l islam dans le miroir occidental
L’islam dans le miroir de l’Occident : le cas de la presse française actuelle *Elizabeth Pena Velasco (Université de Mexico, Centre d’Etudes de l’Asie et de l’Afrique) Dans différentes parties de son œuvre, le Dr. Sobhi al Saleh avait mis en lumière les aspects saillants dun islam actif dans le monde moderne. Cette image a-t-elle pu faire son chemin dans les média occidentaux ?
Pour prendre l’exemple de la France, pays avec une population d’environs 5 millions de musulmans d’origines diverses (dont le rap est lui-même très div dans la conscience d public français, dans oit par les media. N or 13 Sni* to View ne place privilégiée le gouvernement trouvons des thèmes recurrents comme la compatibilité entre l’Islam et la laïcité de l’État, la violence ou le voile des femmes. Quelle est la place occupée par l’Islam dans l’imaginaire du public français ?
Il est évident que le soufisme a moins retenu l’attention ces dernières années que Plslam en général (questions politlques et civilisationnelles). C’est surtout l’ « islamisme » qui occupe la majeure partie des espaces en librairie et des articles des revues d’intérêt général. Notre corpus concernant le discours médiatique est constitué par les trois principales publications hebdomadaires (Le Point, L’Express et Le Nouvel Observateur) – sachant que 80% des Français lisent régulièrement la press presse hebdomadaire.
Nos conclusions montrent qu’il est urgent de poursuivre l’œuvre humaniste de S. al Saleh. MEDIA ECRITS FRANCAS Dans le monde actuel de flux de personnes et d’information, de grande circulation des images et de textes, nous sommes tous profondément influencés par l’imaginaire que diffuse les média et qui généralement dépasse le contexte national. La société s’approprie de manière active les informations diffusées par les livres et les revuesl . Les média son des acteurs et des producteurs de la réalité symbolique.
Les média ne représentent pas la réalité sociale et politique, mais en fait ils construisent la réalité à travers la sélection d’information, à travers les thèmes présentés et ? travers la valeur assignée à ces Voir Arjun Appadurai; Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de la globalisation. 2 thèmes, c’est-à-dire s’ils méritent d’être présentés au public. Ils peuvent influencer les elations sociales, économiques et politiques même s’ils ne sont pas tout-puissants2.
Le cas de la France est d’autant plus illustratif qu’il s’agit d’un pays d’Europe Occidentale ayant des relations historiques coloniales et postcoloniales très profondes avec les sociétés musulmanes, avec une po Imane constituant des PAGF 13 trois revues (Le Point, L’Express et Le Nouvel Observateur) a été : Analyse empirique à travers analyses de contenu Comparaison de l’information avec la « réalité » Interprétation de résultats Malgré l’orientation idéologique de base de chaque ebdomadaire (Le Point-droite, L’Express-centre et droite conventionnelle et Le Nouvel Observateur-gauche), on observe une certaine homogénéité des contenus. On reconnaît en fait trois grands groupes d’images 1) L’Islam en général Islam et laïcité (incompatibilité de l’Islam avec la laïcité et la sécularisation, Flslam réfractaire à la modernité) Femmes musulmanes (voile = soumission, haute charge symbolique du corps et de la sexualité féminines, loi sur la prohibition des symboles religieux, emancpees, ‘beurettes’, etc) 13 rappeler au cours de cet exposé qu’on observe dans les média ?crits, dans tous les cas, une confusion entre l’ « Islam de l’intérieur (français) et l’ « Islam du dehors » (sociétés musulmanes, arabes et non arabes).
L’influence de l’un sur la vision de l’autre provoque un mélange de situations et de concepts. La superposition des espaces religieux et ethniques sur Fimage de l’Islam en France est également évidente. a) Islam et laïcité Dans sa conception française, la sécularisation, historiquement, est le phénomène au cours duquel les Eglises ont abandonné peu à peu certaines fonctions qui furent remplacées dans la société politique et civile. Le laïque est ce qui appartient au monde profane et à la vie civile, c’est-à-dire, ce qui est indépendant de la vie religieuse. Dans ce sens, la laitité de l’Etat slgnifle son caractère non confessionnel et de ce fat, la séparation entre les religions et l’état. 3.
Cette séparation n’empêche pas l’Etat dentretenir des relations avec les religions et leurs représentants afin d’assurer la liberté religieuse et l’exercice des cultes. Il est nécessaire de dire que la laïcité est essentielle à l’identité nationale française. En ce sens, il semble que l’Islam apparaisse comme un défi à cette pierre ngulaire de l’état français. A la question posée alors par les média : « rlslam est-il compatible avec la laïcité ? la réponse courante est de montrer la sécularisation et la laïcité comme des concepts étrangers à l’Isla 3 sécularisation et la laïcité comme des concepts étrangers à l’Islam et de ce fait incompatibles avec lui.
Il existe une simplification ? deux positions musulmanes supposées, sot • Baubérot, 1996 4 – celle des islamistes, qui considèrent que l’Islam n’admet pas de séparation entre le temporel et le spirituel. La sécularisation est vue comme une création de la hrétienté occidentale, et toute tentative de l’appliquer dans les sociétés musulmanes est vue comme une imposition de formes et de modes de pensée étrangère, visant à perpétuer la colonisation des cultures musulmanes. – la position des modernistes, défenseurs de la laïcité – peu nombreux – qui tentent de la présenter autrement que comme une greffe étrangère, et qui perçoivent la laïcité comme partie d’une culture universelle, cosmopolite.
Cependant, les média ne prennent pas en compte les efforts de réflexion sur la laïcité entrepris par divers mouvements, comme l’Union es organisations islamiques de France (UOIF) ou l’Union des Jeunes Musulmans à partir de 19944. Le « musulman laïque » (modèle idéal du musulman politiquement correct) est opposé au musulman ‘de banlieue’ considéré comme fondamentaliste et comme figure plus représentative de l’islam d on associée aussi a la s 3 exposée par les média fait montre d’une vision homogène les concernant, dans laquelle prévaut le facteur religieux. Elle laisse de côté d’autres questions d’importance comme la condition soclale ou les aspects L’Islam est considéré socioculturels. omme la cause de la situation subordonnée de la femme.
De cette façon se produit une image commune des femmes musulmanes en opposition à l’idéal de la femme occidentale. De cette manière, les articles qui paraissent constamment dans les média écrits tendent à « distinguer » entre le bon et le mauvais Islam, selon la position prise à propos du voile. un élément récurrent est le voile, considéré comme un symbole d’oppression de la femme dans les sociétés musulmanes. L’affaire du foulard s’est transformée en une fixation, due peut-être à la situation en Algérie. On lui accorde une signification majeure. Inversement, l’abandon du voile est interprété comme un signe de transformation sociale et de progrès. Le J. Baubérot, L’Integrisme républicain vs. la Laïcité ; p. 0 voile donne en Occident Fimpression de Pinvisibilité du corps de la femme musulmane ; il est présenté comme une tentative de la faire disparaitre pour l’empêcher d’agir comme sujet et pour l’éliminer pratiquement de la vie publique. Le corps féminin reçoit toute l’attention. Il est l’objet de discussions, le terrain de contestations politiques et ulturelles, « la métaphore importante pour délimiter le Moi de l’ « Autre ». 5. Le voile se convertit en une frontière entre le religieux et le séculier, le traditionnel et le moderne, le progrès et l’arriération. De ce fait, la loi de prohibition des symboles religieux promulguée par le gouvernement français en mars 2004 fut un événement sur lequel les hebdomadaires ont beaucoup insisté.
La majorité des articles cherchaient à démontrer l’incompatibilité entre l’Islam et la laitité, ainsi que la nécessité que l’état français impose la laïcité face à Flslam. ) Le musulman français perçu comme un étranger, comme l’Autre. Nous retrouvons de nouveau dans le discours médiatique l’impossibilité de l’intégration des musulmans à la société française comme condition inhérente ? l’islam. Le musulman français est toujours considéré comme l’Autre à Fintérieur de la société française, perçu comme fondamentalement différente du ‘Français de souche’ ou de l’Européen en général. Cette perception se trouve étroitement liée au processus de construction et d’affirmation de l’identité française représentée par des valeurs occidentales.
Il est ?vident qu’un période d crise les traits négatifs de PAutre sont intensifiés comme réponse à une crise matérielle pour souligner la différence entre « nous » et « eux Cette image du musulman comme étranger aide à légitimer l’ordre social. 2) ISLAMISME POLITIQUE Les médias privilègent ce qui eut araître extrémiste. L’islamisme a réussi à mo 7 3 peut paraître extrémiste. L’islamisme a réussi à monopoliser le débat sur l’Islam. Durant la période de 2001 à 2005, on constate une augmentation considérable de l’information sur l’Islam comme conséquence des attentats de New York et es différentes guerres au Proche-Orient, venant renforcer et légitimer certaines positions déj? existantes sur l’Islam contemporain.
L’islamisme est utilisé pour alimenter la théorie de la confrontation culturelle. a) Violence Islam (jihâd, terrorisme, etc) Tavakoli-Targui, 1994 6 Dans la vision médiatique, l’Islam politique se transforme en jihadisme, courant prônant l’utilisation du terrorisme et de la violence. Les révoltes des banlieues sont expliquées de cette façon ; on parle peu de la profonde crise de rétat français, du manque de canaux d’expression politique et du retard social des populations usulmanes. Les média cherchent à démontrer que le péril est plus grand encore actuellement du fait qu’il ne s’agit plus de causes limitées à un territoire (Algérie, Afghanistan).
Maintenant, dlsent-ils, nous nous trouvons face à une situation de Jihâd global ; avec ceci se renforce la théorie de la confrontation Islam contre Occident. b) Cas de Tariq Ramadan estigieux, identifié ? Musulmans, il est devenu un acteur important de la vie sociale durant les années 90. « Le discours de la foi engagé de Tariq Ramadan qui vise à coupler la foi avec des engagements citoyens non nécessairement religieux et olitiquement situés à gauche. » 7. Rapidement, son discours a mobilisé un public éduqué, jeune d’étudiants, et est devenu une référence pour les mouvements des jeunes musulmans. Tariq Ramadan fut l’objet de campagnes politiques et médiatiques des plus intenses. Le Nouvel Observateur lui consacre les articles plus modérés. ) SOUFISME Nous avons trouvé entre 1995 et 2005, 24 articles dans Le Point, 27 dans L’Express et 20 dans Le Nouvel Observateur, sur le Soufisme. Cela nous montre qu’une attention réelle est portée en France sur les courants mystiques en Islam. Les livres sont : Tartuffe fait Ramadan (Jack-Alan Léger), Tariq Ramadan devoilé (Lionel Favrot), Tariq Ramadan ou la tentation de Dieu (Elie Ayoub), Frère Tariq (Caroline Fourest), Le sabre et le Coran. Tariq Ramadan et les Frères Muslmanes à la conquête de l’Europe (Paul Landau). 7 La vision du Soufisme chez les Français est-elle objective ou diffère-t-elle du Soufisme connu et pratiqué dans les pays ous trouvons ainsi trois elle est considérée comme spirituelle, pacifiste, tolérante et individuelle.
Cependant cette image nous renvoie à l’image de l’Islam en général (violence, misogynie, opposition ux valeurs modernes). Le soufisme devenant une contre image où prévalent des adjectifs très positifs mais finalement n’aidant pas à établir une image positive de l’Islam en général. Il est considéré non politisé, en opposition ? l’idée générale qui associe religion et politique en islam. Les sufis sont considérés comme les bons musulmans. 2. Le soufisme comme universel, rejoignant ce que le public occidental voit comme compatible avec ces valeurs, adaptable à toutes les cultures, comme une recherche spirituelle inhérente à l’être humaine.
Par moments le soufisme apparaît comme ndépendant de l’islam ou voire incompatible avec lui. Le soufisme acquiert une dimension moderne dans le sens de rindividualisme. L’image du soufisme est celle du mysticisme comme aspiration profonde et dimension spirituelle de chaque individu. La relation entre maître et disciple n’est pas toujours bien comprise ni bien appréciée. La dimension collective du soufisme est laissée de coté car les confréries ne sont pas vraiment reconnus dans leur hauts niveaux de solidarité et fraternité communautaires. Il n’existe pas non plus de valorisation de l’individu comme membre prestigieux de confrérie.