Les choix de localisation des entreprises
es questions liées à la délocalisation et à la désindustrialisation font la une des journaux et posent des problèmes difficiles aux gouvernements. Comment maintenir l’attractivité des territoires des pays européens à haut niveau de vie, alors que la Chine ou les nouveaux membres de l’Union européenne offrent aux firmes des localisations à coûts nettement plus bas ?
En même temps, compte tenu de la faiblesse des coûts de transaction au niveau mondial et de la mobilité internationale des firmes, du travail qualifié et de la technologie, le fait qu’il reste es usines en France serait difficile à expliquer si les firmes ne choisissaient leur Ioc es écarts de coûts. Pourquoi les fi es éa raient-elles 80 % de Swip ta page leurs investissement salariaux élevés ? Po 1 % des localisations s des pays à coûts ente-t-elle que 2 % des ventes et 3 % des personnels de leurs filiales à l’étranger ? Et les pays de l’Est respectivement 4 gt, 7 % et 16 % ?
Les coûts du travail ne sont évidemment pas les seuls déterminants des choix entre les différentes localisations possibles des firmes à l’étranger. Ce chapitre examine quels sont ces t résume les principales c Swile to Wew next page conclusions des travaux empiriques les plus récents qui cherchent à en mesurer l’impact ; enfin, il déduit de ces analyses quelques pistes pour l’Europe Les mécanismes de la concurrence spatiale Une firme multinationale localise ses unités de production l? où elle espère qu’elles seront les plus profitables.
Quels sont alors les déterminants de son choix de localisation ? un premier ensemble de déterminants concerne les variables influençant les coûts de production. Le coût du travail est bien ntendu central ici, mais beaucoup d’autres éléments entrent dans la formation des coûts de production ; de plus les politiques publiques (fiscalité, subventions… ), régionales en particulier, peuvent intervenir sur ces coûts.
Pour l’analyse, la difficulté n’est pas dans la façon dont ces déterminants influencent la décision de localisation ; elle se révèle lors des travaux empiriques, quand il s’agit de prendre en compte la variété des coûts (voir l’encadré). Les autres déterminants inten,’iennent de façon plus complexe. Le deuxième est la taille de la demande à laquelle la filiale peut ccéder selon sa localisation. Notons que le niveau et la structure des coûts de transaction sont ici totalement centraux.
Dans une économie parfaitement intégrée, les coûts de transaction sont nuls et la localisation d’une entreprise n’a pas d’effet sur la demande qui lui 2 transaction sont demande qui lui est adressée : la distance, les frontières, et plus généralement l’espace dans lequel opère la firme, n’ont aucun impact sur ses échanges marchands. À l’opposé, si les coûts de transaction sont très élevés, la firme doit choisir entre des « îlots e demande quasi autarciques ; dès lors, seule la demande locale intervient dans le choix de localisation.
Naturellement, la réalité se situe entre ces deux extrêmes, et le choix entre plusieurs localisations prend en compte le potentiel de marché offert par chacune. Cette notion a été analysée par les géographes [Harris, 19541 et récemment redécouverte et formalisée par les spécialistes d’économie géographique [Hanson, 2005 ; Fujita et al. , 1999]. Dans le modèle d’Harris, le potentiel de marché tient compte de la distance géographique : pour une localisation donnée, il st égal à la somme des revenus des différentes régions pondé- rés par l’inverse de leur distance à cette localisation.
Cette définition est toutefois insuffisante sur deux points : elle ne tient pas compte des autres barrières aux échanges (droits de douane, différences de langues, déficit d’information sur les marchés étrangers, etc. ) ; elle ne tient pas compte non plus du fait que l’impact de la distance varie selon les industries. pour mes 3 pas compte non plus du fait que l’impact de la distance varie selon les industries. pour mesurer le potentiel de marché, les travaux empiriques retiennent oncdes estimations plus élaborées des barrières aux échanges et utilisent des données de branches.
Une autre limite de la notion de potentiel de marché est plus délicate. II y a de bonnes raisons en effet pour que les firmes ne se précipitent pas toutes sur un marché important. Imaginons qu’un nouveau produit très demandé par les consommateurs ne soit pas fabriqué en France. S’il existe des coûts de transport non négligeables en provenance des unités de production ? l’étranger, la taille du marché français va attirer les entreprises dans cette industrie.
Mais, au fur et à mesure que les firmes entrent sur le marché et développent leur production 1) les prix des facteurs utilisés abondamment dans cette industrie augmentent 2) les nouveaux entrants en France, et dans les localisations avoisinantes, renforcent la concurrence. Au total, la localisation fran- çaise devient moins attractive : le potentiel de marché est une fonction décroissante du nombre de concurrents sur le marché. Ce raisonnement nous amène au troisième grand déterminant de la localisation : l’intensité de la concurrence. Ici encore, les 4