Gobseck
Cette observation rend compte des examens que Corneille, Molière et autres grands an teurs faisaient de leurs ouvrages : s’il est mpossible de les ég; vouloir leur ressembl 1 L’idée première de la m. _ . Swp page comme un rêve, com l’on caresse et qu’on nceptions, on peut ‘abord chez moi possibles que mère qui sourit, qui montre son visage de femme et qui déploie aussitôt ses ailes en remontant dans un ciel fantastique.
Mais la chimère, comme beau coup de chimères, se change en réalité, elle a ses commandement. s et sa tyrannie auxquels il faut céder. Cette Idée vint d’une comparaison entre l’Humanité et l’Ani malité. Ce serait une erreur de croire que la grande querelle qui, dans ces temps derniers, s’est émue entre Cuvier et Geoffroi de Saint Hilaire, reposait sur une innovation scientifique. L’unité de coin position occupait déjà sous d’autres termes les plus grands esprit* des deux siècles précédents.
En to next page relisant les œuvres si extraordi naires des écrivains mystiques qui se sont occupés des sciences dans leurs relations avec l’infini, tels que Swedenborg, Saint. Martin, etc. , et les écrits des plus beaux génies en histoire nu turelle, tels que Leibnitz, Buffon, Charles Bonnet, etc. , on trou ve dans les monades de Leibnitz, dans les molécules organiques de Buffon, dans la force végétatrice de Needham, dans Vemboîte ment des parties similaires de
Charles Bonnet, assez hardi pour écrire, en 1760 : L’animal végète comme la plante ; on trouve dis-je, les rudiments de la belle loi du soi pour soi sur laquelle repose l’unité de composition. Il n’y a qu’un animal. Le créateur ne s’est servi que d’un seul et même patron pour tous les êtres- organisés. Canimal est un principe qui prend sa forme extérieure, ou, pour parler plus exactement, les différences de sa forme, dans les milieux où il est appelé à se développer.
Les Espèces Zoologiques résultent de ces différences. La proclamation et le- soutien de ce système, en armonie d’ailleurs avec les idées que nous nous faisons de la puissance divine, sera l’éternel honneur de Geoffroi Saint-Hilaire, le vainqueur de Cuvier sur ce point delà haute science, et dont le triomphe a été salué par le dernier article qu’écrivit le grand Gœthe. Pénétré de ce système bien avant les débats auxquels il a donné lieu, je vis que, sous ce rapport, la Société ressemblait à la Nature.
La Société ne fait-elle pas de l’homme, suivant les mi- lièux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y a de variétés en zoologie ? Les différences en 21 en zoologie ? Les différences entre un soldat, un ouvrier, un administrateur, un avocat, un oisif, un savant, un homme d’Etat, un commerçant, un marin, un poète, un pauvre, un prêtre sont, quoique plus difficiles à saisir, aussi considérables que celles qui distinguent le loup, le lion, l’âne, le corbeau, le requin, le veau marin, la brebis, etc.
Il a donc existé, il existera donc de tout temps des Espèces Sociales comme il y a Espèces- Zoologiques. Si Buffon a fait un magnifique ouvrage, en essayant, de représenter dans un livre l’ensemble de la zoologie, n’y avait-il pas une œuvre de ce genre à faire pour la société ? Mais la Nature a posé, pour les variétés animales, des bornes entre lesquelles la Société ne devait pas se tenir. Quand Buffon peignait le lion, il achevait la lionne en quelques phrases ; tandis que dans la société la femme ne se trouve pas toujours être la femelle du mâle.
Il peut y avoir deux êtres parfaitement dissemblables dans un ménage. La femme d’un marchand est quelquefois digne d’être celle d’un prince, et souvent celle d’un prince ne vaut pas celle d’un artiste. L’Etat social a des hasards que ne se permet pas la Nature, car il est la Nature plus la Société. La description de ces Espèces Sociales était donc au moins double de celle des Espèces Animales, à ne considérer que les deux sexes. Enfin, entre les animaux, il y a peu de drames, la confusion ne s’y met guère ; ils courent sus les uns aux autres, voilà tout.
Les hommes courent bien aussi les uns sur les autres ; mais le les uns aux autres, voilà tout. Les hommes courent bien aussi les uns sur les autres ; mais leur ülus ou moins d’intelligence rend le combat autrement compliqué. Si •quelques savants n’admettent pas encore que l’Animalité se transborde dans l’Humanité par un courant de vie, l’épicier devient certainement pair de France t le noble descend parfois au dur nier rang social. puis, Buffon a trouvé la vie excessivement sim pie chez les animaux.
L’animal a peu de mobilier, il n’a ni arts ni sciences ; tandis que l’homme par une loi qui est à recherchoi, tend à représenter ses mœurs, sa pensée et sa vie dans tout et» qu’il approprie à ses besoins. Quoique Leuwenhoëc, Swammor dam, Spallanzani, Réaumur, Charles Bonnet, Muller, Haller ot. autres patients zoographes aient démontré combien les mœurs des animaux étaient intéressantes, les habitudes de chaque ani mal sont, à nos yeux du moins, constamment semblables en toi il temps ; tandis que es habitudes, les vêtements, les paroles, Io. demeures d’un prince, d’un banquier, d’un artiste, d’un bourgeois, d’un prêtre et d’un pauvre sont entièrement dissemblables ot changent au gré des civilisations. Ainsi l’œuvre à faire devait avoir une triple forme: les hommes, les femmes et les choses, c’est-à-dire les personnes et la représentation matérielle qu’ils donnent de leur pensée ; enfin l’homme et la vie. En lisant les sèches et rebutantes nomenclatures de faits appelées histoires, qui ne s’est aperçu que les écrivains ont oublié, dans tous les temps, en Egypte, en Perse, en Grèce,
Rome, do nous donner l’histoire des mœurs. Le mor 4 21 tous les temps, en Eypte, en Perse, en Grèce, à Rome, do nous donner l’histoire des mœurs. Le morceau de Pétrone sur la vie privée des Romains irrite plutôt qu’il ne satisfait notre curiosité. Après avoir remarqué cette immense lacune dans le champ de l’histoire, l’abbé Barthélémy consacra sa vie à refaire les mœurs grecques dans Anacharsis. Mais comment rendre intéressant le drame à trois ou quatre mille personnages que présente une Société ? omment plaire à la fois au poète, au philosophe et aux masses qui veulent la poésie et la philosophie sous de saisissantes images ? Si je concevais l’importance et la poésie de cette histoire du cœur humain, je no voyais aucun moyen d’exécution; car, jusqu’à notre époque, 10h plus célèbres conteurs avaient dépensé leur talent à créer un ou deux personnages typiques, à peindre une face de la vie. Ce fui avec cette pensée que je lus les œuvres de Walter Scott. Waltor Scott, ce trouveur (trouvère) moderne, imprimait alors une allu re gigantesque à un genre de composition injustement appelé secondaire.
N’est-il pas véritablement plus difficile de faire oncurrence à l’Etat-Civil avec Daphnis et Chloé, Roland, Amadis, Panurge, Don Quichotte, Manon Lescaut, Clarisse, Lovelace, Ro- binson Crusoë, Gilblas, Ossian, Julie d’Etanges, mon oncle Tobie, Werther, René, Corinne, Adolphe, Paul et Virginie, Jeanie Dean, Claverhouse, Ivanhoé, Manfred, Mignon, que de mettre en ordre les faits à peu près les mêmes chez toutes les nations, de rechercher l’esprit de lois tombées en désuétude, de rédiger des théories qui égarent les peuples, ou, com s 1 l’esprit de lois tombées en désuétude, de rédiger des théories qui égarent les peuples, ou, comme certains métaphysiciens, ‘expliquer ce qui est ? D’abord, presque toujours ces personnages, dont l’existence devient plus longue, plus authentique que celle des générations au milieu desquelles on les fait naître, ne vivent qu’à la condition d’être une grande image du présent. Conçus dans les entrailles de leur siècle, tout le cœur humain se remue . sous leur enveloppe, il s’y cache souvent toute une philosophie.
Walter Scott élevait donc à la valeur philosophique de l’histoire le roman, cette littérature qui, de siècle en siècle, incruste d’immortels diamants la couronne poétique des pays où se cultivent les lettres. Il y mettait l’esprit des anciens temps, il y réunissait à la fois le drame, le dialogue, le portrait, le paysage, la description ; il y faisait entrer le merveilleux et le vrai, ces éléments de l’épopée, il y faisait coudoyer la poésie par la familiarité des plus humbles langages. Mais, ayant moins imaginé un système que trouvé sa manière dans le feu du travail ou par la logique de ce travail, il n’avait pas songé à relier ses compositions l’une à Pautre de manière à coordonner une histoire complète, dont chaque chapitre eût été un roman, et chaque roman une époque.
En apercevant ce défaut de liaison, qui, d’ailleurs, ne rend pas l’Ecossais moins grand, je vis à la fois le système favorable à l’exécution de mon ouvrage et la possibilité de l’exécuter. Quoique, pour ainsi dire, ébloui par la fécondité surprenante de Walter Scott, toujours semblable Walter Scott, toujours semblable à lui-même et toujours original, je ne fus pas désespéré, car je trouvai la raison de ce talent dans l’infinie variété de la nature humaine. Le hasard est le plus grand romancier du monde : pour être fécond, il ny a qu’à l’étudier. La Société française allait être l’historien, je ne devais être que e secrétaire.
En dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la Société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs. Avec beaucoup de patience et de courage, je réaliserais, sur la France au dix-neuvième siècle, ce livre que nous regrettons tous, que Rome, Athènes, Tyr, Memphis, la Perse, l’Inde ne nous ont alheureusement pas laissé sur leurs civilisations, et qu’à l’instar de l’abbé Barthélémy, le courageux et patient Monteil avait essayé pour le Moyen-Age, mais sous une forme peu attrayante. Ce travail n’était rien encore.
Sen tenant à cette reproduction rigoureuse, un écrivain pouvait devenir un peintre plus ou moins fidèle, plus ou moins heureux, patient ou courageux, des types humains, le conteur des drames de la vie intime, l’archéologue du mobilier social, le nomenclateur des professions, l’enregistreur du bien et du mal ; mais, pour mériter les éloges que doit ambitionner tout artiste, ne devais-je pas étu ais, pour mériter les éloges que doit ambitionner tout artiste, ne devais-je pas étudier les raisons ou la raison de ces effets sociaux, surprendre le sens caché dans cet immense assemblage de figures, de passions et d’événements. Enfin, après avoir cherché, je ne dis pas trouvé, cette raison, ce moteur social, ne fallait-il pas méditer sur les principes naturels et voir en quoi les Sociétés s’écartent ou se rapprochent de la règle éternelle, du vrai, du beau ? Malgré l’étendue des prémisses, qui pouvaient être à elles seules un ouvrage, l’œuvre, pour être entière, voulait une conclusion. Ainsi dépeinte, la Société devait porter avec elle la raison de son mouvement.
La loi de l’écrivain, ce qui le fait tel, ce qui, je ne crains pas de le dire, le rend égal et peut-être supérieur à l’homme d’Etat, est une décision quelconque sur les choses humaines, un dévouement absolu à des principes. Machiavel, Hobbes, Bos- suet, Leibnitz, Kant, Montesquieu sont la science que les hommes d’Etat appliquent. « Un écrivain doit avoir en mo- « raie et en politique des opinions arrêtés, il doit se regarder « comme un instituteur des hommes ; car les hommes n’ont pas besoin de maîtres pour outer a dit Bonald. J’ai pris de bonne heure pour règle ces grandes paroles, qui sont la loi de l’écrivain monarchique aussi bien que celle de l’écrivain démocratique.
Aussi, quand on voudra m’opposer à moi-même, se trouvera-t-il qu’on aura mal interprété quelque ironie, ou bien l’on rétorquera mal à propos contre moi le discours d’un de mes personnages, manœuvre particulière aux calomniateurs. Quant propos contre moi le discours d’un de mes personnages, manœuvre particulière aux calomniateurs. Quant au sens intime, à l’âme de cet ouvrage, voici les principes qui lui servent de base. homme n’est ni bon ni méchant, il naît avec des instincts et des aptitudes ; la Société, loin de le dépraver, comme ra prétendu Rousseau, le perfectionne, le rend meilleur ; mais l’intérêt développe aussi ses mauvais penchants.
Le christianisme, et surtout le catholicisme, étant, comme je l’ai dit dans le Médecin de Campagne, un système complet de répression des tendances dépravées de l’homme, est le plus grand élément d’Ordre Social. En lisant attentivement le tableau de la Société, moulée, pour ainsi dire, sur le vif avec tout son bien et tout son mal, il en résulte et enseignement que si la pensée, ou la passion, qui comprend la pensée et le sentiment, est l’élément social, elle en est aussi l’élément destructeur. En ceci, la vie sociale ressemble à la vie humaine. On ne donne aux peuples de longévité qu’en modérant leur action vitale. L’enseignement, ou mieux. ‘éducation par des Corps Religieux est donc le grand principe d’existence pour les peuples, le seul moyen de diminuer la somme du mal et d’augmenter la somme du bien dans toute Société. La pensée, principe des maux et des biens, ne peut être préparée, domptée, dirigée que par la religion. L’unique religion possible est le christianisme (voir la lettre écrite de Paris dans Louis Lambert, où le jeune philosophe mystique explique, à propos de la doctrine de Swedenborg comment il ny a jamais eu qu’une religion depu explique, à propos de la doctrine de Swedenborg, comment il n’y a jamais eu qu’une religion depuis l’origine du monde). Le Christianisme a créé les peuples modernes, il les conservera. De là sans doute la nécessité du principe monarchique.
Le Catholicisme et la Royauté sont deux principes jumeaux. Quant aux limites dans lesquelles ces deux principes doivent tre enfermés par des institutions afin de ne pas les laisser se développer absolument, chacun sentira qu’une préface aussi succincte que doit l’être celle-ci, ne saurait devenir un traité politique. Aussi ne dois-je entrer ni dans les dissensions religieuses ni dans les dissensions politiques du moment. J’écris à la lueur de deux Vérités éternelles : la Religion, la Monarchie, deux nécessités que les événements contemporains proclament, et vers lesquelles tout écrivain de bon sens doit essayer de ramener notre pays.