Art JP
Introduction : éléments d’histoire de l’art 1 Une très brève histoire de l’art (Gombrich) 1 La suppression des temps morts (Kundera) 1 Quand l’art se libère des contraintes réalistes (Sarraute) 1 La question du progrès (Hegel) 1 L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (Benjamin) 1 I. Comment définir rart ? 1 A. Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? 1 1. Une production humaine 1 2. La question de l’uti 3. Un statut social 1 La notion de beaut . La question de l’Ob 2. Le rapport à la vol Nietzsche) 1 16 p g éable (Kant) 1 chopenhauer et 3. La norme du goût (Hume) 1
C. La création artistique 1 1. Le mythe de l’inspiration (Kant) 1 2. La création est le fruit d’un travail (Nietzsche) 1 3. Le créateur selon la psychanalyse (Freud) 1 4. La création artistique est un acte de communication 1 5. La création et la réception artistiques selon Nietzsche 1 Il. Les fins de Part 1 Introduction : La diversité des sentiments esthétiques 1 A. Le beau 1 1. La seule règle est de plaire (Molière) 1 2. La beauté formelle : équilibre et harmonie (Kant) 1 3. Quelques perspectives sur la beauté 1 (a) Le kitsch (Kundera) 1 vérité (Aristote) 1 3.
Mentir pour faire vrai (impressionnistes, Maupassant) 1 4. L’expressionnisme (Van Gogh) 1 5. L’expression des forces (Schopenhauer, Deleuze) 1 6. L’art révèle la perception elle-même (Michel Henry) 1 7. Le dévoilement de la terre et du monde (Heidegger) 1 L’art est expression des idées et de l’esprit 1 8. e bien 1 C. 1. L’art au service de la libération suprême (Schopenhauer) 1 2. L’art au service de la vie (Nietzsche) 1 L’art au service du bien (Tolstoi) 1 4. Le goût comme faculté éthique et politique (Kant, Arendt) 2 5. L’art au service du politique (Platon, totalitarisme, art engagé) 2 .
Art et distinction sociale (Bourdieu)2 Annexe 2 Résumé 2 La question de l’imitation de la nature 2 Toute une partie de part imite la nature (Arasse)2 L’art ne vise pas à imiter la nature (Hegel)2 La nature imite l’art (Goethe, Wilde) 2 Autres remarques2 Synesthésie et signification des sensations (Kandinsky) 2 Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci (Freud) 2 Sensibilité et résonance (Proust)2 Le rire2 Autres thèses 2 Illustrations et références 2 Exemples 2 Citations 2 Bibliographie 2 Sujets de dissertation 2 Documents et commentaires 2 Un peu de poésie 2 Charles Baudelaire 2
Arthur Rimbaud 2 Paul Verlaine 2 2 16 éléments d’histoire de l’art Une très brève histoire de l’art (Gombrich) [Diaporama] Cart égyptien a une fonction essentiellement religieuse. Il s’agit d’entourer le pharaon de la représentation des choses pour qu’il soit accompagné au paradis. Par conséquent, les représentations artistiques doivent restituer le plus fidèlement possible la nature de chaque chose. C’est pourquoi chaque chose est représentée sous son aspect le plus caractéristique (l’œil de face, le visage de profil, le torse de face, le pied de profil, les poissons et les arbres e profil, etc. . Le raccourcil est donc exclu. Grande rigidité et esprit de tradition qui interdit toute innovation, sauf à l’époque d’Aménophis IV (Akhenaton) qui introduit mouvement et libère un peu les formes. Mais cette parenthèse sera vite refermée. ‘art grec s’appuie d’abord sur l’héritage égyptien, puis invente le raccourci. Les figures Idéales, éternelles, héritées de l’art égyptien, se voient progressivement insuffler vie et mouvement. Outre le raccourci, les artistes grecs parviennent à rendre le mouvement et les effets des draperies sur le corps avec une aisance remarquable.
En architecture, Iktinos construit le Parthénon vers 450 av. J. -C et le sculpteur Phldias le décore par ses frises. Le Ve siècle (siècle de Périclès) marque l’apogée de l’art grec. L’art romain constitue un prolongement de l’art grec, dont il s’inspire considérablement. Avec la chute de Rome et l’apparition du christianisme apparurent de nouveaux problèmes. une question fondamentale fut de déterminer le rôle des images dans la religion. La Bible avait condamné les idoles. Les ch 3 16 condamné les idoles.
Les chrétiens ne voulaient donc pas de statues, mais sur la peinture ils étaient partagés. Certains pensaient qu’elle pouvait rappeler aux fidèles (généralement analphabètes) les épisodes sacrés. Mais tout le monde n’était pas de cette avis, ce qui donna lieu à la querelle des iconoclastes et des iconodules. Les iconodules finirent par l’emporter. Une grande partie de l’art médiéval consiste à illustrer les mythes religieux, ce qui soumet les artistes à certaines contraintes mais leur donne aussi une certaine liberté d’interprétation des mythes bibliques qu’ils illustrent.
L’œuvre d’art doit alors être comprise non comme une pure recherche de beauté formelle mais surtout omme le moyen de transmettre un message. Ex : le Saint Matthieu de Caravage, L’Annonciation d’Ambrogio Lorenzetti. En architecture, l’art gothique apparaît en Île-de-France au XIIe siècle. La voûte en ogive permet d’alléger les édifices et donc de leur donner davantage de hauteur et de légèreté. Avec la Renaissance (du XIVe au XVIe siècle), les artistes redécouvrent Part classique (grec et romain) et le réalisme redevient une préoccupation centrale.
C’est ainsi que les artistes, qui sont en même temps des érudits et des savants, découvrent la perspective. Léonard de Vinci invente le sfumato, qu’il utilise our peindre la Joconde : ce procédé consiste à laisser floues certaines parties du visage (notamment les commissures des lèvres et des yeux) pour lui donner davantage de mobilité et de L’impressionnisme. Comme à la Renaissance, les peintres renon 4 16 de mobilité et de vie. L’impressionnisme.
Comme à la Renaissance, les peintres renoncent à la rigoureuse exactitude afin de mieux restituer les impressions visuelles. Il ne s’agit pas d’être vrai, mais de faire vrai. Et il faut parfois être moins vrai pour faire plus vrai, comme le remarque Maupassant en littérature. Claude Monet, bientôt rejoint par Edouard Manet, est un des premiers à remettre en cause l’exactitude formelle afin de mieux suggérer l’impression réelle. On peut donc dire que du début du XIVe siècle à la fin du XIXe siècle l’art a été structuré par le principe de l’imitation de la nature.
L’impressionnisme donne rapidement naissance à trois mouvements principaux qui marquent une véritable révolution en mettant fin à ces six siècles de réalisme. Plutôt que de restituer les impressions réelles, Van Gogh préfère exprimer la manière subjective dont il perçoit les choses. Il herche constamment à aller au-delà des simples apparences pour faire apparaître 1’« être » profond des choses : la vie et les convulsions de la nature, le caractère sordide et fou d’un café populaire, etc.
L’expressionnisme de Van Gogh et de Munch donnera lieu au mouvement de la « nouvelle objectivité » dans les années 1920, puis à P« expressionnisme abstrait » qui apparaît dans les années 1950 avec l’action painting de Jackson Pollock, pratique consistant à projeter la peinture sur la toile sans toucher celle-ci du pinceau (dripping). Cézanne était séduit par les avancées de l’impressionnisme mais nsatisfait par l’aspect instable et fragile de ces peintures. Il voulait donner à l’impressionnisme un équilibre et une stabilité S 16 fragile de ces peintures.
Il voulait donner à l’impressionnisme un équilibre et une stabilité digne des plus grands chefs-d’œuvre du passé. Aussi renonça-t-il progressivement au réalisme, se dirigeant vers une recherche purement formelle d’harmonie et d’équilibre qui fait de lui le précurseur du cubisme et de l’art abstrait. Cette voie féconde sera poursuivie par Kandinsky, Malevitch, Picasso, Rothko, Soulages.. Gauguin, quant à lui, s’est principalement intéressé aux couleurs t aux cultures primitives, mû par le désir de revenir à une forme de pureté originelle et enfantine.
Ses recherches sont à l’origine du fauvisme (dont Henri Matisse est un grand représentant) qui donnera ensuite naissance au primitivisme (mouvement Cobra, art brut, art naif, etc. ). En architecture, la fin du XIXe siècle est marquée par l’art nouveau qui, de l’Espagne à la Belgique, tente d’introduire des formes radicalement nouvelles, souples et oniriques, dans des constructions utilisant des matériaux modernes (métal, verre). Ex : les constructions d’Antonio Gaudi en Espagne, les édicules du étro parisien dessinés par Hector Guimard.
Avec son urinoir (Fountain) de 1 917, Marcel Duchamp inaugure le ready-made : un objet industriel auquel l’artiste se contente d’apposer sa signature. Le mouvement de la contestation de fart et de l’exploration de ses limites est engagé. Il durera tout au long du XXe siècle. Mentionnons par exemple l’art aléatoire (Morellet en peinture, John Cage en musique). Le surréalisme, né dans les années 1920, est issu du dadaiSme et de la découverte de l’inconscient par Freud. Les peintres surréalistes (Salvador Dali dadaïsme et de la découverte de l’inconscient par Freud.
Les peintres surréalistes (Salvador Dali et René Magritte pour ne citer que les plus connus) cherchent à exprimer le monde onirique par leurs représentations souvent étonnantes. Le surréalisme, héritier du dadaïsme, se veut révolutionnaire, y compris dans le champ politique par son alliance (temporaire) avec les mouvements révolutionnaires communistes. Il donnera ensuite naissance au lettrisme, à l’Oulipo et enfin au situationnisme. Le situationnisme, mouvement artistique le plus radical, veut mettre fin à rart séparé, l’art des œuvres d’art et des artistes, en faveur d’un art de la vie.
Il s’agit de faire de sa vie une œuvre d’art, de « construire des situations » dans la vie quotidienne. La suppression des temps morts (Kundera) La suppression des temps morts dans l’œuvre d’art : en musique (de Beethoven à Chopin), en philosophie (de Hegel à Nietzsche), en littérature (de Dostoïevski à Breton). Les musiciens classiques reliaient leurs idées musicales par des transitions longues et laborieuses ; Chopin met fin à cela en limitant son morceau ? sa pure intuition, utilisant souvent une forme courte (nocturne, étude).
Hegel et les philosophes classiques ressentaient un esoin d’ordre et d’exhaustivité, et écrivaient de longs, laborieux et ennuyeux ouvrages ; Nietzsche adopte la forme de l’aphorisme qui lui permet d’écrire directement sa pensée dans toute sa pureté et sa singularité. Dostoiëvski et les écrivains classiques ressentaient la nécessité de donner de longues descriptions ; cela ennuie André Breton et il y met fin, s’en tenant à l’essentiel. (Kunde 16 longues descriptions ; cela ennuie André Breton et il y met fin, s’en tenant à l’essentiel. (Kundera, Les Testaments trahis, chap. ) Quand l’art se libère des contraintes réalistes (Sarraute) Nathalie Sarraute est écrivain et critique littéraire du XXe siècle. Elle établit un parallèle entre l’histoire récente de la littérature et de la peinture : de la même manière qu’en peinture, avec l’art abstrait, l’élément pictural s’est libéré des conventions et de la contrainte de la forme réaliste, de même en littérature l’élément psychologique s’est libéré de la vieille forme réaliste des personnages. Le nouveau roman2 est à la littérature ce que l’art non figuratif est à la peinture.
Nathalie Sarraute rejoint d’ailleurs Kundera en affirmant que la morale du roman est dans a découverte de la nouveauté. La question du progrès (Hegel) Une question essentielle que pose la considération de cette succession de courants artistiques, de tendances, de préoccupations et d’œuvres d’arts est de savoir s’il existe un progrès en art. Assurément, il n’y a pas un progrès en un sens aussi précis et rigoureux que dans la science ou la technique, car la création artistique obéit à des critères et à des valeurs moins univoques que celles de ces disciplines.
Toutefois, du seul fait qu’il y ait une histoire de l’art, c’est-à- dire une mémoire des œuvres passées, il ne saurait y avoir de ure répétition, et en ce sens nous devons admettre qu’il existe nécessairement une forme de progrès. De plus, l’art peut être considéré comme une investigation théorique au même rang que la science, quoique il opère dans un domaine différent et selon de 8 16 investigation théorique au même rang que la science, quoique il opère dans un domaine différent et selon des règles différentes.
Kundera considère ainsi que l’histoire du roman, depuis le xviie siècle, est parallèle à celle de la science : celle-ci étudie la nature par des méthodes mathématiques, celui-ci étudie la vie umaine par la narration et rinvention de situations concrètes (contrairement à la philosophie qui l’étudie abstraitement). Chistoire du roman se présente donc, selon Kundera, comme une forme de cartographie de l’existence humaine, une exploration des possibilités d’existence.
Hegel a une vision encore plus inclusive du progrès artistique : il considère que Fart dans son ensemble a évolué à travers trois grandes étapes principales, selon un progrès constant. D’abord, l’art symbolique cherche à réaliser l’union entre la signification interne et la forme extérieure (art égyptien). Dans l’art classique, ‘équilibre entre le fond et la forme est atteint (art grec). Dans l’art romantique enfin, la signification interne dépasse la forme : il y a une nouvelle séparation entre le fond et la forme car la forme est devenue incapable de représenter le fond (art religieux)3.
Hegel considère d’ailleurs que l’art est parvenu à sa fin (au début du XIXe siècle), c’est-à-dire qu’il ne remplit plus sa fonction suprême originelle, il n’est plus en mesure de satisfaire notre besoin de vérité et d’absolu. A l’art a succédé la religion, puis la philosophie. Il ne faut donc pas condamner trop vite le diagnostic égélien de « la fin de l’art » en se contentant de constater l’explosion des arts aux XIXe et XX 9 16 fin de fart » en se contentant de constater rexplosion des arts aux XIXe et XXe siècles.
Il faut se demander si l’art a eu, de nouveau, la fonction « ontologique » qu’il avait eue dans le passé. Le simple fait que nous réfléchissions sur l’art, qu’il y ait une esthétique et une philosophie de l’art, c’est-à-dire que l’on se demande « qu’est- ce que le beau ? suffit au fond à donner raison à Hegel. L’art n’est plus direct, immédiat et absolu, il a besoin de la philosophie omme médiation. . Comment définir l’art ? A. Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? 1. Une production humaine Commençons par une évidence : l’œuvre d’art est produite par l’homme.
Toute œuvre d’art est un artefact, ce qui la distingue déjà de l’ensemble des choses naturelles. 2. La question de l’utilité Mais ce premier critère ne suffit pas pour définir l’œuvre d’art. Car les objets techniques (outils, vêtements, etc. ) aussi sont des productions humaines. Ce qui semble distinguer les œuvres d’art des objets techniques – et donc l’art au sens des beaux-arts de la echnique ou artisanat c’est l’utilité : les œuvres d’art semblent inutiles alors que les objets techniques ont tous une fonction.
Hannah Arendt insiste sur ce point dans la Crise de la culture. Pour elle, les œuvres d’art doivent être mises à l’écart de nos préoccupations utilitaires, sans quoi elles sont immanquablement dévoyées et réduites à néant. Même l’usage divertissant des œuvres d’art, qui explose avec leur récupération par l’industrie du loisir, est pour Arendt une aberration qui fait courir un très grave péril à ces œuvres en les réduisant à un simple moyen de procurer 00F IIE