Phèdre

essay B

Phèdre Racine C ACTE SCENE I—HIPPOLWE, THERAMENE SCENE II—HIPPO YTE, OENONE, THERAMENE SCENE III—PHEDRE, OENONE SCENE IV—PHEDRE, OENONE, PANOPE SCENE V PHEDRE, OENONE ACTE SCENE Il— SCENE II — Premium By habich011974 01. 2015 56 pages SCENE II—PHEDRE SCENE III—THESEE SCENE I—ARICIE, ISM Hl ppOLYTE HlppOLYT SCENE IV—HIPPOLYT SCENE V—PHEDRE, H 6 Ripe next page MENE SCENE VI—HIPPOLYTE, THERAMENE D ACTE Ill SCENE I—PHEDRE, OENONE SCENE IV—THESEE, HIPPOLYTE, PHEDRE, OENONE, THERAMENE SCENE V—THESEE, HIPPOLYTE, THERAMENE ACTE IV SCENE I—THESEE, OENONE SCENE II—THESEE, HIPPOLYTE

SCENE IV—PHEDRE, THESEE pHEDRE SCENE VI—PHEDRE, OENONE l’aimable Trézène. Dans le doute mortel où je suis agité, Je commence à rougir de mon oisiveté. Depuis plus de six mois éloigné de mon père, J’ignore le destin d’une tête si chère ; J’ignore jusqu’aux lieux qui le peuvent cacher. THERAMENE Et dans quels lieux, Seigneur, l’allez-vous donc chercher ? Déjà, pour satisfaire à votre juste crainte, J’ai couru les deux mers que sépare Corinthe ; J’ai demandé hésée aux peuples de ces bords Où l’on voit l’Acheron se perdre chez les morts ; J’ai visité l’Élide, et, laissant le Ténare,

Passé jusqu’à la mer qui vit tomber Icare. Sur quel espoir nouveau, dans quels heureux climats Croyez-vous découvrir la trace de ses pas ? Qui sait même, qui sait si le Roi votre père Veut que de son absence on sache le mystère ? Et si, lorsqu’avec vous nous tremblons pour ses jours, Tranquille, et nous cachant de nouvelles amours, Ce héros n’attend point qu’une amante abusée. Cher Théramène, arrête, et respecte Thésée. De ses jeunes erreurs désormais revenu, Par un indigne obstacle il n’est point retenu ; Et fixant de ses VŒUX l’inconstance fatale, Phèdre depuis longtemps ne craint plus de rivale.

Enfin en le cherchant je suivrai mon devoir, Et je fuirai ces lieux que je n’ose plus voir. Hé ! depuis quand, Seigneur, craignez-vous la présence De ces paisibles lieux, si chers à votre enfance, Et dont le vous ai vu préfé 2 OF SE chagrin vous en chasse ? HIPPOLYTE Cet heureux temps n’est plus. Tout a changé de face Depuis que sur ces bords les Dieux ont envoyé La fille de Minos et de Pasiphaé J’entends. De vos douleurs la cause m’est connue, Phèdre ici vous chagrine, et blesse votre vue. Dangereuse marâtre, à peine elle vous vit Que votre exil d’abord signala son crédit.

Mais sa haine sur vous autrefois attachée, Ou s’est évanouie, ou bien s’est relâchée. Et d’ailleurs, quels périls peut vous faire courir Une femme mourante et qui cherche à mourir ? Phèdre, atteinte d’un mal qu’elle s’obstine à taire, Lasse enfin d’elle-même et du jour qui l’éclaire, Peut-elle contre vous former quelques desseins ? Sa vaine inimitié n’est pas ce que je crains. Hippolyte en partant fuit une autre ennemie. Je fuis, je l’avoûrai, cette jeune Aricie, Reste d’un sang fatal conjuré contre nous. Quoi ! vous-même, Seigneur, la persécutez-vous ? Jamais l’aimable sœur des cruels Pallantides

Trempa-t-elle aux complots de ses frères perfides ? Et devez-vous hair ces innocents appas ? Si je la haÉsais, je ne la fuirais pas. 3 OF SE mortels, Vous a-t-elle forcé d’encenser ses autels ? Aimeriez•vous, Seigneur ? Ami, qu’oses-tu dire ? Toi qui connais mon coeur depuis que je respire, Des sentiments d’un coeur si fier, si dédaigneux, Peux-tu me demander le désaveu honteux ? C’est peu qu’avec son lait une mère amazone M’ait fait sucer encor cet orgueil qui t’étonne ; Dans un âge plus mûr moi-même parvenu, Je me suis applaudi quand je me suis connu. Attaché près de moi par un zèle sincère,

Tu me contais alors l’histoire de mon père. Tu sais combien mon âme, attentive à ta voix, Séchauffait au récit de ses nobles exploits, Quand tu me dépeignais ce héros intrépide Consolant les mortels de l’absence d’Alcide, Les monstres étouffés et les brigands punis, Procuste, Cercyon, et Scirron, et Sinnls, Et les os dispersés du géant dEpidaure, Et la Crète fumant du sang du Minotaure. Mais quand tu récitais des faits moins glorieux, Sa foi partout offerte et reçue en cent lieux, Hélène à ses parents dans Sparte dérobée, Salamine témoin des pleurs de Péribée,

Tant d’autres, dont les noms lui sont même échappés, Trop crédules esprits que sa flamme a trompés ; Ariane aux rochers contant ses injustices, Phèdre enlevée enfin sous de meilleurs auspices ; Tu sais comme à regret écoutant ce discours, Je te pressais souvent d’en abréger le cours : Heureux si j’avais pu ravir à la mémoire Cette indigne moitié d’une si belle histoire ! Et moi-même, à mon tour, lié ? les Dieux jusque-là m’auraient humilié ? Dans mes lâches soupirs d’autant plus méprisable, Qu’un long amas d’honneurs rend Thésée excusable, Qu’aucuns monstres par moi domptés jusqu’aujourd’hui

Ne m’ont acqu•s le droit de faillir comme lui. Quand même ma fierté pourrait s’être adoucie, Aurais-je pour vainqueur dû choisir Aricie ? Ne souviendrait-il plus à mes sens égarés De l’obstacle éternel qui nous a séparés ? Mon père la réprouve ; et par des lois sévères Il défend de donner des neveux à ses frères : D’une tige coupable il craint un rejeton ; Il veut avec leur soeur ensevelir leur nom, Et que jusqu’au tombeau soumise a sa tutelle, Jamais les feux d’hymen ne s’allument pour elle. Dois-je épouser ses droits contre un père irrité ? Donnerai-je l’exemple à la témérité ?

Et dans un fol amour ma jeunesse embarquée… Ah ! Seigneur si votre heure est une fois marquée, Le Ciel de nos raisons ne sait point s’informer. Thésée ouvre vos yeux en voulant les fermer, Et sa haine, irritant une flamme rebelle, Prête à son ennemie une grâce nouvelle. Enfin d’un chaste amour pourquoi vous effrayer ? Sil a quelque douceur, n’osez-vous l’essayer ? En croirez-vous toujours un farouche scrupule ? Craint-on de s’égarer sur les traces dHercule ? Quels courages Vénus nia-t-elle pas domptés ! Vous-même où seriez-vous, vous qui la combattez, Si toujours Antiope à ses lois opposée,

D’une pudique ardeur n’eût brûlé pour Thésée ? Mais que sert d’affecter un superbe discours ? Avouez-le, tout change ; et de uis uelques jours On vous voit moins souv s OF SE superbe discours ? Avouez-le, tout change ; et depuis quelques jours On vous voit moins souvent, orgueilleux et sauvage, Tantôt faire voler un char sur le rivage, Tantôt, savant dans ‘art par Neptune inventé, Rendre docile au frein un coursier indompté. Les forêts de nos cris moins souvent retentissent. Chargés d’un feu secret, vos yeux s’appesantissent. Il n’en faut point douter : vous aimez, vous brûlez ;

Vous périssez d’un mal que vous dissimulez. La charmante Aricie a-t-elle su vous plaire ? Théramène, je pars, et vais chercher mon père. Ne verrez-vous point Phèdre avant que de partir, Seigneur ? Cest mon dessein : tu peux l’en avertir. Voyons-la, puisqu’ainsi mon devoir me l’ordonne. Mais quel nouveau malheur trouble sa chère OEnone ? SCENE II—HIPPOLYTE, OENONE, THERAMENE OENONE Hélas ! Seigneur, quel trouble au mien peut être égal ? La Reine touche presque à son terme fatal. En vain à l’observer jour et nuit je m’attache : Elle meurt dans mes bras d’un mal qu’elle me cache.

Un désordre éternel règne dans son esprit. Son chagrin inquiet l’arrache de son lit. Elle veut voir le jour ; et sa douleur profonde M’ordonne toutefois d’écarter tout le monde. Elle vient. 6 OF SE yeux sont éblouis du jour que je revois, Et mes genoux tremblants se dérobent sous moi. Hélas ! Dieux tout-puissants ! que nos pleurs vous apaisent. PHEDRE Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent ! Quelle importune main, en formant tous ces noeuds, A pris soin sur mon front d’assembler mes cheveux ? Tout m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire. Comme on voit tous ses voeux l’un l’autre se détruire !

Vous-même, condamnant vos injustes desseins, Tantôt à vous parer vous excitiez nos mains ; Vous-même, rappelant votre force première, Vous vouliez vous montrer et revoir la lumière. Vous la voyez, madame, et prête à vous cacher, Vous halSsez le jour que vous veniez chercher ? Noble et brillant auteur d’une triste famille, Toi, dont ma mère osait se vanter dêtre fille, Qui peut-être rougis du trouble où tu me vois, Soleil, je te viens voir pour la dernière fois. Quoi ! vous ne perdrez point cette cruelle envie ? Vous verrai-je toujours, renonçant à la vie, Faire de votre mort les funestes apprêts ? p H EDR E

Dieux ! que ne suis-je assise à l’ombre des forêts ! Quand pourrai-ie, au trave poussière, OF SE mes honteuses douleurs, Et mes yeux, malgré moi, se remplissent de pleurs. Ah ! s’il vous faut rougir, rougissez d’un silence Qui de vos maux encore aigrit la violence. Rebelle à tous nos soins, sourde à tous nos discours, Voulez-vous sans pitié laisser finir vos jours ? Quelle fureur les borne au milieu de leur course ? Quel charme ou quel poison en a tari la source ? Les ombres par trois fois ont obscurci les cieux Depuis que le sommeil n’est entré dans vos yeux ; Et le jour a trois fois chassé la nuit obscure

Depuis que votre corps languit sans nourriture. A quel affreux dessein vous laissez-vous tenter ? De quel droit sur vous-même osez-vous attenter ? Vous offensez les Dieux auteurs de votre VIe , Vous trahissez l’époux à qui la foi vous lie , Vous trahissez enfin vos enfants malheureux, Que vous précipitez sous un joug rigoureux. Songez qu’un même jour leur ravira leur mère, Et rendra l’espérance au fils de l’étrangère, A ce fier ennemi de vous, de votre sang, Ce fils qu’une Amazone a porté dans son flanc, Cet Hippolyte… Ah, dieux ! Ce reproche vous touche. Malheureuse, quel nom est sorti de ta bouche ?

E e différez point : chaque moment vous tue. Réparez promptement votre force abattue, Tandis que de vos jours, prêts à se consumer, Le flambeau dure encore, et peut se rallumer. J’en ai trop prolongé la coupable durée. Quoi ? de quel remords êtes-vous déchirée ? Quel crime a pu produire un trouble si pressant ? Vos mains n’ont point trempé dans le sang innocent ? Grâces au ciel, mes mains ne sont point criminelles. Plût aux Dieux que mon coeur fût innocent comme elles ! Et quel affreux projet avez-vous enfanté, Dont votre coeur encor doive être épouvanté ? Je t’en ai dit assez. Epargne-moi le reste.

Je meurs pour ne point faire un aveu si funeste. Mourez donc, et gardez un silence inhumain ; Mais pour fermer vos yeux cherchez une autre main. Quoiqu’il vous reste à peine une faible lumière, Mon âme chez les morts descendra la première. Mille chemins ouverts y conduisent toujours, Et ma juste douleur choisira les plus courts. Cruelle, quand ma foi vous a-t-elle déçue ? Songez-vous qu’en naissant mes bras vous ont reçue ? Mon pays, mes enfants, pour vous « ai tout quitté. Réserviez-vous ce prix à m mourrai pas moins, j’en mourrai plus coupable. Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés,

Par vos faibles genoux que je tiens embrassés, Délivrez mon esprit de ce funeste doute. Tu le veux. Lève-toi. Parlez : je vous écoute. Ciel! que vais-je lui dire ? Et par où commencer ? par de vaines frayeurs cessez de m’offenser. O haine de Vénus ! O fatale colère ! Dans quels égarements l’amour jeta ma mère ! Oublions-les, Madame. Et qu’à tout l’avenir un silence éternel cache ce souvenir. Ariane, ma soeur ! de quel amour blessée, Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! Que faites-vous, Madame ? Et quel mortel ennui Contre tout votre sang vous anime aujourd’hui ? 0 OF SS