Lecture analytique La ballade des pendus

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La ballade des pendus, François Villon L’auteur : François Villon (XVesiècle), de nom François de Montcorbier naît en 1431 à Paris et meurt en 1463 en France. Il était le poète le plus connu de la fin du Moyen-Âge. Il mène une vie de débauche puis devient prêtre et s’enfuit, contraint à s’exiler, mais c’est pour cela qu’on ne connait pas exactement sa date, ni son lieu de mort. Œuvres principales : Le lals, Le testament, La ballade des pendus.

Date de parution : vers 1460, fin du Mayen-Âge. 1) Mise en contexte Mouvement littéraire appartienne le texte. poème est écrit à la f mouvement mystiqu org s pend éraire auquel ans l’esprit et le époque, mais aussi de sa propre vie : les condamnations à mort, les meurtres, la vie dissolue de François Villon. La biographie de l’auteur compte donc pour comprendre la portée de ce texte.

Contexte historique : le Moyen-Âge est une période où la mort est très présente dans la littérature (par ex : Les vers de la mort, d’Héliand de Froimont) ou dans l’art (par ex : les danses macabres, les gisants) ; mais la mort est également présente dans la vie quotidienne : dans les cimetières au centre des villages, dans la rellgions, dans la violence des mœurs (guerre, rigandage, peine de mort) et les épidémies et maladies qui rendent le spectacle de la mort familier et fascinant. Cette poésie est considérée comme le testament du poète car il s’attend à être pendu. ) Le texte Cest un poème à forme fixe, et l’on reconnaît la forme de la ballade. Ce sont les pendus qui parlent et qui demandent aux vivants de prier pour eux et de ne pas suivre leur exemple. Le texte est à la fois lyrique car il parle de la mort de la mort, mais également pathétique de part la condition de l’auteur et des pendus qui rappellent la condition de l’homme. II a également une visée didactique ou rgumentative car il souhaite exposer au lecteur ce qu’est la mort, et les pousse à suivre une vie exemplaire. On retrouve les thèmes de la mort, de la justice, de l’espérance et de la religion.

Le texte est à la fois réaliste mais il s’interroge également sur la conduite humaine puisqu’il réfléchit sur le sens de la vie, de la mort et de la justice. 3) Outils de lecture La versification . le texte est composé de 4 strophes de 10 vers de 10 syllabes (poème dit de forme carrée). Chaque strophe se termine par le même vers : « Mais priez Dieu que tous nous veulent absoudre ! b. La dernière strophe est de 5 vers eulement, elle donne le nom des personnes ? qui le poème est dédicacé, elle comporte deux apostrophes : « Prince Jésus » (v. 1 ) et « Hommes » (v. 35), ce sont les personnes à qui sont destinées le poème. Cette disposition est typique de la ballade, genre de poème très utilisé au XVe siècle par les aute Cette disposition est typique de la ballade, genre de poème très utilisé au XVe siècle par les auteurs lyriques (Christine de Pisan, Charles d’Orléans). Cela donne une dimension personnelle au texte. L’énonciation : ce sont les squelettes des pendus sur le gibet qui parlent : « vous nous voyez ci ttachés, cinq, six » (v. 5) ; « et nous les os devenus cendre et poudre » (v. 8).

Ils s’adressent à trois interlocuteurs identifiables : aux gens qui viennent regarder le spectacle des pendus : « frères humains qui après nous vivez » (v. 1), au Christ : « Prince Jésus » (v. 31) et à l’ensemble de l’humanité : « Hommes » (v. 34). La stratégie d’argumentation : on trouve la thèse de l’œuvre : il faut avoir pitié des pendus car leur vie est horrible et il faut les aider à s’échapper de l’enfer. Il explique qu’on peut venir en aide grâce à la prière et au pardon aux pendus qui sont des criminels, ais aussi des humains qui ont une âme à sauver. Il utilise des arguments pour appuyer cette thèse : les pendus ont été des humains avant de devenir des objets de moqueries : « frères humains » (v. 1) ; « quand de la chair que trop avons nourrie » (v. 8) Les pendus reconnaissent leur crime : « bien que fûmes occis / Par justice » (v. 12-13) et qu’ils ont été victime de leur manque de bon sens et de jugement : « Toutefols, vous savez / Que tous les hommes n’ont pas bon sens rassis. » (v. 13-14). – Il faut donc que les humains, ainsi que Dieu aien hommes n’ont pas bon sens rassis. ? (v. 3-14). – Il faut donc que les humains, ainsi que Dieu aient pitié d’eux : « Car, si pitié de nous pauvres avez, / Dieu en aura plus tôt de vous mercis. » (v. 3-4). – Il faut également respecter les morts : « De notre mal ne s’en rie » (v. 9), « Nous sommes morts, âme ne nous harie » (V. 1 9) ; « ici n’a point de moquerie » (v. 34), il ne faut donc pas se moquer des morts ou les mépriser : « Avoir dédain » (v. 12) même si leur situation est grotesque. – Ils ont peur du châtiment éternel : « Nous préservant de l’éternelle foudre. » (v. 2) ; « Garde u’Enfer n’ait de nous seigneurie / A lui n’ayons que faire ne que soudre. » (v-32-33). – Ils présentent également des exemples de de corps pendus et maltraités par les éléments et les animaux : « corbeaux nous ont les yeux cavés » (v. 23) ; « le vent / sans cesser nous charrie » (v. 26-27). On voit que la logique et la composition du texte sont très précises : il utilise des mots de liaison qui suggèrent l’idée d’un circuit argumentatif et on remarque que les articulations logiques explicites sont essentiellement des oppositions entre les faits et la demande : « N’ayez les cœurs contre nous ndurcis » (v. ), ils demandent à ce qu’on déplore leur sens alors qu’ils ont été pendus parce qu’ils ont mal agit. On remarque également l’alternance entre le concret et l’abstrait, entre le rire et la pitié, entre le vivant et le mort, entre l’avant et l’après, e PAGF l’abstrait, entre le rire et la pitié, entre le vivant et le mort, entre l’avant et l’après, entre le bien et le mal : « car, quant à la chair, se, quoique, toutefois, mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Le mode de fonctionnement du texte est binaire, voire manichéen (séparation sans nuance du bien et du mal). Il utilise des figures de style pour frapper l’imaginaire et persuader. la prosopopée consiste à faire parler un mort, un animal ou une chose personnifiée. En rhétorique, elle permet de présenter les pensées de l’auteur d’une façon vivante, allégorique et pittoresque. Il fait ici parler les pendus afin de persuader les vivants de changer de vie et d’intercéder auprès de Dieu pour qu’Il leur pardonne.

C’est à cela que sert le refrain qui crée un Olthme et fait ressembler le texte à une prière en délivrant le message essentiel : « mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ». ypotypose consiste à décrire une scène dans une description ou un court réclt de manière frappante et qui fait croire au lecteur qu’il la vit, afin d’en faire ressortir l’aspect pittoresque et dramatique et d’impressionner le lecteur. La description est faite par les pendus qu racontent leur vie et leurs misères, et elle est introduite par le verbe voir : « Vous nous voyez ci attachés, cinq, six » (v. ). On voit que l’on passe d’une vision globale du corps à une vision en détails des corps décomposés : « débués et lavés » (v. d’une vision globale du corps à une 1) ; « desséchés et noircis » (v. 22) ; « nous ont les yeux cavés » (v. 23) ; « arraché la barbe et les sourcils » (v. 24). Ils nous offrent ainsi une vision terrifiante des pendus. Ils nous offrent ensuite une description de la misère des pendus : on voit d’abord la tête des pendus, puis leur corps secoué par le vent.

On remarque leur passivité et leur état pitoyable d’être réduits à l’état de pantins secoués par la nature et livrés à l’abandon (participe passé passif). – Les comparaisons réalistes et Imagées qui contrastent avec le ton sérieux et la tonalité eligieuse du texte : « plus béquetés d’oiseaux que dés à coudre » (V. 28). La subjectivité dans la modestie des pendus pour faire appel ? la pitié et faire une description qui montre l’état pitoyable : « nous pauvres » (v. 3) ; « trop avons nourrie » (v. 6). – Il utilise les registres lyrique et pathétique. Il veut imposer un point de vue avec des formes d’impératif et d’injonction : « N’ayez les cœUrs contre nous endurcis » (v. 2) ; « De notre mal personne ne s’en rie » (vs) ; « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre » (v. 10, 20, 20, 35) ; « pas n’en devez / Avoir édain » (V. 1 1-12) ; « Excusez-nous, puisque nous sommes transis » (V. 1 5) ; « Que sa grâce ne soit pour nous tarie » (v. 17) ; « âme ne nous harle » (v. 19) ; « Ne soyez donc de notre confrérie » (v. 29). nous tarie » (v. 17); « âme ne nous harie » (v. 9) ; « Ne soyez donc de notre – On retrouve les champs lexicaux de la mort, de l’humanité, de la pitié, de la piété, de la morale et la justice, des sensations, de la description des corps, du pouvoir et de la moquerie. les valeurs du texte : le texte appartient à une époque profondément religieuse, et, de plus, Villon réquente assidûment le clergé et a grandi dans un milieu où la théologie (étude de la religion) est importante. Vouloir accéder au Paradis est une préoccupation légltlme, normale et comprise par les lecteurs de l’époque.

Ainsi, vouloir assurer pour le condamné ? mort la tranquillité de son existence après la mort, choisir une bonne façon de vivre et se convertir au bien et à la vertu, ne pas s’engager dans la voie du vice constitue un discours didactique et moral parfaitement compréhensible par les contemporains. Villon utilise des arguments propres à susciter la crainte du châtiment divin et la rainte de l’Enfer. Ainsi, la dimension métaphysique (réflexion sur la nature humaine) de la ballade et le ton moralisateur s’expliquent : mourir n’est rien, mais c’est la vie après la mort et la façon de mourir qui comptent.

L’aspect comique est moins évident : le rire est souvent cité par le discours des morts mais la situation comique est difficilement percevable. Il faut donc se remettre dans le contexte : les pendus sont moqués par les vivants c percevable. Il faut donc se remettre dans le contexte : les pendus sont moqués par les vivants car ils sont dans le malheur. On voit donc que le rire est sadique t mauvais, il pointe la tragédie et le côté ridicule de ces hommes grands seigneurs de leur vivant et qui ont sur le gibet une fin pathétique et dérisoire.

On peut donc imaginer les petites gens mimant et moquant les pendus. On retrouve également la charité et la rédemption ainsi que le rachat des fautes commises par les pendus. On entre ainsi dans l’aspect divin du salut de l’homme avec le concept de rédemption qui renvoie à l’achat de la liberté par les esclaves ou à l’homme sauvé (le « Salut y) parce que Dieu rachète ses fautes. 3) Bilan On peut donc dire que ce texte est une plainte (action de se laindre) / une complainte (chanson populaire dont le thème est tragique).

Cest également une poésie métaphysique (réflexion sur la nature humaine) qui allie le détail pittoresque (description des pendus) et l’universalité (appel ? l’humanité entière sous le pouvoir de Dieu) de la sympathie demandée par les morts. Ils veulent sauver leur âme et obtenir le Salut. Cette poésie propose donc un discours didactique qui fait la leçon sur le sens de la vie et de la mort, elle propose de partager des valeurs communes et de les enseigner à tous, ce que les gens du Moyen-Âge apprécient.