La vie

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La vie est quelque chose de très vaste. http://www. lavie. fr/culture/livres/michel-houellebecq-je-ne-suis -plus-athee-27-01-201 5-59984_30. php ly a 70 ans, l’Armée rouge libérait le camp le plus emblématique de la barbarie nazie, découvrant l’horreur absolue. Depuis, la tragédie de la Shoah interroge la toute-puissance de Dieu. > A lire aussi : Comment croire en Dieu après Auschwitz ? La scène se trouve dans le premier ouvrage publié par Elie Wiesel, la Nuit, paru en 1958 aux éditions de Minuit. Prisonnier au camp de Monowitz-Buna, dépendant d’Auschwitz (Pologne), Eliezer Elie Wiesel) assiste r des exécutions.

Les S condamnés qui vienn t parmi ces condamne pour mourir sur le co next page utres détenus, ? éfller devant les s regarder. un jour, 12 ans. Trop léger demi-heure au bout de la corde. « Et nous devions le regarder bien en face. II était encore vivant lorsque je passais devant lui. Sa langue était encore rouge, ses yeux pas encore éteints. Derrière moi, j’entendis (un détenu)demander : « Où Swipe to page « Où donc est Dieu ?  » Et je sentais en moi une voix qui lui répondait : « Où il est ? Le voici : il est pendu ici, à cette otence…  » » Peuple élu ou peuple maudit ?

Où donc était Dieu ? Soixante-dix ans après la libération du camp d’Auschwitz, le 27 janvier 1945, la réponse à cette question continue de hanter bien des consciences. Dieu était-il là, comme l’écrit Elie Wiesel, en train de mourir au bout d’une corde ? Était-il présent mais impuissant ? Était-il absent ? Indifférent ? La confrontation au mal et à l’injustice a toujours suscité les interrogations et parfois la révolte des croyants, surtout de ceux dont le Dieu est censé être bon, ou en tout cas juste, comme c’est e cas du dieu des juifs et des chrétiens.

Dans la Bible, le livre de Job tente déjà de répondre à cette interpellation. À la suite du fameux tremblement de terre de Lisbonne, qui fit des dizaines de milliers de victimes le 1 er novembre 1755, théologiens et philosophes s’efforcèrent eux aussi de « sauver Dieu » dans ce qu’on appelle des théodicées. Les controverses furent vives et laissèrent des traces dans l’histoire de la pensée. Mais la Shoah a posé la question de Dieu de manière inédite. Et pas seulement en raison de l’ample 2

Mais la Shoah a posé la question de Dieu de manière inédite. Et pas seulement en raison de l’ampleur ou de l’intensité de la tragédie. Dans un célèbre petit texte sur le Concept de Dieu après Auschwitz (1984), le philosophe Hans Jonas (1903-1993) montre que jusque-là les juifs avaient tant bien que mal réussi ? supporter théologiquement les persécutions dont ils étaient accablés. De deux manières. D’abord en invoquant la rupture de l’alliance avec Dieu – les juifs, oublieux de cette alliance, s’exposent au malheur, qui ne manque pas d’arriver.

Ensuite en cceptant le martyre pour la « sanctification du nom » (kiddoush hashem), un témoignage radical impliquant malgré tout un choix : celui de ne pas renier sa foi et les règles qui s’y attachent face ? l’adversité, par exemple face aux chrétiens voulant les convertir. Ces deux justifications permettaient en quelque sorte de laisser une chance à Dieu et de donner un sens à I’Hist01re. Mais avec la Shoah, les Juifs sont tués parce qu’ils sont Juifs et c’est tout. peu importe leur fidélité ou leur infidélité, leur foi ou leur incroyance, leur courage ou leur lâcheté. 3