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LE STYLE DES CARACŒRES Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne. On ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant ; il est vrai néanmoins qu’elle existe, que tout ce qui ne l’est point est faible, et ne satisfait pas un homme d’esprit qui veut se faire entendre. ( Des ouvrages de l’esprit, 17) La Bruyère accordait une importance particulière à l’art de bien dire, de dire « juste » et se méfiait de l’éloquence trop fleurie de certains discours comme il le précise plus particulièrement dans e chapitre De la chaire :  » L’orateur fait de si belles images de certains désordres, y fait entrer des circonstances si délicates, met tant d’esprit, de que je n’ai pas de pe besoin du moins que me dégoûte des vice agréable. ( 9). Aussi, Sni* to View s celui qui pèche, à ses portraits, j’ai style plus chrétien, e peinture si e meprenne pas sur ses intentions, pour que ses propos ne soient pas ambigus, s’applique-t-il à user de toutes les ressources du langage et du style pour dire le plus exactement possible. Le choix de la brièveté Un style rapide et concis La variété des remarques La variété des registres

La variété des procédés d’énonciation La variété des discours I POURQUOI LE CHOIX DE LA BRIÈVETÉ Les Caractères offrent une diversité de procédés d’écriture qui rendent c Swlpe to vlew next page cette œuvre difficilement classable dans une catégorie générique précise. Ses remarques sont tour à tour, dialogue, récit, tableau, réflexion, maxime, portrait, le ton peut être grave ou sérieux, satirique ou comique, les points de vue sont multiples, par endroit, La Bruyère constate objectivement ou bien il donne son avis, ou encore il feint d’adopter le point de vue des courtisans.

Toute cette pluralité de techniques donne à l’ensemble de l’œuvre un certain dynamisme qui retient l’attention du lecteur et qui contribue à l’interpeller. Séduire le lecteur La Bruyère, bien que fervent défenseur des anciens, voulait rompre avec le discours suivi tel que le pratiquait Cicéron par exemple, persuadé qu’il était qu’un long discours peut ne pas soutenir toujours l’attention du public, voire le lasser.

Par ailleurs, on connaît l’engouement au dix-septième siècle pour les récits brefs et les vingt éditions successives des Caractères entre 1 688 et 1700 témoignent de l’énorme succès de cet ouvrage. C’est que La Bruyère a su séduire un lectorat très enclin au plaisir en lui offrant un divertissement pratique. En effet, la discontinuité du discours permet une lecture fragmentaire du texte et au gré des conversations telle remarque peut être utilisée à propos.

Le lecteur peut « glaner » ça et là selon son humeur ou selon ses besoins. De plus, la théâtralité de certains segments permet une lecture, voire une mise en scène en public, de quoi agrémenter les soirées dans les salons. Ainsi mimer les va-et vient de Cimon et de Clitandre, peut-il faire l’objet d’une OF dans les salons. Ainsi mimer les va-et vient de Cimon et de Clitandre, peut-il faire l’objet d’une distraction avec effet garanti. Par ailleurs, Les Caractères proposent une lecture dynamique.

En effet, , la variété des procédés évite au lecteur l’ennui et la lassitude. De fait, la Bruyère décline sur tous les tons le même sujet à savoir, les abus d’une société qui est toute entière tournée vers l’intérêt et l’art du paraitre et force est de constater que nombre de remarques se font écho tout au long de l’ouvrage De plus, il invite le lecteur à une attitude active, il l’interpelle, il ollicite son avis et le fait en quelque sorte participer à l’écriture des Caractères. our autant, Les Caractères échappent à la lourdeur de la répétition incessante du même motif, ou du moins, La Bruyère maîtrise une esthétique de la répétition dynamique qui entraîne le lecteur dans la poursuite de sa lecture car il passe spontanément d’un sujet à un autre ainsi les motifs se succèdent- ils selon une ligne discontinue.

Par exemple, dans le chapitre de la Cour, passe-t-on d’une remarque brève et générale sur les deux types de stratégie à observer pour accéder aux honneurs 42) à un discours explicatif qui montre que la curiosité peut être un défaut malsain mais aussi une qualité utile pour ne pas être abusé des faux-semblants ( 50) puis à une anecdote qui illustre la contagion de la vanité jusque dans le clergé ( 52) Ou alors il traite du même motif mais en à travers des situations différentes : par exemple dans le chapitre Des Grands, La Bruyère oppose la v des situations différentes : par exemple dans le chapitre Des Grands, La Bruyère oppose la vantardise d’Aristarque qui veut que chacun sache le bien qu’il fait à la discrétion qu’il convient e manifester dans une telle situation. ( 45) et dans la remarque suivante, il développe cette opposition en insistant sur la valeur exemplaire de celui qui fait le bien pour le bien par « devoir » et non pas pour servir sa vanité.

Nous sommes passés d’un cas particulier à une attitude générale, c’est tout l’art d’instaurer entre les différents segments un raisonnement inductif. De même, La Bruyère fait se succéder différents registres. Tantôt le ton est plaisant pour dire l’acharnement des courtisans à se montrer au prince, tel Théodote qui fait preuve de la même patience qu’un nfant qui construit un château de cartes ou qui veut « saisir un papillon » ( de la Cour, 61) tantôt la satire est acerbe quand il évoque Cimon et Clitandre : « Ne les retardez pas dans leur course précipitée, vous démonteriez leur machine. » ( De la Cour, Une stratégie efficace La Bruyère connaît bien ses contemporains et il sait que Pinconstance de l’homme se manifeste aussi dans ses divertissements.

L’homme aime le changement, aussi en offrant au lecteur un ouvrage qui ne nécessite pas une lecture suivie pour être comprise et appréciée, s’adapte-t-il à ses goûts et en lattant son manque de persévérance ne l’ encourage-t-il pas au contraire à poursuivre la lecture d’un livre qui sous des aspects plus rigides l’ aurait découragé ? La Bruyère échappe donc au danger de ne pas être sous des aspects plus rigides l’ aurait découragé ? La Bruyère échappe donc au danger de ne pas être lu et par là même se donne les moyens de se faire entendre. Il parvient de fait ? interpeller son public, en sollicitant son avis, et en le faisant réfléchir ou du moins en lui montrant une image de lui-même que peut être il refuse de voir. Par ailleurs La Bruyère permet de comprendre les mécanismes ‘une société qui éloigne des vraies valeurs dés lors c’est aussi l’image d’autrui qui se trouve transformée.

En multipliant les différents types de comportements derrière lesquels les hommes s’abritent pour parvenir à la satisfaction de leur amour-propre, il les met en garde contre « les pièges » de la société et il les invite à être clairvoyant et les aide à mieux décrypter le monde qui les entoure. Enfin, la diversité des procédés est aussi au service de l’auteur. En effet, il n’est pas aisé de dire aux hommes tout le mal que l’on pense d’eux, et encore moins de leur faire admettre que ce qui st dit n’est pas mensonge, aussi, La Bruyère, en usant de toutes les ressources de la langue et du style, s’offre-t-il la possibilité d’oser dire en se protégeant des critiques rédhibitoires.

Il UN STYLE RAPIDE ET CONCIS L’écriture fragmentaire s’inscrit dans l’esthétique de la brièveté et nécessite un style particulier que ‘on pourrait appeler « l’écriture de l’économie Aller à l’essentiel, tel est le but de l’écrivain qul choisit cette catégorie générique et pour être intelligible, il se doit d’être le plus précis possible. De fait, La Bruyère PAGF s OF énérique et pour être intelligible, il se doit d’être le plus précis possible. De fait, La Bruyère a su user d’un style efficace tant par le rythme que par la justesse de ses propos et il salue un novateur de la langue écrite « Un style rapide, concis, nerveux » Ce qui frappe d’abord le lecteur des Caractères, c’est la sobriété de la phrase, il semble qu’il n’ ait jamais un mot de trop, que tout soit justement calibré pour ne restituer que l’essentiel de la pensée.

Pour ne pas alourdir ses propos, Il privilégie l’asyndète. Ainsi pour définir l’état d’esprit des courtisans et dire eur empressement à attirer rattention, il énumère des verbes : « on cherche, on s’empresse, on brigue, on se tourmente, on demande, on est refusé, on demande, on obtient. » ( De la Cour, 42), le rythme rapide de la phrase impose un certain essoufflement en fin de lecture et traduit l’agitation incessante des courtisans . La Bruyère use de tous les ressorts de la ponctuation. Pour exprimer la relation de cause à effet, il a recours au deux points : « Un homme qui a vécu dans l’intrigue un certain temps ne peut plus s’en passer : toute autre vie lui est languissante. ?? ( De la Cour, 91 ) Une phrase elliptique contribue à restituer la spontanéité de la pensée : « Jeunesse du prince, sources de belles fortunes » ( De la Cour, 55) Si la Bruyère a un goût particulier pour les phrases courtes, et s’il a le sens de la formule : « Il est plus souvent utile de quitter les grands que de s’en plaindre » ( Des Grands, 9) il n’exclue pas la phrase longue mais elle n’est j de s’en plaindre » ( Des Grands, 9) il n’exclue pas la phrase longue mais elle n’est jamais d’une grande complexité, privilégiant la parataxe à la subordination, comme on peut le constater dans e portrait de Straton ( De la Cour, 96). par souci de concision, certaines de ses remarques sont construites en plusieurs petit paragraphes qui traduisent la progression de rélaboration de la réflexion, comme on le constate dans les remarques 44 et 45 du chapitre De la cour. La gruyère maîtrise l’art de la mesure et refuse toute digression qui pourrait détourner le lecteur de l’intention première de l’auteur.

Plutôt que de longs discours, il ménage ses effets par des chutes éloquentes, ainsi pour montrer que les courtisans sont dupes des grands personnes commodes, agréable, riches, et qui sont sans onséquence. » ( De la Cour, 18) ou pour dénoncer l’absence de sagesse des grands : « Ces hommes si grands, ces têtes si fortes et si habiles méprisent le peuple, et ils sont peuple. » ( Des Grands, 53) IJne langue juste . Si La Bruyère refuse l’approximation, c’est parce qu’il est persuadé qu’à chaque idée correspond le mot juste pour l’exprimer « Entre toutes les expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qul soit la bonne » De fait, La Bruyère a le souci de la précision lexicale.

Théodote, pour parvenir à ses fins, pourrait parler « de parélies et de parallaxes » el un astronome ( De la Cour, 61) ; Pour éviter toute méprise sur le sens de ses propos, il a recours à la fonction métalinguistique, ainsi, Ci 7 OF toute méprise sur le sens de ses propos, il a recours à la fonction métalinguistique, ainsi, Cimon et Clitandre ne méritent pas d’être désignés par la métaphore astronomique «Satellites de Jupiter » car précise-t-il, ils ne sont pas « ceux qui pressent et qui entourent le prince », ils se contentent de « l’annoncer et de le précéder » ( De la Cour, 19) Dans la remarque 53 du chapitre Des Grands,. e terme « peuple » est tantôt utilisé en qualité de ubstantif et désigne la catégorie sociale : « Il y a le peuple qu’ est opposé aux grands » tantôt comme adjectif à connotation péjorative pour exprimer la bassesse morale des grands ils sont peuple. » Pour distinguer les privilèges des grands de ceux des courtisans, il oppose le cliché familier « avoir le gros lot » pour nommer les privilèges de la naissance à « la faveur des grands » ( Des Grands, IO). B uyère affectionne particulièrement la métaphore qui par le principe du transfert de sens est plus apte à exprimer la verité des caracteres : ainsi les courtisans sont-ils « des singes e la royauté », Théodote « dégoutte l’orgueil, l’arrogance, la présomption. ? (de la Cour, 61), l’indifférence à l’égard de ceux qui ne peuvent être utiles est « d’une sécheresse de pulmonique ( De la Cour, 62). La comparaison donne à voir l’élégance de Théognis qui « sort paré comme une femme » (Des Grands, 48), ou permet d’exprimer la promptitude des changements de situations : « Il y a des gens à qui la faveur arrive comme un accident. » ( Des Grands, 84) La Bruyère a l’art de la nuance : Théodote e 8 OF faveur arrive comme un accident. » ( Des Grands, 84 ) La Bruyère a l’art de la nuance : Théodote est « fin, cauteleux, et doucereux », le choix et la place de l’adjectif « cauteleux » insistent sur l’hypocrisie et l’habileté du personnage.

Ses portraits sont pittoresques, en témoignent les détails qui permettent de mieux les reconnaitre : La Bruyère est attentif à dire l’exactitude du geste, les courtisans « marchent des épaules, et se rengorgent comme une femme. », du ton de la voix, ils parlent « d’un ton élevé « avec hauteur Vexactitude de la platitude de la conversation de Théodote « Voilà un bon temps ; Voilà un temps de dégel. ? Il LA VARIETE DES REMARQUES 1. A la fin de sa préface, La Bruyère explique, entre autres raisons, que Les Caractères ne sont pas des maximes, au regard de la longueur des remarques :  » les maximes [doivent être] courtes et concises.

Quelques unes des ces remarques le sont, quelques autres sont plus étendues : on pense les choses d’une manière différente, et on les explique par un tour aussi tout différent, par une sentence, par un raisonnement, par une métaphore ou quelque autre figure, par un parallèle, par une simple comparaison, par un fait tout entier, par un seul trait, par ne description, par une peinture : de là procède la longueur ou la brièveté de mes réflexions.  » Les Caractères se distinguent donc des autres ouvrages par la variété des procédés d’écriture dont il fait en quelque sorte l’inventaire. Pour autant, il apparaît que la diversité est plus importante et nous pouvons PAGF q OF l’inventaire.

Pour autant, il apparaît que la diversité est plus importante et nous pouvons répartir les différentes remarques ainsi : Des sentences : ( = à l’origine, terme qui appartient au vocabulaire judiciaire et qui désigne le jugement rendu par un ribunal ; par extension, dans le domaine de la morale, il désigne un précepte )  » Ceux qui nuisent à la réputation ou à la fortune des autres plutôt que de perdre un bon mot méritent une peine infamante.  » ( De la cour, 80) Des métaphores . les roues, les ressorts, les mouvements son cachés ; rien ne parait d’une montre que son aiguille, qui insensiblement s’avance t achève son tour : image du courtisan d’autant plus parfaite qu’après avor fait assez de chemin, il revient souvent au même point d’où il est parti. ( De la cour, 65) Autres figures : des antithèses : i’ Il est aussi dangereux à la our de faire les avances, qu’il est embarrassant de ne point les faire.  » ( De la cour, 37) des paradoxes : L’on voit des hommes tomber d’une haute fortune par les mêmes défauts qui les y avaient fait monter.  » ( De la cour, 34) Des parallèles :  » La modestie est d’une pratique plus amère aux hommes d’une condition ordinaire : s’ils se jettent dans la foule, on les écrase ; s’ils choisissent un poste incommode, il leur demeure.  » ( Des grands, 44) ; Des comparaisons :  » Théognis est recherché dans son ajustement, et il sort paré comme un femme ; .  » ( Des grands, 48) ;  » La cour est comme un édifice bâti de marbre : je veux dir