Se v tir la Renaissance
Première partie : La « Renaissance » du v tir : luxe, paraître et volupté A. L’engouement pour le luxe…. — 5 B. Le vêtement : reflet de l’âme…. — 6 Deuxième partie : Être noble, paraître A. Le noble habillé sur la toile : portrait politique et Se v tir la Renaissance Premium gy Emma-Louise anpeng 09, 2015 33 pages DEVOIR SEMESTRIEL SE VÊTIR À LA RENAISSANCE Histoire moderne 1 Jean CLOUET, Portrait de François Ier, 1525, Source • http://www. histoiredelart. net/courants/larenaissance-l. html ……. 8 SOMMAIRE Introduction.. Sni* to View moral. B. La cour : valse des modes et nfluences…
C. Les contraintes du prestige…. Troisième partie : Le vêtement ….. 8 . miroir des Annexes…… . . 19 Glossaire…….. 31 Bibliographie… 32 2 Introduction Selon le sémiologue français Roland Barthes, « le vêtement est ? la fois objet historique et sociologique toujours implicitement conçu comme le signifiant particulier d’un signifié général qui lui est extérieur (époque, pays, classe sociale) »2. L’étude du vêtement constitue une approche à la fois historique, sociologlque, sémiologique, entrant dans le champ disciplinaire des sciences humaines et sociales. ??tudier le vêtement, c’est étudier l’évolution des us et coutumes propres a une epoque, a un pays et à une société. Comme l’explicite Roland Barthes, le vêtement tend à s’intégrer au sein d’un ensemble formel institué par la société, c’est un élément de structuration. L’étude du vêtement est abordée en tant que telle depuis la fin du XIX e siècle pour comprendre les mécanismes de fonctionnement des sociétés et s’intègre dans l’étude complexe des mentalités en rapport direct avec l’histoire matérielle.
Nous envisagerons de ce fait, le PAGF 3 noblesse et le « peuple gras et peuple menu « 4 et illustre e rang de chacun dans cette société d’Ancien Régime inégalitaire et hiérarchisée. Le vêtement en tant que parure concerne exclusivement les groupes sociaux privilégiés par l’échelon social, la richesse et/ou les rapports de proximité avec le pouvoir royal. L’on remarque que l’attitude corporelle liée aux manières de se vêtir est expressive des idéologies de la Renaissance, d’une culture humaniste et de comportements sociaux en transition.
La Renaissance apporte une nouvelle vision du corps et de l’esprit qui amène ? l’idéalisation du corps humain. Cest une période de rupture avec le Moyen Âge, qui se aractérise par le retour à la tradition antique et suscite un nouvel intérêt pour IHomme, dont l’image est alors en pleine reconstruction. Cette Renaissance française, atteint par l’influence artistique, littéraire et culturelle des Renaissances italiennes, ébranle les structures de la société élitiste française et aboutit à une redéfinition des cadres de la vie quotidienne.
Ces mutations concernent tous les domaines, des arts de la table ? l’ameublement en passant par les façons de se vêtir. Le vêtement se transforme en véritable 2 Roland Barthes, « Histoire et sociologie du Vêtement ? [Quelques observations méthodologiques]. ln: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 12e année, N. 3, 1957, p. 432 3 Sébastien JAHAN, Les Renaissances du corps en Occident (1450-1650), paris : Belin, 2004, p. 204 4 Claude de Seyssel, La grande monarchie de France, Paris : Jacques Pujol, 1961, p. 20-124 3 durant la guerre de Cent Ans, cherche toujours au XVIe siècle ? redéfinir son identité et affirmer sa prééminence sociale en valorisant son apparence. Mais ces transformations ont secoué l’ensemble des structures sociales, politiques, économiques et religieuses des ivilisations occidentales et sont à l’origine de l’avènement de la Réforme protestante, l’éclatement des guerres de Religion, ainsi que l’enrichissement d’un groupe social émergent : la bourgeoisie. Nous tenterons ainsi de concevoir la société française élitiste du XVIe siècle (1483-1610), par le biais du corps habillé.
Certes, tout cela nous amène à nous interroger sur le rapport du corps au vêtement, sur l’impact des idéaux de la Renaissance sur les manières de se vêtir et sur l’apparence vestimentaire comme révélatrice des transformations de la société française. Mais à échelle lus restreinte, nous pourrions nous demander en quoi le fait de se vêtir à la Renaissance traduit plus qu’un habit, un langage re atif à une noblesse soucieuse d’affirmer le prestige de son rang au sein d’une société tripartite en proie aux changements ?
La Renaissance marque les prémices d’une renaissance vestimentaire (I) au service du paraître noble (Il) soumis aux codes rigoureux de l’esthétisme, faisant du vêtement le miroir des identités (Ill), identités qui vont pourtant être profondément ébranlées par les mutations sociales du XVIe siècle. l. La « Renaissance » du vêtir : Luxe, paraître et volupté. La quête de métaux par les civilisations occidentales permet la découverte de 3 nouveaux éléments de progrès.
Le paraître est étroitement lié à ces transformations majeures, qui offrent de nouveaux modes de représentations du corps et de l’esthétisme, qui transparaissent dans le vêtement par l’utilisation de matériaux et tissus précieux. A travers cet apparat, l’individu tend à exalter les valeurs propres à son être et au groupe social qu’il représente. 4 A. L’engouement pour le luxe. Les guerres d’Italie (1494-1559), qui furent l’entreprise de trois rois : Charles VIII, Louis XII et François Ier. nt amorcé une fascination française pour le luxe italien. Les expéditions vers l’Italie ne sont plus seulement le fait d’entreprises de conquêtes, mais de flux d’échanges culturels. Les demeures princières françaises vont progressivement s’apparenter au faste des villas italiennes. En outre, François I er fit venir d’Italie des artistes comme Léonard de Vinci, et des artisans, ainsi une « quantité d’ouvriers italiens s’établissent alors à Lyon, Paris, Tours, et leurs ateliers fournissent les élégants et élégantes de la cour de France »5.
L’influence italienne apporte au vêtement les artifices de ‘ornementation, jusque là, « la France du XVe siècle connaissait le luxe des costumes ; mais elle ignorait le raffinement, la fantaisie dans le vêtement. »6. Les tissus composant le vêtement vont être plus fluides : taffetas, soie, velours, ainsi, « le XVIe siècle vit la déchéance sociale des draps de laine au sein de l’aristocratie »7. Le vêtement ostentatoire PAGF s 3 nulle époque, même le Grand Siècle, n’aura jeté sur l’homme décor plus précieux pour atteindre la perfection de la beauté humane »8.
Néanmoins, les costumes de la Renaissance ne possèdent pas encore d’identités nationales propres. Le êtement revête un aspect hybride mêlant pratiques vestimentaires italiennes, espagnoles, françaises ou encore germaniques. Les modes françaises empruntent à l’Italie les toques de Florence avec des plumes d’autruche et les bas de soie tissé9. Les modes germaniques établissent la mode des crevés* IO, laissant apparaître la chemise. Les modes espagnoles apportent la mode des vertugadins* pour le costume féminin, donnant à la silhouette une forme de sablier.
Les diverses modes et techniques vestimentaires sont diffusées par le biais de l’imprimerie, qui permet d’une part, l’émission de nouvelles images par le biais des ravures de modes comme les gravures de Françols Desprez (1525-1580) et celles du peintre italien Cesare 5 François BOUCHER. Histoire du costume en occident de l’Antiquité à nos jours, Paris : Flammarion, 1965, p. 222 6 Jacques RUPPERT, Costume : la Renaissance, le style Louis XIII, Paris : Flammarion, 1990, p. 7 Marjorie MEISS-EVEN, Les Guise et leur paraître, Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2013, p. 52 8 François BOUCHER. Histoire du costume…. p. 219 9 Cf. Annexe V, François Clouet, Portrait de Charles IX 10 Les termes accompagnés d’un astérisque* sont définis dans le glossaire. 3 L’on peut notamment citer l’exemple de certains traités d »humanistes italiens qui exaltent l’ostentation princière, tels que les traités De magnificienta et De splendore (1498) de Giovanni Pontano qui enseignent la manière d’utiliser noblement l’argent.
Ces traités montrent à quel point le faste revêt un intérêt croissant pour l’aristocratie et « il semble que la fortune ait une très grande force sur les opinions des hommes « 12. La noblesse, et en particulier l’élite curiale s’adonne alors à des dépenses prestigieuses pour sans cesse habiller le corps de mervellles et diversifier ‘apparence. Érasme, écrit à juste titre dans La Civilité puérile, que « les riches qui étalent le faste de leurs vêtements semblent reprocher aux autres leur indigence et éveillent l’envie »13.
L’essor du luxe est attesté au XVIe siècle en Occident, et concerne en particulier la noblesse, mais aussi les élites urbaines. L’acquisition de biens matériels luxueux permet aux individus se situant au sommet de l’échelle sociale de mettre en scène leur dignité. B. Le vêtement : reflet de l’âme. Le rapport entre le vêtement et le corps suggère la communion entre le paraître et l’être. La représentation extérieure de soi doit faire écho à la fois à l’appartenance sociale, mais surtout aux profondeurs de l’âme. ?rasme de Rotterdam (1467-1536), humaniste hollandais de la Renaissance, écrivait dans son De Civilltate morum puerilium (1530) que « le vêtement est en quelque sorte le corps du corps et [quil il donne une idée des dispositions de l’esprit. »14. Ainsi un noble, par obligation sociale, ne peut se permettre de PAGF 7 3 différences sociales établies par le vêtement s’incluent dans un mécanisme de communication visuelle qui distingue l’individu soclal.
L’hablt ecclésiastique, ne change pas ondamentalement à la Renaissance, en effet, « le vêtement des grands ordres fondés au Moyen Age reste immuable »15, cependant, les différences vestimentaires au sein du clergé séculier identifient le rang occupe par les hauts dignitaires ecclésiastiques, par exemple, seuls les évêques portent la 11 Cf. Annexe l, gravures de Cesare Vecellio 12 Baldassar CASTIGLIONE, Le livre du Courtisan, présenté et traduit de l’italien d’après la version de Gabriel Chappuis (1580) par PONS Alain, paris : Flammarion, 1991, p. 47 13 Érasme de Rotterdam, La Civilité puérile, traduction nouvelle par BONNEAU Alcide, pans : Liseux, 877, p. 49 14 Ibid. , p. 43 15 François-Marie GRAU, Histoire du costume, Paris : universitaires de France, 1999, p. 49 6 Presses soie et se vêtent de bleu16. Concernant le vêtement populaire, les masses paysannes d’Ancien Régime s’habillent seulement par nécessité et leurs vêtements sont fonctionnels : une ou deux chemises en chanvre et des sabots, sont communs aux deux sexes. our les femmes, un jupon, une paire de bas de laine, une jupe et un tablier ; pour les hommes, une culotte sur des bas et par dessus une blouse ou une veste 17. Le vêtement, revête également une distinction d’ordre pr a noblesse de robe, les E 3 et de son caractère social. Au XVIe siècle, au moment où la cour, sous François Ier, est en plein épanouissement, l’essor des principes de civilités vont influencer les pratiques vestimentaires, est vont donner lieu à un nouveau modèle de perfection sociale : le courtisan.
Les moralistes esquissent l’image de l’individu noble dans toute sa splendeur, par le biais de traités de civilité. L’un des traités les plus influent ? l’époque est l’ouvrage éponyme de Baldassar Castiglione paru en 1 528 et traduit en français en 1537, selon lui, le courtisan « doit réfléchir à ce qu’il veut araitre, et se vêtir d’une manière qui corresponde à l’impression qu’il désire donner de lui même, et faire que ses habits l’aident à être tenu pour tel »18.
Le courtisan est entouré d’un système de valeurs et de codes de conduite car l’apparence ne se réduit point au vêtir, mais aussi à un ensemble de pratiques gestuelles qui l’accompagnent, c’est ce qui fonde l’ampleur de sa singularité, ainsi, « l’ ensemble de la dynamique corporelle doit se montrer dominée « 19. Par exemple, il n’est pas bien vu pour le gentilhomme d’expectorer et pour la demoiselle noble de sourire en uvrant trop grand la bouche : il faut être distingué et mesuré.
Les exigences esthétiques et morales obligent le corps noble à être beau puisque « la beauté vient de Dieu et la beauté extérieure est le vrai signe de la beauté intérieure »20. En outre, la Renaissance voit l’apparition d’une science physiognomoniste qui met en relation les attraits physiques avec la personnalité de l’individu et qui participe à la construction utopique d’une relative perfection physique. st donc significative, puisqu’elle véhicule les valeurs 16 Ibid. , p. 49 17 Benoît GARNOT, La culture matérielle en France aux XVIe- XVIIe-XVllle siècles, paris : Ophrys, 1995, p. 99 18 Baldassar CASTIGLIONE, Le livre du Courtisan… , p. 142 19 Georges VIGARELLO, Histoire de la beauté, le corps et l’art d’embellir, de la Renaissance à nos jours, paris : seuil, 2004, p. 35 20 Ibid. , p. 33 7 d’une appartenance sociale.
Les pratiques vestimentaires et les manières d’être en société sont indéniablement associées. Le vêtement noble par sa parure élaborée et codifiée témoigne de la nécessité de faire valoir son imminence sociale ? travers l’apparence et le luxe du revêtement corporel. Les manières de se vêtir à la Renaissance reflètent les omportements sociaux et culturels propres aux divers groupes qui composent la société.
La reconnaissance sociale ? travers l’apparence vestimentaire est une réalité qui rend compte du fossé préexistant entre les groupes sociaux : les manières de se vêtir participent ? l’établissement de principes de distinctions. Dans cette optique, est-il juste de parler d’instrumentalisation politique du Il. Être noble, paraître noble. La consommation nobiliaire se veut être extravagante et à l’image des valeurs véhiculées par la noblesse. Lia arence est primordiale pour le noble, qui doit sans cesse