Ch

essay B

8. COURS: L’ART Henri Matisse, nature morte DIFFICULTES DUNE DEFINITION DE L’ART COU D’UNE DEFINITION DE « L’OEUVRE D’ART ») Dictionnaire Hachett 1. activité humaine q caractère esthétique. or29 Sni* to View ioeuvres de 2. Chacun des domaines dans lesquels les facultés créatrices de l’homme peuvent exprimer un idéal esthétique. 3. Ensemble dloeuvres caractéristiques d’une époque, d’un pays, d’un style. 4. Ensemble de connaissances, de techniques nécessaires pour maitriser une pratique donnée. 5.

Ce qui est l’oeuvre de l’homme, ce qui est artificiel. 6. Manière de faire quelque chose, talent. i »‘ Brève analyse: En premier lieu, « art » renvoie au grec techné, qui signifie « savoir- faire », « technique »; l’art renvoie ainsi à la « production » de quelque chose (z »toute forme d’activité manifestant ou impliquant une une « définition »: Les oeuvres d’art sont des artefacts dont le fonctionnement symbolique, lié aux intentions constitutives des créateurs et de leur public, constitue la nature spécifique.

Cette définition est circulaire puisque les intentions constitutives supposent elles-mêmes la notion dioeuvre d’art. Mais peut-on faire mieux? Peut-être est-ce moins une définition en bonne et due forme qu’une explication. L’art semble être autoréférentiel; dès lors, aucune des définitions qu’on en propose ne semble jamais irréprochable. Etre une oeuvre d’art est une propriété relationnelle et non une propriété intrinsèque. On peut distinguer deux sortes de propriétés relationnelles: les propriétés procédurales et les propriétés fonctionnelles.

Etre bachelier est une propriété procédurale: on l’est à la seule condition d’avoir satisfait aux exigences d’un jury accrédité par l’autorité compétente pour accorder ce premier grade universitaire (en France). Etre un couteau est une propriété fonctionnelle: tout ce qui coupe uffisamment est un couteau. Etre une oeuvre d’art, est-ce une propriété procédurale ou une propriété fonctionnelle? Certains philosophes (Dickie, 1973) ont été tentés par une conception procédurale (ou institutionnelle) de l’oeuvre d’art.

Quelque chose est une oeuvre d’art s’il a été reconnu comme tel par quelqu’un autorisé à le faire du fait de sa position dans le monde de l’art -un conservateur par exemple. L’avantage de cette conception est qu’elle permet de faire de l’appartenance à l’espèce des oeuvres d’art une simple affaire de constat empirique. Lioeuvre diart est le produit dune institution. Mais ‘existence de cette institution ne suppose-t-e OF L’oeuvre d’art est le produit d’une institution.

Mais l’existence de cette institution ne suppose-t-elle pas logiquement que l’on sache déjà ce qu’est une oeuvre d’art? Cette thèse présente donc des difficultés. Disons alors que lioeuvre diart suppose des intentions particulières chez des personnes qui agissent dans un cadre institutionnel (aspect procédural) et s’intéressent à des objets qui possèdent, relativement à ces intentions, un certain mode de fonctionnement symbolique (aspect fonctionnel). Autrement dit , l’art possède un aspect procédural et un aspect onctionnel, mais aussi un aspect historique.

Dire que x est une oeuvre d’art, c’est dire qu’elle est comme d’autres choses qui ont auparavant été considérées comme oeuvres d’art. Dès lors, on pourrait proposer la formule suivante: Une chose x est une oeuvre d’art si elle est reconnue comme telle par des personnes ayant des intentions pertinentes, agissant dans un cadre institutionnel, et la considérant comme appartenant à la même espèce que des objets qui ont été considérés comme possédant un certain mode de fonctionnement symbolique, c’est à-dire comme des oeuvres d’art.

On remarquera que cette définition est aussi circulaire que la précédente…  » Roger POUIVET EN RELATION AVEC LA PARTIE I DU COURS ( » ‘étrange statut de l’oeuvre d’art ») Différence entre « mode d PAGF echnique » et « mode de et règle l’exécution, c’est industrie. Et encore est-il vrai que l’oeuvre souvent, même dans l’industrie, redresse l’idée en ce sens que l’artisan trouve mieux qu’il n’avait pensé dès qu’il essaye; en cela il est artiste, mais par éclairs.

Toujours est-il que la représentation d’une idée dans une chose, je dis même d’une idée bien définie comme le dessin d’une maison, est une euvre mécanique seulement, en ce sens qu’une machine bien réglée d’abord ferait l’oeuvre en mille exemplaires. Pensons maintenant au travail du peintre de portrait; il est clair qu’il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu’il emploiera ? l’oeuvre qu’il commence; l’idée lui vient à mesure qu’il fait; il serait même rigoureux de dire que l’idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu’il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître.

Et c’est à le propre de l’artiste Ainsi la règle du beau n’apparaît que dans l’oeuvre, et y reste prise, en sorte qu’elle ne peut servir, jamais, d’aucune manière, ? aire une autre oeuvre. ALAIN, Système des beaux-arts, Gallimard, 1926 2) « D’une part il y a les choses qui entrent dans la présence selon le statut de l’esthétique, c’est-à-dire les oeuvres d’art, et de l’autre, celles qui adviennent à l’être selon le statut de la technique, donc les produits au sens strict. Le statut particulier des oeuvres d’art a été identifié dès l’apparition de l’esthétique comme étant l’originalité ( ou authenticité).

Que signifie originalité? Quand on dit que l’oeuvre d’art a un caractère d’originalité (ou d’authenticité), on ne veut pas dire par à qu’elle est simplement unique, c’est-à-dire différente de toute autre. Origin veut pas dire par là qu’elle est simplement unique, c’est-à-dire différente de toute autre. Originalité signifie: proximité avec l’origine. L’oeuvre d’art est originale parce qu’elle se maintient dans dans un rapport particulier avec son origine au sens où non seulement elle provient de celle-ci et s’y conforme, mais reste aussi dans un rapport de permanente proximité avec elle.

Originalité signifie donc que l’oeuvre d’art garde avec son principe formel une relation de proximité si grande qu’elle exclut a possibilité que son entrée dans la présence soit en quelque manière reproductible, comme si la forme se pro-duisait de soi- même à la présence en un acte de création esthétique impossible à répéter. Dans ce qui advient à l’être selon le statut de la technique, en revanche, cette relation de proximité avec l’eidos (mot grec signifiant « forme », « idée »), qui régit et détermine l’entrée dans la présence, n’a pas lieu.

La reproductibilité (entendue en ce sens comme relation paradigmatique de non-proximité avec l’origine) est donc le statut essentiel du produit de la technique, out comme l’originalité (ou authenticité) est le statut essentiel de l’oeuvre d’art.  » Giorgio ACAMBEN, L’homme sans contenu, Circé, 1996 Quelques citations Propos d’artistes sur l’art « Projeter la lumière dans les profondeurs du cœur humain, telle est la vocation de l’artiste » Schumann « La peinture est un art, et l’art dans son ensemble n’est pas une création sans but qui s’écroule dans le vide.

C’est une puissance dont le but doit être de développer et damner l’âme humaine PAGF s OF puissance dont le but doit être de développer et d’affiner Pâme humaine Kandinsky Henri Matisse, intérieur ? L’art est la poursuite acharnée par la seule plastique de l’expression du sentiment intérieur Matisse « L’art est un mensonge qui nous permet d’atteindre la vérité » « Je crois que la véritable œuvre d’art doit rendre évident pour tout le monde ce que la nature n’est pas « Mon effort consiste à reconstruire le réel Picasso Picasso, Les demoiselles d’Avignon, 1907 « Sévèrement Picasso a interrogé l’univers ; il s’est habitué ? l’immense lumière des profondeurs Apollinaire Marcel DUCHAMP, Égouttoir à bouteilles, 1914 « L’invention de Duchamp, c’est d’affirmer que le plus important ‘est pas l’objet, mais la démarche qui a abouti à cet objet-là » Angelin Preljocaj (chorégraphe contemporain) Question : « Marcel Ducha PAGF 6 OF ns tous, ou nous croyons « physiquement sa « matière grise » pense normalement, mais il n’est pas capable d’estimer le résultat esthétique. Ce résultat esthétique est un phénomène a deux pôles : le premier, c’est l’artiste qui produit, et le second pôle c’est le spectateur. ar « spectateur je n’entends pas seulement le contemporain, j’entends toute la postérité, et tous les « regardeurs » d’œuvres d’art, qui par leur vote, décident qu’une chose doit rester ou oit survivre parce qu’il y a une chose profonde que l’artiste a produit sans le savoir -et j’insiste là-dessus parce que les artistes n’aiment pas qu’on leur dise cela ; l’artiste aime bien croire qu’il est complètement conscient, de ce qu’il fait, pourquoi il le fait, comment il le fait, la valeur intrinsèque de son œuvre -à cela je ne crois pas du tout. Je crois sincèrement que le tableau est autant fait par le « regardeur » que par l’artiste s. Entretien radiophonique, 19 ? « L’art est le dehors où le dedans s’exile pour se voir 3. Noël (poète) Alberto GIACOMETrl, Homme qui marche ART: PARTIE Il COMPLETE Il. A PROPOS DES ETRANGES RELATIONS ENTRE L’ART ET LA REALITE L’art dolt-il « imiter » la nature ? ) Il s’agit là d’une thèse très ancienne, celle d’une exigence mimétique de l’art (mimesis : mot grec signifiant imitation) : l’art imite (au doit imiter) la nature. Même si notre univers conceptuel n’est plus celui des erecs, « public » a cependant PAGF 7 OF conservé d’idée selon laquelle l’œuvre de qualité devrait reproduire le plus fidèlement possible la réalité – ou, exprimer le plus fidèlement possible « ce que l’artiste ressent » (transposition lus moderne du principe). Voici ce qu’écrit Aristote (IVème siècle av. J. C. ): « A l’origine de l’art poétique dans son ensemble, il semble bien y avoir deux causes, toutes deux naturelles. Imiter est en effet, dés leur enfance, une tendance naturelle aux hommes (… ).

Une autre raison est qu’apprendre est un grand plaisir non seulement pour les philosophes, mais pareillement aussi pour les autres hommes On se plaît en effet à regarder les images car leur contemplation apporte un enseignement et permet de se rendre compte de ce qu’est chaque chose, par exemple, que ce portrait- à, c’est un tel » Cette thèse est devenue avec le temps une sorte de préjugé lorsque nous attendons, aujourd’hui, qu’un tableau « représente quelque chose lorsque nous sommes déçus parce que « cela ne représente rien nous sommes victimes de ce préjugé. Remarque : Platon adoptait une attitude très critique à l’égard de l’art d’imitation : il nous élolgne du Vrai, il est une pâle copie, mensongère, un simulacre. La critique platonicienne de [‘art trouve sa source dans l’exigence de Vérité. ) Analyse critique de ce préjugé Il existe des formes d’art pour lesquelles il serait difficile e dire qu’elle « imitent » la réalité (la musique par exemple : si quelques pièces musicales peuvent être interprétées en termes d’Imltation (par exemple Pacific 231, de Arthur Honegger, qui « reproduit » le mouvement d’une locomotive en marche), elles ne sont pas les plus nomb 8 OF Honegger, qui « reproduit » le mouvement d’une locomotive en marche), elles ne sont pas les plus nombreuses). Le monde de l’art est parfois animé d’intentions très différentes : embellir la réalité, exprimer un idéal, élever l’âme, en particulier : en ce cas, l’idée d’imitation n’est d’aucun secours.

En fait, ce préjugé (qui s’exprime par exemple dans la formule péremptoire : « c’est très mauvais, car cela ne représente rien ») exclut et dévalorise l’art qui ne cherche pas à « imiter » ou « copier » le réel. Cependant il est clair que l’art non figuratif (par exemple l’art abstrait, dans un courant tel que l’expressionnisme abstrait aux Etats-Unis dans les années 50′) a produit des œuvres remarquables, qui ne « représentent » rien – Mark Rothko, Joan Mitchell, Motherwell, etc. ( le discours très commun selon lequel « chacun peut y voir ce qu’il veut » n’est pas forcément le plus pproprié : est il légitime de vouloir coûte que coûte « voir quelque chose ( qui correspond au « monde réel »)» ? ).

D’autre part, comme le dit Hegel, le désir d’exactitude, de fidélité absolue au réel n’est pas très intéressant, indépendamment du fait qu’il se condamne lui-même à échouer. Il ne peut produire « qu’une fierté passagère » Texte « Quel but rhomme poursuit-il en imitant la nature ? Celui de s’éprouver lui-même, de montrer son habileté et de se réjouir d’avoir fabriqué quelque chose ayant une apparence naturelle. La question de savoir si et comment son produit pourra être onservé et transmis à des époques à venir ou être porté à la connaissance d’autres peuples et d’autres pays ne l’intéresse pas. Il se réjouit avant tout d’avoir c PAGF OF d’autres peuples et d’autres pays ne l’intéresse pas.

Il se réjouit avant tout d’avoir crée un artifice, d’avoir démontré son habileté et de s’être rendu compte de ce dont il était capable Mais cette joie et cette admiration de soi-même ne tardent pas ? tourner en ennui et mécontentement, et cela d’autant plus vite et plus facilement que l’imitation reproduit plus fidèlement le modèle naturel » HEGEL, Esthétique, 1825 ) Si l’artiste ne doit pas chercher à « imiter » la réalité, quelle peut être la fonction de l’art ? (sujet de bac) Nous partirons d’une anecdote, racontée par le peintre Balthus : Breton, Giacometti et d’autres artistes surréalistes discutaient, dans l’atelier de Fun d’entre eux. Dans la conversation, pour on ne sait quelles raisons, Breton affirma : « Une tête ! Tout le monde sait ce que c’est qu’une tête ! ? – Giacometti le regarda et dit : « Moi pas Nous avons souvent une représentation « simple » de la réalité : elle est « ce qu’elle est elle s’impose avec une sorte d’évidence u’on ne saurait remettre en question : « une pomme est une pomme « un arbre est un arbre etc. pour plagier la remarque de Breton, nous dirions : « tout le monde sait ce qu’est la réalité ». Mais l’art nous montre que cette thèse est discutable ; ce que nous nommons « réalité » est loin d’être une évidence (cette question traverse une bonne partie de l’histoire de la philosophie, en particulier dans Vœuvre de Platon). Ainsi, l’art apparaît comme l’activité étrange qui instaure un certain rapport, Inhabituel, déroutant, avec la réalité, avec le monde, avec « ce qui est 9. L’artiste exprime peut-êt