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Les SDF et l’espace public. Quelle place de la République ? Résumé Compris à la fois comme un lieu de contraintes et un lieu de ressources pour les SDF, l’espace public semble s »inscrire pour ou contre leur présence dans les villes. Selon ces deux approches, il paraît difficile d »interroger le dynamisme des liens qui s »instaurent entre l »acteur social et son environnement. En prenant comme cadre spatial la place de la République à Paris, c’est la question du « travail. Nous rendron o aria. odes d »utilisation faire avec » cet espac spécifique et inverse de leur survie, l »inscription des au centre de ce nnes SDF pour « tés placées au cœur sans-abri sur la place répond à un phénomène de territorialisation qui dépend à la fois de la dimension spatiale et sociale du lieu. Nous analyserons également comment ce phénomène positionne les personnes SDF comme des usagers de l’espace public. Acteurs dans la ville, les sans-abri sont-ils, notamment à travers la question de leur intégration dans un projet urbain, des acteurs de la ville ?
Mots clefs SDF, mode de vie, espace public, ressources, territorialisation, place de la République, méthodes qualitatives. Remerciements.. Avant-propos. 4 Partie introductive : Les différentes approches des personnes SDF dans l »espace public. 1 . Le clochard : figure d »émergence d »une réflexion scientifique sur la pauvreté. 5 2. Les SDF : visibles au sein de l’espace public. 7 3. Les sciences sociales : du SDF aux SDF.. 4. un antagonisme séculaire redéfinit ? 10 méthodologique. 5.
Démarche théorique et 12 – Il – Eléments de méthode. 14 1. Un territoire élargi, des méthodes éclatées. 2. Première fois. 3. Dernière fois.. 18 4. Une ébauche l »aune de l »espace 15 4. Une ébauche de la territorialisation 20 – Ill – La place de la République : un espace erritorialisé. 1 . Territorialisation de l »espace et personnes SDF. 2. Géographie du flux. 22 21 3. Le terre-plein central : une forme exacerbée de territorialisation 23 4. Entre dispersion et concentration : discrétisation par les pratiques. 5 IV- Des activités territorialisées.. 27 1. Trouver le sommeil. 28 2. Faire la manche. 29 3. Se 31 V – Les voisins.. 32 1. Les associations caritatives de Franck Leibundgut – Les SDF et l’espace public. Quelle place de la République ? 3. Les – autres – usagers. 41 – VI – Les SDF de la place de la République : des acteurs dans la 1. Les associations caritatives de la place de la République. 33 2. Les services techniques et les commerçants. — sociale — 38 ville ? . 1. Des acteurs en négatif. 2. Des personnages publics ? 5 3. Des acteurs politiques ? 46 43 – VII – Partie Conclusive : Les SDF, des acteurs de la 47 1. Les personnes SDF des usagers ? Comme les autres ? . 47 2. L « espace public : entre la question urbaine et la question 48 3. L »enfermement de la question urbaine et sociale au sein de la logique assistencielle. 49 4. « Faire avec » ou l »art et la manière de marcher sur le fil. logique assistencielle. . 4. ? Faire avec » ou l »art et la manière de marcher sur le fil. .. 51 Blbliographie _ 52 Remerciements. e profite de ces quelques lignes pour remercier toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la conception de ce travail de mémoire et en particulier : A Michèle Jolé pour sa disponibilité, ses aides précieuses et sa patience dans les moments où la mienne faisait défaut, A tout mes compères universitaires – ou non- pour les discussions stimulantes autour de mon thème de recherche et bien d’autres, A toutes les personnes rencontrées dans le cadre d »entretiens formels ou non et dont les récieuses paroles ont façonné de bout en bout mes réflexions, A ma sœur, Maud, pour ses relectures nocturnes et ses conseils éclairants, Et enfin à Caroline qui grâce à son soutien et ses pensées, m »a permis d »arriver – plus ou moins sereinement au bout de mes réflexions et de mes idées. minutes.
Sur le chemin, je peux y croiser des papas ou mamans avec leurs enfants, des sportifs motivés ou d’autres trainant les pieds, des groupes de plusieurs personnes hurlant à travers la rue ou des gens seuls et silencieux. La liste est longue et je pourrais continuer ainsi pendant des heures. Cependant au milieu de tous ces flux humains, un homme retient à chaque fois mon attention. Contrairement à la foule mouvante, il ne bouge pas. Contrairement à la foule debout, il occupe constamment deux bancs installés dos ? dos relativement en retrait par rapport aux trottoirs dédiés à la circulation. un amoncellement d’affaires lui appartenant est posté derrière lui, sur lui, sous lui.
Il est ce qu’on appelle de nos jours un sans domicile fixe (SDF). Tout me pousse alors à croire que contrairement à la foule passante, il reste. Les faits sont confirmés au moment où, sous toutes les ouvertures qui le protègent du froid et de la pluie, apparaissent deux pieds aux blessures certaines le privant de sa mobilité ? coup sûr. Deux béquilles sont pourtant posées contre le mur. Mais son âge avancé et ses problèmes de santé apparents rendent inévitablement caduques la possibilité de les utiliser. Face ? un tel spectacle c »est tout d »abord l »indignation qui a gagné le passant que je suis. Comment laisser quelqu »un vivre dans de telles conditions ?
Comment les « voisins » de cet homme qui peuvent l’apercevoir toute la journée sous leur fenêtre et l »imaginer toute eur nuit mourant de froid en bas de leur immeuble réagissent-ils face à une telle situation ? Puis un jour il n »était plus là. Afin de comprendre le vide que s face à une telle situation ? Puis un jour il n’était plus là. Afin de comprendre le vide que son absence créait dans l »espace public, s »en est suivi alors dans mon esprit des questionnements plus prosaïques. Première interrogation : comment s’organisait la vie de cet homme ? Comment dans l’impossibilité de se déplacer était-il capable de subvenir à ses besoins ? Deuxième interrogation : comment s’organisait la vie autour de et homme ? En effet pal souvent pu I »apercevoir manger un sandwich ou boire dans une bouteille d »eau en plastique.
Ainsi à son extrême immobilité dans l »espace correspondalt une hyper- mobilité en sa faveur. Des passants, des voisins ou même des médecins prenaient en charge les besoins de cet homme. Mes raisonnements étaient renvoyés à la dimension spatiale de sa présence. Pourquoi, ici, sur ce banc ? Profitait-il d’un réseau de connaissances spécifiques lui procurant ce dont il avait besoin ? Sa proximité avec le Lidl du coin lui réservait-elle, non pas de la monnaie avec laquelle il « aurait rien pu faire, mais des donations en nature de certains clients apitoyés ? Les difficultés de l’étudiant en sociologie que j »étais à penser l »espace dans les relatlons sociales commençaient à se résorber petit à petit.
L’espace semblait alors devenir le support des relations sociales et plus surprenant encore les deuxièmes semblaient façonner le premier par un juste retour des choses. Cest alors cette relation re personne SDF et entre personne SDF et espace public qui devait faire l »objet de ce travail. Je l »ai approché à travers trois questions principales : Comment les personnes SDF se répartissent dans l »espace (Partie Ill) ? Quels usages en découlent (Partie IV)? Quelles relations sociales y entretiennent-ils (Partie V) ? Et d »une hypothèse spécifique : En quoi les personnes SDF peuvent-elles constituées des acteurs dans la ville (Partie VI) et de manière plus spécifique dans le projet urbain (Partie VII conclusive) ?
Il convient cependant dans un premier temps de comprendre les conditions d’émergence d »une réflexion sur la populatlon SDF tant dans les médias, les politiques publiques que les sciences sociales. A la lumière de ces débats, il sera alors progressivement précisé la démarche héorique qui est la mienne et les outils méthodologiques qui en permettent la concrétisation (Partie introductive). Soumis aux aléas de la recherche empirique, les idéaux présentés ont quelque peu volé en éclats. Ils dessinent alors la singularité de cette étude qu’il convient de mettre en avant afin d »en comprendre le véritable sens (Partie Il). – – Partie introductive : Les différentes approches des personnes SDF dans l’espace public. 1 . Le clochard : figure d’émergence d’une réflexion scientifique sur la pauvreté.
La pauvreté en milieu urbain est depuis longtemps l »objet de echerches importantes en sciences sociales. Georg Simmel, dans son ouvrage intitulé les pauvres 1 publié au début du XXe siècle, est un des premiers à soulever les éléments qui jetteront les bases de réflexions futures sur ce thème. éléments qui jetteront les bases de réflexions futures sur Attaché à décrire les dynamiques sociales qui assignent certains indlvidus au statut de pauvre, Simmel met en avant la difficulté à ana Yser cet objet en tant que « réalité sociologique SIMMEL Georg, Les Pauvres. (Trad. de l’allemand par Bertrand Chokrane) Paris : Presse Universitaire de France, 2005. utonome »2. Par là, il souligne l »incroyable diversité des situations face à un ensemble d »individus ne partageant ni sentiment d’appartenance, ni intérêt commun. La catégorie soclale des pauvres souffre alors d’une grande invisibilité. Outre-Atlantique, les travaux de Nels Anderson sur les hobos3, entérinent une volonté de mettre de [« ordre au sein de cette grande hétérogénéité. A partir d »une enquête de type ethnographique et afin de décrire les populations précaires, il met en place une typologie développée autour de deux axes (la mobilité et le travail) où le lochard occupe la place de celui qui ne travaille et ne bouge pas.
En France, c »est Alexandre Vexliard qui est considéré comme le précurseur d »une réflexion scientifique sur la uestion avec son ouvrage, Le clochard, étude de psych Il s »est conditions socio-économiques la responsabilité de la situation des clochards et de ne pas assez prendre en compte les déterminants psychologiques »6. Si les premières études effectuées sur la question des personnes vivant à la rue sont aujourd »hui essentielles, elles se révèlent être dans le contexte contemporain fortement anachroniques. En effet, la figure au centre de la plupart de ces travaux est celle du clochard qui dans la pensée commune atteint une posture presque mythique. Défini par des images au pouvoir évocateur puissant, le clochard transporte malgré lui toute une batterie de représentations qui se fixe tout d »abord sur son apparence physique.
Dans les années cinquante, Vexliard parle au sujet de sa population d »étude d »individus qui « ont tous ce teint terreux, ces cheveux embroussaillés, une barbe de quinze jours, avec pour vêtements, la loque, le haillon, la guenille… »7. De plus cet ?tre urbain est, notamment dans la littérature, souvent apparenté au philosophe libertaire qul a fait de la vie dans la rue un choix revendiqué aux oreilles d’une société à laquelle il refuse de se mêler. Ces quelques représentations communes confèrent au clochard un relief particulier qu pousse le citadin à en faire un personnage sympathique ayant sa place dans le quartier. Les clochards « apparaissent dans la littérature et dans le sens commun comme un élément du « paysage » urbain local »8. 2 PICHON Pascale, « LJn point sur les remiers travaux sociologiques français à p domicile PAGF OF