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Seminaire M22 : Linguistique textuelle Compte rendu de la séance du 13 mai 2008 Gabriele et Julien Rossier Exposé de Liliana Esteves : L’IRONIE BERRENDONNER (1981) Par Karine Berrendonner part de la définition traditionnelle de l’ironie, telle qu’on la trouve dans la rhétorique classique, qui dit que l’ironie est une figure par laquelle on veut faire entendre le contraire de ce qu’on dit. (Des Tropes, Dumarais).
Cette définition fond Iro org logique dans la signifi tic, pour Berrendonner, d’une contradiction satisfaisante, parce qu’elle ne rend pas compte de la sp cification de l’ironie ar rapport à autre trope. Il va s’appuyer sur la théorie de l’argumentation de Ducrot pour mettre en évidence les propriétés distinctives de Pironie, et postuler que ce qui différencie l’ironie d’autres tropes qui s’appuient également sur la contradiction, c’est que Pironie réside en une contradiction de valeurs argumentatives.
Il délimite deux classes d’arguments à l’œuvre dans l’ironie • La classe d’arguments en faveur d’une conclusion r (associée à la couche littérale de l’énoncé) – la classe d’arguments en faveur d’une conclusion non-r (associée à la couche non littérale de Hénoncé) Ces deux classes s’excluent mutuellement (un seul et même harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Voltaire, Candide) non trouve dans cet exemple une conclusion r (les armées c’est bien) qui correspond à l’aspect littéral de l’énoncé, puis une concluslon non-r (les armées c’est l’enfer) qui est contraire à la première, engendrant ainsi l’ironie. C Berrendonner s’attache ensuite à mettre en évidence les possibilités de création de l’ironie ; ainsi il relève que plusieurs mécanismes peuvent servir l’ironie : La métaphore et l’oxymore peuvent être ironiques si elles emplissent une fonction argumentative et qu’elles sont fondées sur une contradiction impliquant deux arguments incompatibles.
Les hyperboles renforcent un jugement avec des modifieurs d’intensité pour mieux faire entendre le jugement inverse. À ce titre, elles fonctionnent comme des indices d’ironie. Certains termes axiologiques appartiennent à un paradigme lexical structuré sur une opposition ternaire construite autour d’un terme neutre.
Par exemple, lorsqu’on dit « Je suis enchanté on produit un énoncé qui fonctionne en argumentation horizontale ou verticale, ce qui permet de dégager deux nterprétations antiphrastiques : Argumentation horizontale : je suis enchanté » est un argument en faveur de la conclusion r « c’est bien une interprétation antiphrastique irait donc vers la conclusion inverse non-r « je suis peiné / ce n’est pas bien » Cl Argumentation verticale : « je suis enchanté » est un argument pour q (intersection qui inclut les arguments pour r et non-r), qui est « c’est bien ou c’est mal Une interprétation antiphrastique irait donc vers la conclusion inverse non-q « cela n’est ni bien ni mal / je suis indifférent ».
Nous comprenons ainsi que « je suis ench ‘est ni bien ni mal / je suis indifférent Nous comprenons ainsi que « je suis enchanté » a deux valeurs argumentatives simultanées et donc deux significations ironiques : « je suis enchanté » = Je suis peiné Cela m’est indifférent Il existe également une ambigu-lté interprétative qui peut produire de l’ironie lorsqu’il y a opposition entre un terme marqué négativement et un terme neutre (non marqué), au sein d’une opposition binaire, comme dans le cas suivant : D utile vs inutile Utile est un terme non marqué qui peut fonctionner soit comme terme positif opposé au terme marqué négativement (supérieur ? la moyenne sur l’échelle de l’utilité par opposition à inutile/ inférieur à la moyenne), soit comme terme neutralisant (valeur indéterminée sur l’échelle de l’utilité) Explication des moyens d’accès pour la lecture ironique Pour déterminer par quels mécanismes systématiques une énonciation en vient à recevoir deux valeurs argumentatives contradictoires, Berrendonner se sert dans un premier temps de la théorie de l’ironie comme mention de Sperber et Wilson, qui postulent une explication de l’ironie comme la production d’un énoncé qu’on utilise comme mention, pour parler de lui t signifier la distance qu’on prend à son égard. Les ironies comme mentions P, Poétique 36, p. 399-412) Autrement dit, lorsqu’on fait de l’ironie, on tient une énonciation El, à propos d’une énonciation EU, antérieure ou implicite, que l’on cherche à déconsidérer. Berrendonner remarque qu’il n’y a pas forcément une énonciation qui a eu lieu ; il trouve que postuler deux énonciations est coûteux théoriquement, et er de cette polyphonie un veut se passer de cette polyphonie un peu encombrante, selon laquelle il y aurait eu une première énonciation avant l’énoncé ronique qui la reprend.
Il opère une modalisation, et dit que l’attitude est visible derrière l’acte locutoire lui-même : on peut voir une attitude du locuteur et c’est ça qui donne un trait ironique à l’énoncé (il y a tout de même mention, mais c’est le locuteur par son acte locutoire qui le signale). Cette typologie des différentes mentions possibles derriere l’énoncé ironique est très bien démontrée dans le schéma fait par Liliana Typologie des mentions : En bref : Quand il y a des jeux de mention, on ne peut pas récupérer la deixis d’origine, on est obligé de prendre la deixis du ocuteur (on ne peut jamais prendre les deux systèmes de deixis en temps). En conclusion, selon Berrendonner, [‘ironie joue sur l’aspect pluri- codique de l’énonciation, c’est-à-dire sur le lien étroit entre deux codes pour établir entre eux une contradiction de valeurs.
La fonction de l’ironie est fondamentalement défensive, elle sert ? déjouer des normes que l’on fait semblant de respecter, et ceci en argumentant à deux niveaux (énoncé et énonciation), tels que chacun des deux implique et dément Vautre. HAMON (1996) Nous n’avons pas eu le temps d’entrer dans le détail de la onception de Hammon. Nous avons cependant discuté brièvement du concept de mimèse, qui est l’un des deux procédés principaux a l’œuvre dans la production de l’effet d’ironie dans les textes litt PAGF le tourner en dérision ; il recouvre deux formes, à savoir le pastiche (copie d’un ensemble de procédés stylistiques propres ? un écrivain) et la parodie (copie d’une oeuvre précise). La mimèse soullgne l’importance de la référence intertextuelle dans la communication ironique. Exposé de Nicole Senggen : LE CONDITIONNEL Nicole nous présente deux articles.
L’article de Gosselin ‘intéresse aux relations temporelles et modales qui coexistent dans le conditionnel journalistique. L’article de Vuillaume propose de comparer rusage du conditionnel en français et l’expression du futur dans les passés en allemand. GOSSELIN : « Relations temporelles et modales dans le conditionnel journalistique » Gosselin rappelle les différents critères que Dendale et d’autres linguistes attribuent habituellement au conditionnel journalistique, à savoir qu’il vise à transmettre une information empruntée à une source autre que le locuteur, et que le locuteur e prend pas en charge l’information qui est présentée comme incertaine.
Gosselin y ajoute une nouvelle caractéristique : il montre que le caractère incertain de l’information est provisoire, c’est-à-dire que l’information est incertaine pour un temps seulement, en attendant d’être confirmée ou infirmée de manière ultérieure. Cette promesse de vérifier l’information ultérieurement est une des différence qui existe entre le conditionnel journalistique présent dans les énoncés du type « Kirsty Bertarelli serait la plus riche anglaise du globe » et futllisation de marqueurs modaux u type « Kirsty Bertarelli est peut-être/sans doute la plus riche Anglaise du globe dans laquelle le destinataire ne sait pas si l’information est à confirmer où si elle globe dans laquelle le destinataire ne sait pas si l’information est à confirmer où si elle va rester sous cette forme incertaine.
Gosselin met en évidence le fait que le conditionnel est à la fois un marqueur temporel et un marqueur modal, et s’inscrit en faux par rapport à la dichotomie traditionnelle qui dissocie et qui refuse la coexistence des valeurs modales et temporelles. Ainsi, si temporalité et modalité cohabitent dans le conditionnel journalistique comme le soutient Gosselin, il devient nécessaire d’expliciter leurs modes d’articulation. Les modalités temporelles Gosselin dissocie les évenements qui se sont déroulé antérieurement au temps d’énonciation et qui sont décrits à l’aide du passé et les évènements postérieurs à l’énonciation, qui sont annoncés à raide du futur. Ex : « Il endormait les taureaux pour les passer en suisse ».
L’évènement se passe avant Pénonciation, et il est irrévocable Ex : « Si le loup attaque, les éleveurs seront préparés ». L’évènement, postérieur à l’énonciation, n’est ni vrai ni faux : il est possible. Le moment d’énonciation constitue donc la coupure modale entre le passé et le présent considérés comme irrévocables, et le futur, qui relève de la modalité du possible. Les modalités aspectuelles Gosselin introduit trois notions pour expliquer la temporalité linguistique : Le moment d’énonciatlon [01 ; 02] Le moment du procès, à savoir le moment où se déroulent les évènements que l’on décrit [BI ; 821 Le moment de référence [l ; l] La coupure modale qui sé ble du possible, se situe