normand baillargeon petit cours autodefense intellectuelle
Initialement publié par le site AO! Espace de la parole Chroniques de Normand Baillargeon LE PETIT COURS D’AUTODÉFENSE INTELLECTUELLE Table des matieres Note sur l’origine de ce texte et le livre du même nom…. 3 1 Introduction………… 3 p g 2 Pourquoi étudier la 4 2. 1 Un idéal de citoyenneté participative et délib érative mal en point… 2. 2 Des données inquiétantes: la croyance au p aranormal… 5 2. 3 L’éducation et le savoir livrés aux tyrannies privées 6 2. 4 Les médias de la société du spectacle contre la citoyenneté participative.. 7 2. 4. La Commission Creel et ses alentours… 2. 42 Estce bien loin, le Japon 2. 4. 4. 3 La Foire d’Abbotsford ? Connais pas… 2. 5 Une bougie dans la nuit. 12 3 Quelques remarques sur le langage………….. 13 3. 1 Dénoter/connoter…….. 14 3. 1 . 1 Des vertus de Pimprécision . 3. 1 . 2 Les motsfouine…….. 15 32 Jargon et . 3. 3 La morale à tirer de tout cela 3. 4 Quelques sophismes courants…………… 17 3. 4. 1 Le faux dilemme. 2 OF 3. 4. 3 Le hareng fumé. 3. 4. 4 CAd hominem. . 18 3. 4. 5 La pétition de principe. 3. 4. 6 post hoc ergo procter hoc. 3. 4. 7 Ad Populum. 19 3. 4. Composition/division.. 3. 4. 9 Appel à l’ignorance. . 3. 4. 0 La pente glissante. 4 DEUX EXPERIENCES DE PSYCHOLOGIE SO CIALE… 4. 1 Cexpérience de Milgram……….. 20 4. 2 Cexpérience de 21 5 QUELQUES NOTIONS DE MATHÉMATIQUE 3 OF 5. 1 . 1 Combien d’enfants iraqiens sont morts depuis dix ans C Normand Baillargeon 2002 nitialement publié par le site AO! Espace de la parole 5. 1. 2 Combien de jeunes Américains sont tués ou blessés par am es à feu … 22 5. 1. 3 Petit exercice de comptabilité……… 22 5. 1. 4 Moralité 23 5. 2 Notions de statistiques et de probabilités… 5. 2. Bon anniversaire à vous deux………. 5. 2. 2 Les faux positifs……………. 24 5. 2. pour mordues et mordus: quelques mot s sur les probabilités…………. 25 4 OF 5. 3 Moralité?… 30 6 Deux coffres à outils de pensée critique……… 31 6. 1 Le modèle ENQUE- TE… — 6. 1 . 1 L’homéopathie examinée avec le mod èle ENQUETE…….. 32 6. 2 LE KIT DE DETECTION DE POUTINE DE SAGAN. 33 6. 2. 1 Sophismes courants en logique et en rh étorique…….. 34 36 @ Normand Baillargeon 2002 2 Note sur l’origine de ce texte et le livre du même nom Ce texte, initialement publié sur le site AO!
Espace de la parole, a été maintenu en ligne sur http://olivier. hammam. free. fr/imports/normand/cours1. htm Je l’ai mis au format PDF pour en faciliter la lecture, et Norm n m’a autorisé à le diffus Parution ISBN 344 pages 12×21 cm petit cours d’autodéfense intellectuelle Normand Baillargeon 18/05/2005 2895960062 Yves Combe 1 Introduction « Il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme universitaire pour être un sceptique, comme le montre bien le fait que tant de personnes peuvent acheter une voiture usagée sans se faire rouler. idéal que vise la démocratisation du scepticisme est au fond cel UICI: chacun devrait posséder des outils de base qui permettent d’évaluer rigoureusement et constr uctivement des propositions qui se onnent comme vraies. Tout ce que la science demande, à ce niv eau, est que fon emploie partout le même degré de scepticisme que nous mettons en œuvre lorsque nous achetons une voiture usagée ou lorsque nous jugeons de la qualité d’analgésiques ou de bières en regardant des publicités. Carl Sagan Ce petit cours est consacré à ce qu’on appelle « la pensée critique ». De quoi s’agitil ? Allons au plus simple: il s’agit d’apprendre à raisonner juste et ains i, du moins on l’espère, de ne pas (trop) s’en laisser cont pprendre à raisonner, dir 6 participative la connaissance des outils de la pensée critique. En p articulier, nous voulons insister sur le fait que, dans nos sociétés, l’information et l’accès à l’inform ation sont des données politiques cruciales.
Il n’est pas tellement étonnant, dans ces conditions, que dans nos sociétés un important moyen de contrôle et de marginalisation du public ait recours au c ontrôle de l’information et à ce qu’il est juste d’appeler la propagande. Tout citoyen devrait donc être conscient de l’existence de ces Institutions voués au façonnement de l’opinion (médias, firmes de relation publique, agences de publicité et ainsi de suite) de manière à connaitre les instruments ont il se servent et à se prémunir contre leurs effets.
Bref: il est impératif pour le citoyen de s’outille r pour assurer son « autodéfense intellectuelle ». Nous attirons ensuite l’attention sur le langage et certaines de ses propriétés qu’il est souhaitable de connaître pour ce faire (section II) puis sur quelques modestes notions de mathématiques élémentaires d’autodéfense intellectuelle (sections Ill et IV) La dernière section (V) est consacrée à décrire un modèle de pens ée critique, appelée ENQUÊTE et au superbe « kit de détection de poutine » de Carl Sagan qui compr ennent tous deux des outils utiles ? ui veut pratiquer la pensée criti ue.
J’espère que tout cela vou OF juger les informations et les idées qui nous sont soumises. C’est encore apprendre à formu Ier clairement ses idées et à les rendre plus plausibles et convaincantes, y compris à nos propres yeux. Ces objectifs sont valables en soi, sans aucun doute. Mais en quoi tout cela concernetil l’exercic e le politique et plus précisément la citoyenneté? Le lien est le suivant.
Dans une démocratie, chacun est gouvernant e n puissance et est appelé à se prononcer sur affaires qui concernent le bien commun; chacun peut faire entend e sa voix et peut, en droit, prendre part aux débats et aux discussions qui ont constamment cours su r un nombre en théorie infini de sujets et de questions et qui débouchent, après délibération, sur des décisions et des actions.
Lorsque cet idéal politique s’est élaboré — dans sa forme contem poraine, ce fut au XVIIIe siècle, celui qu’on appelle le Siècle des Lumières — on n’a pas manqué d e remarquer qu’il supposait que le citoyen soit doté de certaines « vertus », comme on disait alors, bref de certaines qualités bien particulières.
C’est qu’un tel régime politique fait appel à son juge ent et à sa capacité à examiner diverses propositions, notamment du point de vue de leur pertine nce, de leur vérité et ainsi de suite; il fait encore appel à sa capacité à se placer, pardelà son intérêt pr opre, du point de vue du bien commun; il fait enfin appel à son aptitude à délibérer et à discuter .
C’est qu’il est courant que sur les sujets qui sont débattus au sein d’une démocratie, une grande var iété de positions soient défendues et que des désaccords surviennent entre gens informés. La discus sion est le modèle de délibération xpression et la prise e qui convient en ces cas et OF ‘3 ion est le modèle de délibération qui convient en ces cas et elle permet l’expression et la prise en c ompte par chacun des différents points de vue, ce que la démocratie pose justement comme souh aitable.
Nos systèmes nationaux d’éducation sont essentiellement nés da ns le contexte de ce projet politique des Lumières et cela n’est pas un hasard. On pensait en effet qu’il revenait dans une large mesure ? l’éducation de former de tels sujets — informés et vertueux, c’est àdire habilités à prendre part ? des discussions et capables de jugement désintéressé. D’où l’imp rtance considérable accordée ? l’éducation publique dans les démocraties et son caractère émine mment politique.
Les médias modernes sont également apparus dans ce même co ntexte et, ici encore, on comprend aisément pourquoi. Ce qu’on demande aux médias, c’est à la fois de contribuer à la circulation d’informations nécessaires à l’exercice de la citoyenneté et de per mettre l’expression d’un large éventail de points de vue qui pourront alimenter et enrichir la libr e discussion. Et c’est pourquoi on n’envisageait pas la presse — il n’existait encore ni radio, ni télévis ion, ni internet — autrement que ibre.
C’est essentiellement sur ces deux iliers — éducation et médias — que reposait l’espoir qu dans la mesure où elle apprend précisément certaines des vertus que la démocratie présuppose de ses citoyens. Bertrand Russell soutenait pour sa part, un peu exce ssivement sans doute, que si les attitudes mentales et intellectuelles que la pensée critique étaient largement répandues, il serait susceptible de transformer complètement notre vie sociale et nos systèmes politiques.
Exagération? Boutade? Sans doute. Mais il est assez facile de deviner ce qui se produit lorsque ces attitudes entales et intellectuelles sont absentes: la figure idéale d’un cito yen informé, capable de juger et de prendre part à des discussions tend à céder la place, dans les f aits, à celle de sujets endoctrinés, ignorants de données cruciales concernant le monde dans lequel ils vivent et exclus du débat politique dont ils ne sont plus participants mais spectateurs.
Je pe nse que notre situation est, hélas, bien proche de cellelà. Et je pense qu’il n’est que trop facile de mo ntrer à quel point le projet de rendre inopérante la démocratie en rendant le citoyen ignorant d e faits qui le concernent et incapable ‘en juger a été récurrent dans l’histoire des démocraties: les médias, les firmes de relation publique, la publicité, Péducation ellemême et bien d’autres institu tians ont ainsi été très souvent envisagées dans cette perspective propagandiste.
Concluons. II est hautement désirable que, dans une démocratie, es citoyennes et citoyens soient informés des questions qui les concernent et qu’ils en jugent et e n discutent en s’efforçant de tirer des inférences valides de faits connus ou admis, bref, en faisant p reuve de rationalité et de pensée critique. C’est loin d’être toujours le cas co 0 3