LE PHOTOMONTAGE : ENTRE ART ET POLITIQUE

essay B

Les pionniers du photomontage Un des premiers à pratiquer le photomontage en Russie st l’artiste Alexandre Mikhaïlovitch Rodtchenko (en russe AneKcaHAP MVlxaÏnogl,1q PogqeHK0). En Allemagne, c’est l’artiste dadaïste John Heartfield qui va être Rodtchenko 1891 – 1956 Après avoir étudié à l’école des beaux-arts de Kasan (Odessa) entre 1910 et 1914, Alexandre Rodtchenko commence l’école des arts appliqués à Moscou mais préfère interrompre ses études pour mettre en vente ses différents talents sur le marché du travail.

Tout d’abord, il s’inspire du futurisme italien avant de créer sa propre filiation, un art abstrait avec comme accessoires une règle et un compas. Il développe par la suite, dans les années 1915-1916, un art constructiviste que l’on peut voir dans l’aménagement du Café pittoresque en 1917. C’est une petite révolution dans l’air, mais une autre va venir assombrir le ciel de la Russie, tout d’abord en février puis en octobre.

Alexandre Rotchenko délaisse l’art pour l’art un temps pour se consacrer l’art politique. Il décide ensuite d’animer la Fédération de gauche du syndicat des peintres et offre son talent à la revue LEF qui lui laisse la charge de ses couvertures. Une fois passée la tempête, Rodtchenko organise la section des arts décoratifs à l’IZO puis n 191 8, il rencontre Kandisky avec qui il se met en collaboration pour créer le musée de la Culture artistique de Moscou – inauguré en 1925.

Il continue d’exposer activement mais en 1923, il déclare la peinture sur chevalet obsolète et se tourne vers la technologie, et plus particulièrement la photographie. Il passe le reste de sa vie à développer avec Lissitsky le photomontage, dont le précurseur était Heartfield. Biographie John Heartfield 1891 – 1968 « Utilisez la photographie comme une arme ! » Peintre avant de devenir photographe, John Heartfield rencontre George Grosz qui l’introduit 20F 12 George Grosz qui l’introduit dans le mouvement dadaïste en 1918.

En 1 920, ils mettent tous les deux en place des photomontages, qui deviendront finalement l’activité principale d’HeartfieId. Elle consiste à faire des collages entre plusieurs photos afin de créer un sentiment, une émotion encore plus vive qu’avec une photo ordinaire. Désormais membre du Parti communiste allemand, le photographe crée leurs affiches pour contrer la montée du nazisme. En 1930, il collabore avec le journal ouvrier Arbeiter Illustrierte Zeitung et conçoit leur couverture.

Louis Aragon, en les voyant, dira de Heartfield qu’il st le ‘prototype et le modèle de l’artiste antifasciste’. Mais lorsque Adolf Hitler monte au pouvoir en 1 933, John doit fuir vers la Pologne puis en Angleterre lors du début de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1949. Il ne retourne en Allemagne, et plus particulièrement en RDA et à Berlin-Est, qu’en 1950 et devient décorateur pour le Théâtre Berliner Ensemble et pour le Deutsches Theater jusqu’à sa mort. Ill. Les trois principales manières d’utiliser le photomontage 1.

Le photomontage est souvent utilisé dans un but politique, soit pour contester, soit au contraire pour faire de la propagande. John Heartfield par exemple, s’est servi du photomontage pour dénoncer la politique menée par Hitler et le régime nazi. Certains gouvernements comme le gouvernement de l’ex union soviétique ont eu recours au photomontage comme moyen de propagande afin de propager la doctrine communiste. « VOIR ARTICLE PLUS BAS: « Entre art et politique : le photomontage 30F 12 doctrine communiste. ARTICLE PLUS BAS’. Entre art et politique : le photomontage » 2. Le photomontage est aussi utilisé dans un but artistique quand il se propose de transformer le réel de manière poétique ou humoristique. Les artiste dadaÉtes* et surréalistes* l’ont souvent utilisé de cette manière. Par exemple ce célèbre photomontage de Max Ernst Le Rossignol Chinois qui date de 1920. Le Rossignol chinois est un photomontage de Max Ernst réalisé en 1920. Son titre s’inspire du conte Le Rossignol et l’Empereur de Chine de Hans Christian Andersen[réf. nécessaire].

C’est une œuvre surréaliste, représentant en arrière-plan une bombe intacte dans un champ de paille et d’herbe. Le Rossignol est formé par une torpille, un éventail, deux bras humains. Ce photomontage dénonce la guerre et ridiculise les bombes qui taient considérées comme puissantes et performantes. Le surréalisme est lié aux effets de ruptures et aux choses inattendues. Le Rossignol chinois mêle le conscient et l’Inconscient. e poète Jacques Prévert a lui aussi fait des photomontages (on les appelle collages mais ce sont plutôt des photomontages). * VOIR ANNEXE IMAGES *Le Dadaïsme : le mouvement dadaïste (ou tout simplement dada) est un mouvement culturel né en 191 6 qui se traduisit par un rejet des formes d’expressions traditionnelles et le refus des conventions. *Le Surréalisme : issu d’une rupture avec le mouvement adaiSte en 1922, Le mouvement surréaliste est un mouvement artistique et littéraire apparu ‘uste a rès le Dadaïsme. Les artistes surréalistes sont en révolt e bourgeois, ils veulent 4 2 artistes surréalistes sont en révolte contre Fordre bourgeois, ils veulent libérer la création de toute contrainte et de toute logique.

Ils accordent une grande importance aux rêves et à l’inconscient. 3. De nos jours, le photomontage est souvent employé dans un but publicitaire comme dans les publicités ci-dessous. [Diaporama] [View With PicLens] IV. Conclusion En conclusion, on peut dire que le pouvoir des photomontages éside dans l’effet de surprise qu’ils suscitent. Poétiques, humoristiques, irréels, ils imposent un nouvel ordre visuel par les rapports inattendus qu’ils créent entre les différents éléments dans l’image.

Par exemple le rapport de grandeur dans la première image ci-dessus. Mais, la réussite d’un collage demande la maîtrise des différents constituants de l’image, au même titre qu’un tableau ou qu’une photographie. En effet, comme le disait Max Ernst : « Si ce sont les plumes qui font le plumage, ce n’est pas la colle qui fait le collage », ce qui signifie qu’il ne suffit pas d’assembler quelques léments pour réussir un colla e mais qu’il faut bien choisir les éléments photoeraphique t mettre et réfléchir à la s 2 13/1 112006 – http://evene. efigaro. fr/arts/actualite/photomontage -heartfield-sovietique-retz-mois-photo-553. php Dans le cadre du Mois de la photo, deux galeries parisiennes proposent des travaux sur le photomontage : la très riche et inédite exposition sur l’école soviétique au Passage de Retz (jusqu’au 14 janvier), et l’exposition de la galerie 1900-2000, modeste mais consacrée à un personnage ô combien important : John Heartfield (jusqu’au 9 décembre). Non, le photomontage n’a pas attendu le règne des ordinateurs, des logiciels de montage et des « copier-coller ».

Au contraire : alors qu’aujourd’hui quand on pense trucage photo on pense difficulté technologique, auparavant, cette opération ne nécessitait que quelques outils, ciseaux et colle, comme les orignaux dévoilés par le Passage de Retz le révèlent. En se penchant sur ces travaux, il n’est pas rare d’y trouver un découpage approximatif voire franchement bâclé, parfois carrément rattrapé au stylo. Le photomontage, tant au niveau de l’imaginaire que de la pratique, était synonyme de liberté.

Techniquement, il était possible de faire se côtoyer un train, une tête de chien géante et un magasin de chaussures. Le rêve. Voir la critique de l’exposition Photomontages soviétiques’ Au confluent du XXe siècle Utilisé ponctuellement au cours du XIXe siècle, le photomontage voit naitre une vraie réflexion autour de sa spécificité au sortir de la Première Guerre mondiale, lorsque les dadaiStes berlinois se penchent sur ce moyen d’expression original. Assemblage de fragments divers, le photomontage est lui-même un agrégat de la pensée artistique du début du XXe siècle. 2 hotomontage est lui-même un agrégat de la pensée artistique du début du XXe siècle. La défragmentation qui le caractérise naît dans la manie du morcellement cubiste (chez Max Ernst par exemple), et elle touche aussi bien des dadaiStes (comme Grosz, grand ami de Heartfield) que les surréalistes, les constructivistes, le Bauhaus ou les futuristes italiens. Vérité, reproductibilité, subjectivité ou objectivité… Par les thèmes qu’il aborde, ce nouveau procédé englobe déjà les dialectiques majeures de l’art contemporain.

Le photomontage est le fruit de deux étapes distinctes et immuables. D’abord, il faut sélectionner et découper des fragments d’images photographiques, le plus souvent en fouinant dans les journaux. Ensuite, il faut assembler, recomposer, harmoniser. Recréer. De par leur nature photographique, les composants du photomontage s’inscrivent d’office dans une vérité, puisque la photographie est, par définition, une retranscription pure et simple de la réalité visible.

Découpée, fragmentée, cette vérité devient partielle, amputée. Replacés dans un nouvel ordre, ces morceaux forment un nouveau tout, une nouvelle vérité soumise à la subjectivité de l’artiste. Avec e photomontage, la photographie coupe la relation mimétique qu’elle entretenait jusqu’alors avec la réalité : elle ne se contente plus de reproduire, désormais, elle donne sens. Chez le Russe Alexandre Rodtchenko, la perte d’horizontalité est la parfaite illustration de ce nouveau rapport à l’image.

La profondeur de champ n’existe plus, le champ est redéfini, et l’incessante alternance des plongées et des contre-plongées invite le spectateur à envisager une 2 invite le spectateur à envisager une nouvelle approche de cette réalité. Rodtchenko, à partir de lignes nouvelles et d’angles de vue rès variés au sein d’une même image, structure une nouvelle réalité, un espace original intrinsèque à son oeuvre (cf. ci-dessus, une de ses illustrations pour un poème).

Son compatriote Eliezer Lissitsky insiste également sur les contrastes, joignant aux oppositions visuelles des oppositions sémantiques. L’autoportrait ‘Le Constructeur’ (ci-contre) superpose, par un habile procédé de surimpression, l’oeil et la main, symboles de deux concepts antinomiques : la contemplation et l’action. Sur une seule oeuvre peuvent désormais être introduites les notions de mouvement, espace et de temps. Voir la critique de l’exposition ]ohn Heartfield L’art de la communication e développement du photomontage est indissociable de la presse illustrée.

Elle est la principale source d’image des artistes qui feuillettent et dépècent méthodiquement leurs périodiques. Elle est également le principal support de publication de ces oeuvres : non seulement les journaux vont rapidement voir dans ce nouveau procédé un excellent moyen de proposer aux lecteurs des unes attirantes à l’esthétique moderne, mais aussi, dans certains cas, provocantes : le parcours de John Heartfield ar exemple, est lié au journal ouvrier Arbeiter Illustrierte Zeitung (AIZ).

Cette proximité entre la presse et le photomontage va favoriser l’émergence de la tendance militante de cet art. Pouvait-il en être autrement ? Le photomontage possède toutes les caractéristiques de l’outil B2 art. Pouvait-il en être autrement ? Le photomontage possède toutes les caractéristiques de l’outil de communication idéal. D’abord, il bénéficie du vérisme du support photographique qui floute les limites de la subjectivité et de l’objectivité. La photo, dans l’imaginaire collectif, c’est la réalité.

Donc un ensemble de photos, c’est un ensemble de vérités. Les avant-gardistes russes appelaient d’ailleurs le photomontage « factographie », l’écriture des faits. Ensuite, le gros atout du photomontage, c’est évidemment son potentiel illimité : quel autre support permet de combiner aussi bien slogans, photographies, dessins, plans, chiffres, couleurs clinquantes, logos, symboles et tête d’animaux ? Le tout dans un format et une qualité graphique idéale pour une diffusion de masse, par la presse, les tracts ou les affiches ?

Dernier avantage, et non des moindres : la portée pédagogique t universelle du procédé. Lorsque l’on fait de la communication il faut toucher les gens. Pas seulement les lettrés, pas seulement les lecteurs, pas seulement ceux qui pensent comme nous : il faut aussi capter le regard du passant qui aperçoit une couverture, provoquer l’indécis, interpeller l’ignorant. Le photomontage permet, pour la première fois, de s’adresser directement à la masse encore majoritaire des illettrés. ne photo de Lénine, des slogans courts et simples qui sortent de sa bouche, du rouge, une étoile, et tout le monde comprend. Même les illettrés. Même les enfants. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le communisme voit son destin lié de si près à celui du photomontage : voilà une idéologie qui s’adresse au prolétariat, aux couch près à celui du photomontage : voilà une idéologie qui s’adresse au prolétariat, aux couches les plus basses de l’échelle sociale.

Du concret, du compréhensible, en filiation directe avec icônes religieuses, voire en remplacement de cette imagerie religieuse, voilà ce qu’apporte le photomontage. L’élitisme du constructivisme est rejeté au profit du productivisme. Lénine, qui voulait, dès la révolution de 1917, que chaque soldat ait n appareil photo, avait compris le pouvoir de l’image. John Heartfield, communiste allemand et farouche opposant du Führer, en avait lui aussi conscience, et ses unes violentes, portées par un humour implacable, s’adressaient aux lecteurs instruits comme aux ouvriers.

Marqué par le dessin d’humour d’Hogarth autant que par les caricatures de son idole Daumier, ses oeuvres s’organisent comme d’authentiques travaux de communications (visages terrifiants, caricaturaux, provocation constante, jeu des proportions), pas comme des oeuvres d’art. L’emprise politique A l’opposé de « l’art pour l’art », Heartfield, « prototype et modèle de ‘artiste antifasciste » pour Aragon, militant qui a américanisé son nom d’origine (Helmut Herzefeld) pour prendre ouvertement parti pour l’ennemi de 1914-1918, a rapidement – et volontairement – orienté ses photomontages vers la politique.