La liberté d’expression
Au moment des « Trois Glorieuses », il se place dans le camp de Louis-Philippe. Sous la Monarchie de Juillet, le Journal des Débats devient le principal défenseur du régime, ainsi que e représentant du monde des affaires et de la bourgeoisie triomphante. La réussite sociale de Bertin est celle de ces nouvelles professions – ici celle de patron de presse -, apparues après la Révolution et dont le rôle dans le monde politique et dans celui des affaires ne cesse de croître.
Cest ce qui explique que l’on ai vu dans cette œuvre d’abord et avant tout le portrait d’un bourgeois qualifié par Édouard Manet de « bouddha de la bourgeoisie cossue, repue et triomphante ». Cette lecture n’est sans doute pas celle voulue par Ingres et il apparaît à la lumière des dernières recherches que l’artiste nia as cherché à faire de ce portrait le symbole d’une classe sociale. Pour lui les enjeux étaient autres : ils étaient avant tout picturaux. Maupassant, Bel-Ami, Deuxième partie, chapitre Il (extrait). député Laroche-Mathieu qui dînait rue Fontaine tous les mard•s, après le comte de Vaudrec qui commençait la semaine, serrait vigoureusement les mains de la femme e 20F 14 le comte de Vaudrec qui commençait la semaine, serrait vigoureusement les mains de la femme et du mari avec des démonstrations de joie excessives. Il ne cessait de répéter: « Cristi, quelle campagne. Si nous ne réussissons pas après ça II espérait bien réussir en effet à décrocher le portefeuille des Affaires étrangères qu’il visait depuis longtemps.
C’était un de ces hommes politiques à plusieurs faces, sans conviction, sans grands moyens, sans audace et sans connaissances sérieuses, avocat de province, joli homme de chef-lieu, gardant un équilibre de finaud entre tous les partis extrêmes, sorte de jésuite républicain et de champignon libéral de nature douteuse, comme il en pousse par centaines sur le fumier populaire du suffrage universel. Flaubert, Lettre à sa nièce Caroline, 8 avril 1867, Ill 629. L’horizon politique se rembrunit. Personne ne pourrait dire pourquoi ? Mais il se rembrunit, il se noircit, même. Les bourgeois ont peur de tout ! Peur de la guerre, peur des grèves d’ouvriers, peur de la mort (probable) du Prince Impérial. C’est une panique universelle. Pour trouver un tel degré de stupidité, il faut remonter jusqu’en 1848 ! Il y a eu des époques où la France a été prise de la danse de Saint-Guy. Je la crois, maintenant, un peu paralysée du cerveau.
Tout cela, chère Madame, ‘n’est pas rassurant pour les Affaires » Pour en savoir + : http://www. paperblog. fr/1 254665/flaubert-raille -les-bourgeois-/ Extrait dun article de Thierry Pastorello, maître de conférence des universités en histoire et civilisations A partir du début du XIXe siècle, en France et en Angleterre 30F 14 principalement, s’installe ce que Ihistorien Robert Muchembled qualifie de morale victorienne. Celle-ci se caractérise par un message de modération, d’économie et de gestion des instincts, notamment sexuels.
Bourgeoisie et classes moyennes marquent nettement leur différence par rapport à une noblesse oisive et les mondes populaires réputés rudes. une morale bourgeoise Le XIXe siècle voit l’ascension de la bourgeoisie, de l’épargne et du capitalisme. A partir de la Restauration (1815-1830), la bourgeoisie, pour qui l’héritage est important parce quelle se compose de nombreux entrepreneurs, prend son essor. La famille devient la clef de voûte de la production.
La promotion du modèle familial et de la fidélité entre donc dans cette optique. (La bourgeoisie) se veut universaliste, alors que la morale aristocratique est un comportement de classe: la liberté dans ses plaisirs est un privilège nobiliaire. Hans Mayer souligne que l’égalité prônée par la bourgeoisie, signifie la norme. Elle est en opposition à un monde féodal admettant l’originalité dans une iérarchie certes figée. û Quelle image ces documents donnent-ils de la bourgeoisie du XIXème siècle ? 4 Il. Le procès des Fleurs du mal de Baudelaire. Le 20 août 1857, Charles Baudelaire et son éditeur sont condamnés par la justice pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs Le procès des Fleurs du mal pose nouveau, plus de cinquante ans après l’abolition de la censure par la Révolution française, la question des rapports de l’écrivain avec la liberté d’expression. 1) Chronologie du procès des Fleurs du mal. – 21 juin 1857 parution des Fleurs du mal, à Paris, éditées par
Poulet-Malassis et De Broise, à 1 1 00 exemplaires -Juin- juillet 1 857 : une série d’articles de presse accusent Baudelaire d’immoralité – 17 juillet 1857 : le procureur général ordonne la saisie des exemplaires – 20 août 1 857 : procès et condamnation des Fleurs du mal • l’auteur doit verser une amende de 300 francs, six poèmes sont retirés du recueil – 1861 : deuxième édition des Fleurs du mal, amputée des six poèmes condamnés mais augmentée de trente et un poèmes nouveaux – 1866 : publication à Bruxelles, par Poulet-Malassis, d’un recueil de poèmes de Baudelaire, Les Épaves, contenant les poèmes interdits en France 6 mai 1866 : condamnation des Épaves par le tribunal correctionnel de Lille. 0 2) Les écrivains face à l’ordre moral du Second Empire. Sous le Second Empire, la régulièrement des 4 Empire, la justice engage régulièrement des poursuites contre les écrivains qu’elle accuse de publier des œuvres immorales. C’est ainsi qu’en 1853 les frères Goncourt sont poursuivis pour un article qui leur vaut d’être blâmés. Au début de l’année 1857, un procès est intenté à Gustave Flaubert pour son roman Madame Bovary. Flaubert est acquitté le 7 février.
C’est dans ce contexte que paraissent Les Fleurs du mal de Baudelaire au mois de juin 857, suscitant le déchaînement de la presse qui dénonce « de semblables monstruosités 3) Le scandale des Fleurs du mal. Les attaques des journalistes attirent l’attention de la justice sur un certain nombre de poèmes, considérés « comme un défi aux lois qui protègent la religion et la morale». Aux arguments de ceux qui incriminent quelques expressions ou passages jugés choquants, Baudelaire oppose le sens général de son œuvre : «Le livre doit être jugé dans son ensemble, et alors il en ressort une terrible moralité. » C’est en vain qu’il fait intervenir ses amis, Théophile Gautier ou Prosper Mérimée.
Barbey d’Aurevilly écrit un article qui fait l’éloge du livre, mais le journal refuse de le publier. La police saisit les exemplaires des Fleurs du mal. Le procès est fixé au 20 août. 4) Le procès et la condamnation. e réquisitoire est prononcé par Ernest Pinard, qui était aussi le procureur général dans le procès intenté à Madame Bovary. Il accuse la poésie de Baudelaire de manquer «au sens de la pudeur», de multiplier «les peintures lascives». L’avocat du poète plaide l’indépendance de l’artiste et la beauté de l’œuvre. Persuadé qu’il sera acquitté, Baudelaire est 6 4 ‘indépendance de l’artiste et la beauté de l’œuvre. Persuadé qu’il sera acquitté, Baudelaire est abasourdi quand tombe la sen tente.
En effet, le livre est condamné pour « délit d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs», à cause de «passages ou expressions obscènes et immorales Baudelaire et son éditeur doivent payer une amende et retirer six poèmes du livre. 5) Le poète maudit. Le soir même du verdict, Baudelaire apparaît dans une brasserie parisienne en « toilette de guillotiné», portant une chemise sans col et les cheveux rasés. Il éprouve un profond sentiment d’injustice qui ne le quittera plus. La seconde édition des Fleurs du mal lui permet d’ajouter de nouveaux poèmes au recueil, mais Baudelaire se sent incompris par le public et rejeté par la société. Il faut attendre la mort du poète, en 1867, pour que le livre rencontre le succès et soit reconnu comme un chef-d’œuvre.
En 1949, la cour de cassation annule la condamnation des Fleurs du mal, considérant que les poèmes « ne renferment aucun terme obscène ou même grossier ». Û Comment la volonté d’instaurer un « ordre moral manifeste-t-elle sous le Second Empire ? » se D Quels sont les arguments des adversaires de Baudelaire ? Comment se défend-il ? Pour aller + loin… chose délicate. Si la poursuite n’aboutit pas, on fait à Pauteur un succès, presque un piédestal; il triomphe et l’on a assumé, vis-à- vis de lui, l’apparence de la persécution. J’ajoute que dans l’affaire actuelle, l’auteur arrive devant vous, protégé par des écrivains de valeur, des critiques sérieux dont le témoignage complique encore la tâche du ministère public. [ … Charles Baudelaire n’appartient pas à une école. Il ne relève que de lui-même. Son principe, sa théorie, c’est de tout peindre, de tout mettre à nu. Il fouillera la nature humaine dans tous ses eplis les plus intimes; il aura pour la rendre, des tons vigoureux et saisissants, il l’exagérera surtout dans ses côtés hideux; il la grossira outre mesure, afin de créer l’impression, la sensation. Il fait ainsi, peut-il dire, la contrepartie du classique, du convenu, qui est singulièrement monotone et qui n’obéit qu’à des règles artificielles. e juge n’est point un critique littéraire, appelé à se prononcer sur des modes opposés d’apprécier l’art et de le rendre.
Il n’est point le juge des écoles, mais le législateur ra investi d’une mission définie: le législateur a inscrit dans nos codes le délit d’offense la morale publique, il a puni ce délit de certaines peines, il a donné au pouvoir judiciaire une autorité discrétionnaire pour reconnaître si cette morale est offensée, si la limite est franchie. Le juge est une sentinelle qui ne doit pas laisser passer la frontière. Voilà sa mission. Je lis la pièce intitulée «Les Bijoux», et j’y signale trois strophes qui, pour le critique le plus indulgent, constituent la peinture lascive, B4 trois strophes qui, pour le critique le plus indulgent, constituent la peinture lascive, offensant la morale publique: «Et ses bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins Dans la pièce intitulée «Le
Léthé », je vous signale la strophe finale: «Je sucerai pour noyer ma rancœur Dans la pièce «À celle qui est trop gaie», que pensez-vous de ces trois strophes où ramant dit à sa maîtresse: «Ainsi je voudrais une nuit Les deux pièces intitulées «Lesbos» et «Les Femmes damnées» sont à lire entièrement. Vous y trouverez dans les détails les plus intimes mœurs des tribades- La première objection qu’on me fera sera celle-ci : Le livre est triste; le nom seul dit que l’auteur a voulu dépeindre le mal et ses trompeuses caresses, pour en préserver. Ne s’appelle-t-il pas Les Fleurs du Mal? Dès lors, voyez-y un enseignement au lieu d’y voir une offense. Un enseignement! Ce mot-là est bientôt dit. Mais ici, il n’est pas la vérité.
Croit-on que certaines fleurs au parfum vertigineux soient bonnes à respirer? Le poison qu’elles apportent n’éloigne pas d’elles; il monte à la tête, il grise les nerfs, il donne le trouble, le vertige, et il peut tuer aussi. Je peins le mal avec ses enivrements, mais aussi ses misères et ses hontes, direz-vous! Soit, mais tous ces nombreux lecteurs pour lesquels vous écrivez, car vous tirez à plusieurs milliers d’exemplaires et vous vendez à bas prix, ces multiples lecteurs, de out rang, de tout âge, de toute condition, prendront-ils l’antidote dont vous parlez avec tant de complaisance? Même chez vos lecteurs instruits, chez vos hommes faits, croyez-vous qu’il y ait beauc complaisance?
Même chez vos lecteurs instruits, chez vos hommes faits, croyez-vous qu’il y ait beaucoup de froids calculateurs pesant le pour et le contre, mettant le contrepoids côté du poids, ayant la tête, l’imagination, le sens parfaite- ment équilibrés? L’homme n’en veut pas convenir, il a trop d’orgueil pour cela. Mais la vérité, la voici: l’homme est toujours plus ou moins infirme, plus ou moins faible, plus ou moins malade, ortant d’autant plus le poids de sa chute originelle, qu’il veut en douter ou la nier pour tous ceux qui ne sont encore ni appauvris ni blasés, il y a toujours des impressions malsaines à recueillir dans de semblables tableaux.