagne, aucune didascalie non plus qui indiquerait l’identité de la victime. Cest réellement un coup de théâtre, comme nous le confirment l’irruption de la stychomythie qui marque une rupture et les trois coupes qui rythment au V. 904 les trois exclamations d’un Tartuffe stupéfait: « Qui? Moi, Monsieur? ». Ce dénouement pour le moins inattendu, obéit aux règles du genre puisque nous le savons, les comédies doivent avoir une fin heureuse. Molière se plie d’autant plus volontiers à cette règle que le retournement de situation va lui permettre de faire u S d’autant plus volontiers à cette règle que le retournement de ituation va lui permettre de faire un vibrant éloge de son royal bienfaiteur.
En effet, le personnage principal de ce surprenant dénouement , celui dont la présence domine l’action bien qu’il ne soit pas là, c’est le premier personnage du royaume, le Roi Soleil lui-même, célébré tout au long de la scène par Tartuffe, puis par l’exempt, qui le représente. Nous avons vu précédemment avec quelle assurance l’Imposteur arrivait chez Orgon et le ton arrogant sur lequel il s’adressait à lui. i-même prend soin de nous dire rapidement au nom de qui il vient: dès le troisième vers, il évoque le soutien du « Prince ‘est-à-dire Louis XIV, dont l’importance est mise en évidence par sa place à la césure des vers 1863 et 1880. Le même procédé se retrouve plus loin, et même si le roi n’est pas nommé, on comprend aisément qu’il est le symbole du « pouvoir » ( v. 1876), et qu’il représente « le devoir sacré »(v. 1881) et « les . -puissants noeuds » dont parle avec délectation le héros éponyme au v. 1883.
Etre un de ses Sujets implique un dévouement absolu, un sacrifice total des personnes auxquelles on tient le plus, comme le montrent l’énumération au vers suivant: « Ami, femme, arents », ainsi que la gradation ascendante et moi-même avec eux Notons au passage que ce vers ne manque pas d’une ironie particulièrement méchante puisqu’il décrit le naufrage d’Orgon quand il était « tartuffié », naufrage dans lequel il a entraîné toute sa famille… e portrait que l’exempt fait ensuite du souverain montre q toute sa famille…
Le portrait que l’exempt fait ensuite du souverain montre qu’il mérite amplement de tels sacrifices, tant il est élogieux. Le Prince (placé éloquemment à la césure du v. 1906) n’a que des qualités: droit, aimant les gens honnêtes puisque « ennemi de la raude pénétrant, clairvoyant (« dont les yeux se font jour dans les coeurs »), ne se laissant pas abuser par des hypocrites ni « tromper par des imposteurs », contrairement à Orgon, crédule et peu perspicace.
Généreux aussi puisqu’il sait pardonner une faute passagère (le recel de la cassette) à un Sujet jusque-l exemplaire. Ainsi dans cette scène hautement morale qui clôt la pièce en célébrant la victoire du bien sur le mal, nous avons pu admirer la parfaite maitrise de Molière pour faire durer un quiproquo et parfaire le portrait d’une crapule hypocrite, cynique, brutale La scène de la cassette dans L ‘Avare est un autre exemple, plus comique, de ce talent.