Memnon et la sagesse hurnaine
Or je ‘ai qu’ a voir à présent des mêmes yeux dont je la verrai alors, et assurément cette tête ne fera pas tourner la mienne. En second lieu je serai toujours sobre ; j’aurai beau être tenté par la bonne chère, par des vins délicieux, par la séduction de la société ; je n’aurai qu’ me représenter les suites des excès, une tête pesante, un estomac embarrassé, la perte de la raison, de la santé, et du temps, je ne mangerai alors que pour le besoin ; ma santé sera toujours égale, mes idées toujours pures et lumineuses.
Tout cela est si facile, qu’il n’ a aucun mérite à y parvenir. Ensuite, disait emmené, il faut penser un peu à ma fortune ; mes désirs sont modérés ; mon bien est si e toi vie nixe a e emmené et la sagesse humaine premier boy laboures I pique 12, 2009 9 pages swaps toi vie nixe page solidement placé sur le receveur-général des finances de minime ; j’ai de quoi vivre dans l’indépendance : c’est là le plus grand des biens. Je ne serai jamais dans la cruelle nécessité de faire ma cour : je n’envierai personne, et personne ne m’enviera.
Voilà qui est encore très aisé. J’ai des amis, continuait-il, je les conserverai, puisqu’ n’auront rien à me disputer. Je n’aurai jamais d’humeur avec eux, ni eux avec moi ; cela est sans difficulté. Ayant fait ainsi son petit plan de sagesse dans sa chambre, emmené mit la tête à la fenêtre. Il vit deux femmes qui se promenaient sous des platanes auprès de sa maison. L’une était vieille, et paraissait ne songer à rien ; l’autre était jeune, jolie, et semblait fort occupée. Elle soupirait, elle pleurait, et n’en avait que plus de grâces.
Notre sage fut touché, non pas de la beauté de la dame (il était bien sûr de ne pas sentir une telle faiblesse), mais de l’affliction où il la voyait. Il descendit, il aborda la jeune maintienne dans le dessein de la consoler avec sagesse. Cette belle personne lui contact, de l’air le plus naïf et le plus touchant, tout le mal que lui faisait un oncle qu’elle n’avait point ; avec quels artifices il lui avait enlevé un bien qu’elle n’avait jamais possédé, et tout ce qu’elle avait à craindre de sa violence.
Vous me paraissez un homme de si bon conseil, Vous me paraissez un homme de si bon conseil, lui dit-elle, que si vous aviez la condescendance de venir jusque chez moi, et d’examiner mes affaires, je suis sûre que vous me tireriez du cruel embarras où je suis. emmené n’hésita pas à la suivre, pour examiner sagement ses affaires, et pour lui donner un bon conseil. La dame affligée le mena dans une chambre parfumée, et le fit asseoir avec elle poliment sur un large sofa, où ils se tenaient tous deux les jambes croisées vis-à-vis l’un de l’autre.
La dame parla en baissant les yeux, dont il échappait quelquefois des larmes, et qui en se relevant rencontraient toujours les regards du sage emmené. Ses discours étaient pleins d’un attendrissement qui redoublait toutes les fois qu’ils se regardaient. emmené prenait ses affaires extrêmement à cour, et se sentait de moment en moment la plus grande envie d’obliger une personne si honnête et si malheureuse. Ils cessèrent insensiblement, dans la chaleur de la conversation, d’être vis-à-vis l’un de l’autre. Leurs jambes ne furent plus croisées.
emmené la conseilla de si près, et lui donna des avis si tendres, qu’ils ne pouvaient ni l’un ni l’autre parler d’affaires, et qu’ils ne savaient plus où ils en étaient. Comme ils en étaient là, arrive l’oncle, ainsi qu’on peut bien ils en étaient. Le penser : il était armé de la tête aux pieds ; et la première chose qu’il dit fut qu’il allait tuer, comme de raison, le sage emmené et sa nièce ; la dernière qui lui échappa fut qu’il pouvait pardonner pour beaucoup d’argent. emmené fut obligé de donner tout ce qu’il avait.
On était heureux dans ce temps-là d’en être quitte à si bon marché ; l’homérique n’était pas encore découverte, et les dames affligées n’étaient pas à beaucoup près si dangereuses qu’elles le sont aujourd’hui. emmené, honteux et désespéré, rentra chez lui : il y trouva un billet qui l’invitait à dîner avec quelques uns de ses intimes amis. Si je reste seul chez moi, dit-il, j’aurai l’esprit occupé de ma triste aventure, je ne mangerai point ; je imbiberai malade ; il vaut mieux aller faire avec mes amis intimes un repas frugal.
J’oublierai, dans la douceur de leur société, la sot?se que j’ai faite ce matin. Il va au rendez- vous ; on le trouve un peu chagrin. On le fait boire pour dissiper sa tristesse. Un peu de vin pris modérément est un remède pour l’âme et pour le corps. Ces ainsi que pense le sage emmené ; et il s’enivre. On lui propose de jouer après le repas. Un jeu réglé avec des amis est un passe- temps honnête. Il joue ; on lui gagne tout ce qu’il a dans sa bourse, et quatre des amis est un passe-temps honnête. AI joue ; on lui gagne tout ce qu’il a dans sa bourse, et quatre fois autant sur sa parole.
Une dispute s’élève sur le jeu, on s’échauffe : l’un de ses amis intimes lui jette à la tête un cornet, et lui crève un Oiil. On rapporte chez lui le sage emmené ivre, sans argent, et ayant un Oiil de moins. Il cuve un peu son vin ; et dès qu’il a la tête plus libre, il envoie son valet chercher de l’argent chez le receveur- général des finances de minime pour payer ses intimes amis : on lui dit que son débiteur a fait le matin une banqueroute frauduleuse qui met en alarme cent familles. emmené, outré va à la cour avec un emplâtre sur l’Oiil et un placet à la main pour demander justice au roi contre le banqueroute.
Il rencontre dans un salon plusieurs dames qui portaient toutes d’un air aisé des cerceaux de vingt- quatre pieds de circonférence. L’une d’elles, qui le connaissait un peu, dit en le regardant de côté : Ah, l’horreur ! Une autre, qui le connaissait davantage, lui dit : Bonsoir, monsieur emmené ; mais vraiment, monsieur emmené, je suis fort aise de vous voir ; à propos, monsieur emmené, pourquoi avez-vous perdu un Oiil ? Et elle passa sans attendre sa réponse. emmené se cacha dans un coin, et attendit le moment où il put se jeter aux pieds du monarque. Ce moment arriva.
Il baissa trois fois la t le moment où il put se jeter aux pieds du monarque. Ce moment arriva. Il baissa trois fois la terre, et présenta son placet. Sa gracieuse majesté e reçut très favorablement, et donna le mémoire à un de ses satrapes pour lui en rendre compte. Le satrape tire emmené à part, et lui dit d’un air de hauteur, en récriant amèrement : Je vous trouve un plaisant borgne, de vous adresser au roi plutôt qu’ moi, et encore plus plaisant d’oser demander justice contre un honnête banqueroute que j’honore de ma protection, et qui est le neveu d’une femme de chambre de ma maîtresse.
Abandonnez cette affaire-là, mon ami, si vous voulez conserver l’Oiil qui vous reste. emmené, ayant ainsi renoncé le matin aux femmes, aux excès de table, au jeu, à toute querelle, et surtout à la cour, avait été avant la nuit trompé et volé par une belle dame, s’était enivré, avait joué, avait eu une querelle, s’était fait crever un Oiil, et avait été à la cour, où l’on s’était moqué de lui. Pétrifié d’étonnement et navré de douleur, il s’en retourne la mort dans le cour.
Il veut rentrer chez lui ; il y trouve des huissiers qui déambulaient sa maison de la part de ses créanciers. AI reste presque évanoui sous un platane ; il y rencontre la belle dame du matin, qui se promenait avec son cher oncle, et qui éclata de rire en voyant emmené avec son emplâtre. La nuit vin promenait avec son cher oncle, et qui éclata de rire en voyant emmené avec son emplâtre. La nuit vint ; emmené se coucha sur de la paille auprès des murs de sa maison.
La fièvre le saisit ; il s’endormit dans l’accès, et un esprit céleste lui apparut en songe. AI était tout resplendissant de lumière. AI avait six belles ailes, mais ni pieds, ni tête, ni queue, et ne ressemblait rien. Qui es-tu ? Lui dit emmené. Ton bon génie, lui répondit l’autre. Rends-moi donc mon Oiil, ma santé, ma maison, mon bien, ma sagesse, lui dit emmené. Ensuite il lui contact comment il avait perdu tout cela en un jour. Voilà des aventures qui ne nous arrivent jamais dans le monde que nous habitons, dit l’esprit.
Et quel monde habitez-vous ? Dit l’homme affligé. Ma patrie, répondit-il, est à cinq cents millions de lieues du soleil, dans une petite étoile auprès de sursis, que tu vois d’ici. Le beau pays ! Dit emmené : quoi ! Vous n’avez point chez vous de coquines qui trompent un pauvre homme, point d’amis intimes qui lui gagnent son argent et qui lui crèvent un Oiil, point de banqueroutes, point de satrapes qui se moquent de vous en vous refusant juste?ce ? Non, dit l’habitant de l’étoile, rien de tout cela.
Nous ne sommes jamais trompés par les femmes, parquée nous n’en avons point ; nous ne faisons point d’excès de table, parquée nous ne mangeons op d’excès de table, parquée nous ne mangeons point ; nous n’avons point de banqueroutes, particulier n’ a chez nous i or ni argent ; on ne peut nous crever les yeux, parquée nous n’avons point de corps à la façon des vôtres ; et les satrapes ne nous font jamais d’injustice, parce que dans notre petite étoile tout le monde est égal.
emmené lui dit alors : Monseigneur, sans femme et sans dîner, à quoi passez-vous votre temps ? A veiller, dit le génie, sur les autres globes qui nous sont confiés : et je viens pour te consoler. Hélas ! Reprit emmené, que ne veniez-vous la nuit passée pour m’empêcher de faire tant de folies ? J’étais auprès d’Asan, ton frère aîné, dit l’être céleste. Il est plus à plaindre que toi.