camus procès M.
Introduction. Dans l’extrait issu du début du chapitre IV de la deuxième partie, le protagoniste, Meursault, se trouve pris dans Pengrenage judiciaire : en effet il a tué, de manière non préméditée, un homme sur une plage écrasée de soleil. Dans l’extrait étudié, le procureur commence son réqulsitoire, dans lequel il dresse un portrait très noir de Meursault : homme sans âme et sans conscience, le héros de Camus se voit assimilé à un être immoral.
En quoi le portrait exagérément accusateur de Meursault permet- il de dresser la satire du système judiciaire ? C’est la question ? laquelle nous tenterons de répondre après nous être penché, dans un premier temps, sur le portrait de Meursault, que l’an peut lire en creux da temps, sur la critique or 7 Sni* to View l. Meursault, un pers A. Le point de vue d un deuxième ferait Vobjet. En effet, Meursault est pr sente par le procureur comme un personnage monstrueux, car ayant prémédité le crime, nom COD (l. 18) repris en adj qual à la 1. 22.
Par l’emploi de la synecdoque « l’âme criminelle », il accuse Meursault d’avoir toujours porté en lui les germes d’un monstre. De même l’oxymore « éclairage sombre » à la l. 21 déshumanise le narrateur-personnage, car il ne semble ressentir aucun sentime page sentiment envers ses semblables. L’accumulation des faits énumérés de la l. 23 à 24 pèse contre lui et il est parachevé par le portrait d’un être machiavélique (1. 28 à 34). Non seulement Meursault est insensible aux sentiments, mais il est en plus indifférent aux individus qui l’entourent, y compris ses proches.
Il n’est cependant pas dénué d’intelligence comme l’affirme le procureur dans sa plaidoirie ; l’attribut du sujet à la ligne 39 envoie à une qualité intrinsèque chez Meursault et liée ici à sa constitution démoniaque. La fin du texte (1. 42) et la répétition « d’intelligent rattaché à un sujet devenu COD montre une progression dans le discours. En effet rauditoire est invité à penser que l’intelligence n’a seNi qu’au crime ce qui vient expliciter la double preuve mentionnée par le procureur. B. Le point de vue de Meursault. ne fois de plus le titre est un bon indice de la différence de Meursault ; il est à la fois « étrange » mais aussi « étranger » aux utres ainsi que décalé par rapport au lieu même du tribunal. Nous nous rendons compte qu’ici la phrase de la ligne 1 « même sur un banc… parler de soi » met le personnage dans une position en retrait comme isolé des autres. L’imparfait de description : « tout se déroulait sans mon intervention » (1*9) le place en effet dans une position de témoin neutre d’une action dont il n’est du coup pas responsable.
Cela apparaît égaleme PAG » rif 7 témoin neutre d’une action dont il n’est du coup pas responsable. Cela apparait également comme un avantage car il y a une sorte e mise à distance et de poste d’observation. Meursault apparaît ainsi spectateur de son propre procès, comme si tout cela lui était égal. Il commente d’un air distant le portrait que fait de lui le procureur. Cela est rendu manifeste par l’utilisation du discours indirect qui permet au narrateur de retranscrire les propos du procureur sans s’impliquer dans le récit. Ainsi les lignes 28 à 29 et 34.
Meursault rapporte les propos du procureur sans émettre la moindre objection, comme si ces termes ne lui étaient pas destinés. Pire, il est tellement indifférent à ce qui lui arrive qu’il emble même dennuyer à son propre procès. On note ainsi qu’il est incapable d’écouter attentivement ce qul est dlt de lul (1. 13 ? 1 5): « D’ailleurs je dois reconnaître… très vite lassé ». Non seulement il est distant avec les inconnus, mais également avec ses proches, car on note qu’il a une relation très distante avec sa mère ; le procureur rappelle « l’insensibilité » (1,23) de Meursault, ignorant « l’âge de sa mère » (1. 23 ).
Meursault a eu une attitude très détachée peu après la mort de sa mère, comme nous le révèle l’enchaînement des faits dès le lendemain : liaison t précision du film de « Fernandel » (1. 24). Se rendre à un film comique jette définitivement l’opprobre sur le personna PAGF3C,F7 Fernandel » (1. 24). Se rendre à un film comique jette définitivement l’opprobre sur le personnage de mère que le substitut du nom « Marie » modifié en « maîtresse »(1. 25) qui vient disqualifier la rencontre amoureuse. La relation avec « Raymond » achève le discrédit sur Meursault en l’associant à un personnage, rebut de la société.
Meursault n’est capable de ressentir que des sensations physiques, mais aucun sentiment humain et c’est ce que lui eproche essentiellement le procureur, au lieu de l’attaquer au sujet du crime qui a été commis. Désarçonné par cet accusé impavide, il semble se tromper de chef d’accusation, voire de procès, ce qui donne lieu à une satire de ce qu’il est censé représenter : la justice. Si Meursault n’a pas été affecté, du moins en apparence, par la mort de sa mère,il semble également indifférent aux autres et insensible à son propre sort.
Il. La satire de la justice A. L’acharnement. Le procureur va en effet se montrer injuste envers Meursault, ans la mesure où il va avoir tendance à s’acharner sur lui. On a l’impression qu’il fait de ce procès une affaire personnelle car il va s’impliquer fortement dans sa plaidoirie. Tout d’abord, on constate qu’il emploie le pronom sujet « je » ce qui montre qu’il porte un jugement personnel sur Meursault : «j’en ferai la preuve » (l. 19) ; « J’insiste là-dessus » (1. 37). En outre, le futur de certitude employé dans la suite de I (l. 9) ; « J’insiste là-dessus » (1. 37). En outre, le futur de certitude employé dans la suite de la phrase « J’en ferai doublement » (1. 0) engage la parole du procureur dans un combat personnel qui fait fi de toute objectivité. Il attaque ainsi violemment Meursault et va désigner son crime dans une suite d’assertions renforcées par une fausse question oratoire à la ligne 39 : « Vous l’avez entendu, n’est-ce pas ? ce qui montre qu’il s’acharne littéralement sur lui. Le « fil d’événements » (1. 35) en dit long sur la peine qu’il compte requérir contre lui.
Le fil fait le lien avec le ’tissage’ du discours qui le condamne ; métaphoriquement le discours lui coupera le fil de la vie… Le procureur fait un portrait subjectif de Meursault et dresse un portrait exagérément coupable de ce dernier, ce qui constitue déjà une première forme de manipulation des jurés. (B. La manipulation des jurés : la mise en scène du procureur) Ainsi, le procureur n’adopte pas une attitude objective, mais manipule les jurés, dans la mesure où il présente les faits de manière faussée.
Nous savons que Meursault a tué un homme par hasard, sans le vouloir, mais le procureur le présente comme un individu nuisible, criminel qui n’a aucun sens moral, ce qui est oin de la vérité. De plus, il va jouer sur les sentiments des jurés, afin de faire paraître Meursault plus criminel qu’il n’est. Aussi utillse-t-il la deuxième per utilise-t-il la deuxième personne du pluriel (vous : 1. 39) pour interpeller les jurés et les pousser à raisonner comme lui : « messieurs» (1. 20 et 25).
En outre, il manipule les jurés en falsant remonter les faits à « partir de la mort de maman » (1. 22). Or chaque individu ayant une mère, ils vont s’identifier à la victime et éprouver du ressentiment à l’égard de Meursault. De plus, l harcèle littéralement les jurés avec sa plaidoirie, en insistant lourdement sur la culpabilité du narrateur : (1. 35 à 41 En outre, il agit comme un acteur, en ayant recours à une mise en scène étudiée, pour faire impression sur les jurés.
Ainsi, le narrateur nous révèle qu’il étudie sa gestuelle pour marquer les esprits : « Le procureur tendait ses mains » (1. 5). Le procureur manipule son auditoire afin de faire condamner Meursault sans appel, mais son discours n’est en aucun cas logique. La pantomime est complétée par l’avocat qui « levait les bras » (l. ) comme si deux acteurs répétaient une scène à l’infini afin de la parfaire. L’emploi de l’imparfait renforce l’impression d’une habitude instaurée par et dans l’appareil judiciaire.
Le procureur n’emploie aucun raisonnement logique. Pour preuve, on relève l’absence de tout connecteur logique propre ? un discours argumentatif, ce qui montre bien le caractere fallacieux de son discours. Tous les e discours argumentatif, ce qui montre bien le caractère fallacieux de son discours. Tous les exemples révèlent en réalité des arguments d’autorité et sont vains pour qui sait les écouter. De la sorte, il présente Meursault comme le responsable indirect du meurtre jugé le lendemain, ce qui fait de lui un criminel encore plus coupable.
Le discours du procureur est sans appel • Meursault est coupable, mais davantage parce qu’il se montre insensible que pour le meurtre qu’il a commis et, pour le prouver, l’avocat général manipule les sentiments des jurés pour les gagner à sa cause… Ainsi Camus, à travers la plaidoirie du procureur incapable de comprendre, ou d’accepter, qu’un homme puisse, comme Meursault, être dénué de sentiments, parvient à montrer oute l’absurdité du système judiciaire sans jamais s’engager directement.
En effet, en laissant résonner le discours de l’avocat général, il laisse se déployer un brillant discours rhétorique. Cependant, malgré l’éclat et le brio oratoires, ce sont davantage les raisonnements fallacieux, les erreurs logiques que le lecteur retient de ce discours. Toute rabsurdité, tout l’arbitraire de l’engrenage judiciaire apparaît alors. Avant Camus, Kafka, dans un texte intitulé Le procès, avait déjà dénoncé la machine judlciaire et ses aberrations monstrueuses.