Emigration Russe

essay B

Chapitre 2 Migrer au XIXe siècle Au XIXe s. , des millions d’Européens quittent l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure. Fuyant le plus souvent la misère et les persécutions, ils partent vers le continent américain, la Sibérie, FAfrique et l’Océanie. Jamais migration humaine n’a connu une telle ampleur. Tous les pays européens, et en p g particulier l’Irlande, fournissent des batai Quelles sont les raiso Où se dirige l’émigrat 3 ifs ? De la traversée en troisième classe… 1 Émigrants sur l’entrepont du Samuel Hop.

Gravure, 1849. 28 à l’espoir dune vie meilleure 2 Le rêve américain. Georges A. Grofutt, American Progress, lithographie, 1873. Library of Congress, Washington. 29 Cartes Quelles sont les migrations européennes au XIXe siècle ? Les mouvements d’émigration concernent une très large partie de l’Europe, ports d’embarquement ? 4. Quel est approximativement le nombre total d’émigrants européens ? 5. Quelles sont les régions du monde où la présence européenne très forte ? Chapitre 2 • M’grer aux XIXe s. 1 Dossier New York, seuil du nouveau monde Trente-quatre millions d’Européens émigrent aux États-Unis au cours du XIXe s. e port de New York est la principale porte ‘entrée de ce Nouveau Monde tant désiré. Fondée par des colons hollandais en 1 624, la ville devient anglaise en 1664 avant d’être la quatrième ville des États-Unis en 1800. En 1900, sa population, gonflée par rarrivée des émigrants, atteint 3 millions et demi d’habitants ; New York devient la plus grande ville du pays et la première ville cosmopolite du monde.

Carrivée à Ellis Island Avec curiosité nous regardâmes un homme vif, d’âge moyen, enjamber la bastingage. Était-ce lui le pilote ? Je m’interrogeai. Habitué à nos pilotes suédois dont le vêtement et ‘apparence portent la marque de la pauvreté et du besoin, cet homme me sur renait : son attitude et ses habits, tout dénotait en lui 23 maîtrise qui comportait, nous sembla t-il, une certaine conscience de sa supériorité. Mémoires de Gustav Unonius, immigrant suédois, Un Pionnier dans le nord-ouest de l’Amérique, 1841-1858.

Avant même l’arrêt complet du bateau, notre joie atteignait son paroxysme. Les formalités suivaient toujours leurs cours. Chaque passager se voyait poser une centaine de questions idiotes, dont toutes les réponses étaient couchées sur le papier par un homme extraordinairement lent. Chacun devait présenter ses bagages, son billet, et faire cent autres choses avant d’être autorisé à fouler la terre ferme. Mary Antin, From Polotz to Boston, (récit écrit en 1 894 à l’âge de treize ans, puis publié plus tard) immigrante russe, W. B. Clarke, 1999. 32 New York au XIXe s.

Au XIXe s. , New York accueille les trois quarts des immigrants arrivant aux États-Unis. 3 Une ville cosmopolite J’ai un jour interrogé la gérante d’un ensemble de logements bien connu de la quatrième circonscription pour savoir combien de personnes y vivaient. Cent quarante amilles m’a-t-elle répondu, dont cent irlandaises, trentehuit italiennes, et deux de langue allemande. À l’exception de la gérante elle-même, l’im asse n’abritait pas un seul autochtone. Cette répons aitement le caractère américaine : il n’y en a pas, du moins dans les quartiers populaires.

Jacob Riis, How the Others Half Cives, 1890. 4 Manifestation d’immigrants irlandais réprimée par la police en 1863 La police réprime une manifestation d’Irlandais contre la conscription. Ils refusent d’aller se battre, durant la guerre de Sécession dans l’armée Nordiste contre les Sudistes, car, disent-ils, ? un nègre vaut un Irlandais Harper’s Weelaly, 5 sept. 1863. 5 Immigrants à Ellis Island Immigrants allemand (bavarois), italien, ukrainienne. Photos de Augustus Sherman, bibliothèque du musée de Ellis Island. Questions Exploiter les documents Mettre en relation 1.

Quelle est la particularité du site de New York 5. Montrez que New York est une ville cosmopolite. (doc. 1) ? 4 23 les plus gros contingents d’émigrants. Ils sont suivis à partir des années 1840 par les Irlandais. Ces départs toujours plus nombreux concernent tout le continent mais dans des proportions inégales. Au total 55 millions de personnes quittent l’Europe entre 1820 et 1920. L’émigration est la plus forte entre 1890 et 1914. Ces départs sont favorisés par l’amélioration des transports maritimes. Les navires à vapeur sont plus sûrs et plus rapides.

Des lignes régulières apparaissent, comme Liverpool-New York en 1818. Des compagnies maritimes organisent même des voyages groupés qui font baisser considérablement les prix. Certains États encouragent les départs des émigrants les plus pauvres. L’Autriche-Hongrie inscrit ainsi le droit à l’émigration dans sa Constitution en 1867. ?conomique, de stagnation de la production et de chômage qui affecte toute l’Europe entre 1873 et 1896. pogroms : voir Ne pas confondre utopistes : membres de communautés réunis autour de projets de société idéale. énophobie : du grec xenos, étranger, et phobia, peur ; peur ou hostilité à l’égard des étrangers qui se traduisent par des actes de violence et de rejet. B Pourquoi partir ? DOC. 3 Les motivations du départ sont avant tout économiques. Nombreux sont s 3 révolution de 1848 en France, d’anciens insurgés partent pour la Californie. En Russie, beaucoup e Juifs fuyant les persécutions et les pogroms sanglants de la fin du XIXe s. émigrent, notamment vers les États-Unis, le Canada et l’Argentine. Quitter l’Europe relève également de resprit d’aventure, d’une volonté radicale de changer de vie ou du désir de faire fortune.

Certains utopistes souhaitent appliquer leurs idées dans des projets de nouvelles sociétés telle la « Nouvelle-Helvétie » du Suisse John Sutter, fondée en Californie en 1835. Des minorités protestantes cherchent à créer de nouvelles Jérusalem ou « Salem », transposant hors d’Europe leur rganisation sociale traditionnelle. C Les terres d’accueil DOC. 4 et 5 Les États-Unis sont la première destination des Européens. Ce pays en accueille trente-quatre millions. Viennent ensuite le Canada, l’Argentine, et le Brésil.

De nombreux Britanniques choisissent aussi l’Australie, la NouvelleZélande et l’Afrique du Sud. Quatre millions de Russes vont s’installer en Sibérie En Amérique, les Européens se regroupent en communautés, par affinités de langue et de culture, comme les Allemands dans le Midwest américain ou 6 3 sont eux qu’on trouve à l’origine de la ortune de la compagnie HambourgAmerika, ce sont ces pauvres diables qui, de leurs deniers multipliés, ont permis de construire cette flotte sans égale qui fait aujourd’hui radmiration du monde. [… l Des groupes se promènent dans les allées semées de graviers.

Certains sont pieds nus : des Croates ; d’autres sont chaussés de bottes à plis : Slovaques, Hongrois. Tous paraissent dans la force de l’âge. On n’en voit guère de plus de cinquante ans. Des enfants, coiffés de la haute casquette des moujiks, prennent là-dessous de petits airs sérieux et réfléchis. Quelques hommes entrent ans la petite chapelle très simple qui sert au culte catholique. [… l À l’extrémité du réfectoire une petite estrade s’élève, c’est celle des musiciens pour le bal qui a lieu tous les jours de départ des bateaux.

On veut faire oublier aux malheureux [‘horreur de tant de misère et les distraire de la solennité impressionnante de leur départ vers l’inconnu. Jules Huret, En Allemagne, de Hambourg aux marches de Pologne, 1908. Qui sont les émigrants ? Comment voyagent-ils ? Russie TOTAL 2 086 000 2 664 000 es départs d’Européens entre 1851 et 1910 58 288 000 481 000 911 000 3 013 000 695 000 5 238 000 8 808 000 cours des années suivantes, sous l’effet d’hivers rigoureux, des épidémies déciment la population.

La crise provoque aussi des tensions politiques ; elle attise les revendications nationalistes dirigées contre le Royaume-Uni et les Anglais, qui ont progressivement conquis lîle du XIIe au XVIIIe s. ,considérés comme des occupants. Er, 1848, une insurrection organisée par les indépendantistes du mouvement « Jeune Irlande est sévèrement réprimée. Le mouvement nationaliste fonde ensuite en 1858 l’Irish Republican Brotherhood (IRB), qui organise ses premiers ttentats contre les Anglais. B une émigration de masse dans les années 1840 DOC. et 4 À la fin des années 1840, la famine et la grave crise qui en résulte provoquent une émigration de masse ; elle s’oriente essentiellement vers l’Amérique du Nord et l’Australie. Au total, près de 20 % de la population irlandaise quitte la « Verte Irlande » entre 1840 et 1850. Les émigrants irlandais embarquent sur de vieux navires, peu sûrs. Beaucoup font naufrage au cours de la traversée. Ils voyagent dans des conditions épouvantables, entassés sur les ponts des bateaux ou dans les cales. Dans la econde moitié du siècle, I ulant garder le Canada des chantiers de construction ferroviaire.

Les femmes se placent comme domestiques ou ouvrières dans le textile. Les différences culturelles, comme l’usage de la langue gaélique et surtout la religion catholique, empêchent leur assimilation au sein de populations majoritairement anglophones et protestantes. La deuxième génération réussit à se hisser à des emplois mieux considérés comme contremaître, postier ou conducteur de tramway et parfois à faire fortune. La figure du policier irlandais devient ainsi familière aux habitants de New York.

Tous les Irlandais gardent une identité forte et entretiennent le souvenir de l’Irlande, en soutenant notamment le mouvement nationaliste. Le mouvement des Fenians est ainsi créé en 1858 aux États-Unis afin de soutenir l’IRB. Ses membres n’hésitent pas à mener des raids contre le Canada britannique. Il existe également des gangs irlandais qui contrôlent des trafics criminels. 36 Enfants à la recherche de pommes de terre Dessin de l’Irlandais James Mahony. Illustrated London News, 22 décembre 1849. « Fouiller le sol à la recherche de pommes de terre est une des occupations de ceux qui ne peuvent bénéficier des 0 23