Amoraritei La Metaphore En Oenologie

essay B

metaphorik. de 03/2002 – Amoraritei, La Métaphore en Œnologie La Métaphore en Œnologie Loredana Amoraritel (LoredanaFlorina. Amoraritei@etu. unil. ch) Abstract La terminologie de l’œnologie frappe par l’abondance de ses métaphores. Notre article se propose de déceler leur spécificité et la façon dont elles ont été produites. En nous fondant sur l’approche cognitive de Lakoff et Johnson, nous avons restitué les métaphores conceptuelles qui sous-tendent les expressions métaphoriques (i. e. es métaphores en la générativité de la mé or21 œnologie. La systém Sni* to View l’investigation de leur complétées par une n évidence la s conceptuelles et s la lignée traditionnelle intralinguistique. La description du mécanisme sémique de la métaphorisation a relevé la façon dont le réseau sémantique du vin a été réorganisé par rapport à celui du corps. The abundance of metaphors in the terminology of the enology led us to investigate their specificity and the process by whlch they are produced.

By applying the cognitive approach of Lakoff and Johnson, we reconstituted the conceptual metaphors which underlie their surface realization as metaphoric expressions. Our findings disclosed the generativity of the BODY metaphor in enology. After systematizing the conceptual metaphors and investigating their motivation, we continued by a semantic analysis, in the intralinguistic tradition. The description of the semic mechanism in body. Die Fachterminologie der Weinkunde ist von Metaphern durchdrungen, was die Frage nach ihrer Spezifik wie ihrer Entstehungsweise aufwirft. n unserem Beitrag sollen daher – gestützt aur die von Lakoff und Johnson entwickelte konzeptuelle Metapherntheorie – die den verschiedenen metaphorischen Ausdrucken zu Grunde liegenden konzeptuellen Metaphern nachgezeichnet werden. Die Studie zeigt deutlich die wesentliche Bedeutung der KÔRPER-Metapharik für die Weinkunde. Ergànzt wird die systematische Darstellung der konzeptuellen Metaphern durch eine methodisch traditionelle semantische Analyse. Die Beschreibung der in der Metaphorisierung wirksamen semantischen Mechanismen verdeutlicht, in welcher Weise das semantische Netzwerk des Weins geordnet wird durch das des Kbrpers. . Statut de la terminologie œnologique Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles. C’était un vin délicat, féminin, séduisant, avec une robe vive et brillante. Le vers de Baudelairel par lequel commence cet artlcle semble ien se compléter par les mots qui lui succèdent. Seulement que dans le premier cas on voit ? l’œuvre le génie poétique et dans le deuxième la réflexion analytique sur les sensations dans un langage de spécialité: celui de rœnologie. Ce qui frappe ici, c’est le lyrisme de ce dernier, qui consiste dans l’emploi métaphorique de certains termes du français général.

Pierre Poupon a surpris cette spécificité du langage de l’œnologie dans un discours non moins lyrique: « D’approximations parfois brillantes et imagées comme une improvisation poétique, le profane ne retient que le souvenir d’une élégante jonglerie erbale autour d’un verre. PAGF 91 verbale autour d’un verre. Il s’agit en fait d’un encerclement progressif et sincère, pour serrer de près l’insaisissable vérité.  » (Peynaud 1996:13). La « jonglerie verbale » et le jugement trop familier porté sur le vin dans Charles Baudelaire, L’âme du vin sur http://un2. sg4. unige. h/athena/baudelaire . (9/05/2001) 4 ses espaces culturels de souche sont peut être la cause pour laquelle le vocabulaire de l’œnologie n’est pas pris au sérieux. En fait, la description des sensations olfactives et gustatives est difficile à réaliser, car le ombre des termes conventionnels dont dispose la langue pour le faire est plutôt restreint. Le gastronome Brillat-Savarin nous a légué par sa physiologie du goût de 1826 les quatre saveurs fondamentales que la langue distingue et que nous sommes éduqués à percevoir: le sucré (doux), le salé, l’acide (aigre), l’amer (amertume).

A la différence des « profanes », l’œnologue doit posséder un vocabulaire gustatif beaucoup plus étendu pour qualifier chaque composante du vin dans ses nuances (hormis le salé, qui intervient rarement). A titre d’exemple, selon l’astringence, due aux tanins2, le vin sera nforme, charpenté, ferme, grossier, etc. Pour surprendre les subtilités d’un vin et pour que la communication entre spécialistes soit efficace, l’ se foreer une Gatti). Ces exigences semblent exclure l’emploi du langage figuré de la communication entre les spécialistes.

Celui-ci tend ? être considéré prloritairement dans sa dimension esthétique et émotive, en vertu de son rattachement traditionnel à une rhétorique confinée au champ littéraire. Au pôle opposé se trouvent ceux qui voient dans l’effervescence métaphorique un moyen de remédier aux lacunes terminologiques (Black 1962; 1979 ; Gotti, 991). Black et Boyd, analysant les métaphores sous l’angle de la philosophie de la science, vont audelà du rôle de ce trope dans la constitution des terminologies.

Ils mettent en évidence le rôle cognitif (la valeur heuristique) des métaphores dans l’élaboration et la formulation des théories scientifiques. Nous avons retenu ici les contributions de Black et Boyd seulement comme argument pour l’utilité de la métaphore au niveau terminologique. Black définit ces métaphores-outils comme des catachrèses. Cest d’ailleurs le type de métaphore présent dans le langage de l’œnologie, où, par xemple, le corps, la charpente, la robe du vin sont des termes non-substituables dont le sens d’origine n’est plus perçu. « Groupe de produits organiques qui existent dans les pépins, la peau et la rafle du raisin.  » (Dictionnaire des vins, 1969) metaphorik. de 03/2002 – Amoraritei La Métaphore en Œnologie Boyd considère les métap ques comme 1 métaphores constructives parce qu’elles  » construisent  » les théories exprimées et font avancer la recherche en révélant des analogies entre des concepts appartenant à des domaines différents (ex. la métaphore cerveau / ordinateur dans la psychologie cognitive). Ce n’est pas le cas des métaphores de l’œnologie, qui n’offrent pas d’insights cognitifs contribuant à l’avancement des recherches.

Ce sont seulement des métaphores constitutives d’une terminologie. La métaphorisation des termes du langage ordinaire représente, selon Gottl, l’un des procédés dont se servent les langages de spécialité pour combler les vides dénominatifs, à côté de la spécialisation du sens et de la néologisation. A la différence des langages de l’économie, de l’informatique, de la médecine, etc. , qui usent de tous ces procédés, celui de l’œnologie se sert presque xclusivement de la métaphorisation. Ce qui est commun à toutes ces terminologies, c’est le fait qu’elles sont truffées de métaphores provenant du français courant (ex. n économie – conquérir un marché, dépression économique; en informatique – fenêtre, souris; en génétique – carte génétique, gène d’intérêt). Empruntés à la langue courante, ces termes ont l’avantage d’être transparents, synthétiques et concrets (Gotti 1991:47). Cela les rend parfaitement appropriés ? l’œnologie, qui s’attache, dans la pratique de la dégustation, à cerner et à communiquer le vague d’une expérience ensorielle. 2. Base théorique de l’app PAGF s 1 étaphore théorie qui convient le mieux a notre analyse.

L’approche diachronique de la métaphore relève rexistence de deux directions principales: – l’approche traditionnelle, qui traite la métaphore comme phénomène essentiellement linguistique; l’approche engendrée par l’avènement des sciences cognitives, qui envisage la métaphore comme phénomène cognitif (Lakoff et Johnson 1980 sur les métaphores conceptuelles). 6 L’approche traditionnelle explique la métaphore en termes d’anomalie, de comparaison et d’interaction (cacciari, 1991:8-14). La théorie de la métaphore comme anomalie se fonde sur l’impossibilité d’interpréter la phrase dans ce qu’elle affirme directement.

Cela suppose l’existence d’un équivalent littéral auquel on fait recours pour la compréhension de la métaphore, qui a dans ce cas une fonction substitutive. Ce n’est pas le cas des métaphores de l’œnologie, forgées justement pour combler les lacunes terminologiques. – La théorie de la comparaison, qui se réclame d’Aristote, interprète les métaphores comme des comparaisons implicites (nommées abrégées ou elliptiques). La comparaison est rendue ossible par l’existence des traits sémantiques communs entre les deux composants de la métaphore (dans la terminologie de Richards 1936, topic et vehicle).

Les éléments de ressemblance constituent le ground. Cette théorie ne peut pas être a li uée à l’analyse des métaphores œnologiques, priori entre, par exemple, le corps du vin et le corps humain, pour qu’elle soit enregistrée dans la métaphore le corps du – La théorie interactionnelle, mise en place par Black (1962), considère que la métaphore consiste dans la projection sur le topic non seulement d’une propriété unique, mais d’un nsemble d’implications (connaissances, croyances), conventionnellement associées au vehicle.

Cette projection résulte dans une reconsidération des deux composants de la métaphore la compréhension de chacun étant approfondie par le transfert d’un faisceau de propriétés de fautre. Les métaphores de l’œnologie pourraient être envisagées seulement en partie comme interactionnelles. Le vehicle « corps » transfère sur le topic « vin » une série de propriétés (ex. chair, maigre, gras), en Fanthropomorphisant. En échange, le topic « vin » ne contribue en rien à une nouvelle compréhension du corps humain.

L’approche cognitive de Lakoff et Johnson envisage la métaphore non pas comme fait linguistique, mais comme phénomène cognitif. Son foyer n’est pas la langue, mais la pensée. On la retrouve dans notre façon d’organiser les connaissances, de comprendre un domaine conceptuel en termes d’un autre: 7 « ‘La métaphore n’est pas seulement affaire de langage ou question de mots. Le système conceptuel humain est structuré et défini métaphoriquement.

Les PAGF 7 1 interactionnelle, dont l’approche cognitive constitue l’aboutissement: ridée du filtrage d’un système sémantique à travers l’autre, qui ébouche sur une nouvelle organisation conceptuelle du topic (la fonction heuristique de la métaphore). En plus, la théorie interactionnelle ne s’en tient pas au transfert de propriétés sémantiques, mais de tout un système d’implications associées au topic et vehicle. La compréhension consiste donc dans l’activation des domaines conceptuels sous-jacents au topic et au vehicle.

Selon Lakoff etJohnson, la métaphore peut être décrite comme une série de mappings (fr. mappage ou mise en correspondance) entre un domaine-source et un domaine-cible (vehicle, respectivement topic dans la théorie interactionnelle). La différence entre les deux approches consiste dans le fait que dans pour les cognitivistes la pensée n’intervient pas seulement dans l’interprétation de la métaphore. C’est la penséemême qui est structurée métaphorlquement. L’expresslon linguistique métaphorlque (i. e. la métaphore dans la langue) est la réalisation de surface d’une structure conceptuelle qui la sous-tend. . Analyse des métaphores œnologiques Fondée sur l’approche cognitive de la métaphore, notre analyse se propose de rendre compte du domaine-source en termes duquel on conceptualise le domaine-cible VIN. systématisation des méta uelles et l’investigation réorganisé, en le rapportant à celui du vehicle. Le corpus d’analyse a été sélectionné des sites dédiés ? l’œnologie ainsi que de deux dictionnaires de spécialité (Chatelin-Courtois 1984, Debuigne 1969), car cette pittoresque terminologie n’est pas représentée dans les dictionnaires généraux de langue française.

Elle est confinée aux glossaires à vocation didactique. Les termes métaphoriques repérés dans ce corpus sont de différentes actualisations linguistiques de la même métaphore conceptuelle: LE VIN EST UNE avec ses différents sous-domaines. Nous allons analyser seulement les multiples aspects concernant 8 l’être corporel, sans oublier pour autant de mentionner que l’étude des traits de personnalité et de caractère serait tout aussi effervescent (vin aimable, chaleureux, franc, généreux, etc. ). 3. 1.

CONSTlTUTION DU CORPS HUMAIN=CONSTITUTION DU VIN Le choix de cette correspondance conceptuelle a été déterminé par des syntagmes comme : le corps du vin, la chair du vin, vin charnu, charpenté. De tous ces mots du langage courant spécialisés en œnologie il n’y a que corps qui figure dans les dictionnaires de français général vec une référence explicite au vin. Dans l’organisation du sens de corps (CLE)3, on peut distinguer quatre branches correspondant aux sèmes nucléaires : sl /partie matérielle des êtres’, s2 Imatière/ ou /substance/, s3 /partie principale/, s4 / ensemble/.

Le seul sème actualisé dans la métaphore est s2, son tour d’une PAGF g 1 ces sèmes contextuels sont traduits par « vigueur, plénitude en bouche (d’un vin). Avoir du corps. « (GLE). Les glossaires spécialisés soulignent aussi la plénitude et la densité comme sensation gustative : « plénitude, richesse aromatique ; le vin est dense et complet, son goût nvahit la bouche » (GLOSI ou bien ils s’apprêtent à décoder une métaphore par une autre « bonne constitution (charpente, chair) » (GLOS2)5.

Cette sensation gustative de plénitude est procurée par l’équilibre des composants du vin : l’alcool, les tanins et le moelleux (ou la sucrosité). un vin qui n’a pas ces qualités est maigre, informe. Le passage du corps en œnologie a déterminé un comportement similaire de certains lexèmes qui structurent son champ sémantique : les noms charpente, chair et surtout les adjectifs charpenté et charnu. Dans leur sens littéral, les deux adjectifs nvisagent un sujet caractérisé par les sèmes /+concret/, /+humain/ : « 1 .

Qui est robuste, qui a une bonne charpente osseuse. Il est petit, mais bien charpenté.  » (PLE)6. Nous nous situons donc premièrement dans la sphère de l’humain, pour qu’ensuite l’adjectif puisse être appliqué à tout sujet /+concret/, ‘-humain/,: « 2. Solidement construit, bien structuré. Un roman bien charpenté.  » En œnologie, un vin (bien) charpenté est un vin « qui a une bonne constitution, avec une prédominance tannique ouvrant de bonnes posslbilités de vielllissement’ (GLOS2). Dans cette définition Grand Larousse Encyclop GLE)