Candide Voltaire
donc avec tempérance et mesure. La réaction d’Iphicrate, qui croit encore au dérisoire pouvoir de la violence physique (comme le souligne la didascalie « l’épée à la main l. 97) et se complaît dans une parole tragique désormais ridicule, au vu de sa situation de nouvel esclave (l’interjection « Juste Ciel l. 97-98 ou la question rhétorique : « Peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? », 98, relèvent d’un registre élevé), montre qu’il a fort besoin d’une telle leçon, qu’il ne semble d’ailleurs pas tout à fait prêt à entendre.
Pas d’appel à la révolution, ici : la scène cherche seul moraux (l’humanité, ence les enjeux org sociale qui est celle d Texte 3 Utopie et ironie, deux armes de la critique sociale (pages 157-158) Voltaire, Candide ou l’Optimisme (1759) Objectif Étudier les procédés de la critique sociale dans le conte philosophique. Présentation du texte C’est le chapitre xviii de Candide que nous avons choisi d’étudier pour conclure ce corpus sur l’utopie au xviiie siècle.
Le contexte est connu : échappés du pays des Oreillons, Candide et Cacambo se dirigent vers Cayenne, où ils spèrent rejoindre la colonie française. Mais poursuivis par des sauvages et des vingt-quatre heures dans l’obscurité, ils découvrent un pays merveilleux, l’Eldorado, où IOr, abonde et où le luxe est partout répandu. Cacambo sewant d’interprète, Candide peut interroger un vieillard qui lui dévoile les secrets de ce pays, berceau des Incas.
Le conte philosophique se sert ici de l’utopie pour présenter les valeurs des Lumières en envisageant « le meilleur des mondes possibles C’est aussi l’occasion de revenir sur l’ironie voltairienne et sa force corrosive. Réponses aux questions Travail en autonomie 1. Plusieurs éléments relèvent du merveilleux : – les descriptions d’objets luxueux imaginaires : « un sopha matelassé de plumes de colibri » (l. 1-2), « des vases de diamant » (I. 2-3) ; l’âge impassible du vieillard : « Je suis âgé de cent soixante et douze ans » (I. ) ; – l’hyperbole « cinq ou six mille musiciens » (l. 49-50) ; – le « carrosse à six moutons » (l. 61-62) qui surprend par l’emploi incongru d’un animal hors de ses fonctions habituelles. Ces éléments rapprochent le récit du genre du conte, qui ne se oucie pas de vraisemblance et aime à multiplier les éléments impossibles dans la réalité pour provoquer un dépaysement plaisant. 2. Certaines caractéristlques du discours utopique apparaissent dans cet extrait. D’abord, il faut noter la clôture du lieu, protégé par une ceinture « de rochers inabordables et de précipices » (l. 6) et son caractère inaccessible puisque les explorateurs (les Espaenols et le chevalier R nt eu qu’une (les Espagnols et le chevalier Raleigh) n’en ont eu qu’une « connaissance confuse » (l. 13) ou n’en ont qu’« approché » (l. 15). On remarque également le thème de l’abondance et des richesses, marqué par le luxe des objets, le nombre de domestiques à la disposition du vieillard (il en fournit douze, rien que pour accompagner Candide chez le roi). La santé des habitants semble fabuleuse : Pâge du vieillard en témoigne.
Celui-ci sait d’ailleurs que les habitants sont purs et heureux : leur repli sur eux-mêmes leur « a conservé [leur] innocence et [leur] félicité dit-il (l. 12). Le bonheur des habitants se manifeste notamment par les chants et les musiques par lesquels ils rendent grâce à leur dieu, ce ui suggère leur contentement dans l’existence actions de grâces l. 49). Enfin, la stabilité politique (un roi respecté et visiblement accueillant : « Le roi vous recevra d’une manière dont vous ne serez pas mécontents l. 4-65) et la religion partagée par tous sont d’autres signes de la perfection du pays. 3. L’or, et les richesses sont inégalement appréciés par les Européens et par les habitants de l’Eldorado, ce que révèle la discordance ironique des propos du vieillard à ce ] nous avons toujours été jusqu’à présent à l’abri de la sujet : « rapacité des nations e l’Europe, qui ont une fureur inconcevable pour les cailloux et pour la fange de notre terre et qui, pour en avoir, nous tueraient tous jusqu’au dernier » (l. 6 à 20). On voit que le vieillard n’accorde aucune valeur aux pierres précieuses le vieillard n’accorde aucune valeur aux pierres précieuses et ? l’or, qu’il dénigre en les ramenant à leur simple matérialité minérale, par les termes péjoratifs et métaphoriques de « cailloux » et de « fange Cela accroît l’aspect irrationnel des Européens, souligné par l’expression hyperbolique « fureur inconcevable » qui renvoie ? une passion déraisonnable, à une folie, qui mène à la plus cruelle sauvagerie.
Le vieillard dénonce sans ambages la cupidité des Européens par le terme polémique « rapacité D, qui présente en outre l’avantage de connoter la bestialité (lien avec l’oiseau de proie, le rapace ; cf. l’étymologie : latin « rapax, -acis» = qui entraîne à soi, qui vole ou ravit quelque chose ; voir en français « rapine, rapt etc. ). 4. Candide et Cacambo interrogent le sage vieillard « sur la forme du gouvernement, sur les mœurs, sur les femmes, sur les spectacles publics, sur les arts » (l. 1 à 23). Le discours narrativisé (« La conversation fut longue l. 1) permet au narrateur de passer rapidement sur ces thèmes et de ne même pas révéler ce que le vieillard en dit. L’énumération suggère seulement que l’Eldorado, dont les richesses matérielles sont si grandes et les objets d’un luxe exquis (cf. premier paragraphe), est le lieu d’une civilisation avancée et raffinée : les mots « mœurs D, spectacles « arts » ont en effet des connotations culturelles positives. Seul le thème de la religion est développé dans le dialogue car il permet à Voltaire de revenir su PAGF