Introduction La Psychanalyse Freud II

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Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Sigmund FREUD INTRODUCTION À LA PSYCHANALYSE Tome Il (Leçons professées en 191 6) Traduit de l’Allemand, avec l’autorisation de l’auteur, par le Dr. S. Jankélévitch, en 1921, revue par l’auteur. … 200 236 Table des matières Troisième partie Thé 16. psychanalyse et 17. Le sens des symp 18. Rattachement ? g to View inconscient 19. Résistance et refoulement 20. La vie sexuelle de l’homme 64 21 .

Développement de la libido et organisations sexuelles… 22. Points de vue du développement et de la régression. . . ………… 103 23. Les modes de formation de 24. La nervosité commune. 25. L’angoisse 26. La théorie de la libido et le « narcissisme » 27. Le transfert . 28. La thérapeutique analytique… À propos de cette édition électronique Troisième par 17 . 34 48 82 ……… 123 … 143 . … 158 179 … 219 partie Théorie générale des névroses 16.

Psychanalyse et psychiatrie Je me réjouis de pouvoir reprendre avec vous le fil de nos causeries. Je vous ai parlé précédemment de la conception psychanalytique des actes manqués et des rêves ; je voudrais vous familiariser maintenant avec les phénomènes névrotiques qui, insi que vous le verrez par la suite, ont plus d’un trait commun avec les uns et avec les autres. Mais je vous préviens qu’en ce qui concerne ces derniers phénomenes, je ne puis vous suggérer ? mon égard la même attitude que précédemment.

Alors je m’étais imposé l’obligation de ne point faire un pas sans m’être mis au préalable d’accord avec vous; j’ai beaucoup discuté avec vous et j’ai tenu compte de vos objections ; je suis même allé jusqu’à voir en vous et dans votre « bon sens » l’instance décisive. Il ne peut plus en être de même aujourd’hui, et cela pour une raison bien simple. Et tant que phénomènes, actes manqués et rêves ne vous étaient pas tout à fait inconnus, on pouvait dire que vous possédiez ou pouviez posséder à leur sujet la même expérience que moi.

Mais le domaine des phénomènes névrotiques vous est étranger ; si vous n’êtes pas médecins, vous n’y avez pas d’autre accès que celui que peuvent vous ouvrir mes renseignements, et le jugement le meilleur en apparence est sans valeur lorsque celui qui le formule n’est pas familiarisé avec les matériaux à juger. Ne croyez cependant pas que je me propose de vous faire des conférences dogmatiques ni que j’exige de vous une adhésion ans conditions.

Si vous le croyiez, il en résulterait un malentendu qui me ferait le plus grand tort. II n’entre pas dans mes intentions résulterait un malentendu qui me ferait le plus grand tort. Il n’entre pas dans mes intentions d’imposer des convictions : il me suffit d’exercer une action stimulante et d’ébranler des préjugés. Lorsque, par sulte d’une ignorance matérielle, vous n’êtes pas à même de juger, vous ne devez ni croire ni rejeter. Vous n’avez qu’à écouter et à laisser agir sur vous ce qu’on vous dit.

Il n’est pas facile d’acquérir des convictions, et celles auxquelles on arrive sans peine se montrent e plus souvent sans valeur et sans résistance. Celui-là seul a le -3- droit d’avoir des convictions qui a, pendant des années, travaillé sur les mêmes matériaux et assisté personnellement à la répétition de ces expériences nouvelles et surprenantes dont j’aurai à vous parler. A quoi servent, dans le domaine intellectuel, ces convictions rapides, ces conversions s’accomplissant avec l’instantanéité d’un éclair, ces répulsions violentes ?

Ne voyezvous donc pas que le « coup de foudre l’amour instantané font partie d’une région tout à fait différente, du domaine affectif notamment? Nous ne demandons pas à nos patients d’être convaincus de l’efficacité de la psychanalyse on de donner leur adhésion à celle-ci. S’ils le faisaient, cela nous les rendrait suspects. Cattitude que nous apprécions le plus chez eux est celle d’un scepticisme bienveillant.

Essayez donc, vous aussi, de laisser lentement mûrir en vous la conception psychanalytique, à côté de la conception populaire ou psychologique, jusqu’à ce que l’occasion se présente où l’une et l’autre puissent entrer dans une relation réciproque, se mesurer et en s’associant faire naître finalement une concepti dans une elation réciproque, se mesurer et en s’associant faire naitre finalement une conception décisive. D’autre part, vous auriez tort de croire que ce que je vous expose comme étant la conception psychanalytique soit un système spéculatif.

Il s’agit plutôt d’un fait d’expérience, d’une expression directe de l’observation ou du résultat de l’élaboration de celle-ci. Cest par les progrès de la science que nous pourrons juger si cette élaboration a été suffisante et justifiée et, sans vouloir me vanter, je puis dire, ayant derrière mot une vie déj? assez longue et une carrière s’étendant sur 25 années environ, u’il m’a fallu, pour réunir les expériences sur lesquelles repose ma conception, un travall intensif et approfondi.

J’al souvent eu l’impression que nos adversaires ne voulaient tenir aucun compte de cette source de nos affirmations, comme s’il s’agissait d’idées purement subjectives auxquelles on pourrait, à volonté, en opposer d’autres. Je n’arrive pas à bien comprendre cette attitude de nos adversaires.

Elle tient peut-être au fait que les médecins répugnent à entrer en relations trop étroites avec leurs patients atteints de névroses et que, ne prêtant pas une attention uffisante à ce que ceux-ci leur disent, ils se mettent dans l’imposslbilité de tirer de leurs communications des -4- renseignements précieux et de faire sur leurs malades des observations susceptibles de servir de point de départ à des déductions d’ordre général. Je vous promets, à cette occasion, de me livrer, au cours des leçons qui vont suivre, aussi peu que possible à des discussions polémiques, surtout avec tel ou tel auteur en particulier.

Je ne c que auteur en particulier. Je ne crois pas à la vérité de la maxime qui proclame que la guerre est mère de toutes choses. Cette maxime me paraît être un produit de la sophistique grecque et pécher, comme celle-ci, par l’attribution dune valeur exagérée à la dialectique. J’estime, quant à moi, que ce qu’on appelle la polémique scientifique est une oeuvre tout à fait stérile, d’autant plus qu’elle a toujours une tendance à revêtir un caractère personnel.

Je pouvais nie vanter, jusqu’à il y a quelques années, de n’avoir usé des armes de la polémique que contre un seul savant (Lòwenfeld, de Munich), avec ce résultat que d’adversalres, nous sommes devenus amis et que notre amitié se maintient toujours. Et comme je n’étais pas sûr d’arriver toujours au même résultat, je m’étais longtemps gardé de recommencer l’expérience. Vous pourriez croire qu’une pareille répugnance pour toute discussion littéraire atteste soit une impuissance devant les objections, soit un extrême entêtement ou, pour me servir d’une expression de l’aimable langage scientifique courant, un « fourvoiement ».

A quoi je vous répondrais que lorsqu’on a, aux prlX de pénibles efforts, acquis une conviction, on a aussi, jusqu’? un certain point, le droit de vouloir la maintenir envers et contre tout. Je tiens d’ailleurs à ajouter que sur plus d’un point mportant j’ai, au cours de mes travaux, changé, modifié ou remplacé par d’autres certaines de mes opinions et que je n’ai jamais manqué de faire de ces variations une déclaration publique. Et quel fat le résultat de ma franchise?

Les uns n’ont eu aucune connaissanc déclaration aucune connaissance de corrections que j’ai introduites et me critiquent encore aujourd’hui pour des propositions auxquelles je n’attache plus le même sens que jadis. D’autres me reprochent precisément ces variations et déclarent qu’on ne peut pas me prendre au sérieux. On dirait que celui qui modifie de temps ? utre ses idées ne mérite aucune confiance, car il laisse supposer -5- que ces dernières propositions sont aussi erronées que les précédentes.

Mais, d’autre part, celui qui maintient ses idées premières et ne s’en laisse pas détourner facilement passe pour un entêté et un fouN0Yé. Devant ces deux jugements opposés de la critique, il n’y a qu’un parti à prendre : rester ce qu’on est et ne suivre que son propre jugement, C’est bien à quoi je suis décidé, et rien ne m’empêchera de modifier et de corriger mes théories avec le progrès de mon expérience. Quant à mes idées ondamentales, je n’ai encore rien trouvé à y changer, et j’espère qu’il en sera de même à l’avenir.

Je dois donc vous exposer la conception psychanalytique des phénomènes névrotiques. Il m’est facile de rattacher cet exposé ? celui des phénomènes dont je vous ai déjà parlé, à cause aussi bien des analogies que des contrastes qui existent entre les uns les autres. Je prends une action symptomatique que j’ai vu beaucoup de personnes accomplir au cours de ma consultation. Les gens qui viennent exposer en un quart d’heure toutes les misères de leur vie plus ou moins longue n’intéressent pas le sychanalyste.

Ses connaissances plus approfondies ne lui permettent pas de se débarrasser pas le permettent pas de se débarrasser du malade en lui disant qu’il n’a pas grand-chose et en lui ordonnant une légère cure hydrothérapique. Un de nos collègues, à qui l’on avait demandé comment il se comportait à l’égard des patients venant à sa consultation, a répondu en haussant les épaules : je le frappe d’une contribution de tant de couronnes. Aussi ne vous étonnerai-je pas en vous disant que les consultants du psychanalyste, même le plus occupe, ne sont généralement pas très nombreux.

J’ai fait doubler et capitonner la porte qui sépare ma salle d’attente de mon cabinet. Il s’agit là d’une précaution dont le sens n’est pas dlfficile à saisir. Or, il arrive toujours que les personnes que je fais passer de la salle d’attente dans mon cabinet oublient de fermer derrière elles les deux portes. Dès que je m’en aperçois, et quelle que soit la qualité sociale de la personne, je ne manque pas, sur un ton d’irritation, de lui en faire la remarque et de la prier de réparer sa négligence.

Vous lirez que c’est là du pédantisme poussé à l’excès. Je me suis parfois eproché moi-même cette exigence, car il s’agissait souvent de -6- personnes incapables de toucher à un bouton de porte et contentes de se décharger de cette besogne sur d’autres. Mais j’avais raison dans la majorité des cas, car ceux qui se conduisent de la sorte et laissent ouvertes derrière eux les portes qui séparent la salle d’attente du médecin de son cabinet de consultations sont des gens mal élevés et ne meritent pas un accueil amical.

Ne vous prononcez cependant pas avant de connaître le reste. Cette négligence connaitre le reste. Cette négligence du patient ne se produit que orsqu’il se trouve seul dans la salle d’attente et qu’en la quittant il ne laisse personne derrière lui. Mais le patient a, au contraire, bien soin de fermer les portes lorsqu’il laisse dans la salle d’attente d’autres personnes qui ont attendu en même temps lui. Dans ce dernier cas, il comprend fort bien qu’il n’est pas dans son intérêt de permettre à d’autres d’écouter sa conversation avec le médecin.

Ainsi déterminée, la négligence du patient n’est ni accidentelle, ni dépourvue de sens et même d’importance, car, ainsi que nous le verrous, elle illustre son attitude à l’égard du médecin. Le patient appartient à la nombreuse catégorie de ceux qui ne rêvent que célébrités médicales, qui veulent être éblouis, secoués. Il a peut-être déjà téléphoné pour savoir à quelle heure il sera le plus facilement reçu et il s’imagine trouver devant la maison du médecin une queue de clients aussi longue que devant une succursale d’une grande maison d’épicerie.

Or, le voilà qui entre dans une salle d’attente vide et, par-dessus le marché, très modestement meublée. Il est déçu et, voulant se venger sur le médecin du respect exagéré qu’il se proposait de lui témoigner, il xprime son état d’âme en négligeant de fermer les portes qui séparent la salle d’attente du cabinet de consultations. Ce faisant, il semble vouloir dire au médecin : « A quoi bon fermer les portes, puisqu’il n’y a personne dans la salle d’attente et que personne probablement n’y entrera, tant que je serai dans votre cabinet? ? Il arrive même qu’il fasse preu probablement n’y entrera, tant que je serai dans votre cabinet? » II arrive même qu’il fasse preuve, pendant la consultation, d’un grand sans-gêne et de manque de respect, si l’on ne prend garde de le remettre incontinent à sa place. L’analyse de cette petite action symptomatique ne nous apprend rien que vous ne sachiez déjà, à savoir qu’elle n’est pas accidentelle, qu’elle a son mobile, un sens et une intention, qu’elle fait partie d’un ensemble psychique défini, qu’elle est une petite indication d’un état psychique important.

Mais cette action symptomatique nous apprend surtout que le processus dont elle est l’expression se déroule en dehors de la connaissance de celui qui l’accomplit, car pas un des patients qui laissent les deux portes ouvertes n’avouerait qu’il veut par cette négligence me témoigner- son mépris. Il est probable que plus d’un conviendra voir éprouvé un sentiment de déception en entrant dans la salle d’attente, mais il est certain que le lien entre cette impression et l’action symptomatique qui la suit échappe à la conscience.

Je vais mettre en parallèle avec cette petite action symptomatique une observatlon faite sur une malade. L’observation que je choisis est encore fraîche dans ma mémoire et se prête à une description brève. Je vous préviens d’ailleurs que dans toute communication de ce genre certaines longueurs sont inévitables. Un jeune officier en permission me prie de me charger du traitement de sa belle-mère qui, quoique vivant dans des onditions on ne peut plus heureuses, empoisonne son existence et l’existence de tous les siens par une idée absurde.

Je me trouve en présence d’une dame âgée de 53 l’existence de tous les siens par une idée absurde. Je me trouve en présence d’une dame âgée de 53 ans, bien conservée, d’un abord aimable et simple. Elle me raconte volontiers l’histoire suivante. Elle vit très heureuse à la campagne avec son mari qul dirige une grande usine. Elle n’a qu’à se louer des égards et prévenances que son mari a pour elle.

Ils ont fait un mariage d’amour il y a 30 ans et, depuis le jour du mariage, nulle discorde, ucun motif de jalousie ne sont venus troubler la paix du ménage. Ses deux enfants sont bien mariés et son mari, voulant remplir ses devoirs de chef de famille jusqu’au bout, ne consent pas encore à se retirer des affaires. Un fait incroyable, à elle-même incompréhensible, s’est produit il y a un an : elle n’hésita pas ? ajouter foi à une lettre anonyme qui accusait son excellent mari de relations amoureuses avec une jeune fille.

Depuis qu’elle a -8- reçu cette lettre, son bonheur est brisé. Une enquête un peu serrée révéla qu’une femme de chambre, que cette dame admettait peut-être trop dans son intimité, poursuivait d’une aine féroce une autre jeune fille qui, étant de même extraction qu’elle, avait infiniment mieux réussi dans sa vie : au lieu de se faire domestique, elle avait fait des études qui lui avaient permis d’entrer à l’usine en qualité d’employée.

La mobilisation ayant raréfié le personnel de l’usine, cette jeune fille avait fini par occuper une belle situation : elle était logée à l’usine même, ne fréquentait que des « messieurs » et tout le monde l’appelait « mademoiselle Jalouse de cette supériorité, la femme de chambre était prête à dire tout le mal possible de son ancienne PAGF 31