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VEILLE OU INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE : FAUT IL CHOISIR ? RETOUR D’EXPERIENCE Odile Boizard, Professeur assistant en systèmes d’information odile. boizard@euromed-marseille. om + 33 4 91 82 77 91 Adresse professionnelle Euromed Marseille, École de Management, Domaine de curniny BP 921 • 13 288 Marseille cedex 9 Résumé : Après une revue de littérature permettant de cerner les to View contours et les interactions des concepts d’intelligen bilan de l’expérience ns or 24 montre que la propo commencer par un s économique puis dia heurte à la difficulté des acteurs de Ile stratégique, le ion 2002] de tèmes de veille se l’entreprise de s’approprier le concept d’intelligence économique.

Le système de veille, plus technique semble alors plus à la portée organisationnelle, intellectuelle et financière de ces acteurs. Summary: After reviewing the literature that helps determine the outlines and interactions of financlal intelligence and strategic monitoring systems, the experimental results in a company indicates that Pascal Frion’s proposal [Frion 2002] of beginning With a financial intelligence system and then refining the process through monitoring systems clashes With the difficulty that the company players ave With adopting the concept of financial intelligence.

The monitoring system, which is more Veille ou intelligence économique : faut-il choisir ? retour d’expérience 1. – INTRODUCTION Dans un article intitulé « Entre veille et intelligence économique, il faut choisir l » publié dans Technologies Internationales en 2002 [Brion 2002], pascal Frionl conclut par ces mots « Une PME-PMI doit commencer par l’intelligence économique, puis si nécessaire, mettre en place une activité de veille légère et limitée à quelques sujets très précis’ Sur le site web de la chambre de commerce de

Moselle [CCI_Moselle], on trouve les Ilgnes suivantes : « Dans les faits, les deux expressions (veille et intelligence économique) sont souvent employées indifféremment . nombre de spécialistes souhaitent en effet dépasser les querelles sémantiques ». L’objectif de ce travail est de réfléchir sur les notions d’intelligence économique et de veille, d’essayer de comprendre ce qui les différencie et de rapporter par un retour d’expérience comment une entreprise aborde ces concepts. Après un bref historique, nous définirons ces concepts et effectuerons une revue de littérature.

Puis nous ferons part de ‘expérience en la matière d’une grande entreprise de 2000 personnes, spécialisée dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. 2. HISTORIQUE Surveiller ses amis, ennemis ou concurrents n’a, en soi, rien de très original ni novateur. De tout temps, les hommes ont regardé chez leurs voisins ! Le faire de façon systémati ue or anisée, dans un but stratégique et en V budeet PAGF 7 OF chez eux, ils rédigent des « rapports d’étonnement » destinés aux services intérieurs Pascal Frion est animateur d’Acrie Réseau National, premier réseau de compétences privées en intelligence économique en France. tp://isdm. univ-tln. fr de leur pays. Le recoupage d’une quantité impressionnante de données, notamment photographiques, finit par constituer de précieux renseignements. Les Japonais ont en effet compris depuis longtemps que l’innovation et l’avancée technologique passaient d’abord par la capacité à « copier » les autres, quitte à améliorer ensuite. Ainsi, dès les années 1960, avec l’appui du tout-puissant MITI – le Ministère de « Industrie – les grandes sociétés japonaises décident d’attaquer en force les marches étrangers, en ayant recours à l’espionnage industriel à très grande échelle.

En 1990 aux Etats-Unis, l’ennemi soviétique dispa u, le directeur de la CIA, William Webster, affirme que l’Agence va « se consacrer aux regroupements de renseignements sur les nations rivales afin d’assurer aux Etats-Unis le maintien de leur leadership économique et technologlque » En 1994, Bill Clinton, Président des EtatsUnis, lance une déclaration de guerre économique dont l’objectif est de conquérir de nouveaux marchés en positionnant au mieux les entreprises américaine onomie 3 OF utiles », indique Marc Racine, commissaire divisionnaire aux Renseignements Généraux ». Civique 2002] Le réseau Échelon initialement conçu pour des fins militaires, (il avait pour vocation de recueillir des informations militaires sur l’Union Soviétique), s’intéresse désormais aux informations économiques et privées. En font partie les États-Unis avec la célèbre N. S. A (National Security Agency), le Royaume-Uni avec G. C. H. Q (Government Communications Headquarters), le Canada avec le C. S. E (Communications Security Establishment), l’Australie avec le D. S. D (Defense Signals Directorate) et la NouvelleZélande avec le G.

C. S. B (Governement Communications Security Bureau). Le tout eprésente environ 60 000 personnes employées à temps plein et environ 4 milliards de dollars US de budget annuel. Ce réseau s’appuie sur des systèmes de communication intelligents capables d’intercepter partout dans le monde jusqu’à 3 millions de communications téléphoniques, fax et e-mails, à la seconde. (Source : Parlement Européen) l’information comme l’un des leviers majeurs au serv’ice de la performance économique et de l’emploi… Les dix années suivantes, en France, de nombreuses structures voient le jour ou s’intéressent à ce concept afin d’aider les entreprises à améliorer leur compétitivité. On eut citer l’Agence Nationale de la Valorisation de la Recherche (ANVAR), le Centre français du commerce exterieur (CFCE), l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), l’Association française pour le développement de l’intelligence économque (AFDIE), etc.

Des fonctions de chargés de mission défense économique (CMDE) sont créées. Placés auprès des préfets de zone de défense et des trésoriers-payeurs généraux de région, Ils relayent les orientations gouvernementales en matière de défense économique. Cependant, le système français n’est ni offensif ni rentable. Les motifs sont essentiellement ‘ordre culturel : l’information est un privilège, et politique : absence de consensus national. Baumard 91] Au mois de janvier 2003, le Premier Ministre en exercice, Jean-Pierre Raffarin, demande ? Bernard Carayon, député du Tarn, de « dresser un état des lieux sur la façon dont notre pays intègre la fonction d’intelligence économique dans son système éducatif et de formation, dans son action publique et au sein du monde des entreprises » puis de f PAGF s OF connaissance des marchés et des concurrents et gagnent chaque jour un peu plus d’espace commercial même dans des domaines où les Français sont les meilleurs.

La privatisation des eaux de Sofia, capitale de la Bulgarie, en 2000 en est un exemple cinglant Les deux géants mondiaux français Suez et Vivendi (devenu Véolia) ont perdu le marché au bénéfice de l’anglo-américaine IWL qui a su mobiliser tous les pouvoirs publics dans une stratégie d’influence très agressive. Début 2004, Alain Juillet, qui dirigeait jusqu’alors le Renseignement à la DGSE est nommé «haut responsable chargé de l’Intelligence économique», poste nouvellement créé et rattaché au Premier ministre.

C’est la preuve que le plus haut niveau de l’Etat est convaincu de l’utilité du oncept et de l’urgence de la situation. Il était temps ! En mars 2004, les fonds américains Texas Pacific Group (TPG) et Spectrum augmentent leur participation dans le capital d’Eutelsat, premier opérateur européen de satellites. Aussitôt, le Quai d’Orsay réagit et alerte le gouvernement indiquant qu’une prise de contrôle à terme pourrait mettre en danger « la continuité et la sécurité de la diffusion des chaines françaises et européennes L’inquiétude vient de ce que TPG s’est déj? illustré dans l’affaire Gemplus.

Trois ans après être entré dans le capital de l’inventeur de la arte à puce, il a proposé, en août 2002, la nomination d’un nouveau PAGF 6 OF sont dotées des moyens nécessaires à la pratique de l’intelligence économique. Reste ? aider les plus petites entreprises qui n’auraient pas les moyens de mettre en place des systèmes performants. Dans les trois ans ? venir, le gouvernement va mettre en place des systèmes d’aide sous quatre formes. La mise sur pied d’un fond d’investissement à capitaux mixtes destiné à financer des « pépites » dans le secteur des technologies de l’information. o La mise en place d’une législation, s’inspirant du Cohen Act voté aux Etats-Unis en 1996, qui prévoit notamment une peine d’emprisonnement et une forte amende pour les personnes qui diffusent l’extérieur « une information à caractère économique protégée » o La possibilité de verrouiller le capital des entreprises des secteurs sensibles. Enfin, la mise en place de systèmes d’intelligence territoriale pour permettre aux PME de pouvoir elles aussi, accéder à l’informati les Etats allait se déplacer sur le terrain économique. Ce sont aussi les structures les mieux armées pour savoir comment aller chercher l’informatlon, même si les objectifs ont sensiblement changé. En effet, il ne s’agit plus d’espionner mais d’observer l’environnement économique dans un cadre légal. Les trois définitions qui suivent sont un exemple de ce que l’an trouve dans l’abondante littérature sur le sujet.

Dans le rapport Martre [Martre 94], « L’intelligence économique peut être définie comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution (en vue de son exploitation), de l’information utile aux acteurs économiques. Ces actions sont menées avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures conditions de ualité, de délais et de coût. Jean Michel, conseiller du directeur de l’Ecole des Ponts et chaussées et Président de l’Association Française pour l’analyse de la valeur écrit [Michel 99] : « L’intelligence économique est constituée par l’ensemble des concepts, des outils, des méthodologies et des pratiques permettant de mettre en relation, de façon pertinente, différentes connaissances et informations dans la perspective de la maîtrise et du développement de la dynamique économique ». our Alain Juillet, Il s’agit de « la maîtrise et de la protection de l’information stratégique utile our tous les acteurs économi ues’i [juillet 2004] PAGF 8 OF apparaissent dans les années 1980, sont « surveillance , 3. 1 -Intelllgence économique « veille ».. L’origine du terme est anglo-saxonne où l’on parle plutôt de « business intelligence ». Il fait En fait la veille a toujours existé. Mais l’explosion des sources d’information liée ? l’essor des technologies de l’information, entrainant la chute des barrières géographiques http://isdm. niv-tlnfr naturelles, a conduit à la nécessité de mise en place de processus d’organisation et de tri. Horence Muet, dans le rapport Rapfin définit a veille comme « la mise en place formalisée et organisée dans l’entreprise, d’un système d’information visant la collecte, le traitement et la diffusion de l’information concernant l’environnement de l’entreprlse, ceci de façon continue et dynamique ». Rapfin 90] environnementale, informative, SIAD ou systèmes d’information pour aide à la décision, information stratégique, intelligence compétitive, économique, information critique, information stratégique, information tactique Le terme même d’intelligence est com façon différente selon le p PAGF ris de menaces et saisir les opportunités de développement » En anglais : se renseigner pour agir. o En Allemand : connaître pour comprendre. En Français : comprendre pour s’adapter. Détecter les menaces car il est indispensable ? une entreprise qui veut être présente sur le marché de connaître les risques qu’elle peut rencontrer dans son domaine d’activité. Ce rapport risque/prévention permettra, s’il est bien évalué, de saisir les opportunités de développement : créer de nouveaux produits, devenir plus performant, mieux vendre, et surtout d’obtenir un avantage compétitif.

L’Américain Ansoff [Ansoff 75] parle de détecter les signaux faibles, c’est-à-dire les ?léments annonciateurs d’une modification du contexte environnemental qui doivent être décelés le plus tôt possible afin d’éviter l’inadaptation soudaine de la stratégie dune entreprise face à un environnement brutalement modifié. 4. REVUE DE LITTERATURE 4. – Intelligence économique Depuis le début des années 1990, à défaut de séduire les chefs d’entreprise, le concept passlonne les élites intellectuelles. Il s’en est suivi une série de publications, qui loin d’expliquer et de vulgariser le sujet, a donné lieu à une inflation de termes quelquefois ésotériques Face à cette croissance pl