85 – 11 L’ARTISANAT TRADITIONNEL AU MAROC : SA NATURE ET SA DESTINEE- Le Maroc est un des rarespays qui ont su garder leur artisanattraditionnel,ceci rnalgré la concurrenceque l’industrie moderne fait subir au travail manuel et même,en partie, grâceà cetteconcuffencequi met en évidencele contrasteentre le produit de la machine, fabriqué en série, sansâme et sansvie, et le produit façonné de la main d par ses inégularités mêmes contribué à la ors Sni* to View if et toujours original e a beaucoup préservation de l’artisanat traditionnel; il est à l’origine, otamment, de la diffusion du produit artisanal sur les marchés d’outre-mer.
Son influence, cependant,est à double tranchant,car elle incite à toutes sortesde compromis, depuis l’adaptationdes objets au salon européenmoyen jusqu’au frelatage du style en faveur d’un certain exotisme de pacotille… A l’heure les contours de l’artisanattraditionnel authentiquesont encore discernableset l’on peut parfaitement reconnaître sa véritable nature, non seulement dans ses produitsmais égalementdanssestechniqueset sabasehumaine;en (guebs). Or, une exportation » ‘de cette nature ne peut avoir qu’une influence bénéfique sur l’artisanatmarocain. Remarquonsen passantque la vie des deux métiersd’art qui viennent d’être mentionnésdépend,au Maroc même, des commandesprovenant desrichespropriétairesde maisonset de la Cour royale.
Les mêmesartisanssont indispensablespour la restaurationdes monumentshistoriques,ce qui est une raisonde plus pour lesprotéger. » Causeriepréparéepour une réunion prévue dans le cadre du
Nous avons employé le terme de pour désigner ‘ensembledes moyensd’expresslon d’un art: de même qu’un langagecomportesa grammaireet sa syntaxe, que lion peut dominer rnais non pas violer, un art traditionnel comportesesrègles,et la maîtriseconsistedansleur usageà la fois rigoureuxet souverain. N’oublionspas l’économiedes moyens:obtenir un certaineffet esthétiqueavec un minimum de moyens,c’estde l’art; mais gaspillertout un arsenalde moyens pour ne réaliserqu•un effet médiocre,ce n’estcertainementpas de l’art. L’artiste traditionnel – le mosaïste (zellaTjî)par exemple – se contente,pour éaliserle décorle plus chatoyant,de quelquescouleursaux teintesretenues:bleu sombre,violet de mars,brun, ocre,vert amandeet blanc laiteux. etteéchellede couleursest limitée par le nombredes minérauxnaturellementdisponibles,mais on peut êtrepresquecertainque l’introductionde nouvellescauleursd’émail- du rougevif par exemple- n’en rt deszellli. Preuveen est apportéqu’unetentationd’adopterles solutionsles plus facileset lesplus superficielles. A l’économiedes moyensse joint, dans l’art islamique,une seconderègle d’or, qui veut que l’expressionartistique,le choix des formes et des ouleurs,soit en accordavecla naturede l’objet qu’ellea pour support;en d’autrestermes,le décor d’unesurfaceplanetelle qu’unmur ne doit jamais créerl’apparence d’un espace? trois dimensions,commec’estle cas dansla peinturenaturaliste;un morceaude bois sculpténe doit pas donnerl’illusion d’un corps animé. Bref, chaquechose doit demeurerà sa place ou à son niveaucosmique. _’artisten’a pas à créerdes simulacres;son ceuvreconsisteà conférer à chaquechose la perfection qui est potentiellement contenue dans sa nature même, comme le cristal potentiellement contenudansle minéralbrut. Dans son état de choseloue soncréateur>,et ce créateur,ce n’estpasl’artistemaisDieu_ Nous nous sommesarrêtésà la considérationdes arts rattachés? l’architecture, parce que ces arts ont, mieux que la plupart des autres,conserveleur héritage traditionnel. ll nous reste maintenantà parler de l’art truditionnel murocu. n en général, en suwolantrapidementsesdiversesdisciplines. A part l’architectureet les arts décoratifsqui Siy rattachentdirectement,on peut distinguerles groupesde métiers suivants:il y a d’abord les métiers qui s’occupentde la fabrication du