Merleau Ponty Savant-Art

essay A+

Merleau-Ponty Un scientifique a une vision quantitative des choses, alors qu’un artiste a une approche qualitative. Du coup, l’un nous permet de prévoir, d’agir du le monde, et l’autre de lui donner du sens, d’y trouver notre place. Donc l’art et la science ne sont pas aussi éloignés que cela, dans le résultat et le point de départ, même si la démarche n’est pas la même, ni le but. Car la science vise la connaissance vraie, l’art la délectation.

L’art cultive, ce que la science cherche à détruire : la subjectivité de l’observateur ( objectivité et universalité) , la complexité du monde ( tout oumettre à des lois) univoques et rationn vérité mener à des termes ene au vrai, a une p g « Le travail de l’artiste, nous l’avons assez remarqué, ne le conduit jamais du concept à l’œuvre, et le plus beau dans ce qu’il fait est toujours ce qu’il n’a pas prévu et ce qu’il ne saurait nommer.

Mais c’est éminemment du peintre qu’il faut dire qu’il crée sans concept ; car le dessin, par exemple, permet encore que rartiste nomme ce qu’il dessine ; au lieu que dans la vision picturale il y a un continuel refus de savoir. Courbet peignait un tas de bois mort sous les arbres, par la seule apparence, et sans savoir ce que ‘était.

Peindre d’après le concept, c’est donner à l’objet non pas la couleur qu’il reçoit de l’heure et des reflets, to next page mais la couleur que l’on sait qu’il a, la couleur qu’il devrait avoir. Dessiner d’après le concept, c’est vouloir tracer la forme vraie, par exemple les cinq doigts de la main ou les deux yeux dans un profil. Un enfant qui n’avait jamais dessiné refusait de représenter le tableau noir par une figure aux angles inégaux. ‘est-à-dire tel qu’il le voyait ; car, disait-il, il savait bien que le tableau avait ses quatre angles égaux. Voilà ce que c’est peindre et dessiner ntelligemment, c’est-à-dire selon le concept. Mais celui qui dessine refuse ridée, et le peintre, encore plus énergiquement, s’exerce à voir sans penser, c’est-à-dire qu’il se défait de cette idée d’un être qui est là devant lui, qui a d’autres aspects, enfin d’un être tel qu’il est véritablement.

C’est qu’il cherche une autre vérité ; car il est vrai que, cet être, je le vois ainsi ; et cette vérité- là n’est pas abstraite comme l’autre ; elle n’est pas séparée de moi qui la connais ; elle est la vérité de ma propre position, et la vérité de l’heure ; donc, ensemble, la vérité du modèle, la vérité e l’univers, par les éclairs et les reflets, et la vérité du peintre.

Car, comme la forme apparente et la perspective n’appartiennent pas à l’objet, mais expriment un rapport entre l’objet et moi, la couleur non plus n’est pas inhérente à la chose ; elle dépend de la lumière éclairante, des milieux traversés, des couleurs voisines reflétées. » Alain , Vingt leçons sur les Beaux-arts Maurice Merleau-Ponty dans L’Oe 2 voisines reflétées. » Maurice Merleau-Ponty dans L’oeil et l’esprit: « le peintre « apporte » son corps, dit Valéry. On ne voit pas comment un Esprit pourrait peindre. ?? ci, le regard du corps, le rapport charnel au monde remplace clairement le rapport intellectuel au même monde, qui fait qu’on le manque dans sa présence, sa singularité et sa richesse. ‘art entend montrer aussi que tout est digne d’être représenté, ex : les vieux souliers à lacets de Van Gogh, analysés par Heidegger. « Comme exemple, prenons un produit connu : une paire de souliers de paysan (… ) Quy a-t-il à voir ? Chacun sait de quoi se compose un soulier. Sil ne s’agit pas de sabot ou de chaussures de filasse, il s’y trouve une semelle de cuir et une empeigne, ssemblées l’une à l’autre par des clous et de la couture.

Un tel produit sert à chausser le pied Ces précisions ne font que préciser ce que nous savons déjà. L’être-produit du produit réside en son utilité Tant que nous nous contenterons de nous représenter une paire de souliers « comme ça », « en général », tant que nous nous contenterons de regarder sur un tableau de simples souliers vides, qui sont là sans être utilisés – nous n’apprendrons jamais ce qu’est en vérité l’être-produit du produit Une paire de souliers de paysans, et rien de plus. Et pourtant… Dans l’obscure intimité du creux de la chaussure est Inscrite la fatigue des pas du labeur.

Dans la rude et solide pesanteur du 3 creux de la chaussure est inscrite la fatigue des pas du labeur. Dans la rude et solide pesanteur du soulier est affermie la lente et opiniâtre foulée à travers champs, le long des sillons toujours semblables, s’étendant au loin sous la bise. Le cuir est marqué par la terre grasse et humide. Par-dessous les semelles s’étend la solitude du chemin de campagne qui se perd dans le soir. A travers ces chaussures passe l’appel silencieux de la terre, son on tacite du grain mûrissant, son secret refus d’elle-même dans l’aride jachère du champ hivernal.

A travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sûreté du pain, la joie silencieuse de survivre de nouveau au besoin, l’angoisse de la naissance imminente, le frémissement sous la mort qui menace. Ce produit appartient à la terre, et il est à l’abri dans le monde de la paysanne Nous n’avons rien fait que de nous mettre en présence du tableau de Van Gogh. C’est lui qui a parlé. La proximité de Vœuvre nous a soudain transporté ailleurs que l? où nous avons coutume d’être. L’œuvre d’art nous fait savoir e qu’est en vérité la paire de souliers » « Dans la peinture de Van Gogh, la vérité advient.

Cela ne veut pas dire qu’un étant quelconque y est dépeint en toute exactitude, mais, que dans le devenir manifeste de l’être produit des souliers, fétant dans sa totalité, monde et terre en leur jeu réciproque, parviennent ? l’éclosion. » « La beauté est un mode d’éclosion de la vérité. » Martin Heidegger, Chemins qui mènen 4 » « La beauté est un mode d’éclosion de la vérité. Martin Heidegger, Chemins qui mènent nulle part. L’artiste est un « oculiste » comme le disait Proust. l’invisible est ce qu’on ne peut pas voir , car il échappe à la vision, bien qu’étant ce qui est sa condition. L’invisible, c’est donc aussi ce qui échappe radicalement à la vision, ce qui n’est pas d’ordre matériel, ce qui est méta-physique (au delà de la physique). Et donc l’ambition de l’artiste, ce serait de matérialiser, de rendre sensible ce qui est de l’ordre de l’intelligible, du concept, de l’idée. Paradoxalement, c’est lorsque l’art est abstrait qu’il est peut- être le plus réaliste car il ne reproduit plus des apparences mais matérialise des essences.

Si le geste créateur divin consiste comme le disait Platon ? « laisser surgi la nature l’objectif de Leonard de Vinci dans son Traité sur la peinture était de le retrouver, car il dit : « en art, il faut découvrir dans chaque objet la manière dont il se dirige dans son étendue, une certaine ligne fluctueuse qui est comme son axe générateur En effet, I ‘art doit retrouver la manière dont les choses apparaissent dans la Nature, s’offrent au regard. L’art doit laisser en quelque sorte la création se faire.

C’est ce que Michaux semble suggérer en disant à propos du peintre Klee : « il aisse rêver la ligne, la laisse se faire ligne, aller ligne L’art doit retrouver l’esprit créateur de la Nature, sa force formatrice et créatrice. L’art n’imite S Cart doit retrouver l’esprit créateur de la Nature, sa force formatrice et créatrice. L’art n’imite plus la nature naturée ( d’où possibilité d’abandonner l’art figuratif pour l’art abstrait) mais la Nature naturante, c’est-à-dire soit le Geste Créateur divin, soit la volonté originelle, ressence des choses.

Si Partiste imite encore quelque chose , c’est comme le disait Schelling « la force créatrice » ? l’esprit de la nature » ‘homme ordinaire ne voit que les apparences phénoménales, physiques, l’artiste lui serait capable d’imaginer ( libre jeu des facultés chez le Génie, producteur d’Idées esthétiques) ou de voir. A ce moment là, l’art n’est plus une simple imitation de l’apparence sensible des choses s’offrant à la sensibilité du spectateur mais l’expression sensible d’un contenu métaphysique, spirituel s’adressant à l’esprit de ce même spectateur.

L’artiste est « un voyant dira Merleau -Ponty dans L’œil et l’esprit Comme le disait Schopenhauer de la musique, l’art représente , onne à voir « ce qu’il y a de métaphysique dans le monde physique la chose en soi de chaque phénomène » Donc dans cette « conception spiritualiste l’art n’imite plus la nature telle qu’elle apparait mais telle qu’elle se constitue. L’art essaie de produire comme la nature produit en retrouvant ses lois internes. La beauté est dans la nature et l’art la retrouve en créant comme la nature crée .

Et comme le dira Bergson « c’est ? force d’idéalité qu’on reprend contact avec nature crée . Et comme le dira Bergson « c’est à force d’idéalité qu’on reprend contact avec la réalité » et il y dans la nature une ationalité, un esprit, une idée que l’art entend retrouver en l’observant, en la contemplant. [ Et imiter la nature, c’est retrouver ces lo•s génératives, cette rationalité de la nature. Et rœuvre d’art s’adresse dès lors plus à l’esprit qu’aux sens.

Et donc dans le jugement « c’est beau il y a comme le disait Bossuet , « un raisonnement caché que nous n « apercevons pas car il se fait fort vite Ily a une science de l’art qui est d’abord science de la nature. L’architecture, la peinture sont soumises à une nécessité géométrique. Cest ce qu’on retrouve par exemples avec la célèbre section dorée ou le ombre d’or, issue d’un théorème de Pythagore et reprise par Léonard de Vinci. Cette section définit le rapport harmonieux d’un tout avec ses parties.

Si on prend un droite AB et qu’on la coupe en un point C , il y aura une proportion harmonieuse si AC/CB=AB/ AC=I ,618….. Cette proportion se retrouve dans le corps humain (parfaitement proportionné 2), dont le nombril divise la hauteur totale suivant cette section dorée. Idem pour hauteur du visage/ distance entre arcade et menton, pour distance bas du nez au bas du menton/ distance commissure lèvres au bas du menton. Ce nombre 1,618 correspond de plus à la limite vers laquelle tend si on la met en fraction la série dite de Fibonacci : 1,1 13…. 1/2 8/13= l, fraction la série dite de Fibonacci : 13…. / 2 / 8/13= 1,618…. Or cette série permet de construire une spirale logarithmique à courbure constante, qui est exactement la forme de coquillages comme le nautile. La nature est donc déjà structurée sur le nombre d’or. De plus Zeysing démontre que cette section se retrouve dans récartement angulaire (angle de 137030′ 28″) des feuilles par rapport à la tige des plantes , étant ainsi au maxi exposées au soleil. L’harmonie , l’ordre de la nature est finalisé. A cette conception de l’art est donc liée une certaine conception de la beauté. La beauté n’est pas une affaire subjective.

Il y a des critères objectifs de Beauté et ces critères sont les lois naturelles de la création. Ily a dans les choses naturelles une belle harmonie, une perfection. Cette perfection vient du fait que la nature est régie par des lois mathématiques de proportion et autres, la nature est rationnelle. dée que mettra en scène Platon dans le Timée , où imaginant la création du monde par un démiurge « imposant un ordre u chaos initial », ce démiurge utilise pour créer les éléments premiers (eau, air, feu et terre) des solides réguliers (tétraèdre, octaèdre,… yant pour face un triangle équilatéral)) et l’univers entier est lui-même un dodécaèdre (proche d’une sphère) dont la surface est composée de 12 pentagones, construit à partir de triangles isocèles. ] Il. Art et utilité Comme nous l’avons dit l’art ne Vise pas l’utilit 8 Comme nous l’avons dit l’art ne vise pas l’utilité au sens de utilitaire la non-utilitarité de l’oeuvre d’art est un des éléments qui la définisse en l’opposant au produit de consommation ou ? ‘ouvrage d’art. L’art ne répond pas à un besoin vital.

Si l’artisanat, la technique répondent, eux, à des besoins physiologiques, pratiques dans le cadre du travail ; ils permettent à l’homme de s’adapter, de transformer le monde pour qu’il soit vivable, Part semble lui correspondre simplement à un désir , relever du loisir, du divertissement et ne viser que le plaisir. En ce sens , l’art est du superflu, un luxe donc inutilitaire. Cest en ce sens que Kant distinguait les arts libéraux des arts mercenaires, exercés comme un métier, un gagne pain.

Et ensuite dans les arts libéraux, ratiqués comme un jeu, un loisir, les arts mécaniques des arts esthétiques, avec, là, d’un côté les arts d’agréments et de l’autre, les beaux-arts. Mais l’utile se réduit-il pour l’homme à l’utilitaire? L’utile propre, c’est selon Spinoza, ce qui s’accorde avec notre nature en tant qu’homme et individu, ce qui procure par sa présence un sentiment de joie, de puissance agrandie par l’accord avec soi- même, par le fait de persévérer dans notre être. Or qu’est-ce que l’homme, sinon un être culturel, un être conscient, pensant, parlant et animé de désir ? 9