La princesse de clèves, vol du portrait
Le roman évoque la naissance de l’amour dans le cœur d’une très jeune femme exceptionnellement belle, aristocratique et vertueuse, a Princesse de Clèves, et les combats qu’elle mène pour rester fidèle à son époux : rencontre au bal du duc de Nemours, coup de foudre qu’elle ne veut pas s’avouer d’abords. Dans notre passage, le narrateur raconte un fait qui va to next page constituer une étape décisive dans la connaissance que la Princesse a d’elle-même et du Duc : celui-ci subtilise, en présence de nombreuses personnes de la Cour, un portrait de la jeune femme.
Ce geste risqué, imprudent, va leur révéler l’un à l’autre la réciprocité de leur amour et plonger la princesse dans un trouble profond. D’une clarté limpide, la narration nous fait pénétrer dans le cœur des personnages et présente une vision pessimiste de la passion amoureuse. I. UNE NARRATION QUI PRIVILEGIE CLARTE ET CONCISION – Composition très nette : circonstances qui expliquent le « vol » / action / répercussions morales (pour le duc et la princesse). Vocabulaire simple, dépouillé mais soutenu. Politesse, raffinement. – pas de détails pittoresques, uniquement ceux qui permettent de rendre l’action vraisemblable (matériellement et psychologiquement) malgré son caractère imprudent : portraits envoyer à la Reine d’Ecosse ; la Reine Dauphine chez la Princesse de Clèves ; Duc de N. aussi ; portrait de Mme de Clèves antérieur à retoucher, déposé par le peintre sur la table ; Duc de N. ou amoureux, désireux de posséder un portrait d’elle et de le dérober au mari (jalousie). Phrases courtes, verbes d’action pour circonstances matérielles ; phrases plus longues, suivant les méandres de la pensée, pour analyse psychologique. Extrême précision, presque hallucinatoire, de la scène du vol (place exacte des personnages, des meubles), (abondance de CC Lieu) et de l’échange des regards croisés, expression des pensées de l’un et de l’autre.
Au contraire, flo 2 OF s et de l’échange des regards croisés, expression des pensées de l’un et de l’autre. Au contraire, flou volontaire de l’indéfini « on » répété (« le soir on chercha… ») qui englobe le couple princier dans une unité fallacieuse. – La narration enchaîne, de façon très « fondue », les actions (« il rencontra les yeux de Mme de Clèves ») et les pensées des personnages et il pensa que » : c’est le retentissement intérieur des actes qui importe.
Débat intérieur de Mme de Cl. Lorsqu’elle surprend le geste du duc (DIL), débouchant sur son silence, que foudroie la phrase (en discours direct) du duc, suivie de sa sortie. Plaisanterie du Prince de Clèves : provoque le retour sur elle- même, ses remords, sa lucidité, son embarras = 2 parties (« mais.. Il. UNE ACTION ROMANESQUE RICHE DE SENS La subtilisation du portrait constitue un topos des romans précieux, mais Mme de LF le renouvelle par l’angle original sous lequel elle le présente.
En effet, tout le sens de cette scène est concentré dans l’échange des regards. Le champ lexical de la vue rédomine ici. – Le duc de N. veut « voir » Mme de Clèves mais contradiction avec la nécessité absolue de ne pas être vu en train de la regarder, car cela la compromettrait aux yeux de la Cour . regarder, contempler, signifie aimer. Expression de cette contradiction : « sans laisser paraître néanmoins », « il n’osait « Il craignait de laisser trop voir Opposition entre pourtant.. la « crainte » et le « plais 3 OF s pourtant… Il craignait de laisser trop voir Opposition entre la « crainte » et le « plaisir – Le duc de N. souhaite avoir un portrait d’elle afin de pouvoir ontempler son image, à défaut de la contempler en personne. Mais cette contemplation désirée équivaut à une prise de possession symbolique de la Princesse elle-même. Quand se présente au duc l’occasion d’avoir un portrait d’elle, le fait qu’il appartient au prince décuple son envie. Enlever le portrait au prince, c’est symboliquement lui enlever sa femme. Mais l’essentiel vient dans l’échange des regards qui suit : Mme de C. « aperçoit » le geste de N. (regard inconsciemment dirigé vers lui, hasard du rideau entrouvert) et devine qu’il a pris son portrait. Cela la trouble au point que la dauphine le remarque et l’interroge sur la cause de ce trouble. Moment très dangereux pour la princesse, qui risque d’être compromise par cet embarras révélateur (remarqué par la dauphine qui représente ici le regard inquisiteur et impitoyable de la Cour). Alors le duc se tourne et « rencontra les yeux de Mme de Clèves, qui étaient encore attachés sur lui » : l’expression « yeux… attachés » reprend celle du 1er paragraphe et suggère la réciprocité de leurs sentiments. Cet instant est très bref, mais aussi foudroyant que leur première rencontre par ses onséquences : le duc comprend que la princesse a peut-être vu son geste, il remarque son embarras, en devine la cause de façon quasi certaine et son silence l’assure de son triomphe, après la phrase qu’il lui chuchote. Dérober le portrait, c’était s’approprier symboliquement la princesse, m 4 OF S – Dérober le portrait, c’était s’approprier symboliquement la princesse, mais en plus, son silence équivaut à son consentement : elle avoue implicitement qu’elle l’aime, puisqu’elle le laisse emporter le portrait. D’où la joie du Duc qu’il ne peut « soutenir en public » : la pression de la Cour exige la issimulation. – Le Prince, très amoureux lui aussi, « affligé de cette perte », dit sans le savoir la vérité lorsqu’il plaisante à propos d’un amant qu aurait dérobé le portrait : ironie tragique du destin.