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Commentaire, Sénèque, Lettres à Lucilius L’entrée en matière est un encouragement pour que Lucilius continue sur la voie d Fétude philosophique. Mais aussitôt, S le met en garde contre les faux philosophes qui ne cherchent qu’? se faire remarquer, dans leur tenue et leur mode de vie. Le paragraphe suivant rejette les extravagances qui renforcent le prejugé négatif répandu contre les philosophes: il ne faut en rien se distinguer extérieurement.

Des exemples d’excès à éviter sont ensuite détaillés Le vrai objectif de la philosophie est de rechercher le sens commun et l’harmonie sociale, donc de vivre selon la nature. Ainsi faut-il apprécier les douceurs de la vie, mais éviter les excès. Le s I ‘écart. Au paragraph plus se distinguer? Il non pas dans la riche Cette étude montre I or -l’ Sni* to vieu oule, mais pas a on: on ne pourrait est intérieure, et ‘aire de la pensée de S: l’idée directrice est unique, la vraie dit rence entre le philosophe et le commun des hommes est intérieure mais sa démonstration n’est pas linéaire.

Il y revient à plusieurs reprises par des exemples, des applications différentes, et l’enchaînement des idées évoque la démarche de Montaigne Les portraits-charges de ces philosophes se réfèrent page ux cyniques bien connus pour leur tenue extravagante. Diogène, le plus excentrique, vivait dans un tonneau, ne voulant pas se distinguer d’un chien, suivant l’étymologie grecque du mot cynique, kuwn. Leur nom venait aussi du Gymnase du Cynosargues, le chien blanc, lieu-dit à Athènes, où Antisthène, ancien disciple de Socrate, avait ouvert son école.

L’objet de leur recherche était de distinguer le vrai bien des vanités, donc conduire l’homme au renoncement. si cette quête est très proche de la sienne, Sénèque reproche aux cyniques leur excès, qui les rendent asociaux, et pire, détournent le peuple des philosophes. En tant que romain, il tient à l’hygiène et à la sociabilité. Pourquoi provoquer? La saleté n’est ni agréable, ni utile, ni conforme à la nature. De plus elle est nuisible à l’image des philosophes: tous ces arguments seront également repris par Montaigne « l’âme qui loge la philosophie doit par sa santé rentre sain encore le corps.

Elle doit faire luire jusqu’au dehors son repos et son aise. »en revanche, dans la lettre 18, il conseille à L de faire parfois une cure de 3 ou 4 jours de sobriété, à l’exemple d’Epicure, ille magister voluptatis, ce que des milliers d’esclaves et de pauvres ont tous les jours. Il pourra ainsi s’accoutumer à la pauvreté et mieux supporter les coups du sort. Le portrait du philosophe cynique qui Vlt dans la saleté est particulièrement drôle. Avant qu’il ne so 12 portrait du philosophe cynique qui vit dans la saleté est particulièrement drôle.

Avant qu’il ne soit nommé, nous sommes agressés par sa tenue, cultum, caput, barbam, puis par les autres détails de la vie , dont il fait profession. plus loin, la double n égation, non incompta, ajoutée à un contexte déplacé, rend comique la prétention du philosophe à se distinguer par sa négligence. Cet humour rappelle l’homme de salon et le pamphlétaire qu’a été S, auteur de l’I’ Apocoloquintose. Le portarait, dans son excès, évoque les grands moralistes, Molière ou La Bruyère.

Mais il a aussi un sens philosophique: il est ridicule, même dangereux de se comporter ainsi. De tous temps, on a fustigé les artistes, poètes, penseurs, qui ont voulu se distinguer par une apparence faussement négligée, et non par leur art. certes ils entendent ainsi manifester leur liberté par rapport aux conventions sociales, mais c’est un autre emprisonnement et c’Est-ce que Sénèque leur reproche. Il souligne aussi leur inconséquence: en voulant briser les conventions, ils attirent encore plus les regards de la foule.

Les conseils sont donnés par différents moyens subj 1 pers Le lexique souligne ce qu’il faut falre et ne pas faire par les oppositions ou asyndètes On en déduit ici le souci de variété, le désir de ne pas lasser son public, et de ne pas blesser un disciple adulte. a l’inverse, il sait commencer en félicitant, avec de commencer en félicitant, avec des nuances: probo, gaudeo, hortor, rogo S fustige les conduites excessives: se faire remarquer par sa tenue négligée est aussi blâmable que de rechercher le luxe.

Il ne faut pas être inutilement provocateur. Ainsi valorise-til le juste milieu: modeste, hic mihi modus placet, l’idéal du philosophe est d’être intermédiaire, inter bonos mores et publicos La référence la plus sage est la nature: secundo naturam vivere…. Elle est la mesure de toutes choses. Par ailleurs, la formule finale du paragraphe 6 est un paradoxe. Un esprit fort doit supporter la richesse. Cerrtes S se sent concerné, lui dont l’enrichissement est notoire.

Le mot temperetur représente cette action mesurée, qui fait la balance pour trouver la bonne conduite. C’est son seul emploi avec inter. Il est formé sur tempus, ce qui suggère aussi de trouver le bon moment, et de prendre en compte le facteur temps. Il a pour substantif temperentia, vertu essentielle. Cf rien de trop Le luxe est ici représenté comme un des excès à fuir, preuve de dementia. S reprend souvent ce thème, lieu commun des moralistes.

En fait il reproche à ce goût du luxe de nous prendre du temps, de nous détourner de la nature, qui dispense ses bienfaits avec générosité et sans fatigue de notre part. Le premier siècle est remarquable de ce point de vue. 2 et sans fatigue de notre part. Le premier siècle est remarquable de ce point de vue. Non que l’enrichissement ait cessé par la suite mais sans doute l’accroissement de rempire et son ouverture à l’orient ont- ils davantage marqué les esprits.

L’Egypte était à la mode et l’exotisme et la richesse favorisaient le goût du luxe, luxuria- La littérature abonde en mises en scène des excès liés aux nouveaux riches: Pétrone et le Styricon, Apulé et l’âne d’>Or, sans compter les preuves archéo: Pompéi avec ses villas raffinées et le trésor de Boscoréale trouvé près de Pompéi et exposé au Louvre Pb de la société de consommation, en regrettant la vaisselle ustique des ancêtres Déjà la vaisselle raffinée apparaissait comme le signe d’une société corrompue.

Rappelons que dans les coupelles d’argent richement sculptées de Boscoréale, se trouvent des squelettes et des crânes, sortes de memento mori épicuriens. Au moment où les riches pompéiens faisaient la fête, sortaient leur plus belle vaisselle, donc buvaient leurs mailleurs vins et mangeaient avec raffinement, surgissait au fond de leur coupe l’image de leu mort prochaine.

Préserver Pimage des philosophes car l’image qu »en avaient les romans était déjà mauvaise Extérieur/ intérieur I une lettre adressée à un disciple – les marques de la lettre – les pronoms de première et deuxième personne – les verbes d’exhortation, les ordres et les défenses PAGF s OF les pronoms de première et deuxième personne les encouragements, l’association des deux hommes dans le nous Il une réflexion sur l’apparence cf satis ipsum nomen…….

Le nom de philosophe ne s’obtient pas par la seule image que l’on donne: différence entre l’être et le paraitre. Il faut donc adopter une attitude modeste, conforme à la société dans laquelle on vit. Sinon, c’est l’exclusion. Donc, une différence intérieure: intus. Le philosophe doit vivre dans la communauté des hommes (cf humanitatem, congregationem… ) et se rapporter à l’artlcle « Philosophe « de Dumarsais PHILOSOPHE, s. m.

Il n’y a rien qui coute moins à acquérir aujourd’hui que le nom de philosophe ; une vie obscure & retirée, quelques dehors de sagesse, avec un peu de lecture, suffisent pour attirer ce nom à des personnes qui s’en honorent sans le mériter. D’autres en qui la liberté de penser tient lieu de raisonnement, se regardent comme les seuls véritables philosophes, parce qu’ils ont osé renverser les bornes sacrées posées par la religion, & u’ils ont brisé les entraves où la foi mettait leur raison.

Fiers de s’être défaits des préjugés de l’éducation, en matiere de religion, ils regardent avec mépris les autres comme des ames faibles, des génies serviles, des esprits pusillanimes qui se laissent effrayer par les conséquences où conduit l’irréligion, & qui n’os 6 2 esprits pusillanimes qui se laissent effrayer par les conséquences où conduit l’irréligion, & qui n’osant sortir un instant du cercle des vérités établies, ni marcher dans des routes nouvelles, s’endorment sous le joug de la superstition Mais on doit avoir une idée plus juste du philosophe, & voici le caractere que nous lui donnons.

Les autres hommes sont déterminés à agir sans sentir, ni connoître les causes qui les font mouvoir, sans même songer qu’il y en ait. Le philosophe au contraire demêle les causes autant qu’il est en lui, & souvent même les prévient, & se livre à elles avec connoissance : c’est une horloge qui se monte, pour ainsi dire, quelquefois elle-même. Ainsi il évite les objets qui peuvent lul causer des sentimens qui ne conviennent ni au bien-être, ni à l’être raisonnable, & cherche ceux qui peuvent exciter en lui es affections convenables à l’état où il se trouve.

La raison est à l’égard du philosophe, ce que la grace est à l’égard du chrétien. La grâce détermine le chrétien à agir ; la raison détermine le philosophe. Les autres hommes sont emportés par leurs passions, sans que les actions qu’ils font soient précédées de la réflexion : ce sont des hommes qui marchent dans les ténebres ; au lieu que le philosophe dans ses passions mêmes, n’agit qu’après la réflexion ; il marche la nuit, mais il est précédé d’un flambeau. Le philosophe forme ses principes sur une infinité 7 2 mais il est précédé d’un flambeau.

Le philosophe forme ses principes sur une infinité d’observations particulieres. Le peuple adopte le principe sans penser aux observations qui l’ont produit : il croit que la maxime existe pour ainsi dire par elle-même ; mais le philosophe prend la maxime dès sa source ; il en examine l’origine ; il en connoît la propre valeur, & n’en fait que l’usage qui lui convient. La vérité n’est pas pour le philosophe une maîtresse qui corrompe son imagination, & qu’il croie trouver par-tout ; il se contente de la pouvoir démêler où il peut l’appercevoir.

Il ne la confond point avec la vraisemblance ; il prend pour vrai ce ui est vrai, pour faux ce qui est faux, pour douteux ce qui est douteux, & pour vraisemblable ce qui n’est que vralsemblable. Il fait plus, & c’est ici une grande perfection du philosophe, c’est que lorsqu’il n’a point de motif propre pour juger, il sait demeurer indéterminé. Le monde est plein de personnes d’esprit & de beaucoup d’esprit, qui jugent toujours ; toujours ils devinent, car c’est deviner que de juger sans sentir quand on a le motif propre du jugement.

Ils ignorent la portée de Fesprit humain ; ils croyent qu’il peut tout connoitre : ainsi ils trouvent de la honte à ne point prononcer e jugement, & s’imaginent que l’esprit consiste à juger. Le philosophe croit qu’il consiste à bien juger : il est plus content de lui-même quand il a suspend Le philosophe croit qu’il consiste à bien juger . il est plus content de lui-même quand il a suspendu la faculté de se déterminer que s’il s’était déterminé avant d’avoir senti le motif propre à la déclsion.

Ainsi il juge & parle moins, mais il juge plus surement & parle mieux ; il n’évite point les traits vifs qui se présentent naturellement à l’esprit par un prompt assemblage d’idées qu’on est souvent étonné de voir unies. Cest dans cette prompte liaison que consiste ce que communément on appelle esprit ; mais aussi c’est ce qu’il recherche le moins, il préfere à ce brillant le soin de bien distinguer ses idées, d’en cannoître la juste étendue & la liaison précise, & d’éviter de prendre le change en portant trop loin quelque rapport particulier que les idées ont entffelles.

C’est dans ce discernement que consiste ce qu’on appelle jugement & justesse d’esprit : à cette justesse se joignent encore la souplesse & la netteté. Le philosophe n’est pas tellement attaché à un système, qu’il ne fente toute la force des objections. La plûpart des hommes sont si fort livrés à leurs opinions, qu’ils ne prennent pas seulement la peine de pénétrer celles des autres. Le philosophe comprend le sentiment qu’il rejette, avec la même étendue & la même netteté qu’il entend celui qu’il adopte.

L’esprit philosophique est donc un esprit d’observation & de justesse, qui rapporte tout à ses véritables principes ; mais PAGF donc un esprit d’observation & de justesse, qui rapporte tout à ses véritables principes ; mais ce n’est pas l’esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention & ses soins. L’homme n’est point un monstre qui ne doive vivre que dans les abîmes de la mer, ou dans le fond d’une forêt : les seules nécessités de la vie lui rendent le commerce des autres nécessaire ; & dans quelqu’état où il puisse se trouver, ses besoins & le bien être l’engagent à vivre en société.

Ainsi la raison exige de lui qu’il connoisse, qu’il étudie, & qu’il travaille à acquérir les qualités sociables. Notre philosophe ne se croit pas en exil dans ce monde ; il ne croit point être en pays ennemi ; il veut jouir en sage économe des biens que la nature lui offre ; il veut trouver du plaisir avec es autres : & pour en trouver, il en faut faire : ainsi il cherche ? convenir à ceux avec qui le hasard ou son choix le font vivre ; & il trouve en même tems ce qui lui convient : c’est un honnête homme qui veut plaire se rendre utile.

La plûpart des grands à qui les dissipations ne laissent pas assez de tems pour méditer, sont féroces envers ceux qu’ils ne croyent pas leurs égaux. Les philosophes ordinaires qui méditent trop, ou plûtôt qui méditent mal, le sont envers tout le monde ; ils fuient les hommes, & les hommes les évitent. Mais notre philosophe qu sait se partager entre la retraite & le commerce des