dramaturgie regles

essay B

Du général au particulier Les méthodes et les processus de création que nous allons aborder sont, je le répète, des exemples. Et il est important de comprendre dès à présent que l’enchainement des étapes de travail qui va être établi n’est en rien rigoureux, et que le travail d’écriture est très souvent un processus souple de va-et-vient continuel entre ces différentes étapes.

On commence par un résumé, puis on écrit un séquencier, puis on fait un synopsis, puis on revient au resumé, puis on commence à écrire le scénario, puis on fait ses fiches personnages, puis on revient au séquencier, puis an écrit n pitch, puis on revi puis on fait un brains saisissez ? Le seul grand princip certaine rigueur, quel or 111 Sni* to View puis on… vous e suivre avec une méthode adoptée, est le principe « Du general au particulier ».

Il ne sert à rien de vouloir écrire un dialogue sans savoir ce qu’il doit dire, Il ne sert à rien de définir précisément un plan si on ne sait pas ce que la scène doit comporter comme action, Il ne sert à rien de faire entrer deux personnages dans un lieu sans connaître ces deux personnages, Il ne sert à rien de réfléchir à un détail vestimentaire sans connaître au préalable le caractère général du ersonnage qui doit le porter, Etc. , Etc.

Même si ces résolutions ressemblent fort à des lapalissades, il est clair en rencontrant de jeunes auteurs et leur travail final qu’elles n’en sont pas pour tout le monde, et mettre en application sont deux choses bien distinctes pour chacun d’entre nous Faites de cette règle du « Général au Particulier » un principe général de votre approche particuliere et vous vous positionnerez avec intelligence devant votre ouvrage. Il représente l’outil indispensable à tout artiste, et le plus cher. Cest le seul qui, bien utilisé, a une chance de vous faire vivre de votre métier.

Note : je ne rentrerai pas ici dans les arcanes psycho- neurologiques de ce merveilleux outil. Seul m’importe de savoir comment l’utiliser et le rendre plus fort. Cependant, je m’aventurerai, pour mieux trouver les moyens de le développer, à essayer de mieux le comprendre. À l’instar de tout muscle, ou, plus proche, de la mémoire, l’imagination est un organe qui ne s’use que lorsque l’on ne s’en sert pas. Au contraire, plus on y fait appel, et plus elle se développe. De la même manière, l’homme ne naît pas avec une quantité plus ou moins grande d’inspiration, sorte de réservoir dans lequel il irait puiser jusqu’à l’épuiser.

L’imagination n’est pas à considérer comme un réservoir, mais plutôt comme le fruit d’un travail inconscient de l’esprit, ou plutôt le travail d’une partie de l’esprit non gouvernée par la conscience, que j’appellerai notre « Machine à inspiration Cette partie non consciente de l’esprit — notre machine ? inspiration — a besoin de deux choses pour être fertile : de nourriture, artistique, spirituelle, idéologique, humaine et émotionnelle, et surtout, elle a besoin d’une voie entretenue soigneusement avec notre conscient pour lui transmettre, lui véhiculer ses informations, ses idées, ses inspir *GF’ 11 oigneusement avec notre conscient pour lui transmettre, lui véhiculer ses informations, ses idées, ses inspirations. Nourriture et moyen de véhiculer cette nourriture donc.

L’enfant semble posséder une voie directe de son imagination ? sa conscience, une voie si fluide qu’il paraît même être inconscient de l’existence de ces deux formes de « réalité Malheureusement, notre éducation nous incitant trop peu à faire usage de cet organe fabuleux, il peut s’atrophier rapidement et la route qui en part ou y arrive peut se craqueler et la végétation des interdits, comme des lierres voraces, rapidement la rendre impraticable. Il convient pourtant, lorsque l’on se destine à un métier faisant appel à la création, d’entretenir en tout premier lieu cette voie, de transformer le chemin de terre en autoroute à voies ultra-rapides, d’ouvrir de nouveaux tronçons (sans péages) vers les nombreuses autres parties de notre cerveau, qui permettront de nourrir le mieux possible notre machine à inspiration et de mieux faire parvenir les fruits de son travail à notre conscience.

Deux types d’inspiration On peut distinguer deux types d’inspirations véhiculant sur la voie principale de notre entité creatrice » : L’inspiration naturelle L’inspiration forcée J’appelle « inspiration naturelle » ces messages que vous envoie votre machine à inspiration sans l’avoir sollicitée. Ce sont par exemple ces images qui apparaissent au réveil, qui peuvent être des bribes de dialogue, un plan inconnu ou une situation particulière, qui mettent en éveil notre ins notre instinct créatif ou notre curiosité. Ce sont aussi ces flashes qui vous apparaissent lorsque vous êtes en train de réfléchir, et qui n’ont aucun rapport — apparent — avec la réflexion en cours. ‘appelle « inspiration forcée » les images que notre machine ? inspiration nous envoie lorsque nous la ollicitons explicitement pour régler un problème particulier, trouver une idée. Cette inspiration est certainement des deux la plus utilisée par le créateur. Il donne ? sa machine à inspiration les paramètres de l’idée, et sa machine lui offre en échange les images ou les idées qul l’intéresse. Ce travail est indissociable de toute création car il faut bien admettre qu’il est impossible que germe et grandisse une oeuvre cohérente, riche et tendant à l’universalité en ne comptant que sur l’anarchie du travail inconscient de notre cerveau. Tout grand génie que vous soyez, vous serez amené un jour à dire ? votre machine à inspiration : « Non, je ne veux pas ça, je veux ça !

Tout grand génie que vous soyez, vous serez un jour confronté à la difficulté de trouver une idée forte pour cette scène, pour le moment sans saveur, avec ces deux personnages que vous aimez tant, dans ce lieu que vous trouvez si pittoresque.. C’est alors votre inspiration forcée que vous invoquerez. Je vous souhaite que ce ne soit pas en vain. Ces deux types d’inspiration vont déterminer deux aspects qu’il ne faut pas négliger dans le travail créatif ou sa préparation. Du particulier au général Pour aborder le premier type d’imagination, l’inspiration naturelle, Je commencerai par casser avec délectation la belle loi do l’inspiration naturelle, je commencerai par casser avec délectation la belle loi dont je faisais l’éloge plus haut.

Ici, pas question d’aller du « général au particulier c’est le parcours inverse qui va nous intéresser : « Partir du particulier pour aller au général En reprenant les exemples cités plus haut, je dirais que : On peut tout à fait écrire un dialogue sans savoir ce qu’il doit raconter, On peut tout à fait définir un plan sans connaître l’action qui doit s’y dérouler, On peut tout à fait introduire dans une scène deux personnages que l’on ne connait ni d’Adam ni d’Ever On peut tout à fait réfléchir à un détail vestimentaire d’un personnage dont on ignore tout, Et caetera, et caetera. et laisser tranquillement tourner notre machine à inspiration. Cest ce qu’on peut appeler de l’écriture automatique.

Cette façon de procéder sollicite directement notre inspiration naturelle, dans le sens où il n’y a pas de préalable, d’impératif déterminé au travail de l’imagination, si ce n’est la forme que doit incarner l’inspiration (un dialogue, un plan, un détail vestimentaire). En quelque sorte, « on laisse faire « on laisse venir » les idées à soi (c’est à dire à son conscient). On offre une matière minimale à sa machine à inspiration et on se roule les pouces en espérant le résultat. Outre l’entrainement de l’imagination que cette technique favorise indiscutablement, elle part également de la certitude que très souvent (trop souvent notre inconscient en sait bien plus long que nous, et sur ce que nous voulons raconter. Il en sait bien plus long sur ce que nous voulons réellement di voulons raconter.

Il en sait bien plus long sur ce que nous voulons réellement dire, ce ue nous voulons réellement raconter. Vous trouverez dans de nombreux livres de psychologie les raisons de cette évidence. Mais il convient, pour que cette démarche soit réellement profitable et utile au travail de création, de ne pas en rester là et d’apprendre, par la vigilance et la pertinence de sa réflexion et de ses sens, ? « dresser » son inconscient, ou tout au moins à le comprendre. Pour se faire, l’approche « du particulier au général » est ici impérative. Reprenons chaque exemple : On peut écrire un dialogue sans savoir ce qu’il doit raconter. et découvrir en l’écrivant ce qu’on avait envie de dire.

Il convient pour cela de réfléchir et de sentir ce qui s’est dégagé de cette écriture automatique, d’en dégager l’essence et les sens, de revenir ensuite au départ (au général), et de reconstruire tout le dialogue (le particulier) pour le libérer des scories que cette méthode d’« imagination aléatoire » a de toute évidence dû produire. On peut définir un plan sans connaitre l’action qui doit s’y dérouler. et découvrir de quelle action on a besoin vraiment. Le parcours sera alors le même que pour le dialogue précédent : revenir au général (le sens de l’action que ‘on a découverte) et réécrire le plan en ne gardant que ce dont on a besoin. On peut faire entrer dans une scène deux personnages que l’on ne connaît pas. et, en lalssant le soin à notre machine à inspiration de les mouvoir, de les faire réagir et parler, découvrir qui ils sont et pourquoi ils sont là.

Il convient alors, encore et toujours, d’appr parler, encore et toujours, d’apprendre à ne garder que l’essentiel, de l’approfondir, le réfléchir et le sentir, le développer, et de réécrire la scène et peut être même l’histoire. On peut réfléchir à un détail vestimentaire d’un personnage sans le connaître. t, comme ci-dessus, faire la découverte du personnage par cette méthode instinctive, déductive. En travaillant ainsi du particulier au général »), vous libérez votre intuition, votre instinct et votre imagination de façon positive. Vous donnerez à votre machine ? inspiration l’occasion de s’épanouir en toute liberté (contrairement à notre conscience, cet organe-là ne possède jamais trop de liberté).

Cette démarche est utile et profitable puisqu’elle laisse émerger librement, sans contraintes, les idées jusqu’? votre conscience. C’est une excellente façon de stimuler et d’entrainer son imagination. Cependant, je le répète, ce processus n’est véritablement profitable que s’il est suivl d’un travail d’introspection. Se poser des questions telles que : « Pourquoi cette idée mia-t-elle traversé l’esprit ? « Quel rapport entretient-elle avec le film que je suis en train d’écrire ? « Que contient cette idée qu me semble tellement séduisante ? « Pourquoi me séduit-elle personnellement ? », « Qu’est-ce qui me touche personnellement dans cette idée ? « Pourquoi l’ai-je eu ? ? Quelle rapport a-t-elle avec ce que je suis ou ce que je pense ? etc. En d’autres termes, dans ce processus « du particulier au général ?, il convient de faire le parcours inverse de votre idée, « du particulier au général », il convient de faire le parcours inverse de votre idée, depuis votre conscience jusqu’à votre inconscient, d’entretenir la route qui relie votre machine à inspiration à votre conscience. Vous découvrirez alors que cette introspection vous révèle beaucoup sur votre projet, sur le lien que vous entretenez avec lui, mais aussi vous révélera à vous-même, et de nombreuses idées nouvelles jailliront, de plus en plus, de cette recherche. Votre imagination s’épanouira.

Contraindre son imagination our ce qui est de l’ « Imagination forcée je voudrais simplement dire qu’il ne faut pas perdre de vue que l’artiste, ou plus modestement l’auteur de scénario, est sans cesse amené à forcer son imagination, à la « contraindre Cest ce que l’auteur fait lorsqu’il se dit : Ici, il est impératif qu’il se passe tel événement, il faut donc que je l’invente en sachant que je sais que mon personnage est comme ça, qu’il est telle heure, qu’il pleut et que etc. C’est ce que l’auteur fait lorsqu’il se dit : Je veux que mon film soit ainsi, qu’il ait tel style, qu’il ait telle dynamique, qu’il ne ressemble pas à telle istoire, qu’on en ressente plutôt comme impression générale telle chose, etc. C’est ce qu’il fait finalement lorsqu’il est confronté à un problème particulier, ou à une idée abstraite, à une sensation, et qu’il doit nécessairement faire appel à son imagination pour lui donner des solutlons, des idées correspondant à son médium de création.

Et justement, cette contrainte ne s’exerce que lorsque l’on travaille du général au particulier : « Je veux que mon personnage sait comme a 8 DE 111 lorsque l’on travaille du général au particulier : « Je veux que mon personnage soit comme ça (général). Quel geste, quelle ction (particulier) dois-je lui faire exécuter pour que le spectateur comprenne qu’il est ainsl ? » Au vu de cet exemple, on pourra se faire la réflexion qu’un tronçon reliant l’imagination à la mémoire (elle contient peut-être ce geste, volé dans une gare, le dernier mariage auquel vous étiez invité… ) serait une très bonne chose. C’est vrai et c’est ce que nous ferons lorsque nous affinerons les techniques de documentation.

Concluslon Vous ne parviendrez à vos fins, à dire ce que vous voulez dire, ? aboutir le film rêvé que lorsque votre imagination sera suffisamment « domptée » Du général au articulier » -> « Inspiration forcée Mais vous ne parviendrez à « dompter » cette imagination sans la complexer, sans la rendre stérile et impuissante qu’en sachant, dans un premier temps, lui offrir la latitude dont elle a besoin pour se libérer et s’épanouir, et dans un deuxième temps, en lui insufflant cette confiance dont elle a besoin, par la découverte — dans la mesure du possible — des origines ou des raisons des idées qu’elle vous inspire Inspiration naturelle » « du particulier au général Quoiqu’il en soit, n’oubliez jamais que : Votre imagination est le coauteur dont vous ne pourrez jamais ous affranchir. Sachez entretenir de bonnes et riches relations avec elle. Devant l’ambiguïté de certains termes, il est nécessaire de proposer quelques précisions sémantiques importantes, applicables à ce cours. D’abord, il y a l’histoire (ou récit).

C’est votre film ou votre sc D’abord, il y a l’histoire (ou récit). Cest votre film ou votre scénario. L’histoire est composée d’actes. L’acte est la plus grande subdivision de l’histoire. En général, on en trouve 3 ou 5 dans un film. Un acte est composé de macro-séquences. La macro-séquence peut se définir par une unité de moyen (ou objectif long). Une macroséquence est composée de séquences. La séquence peut se définir par une unité d’objectif (local ou sous-objectif), c’est à dire un objectif qui ne couvre pas toute l’histoire mais seulement quelques scènes. une séquence est composée de scènes. une scène est composée d’actions, de descriptions, de dialogues et de plans.

Elle se caractérise principalement par une unité de lieu (un seul lieu dans une seule scène, mais ce lieu peut être « une maison » ou seulement « le bureau » de cette maison suivant les cas), une unité de temps (à noter que ces notions ne sont pas rigoureuses : on peut rouver parfois des ellipses dans la même scène, cassant ainsi l’unité de temps. En l’occurence, il ne faut pas être plus royaliste que le roi). La scène est donc une « séquence de plans ce qui explique la confusion qui est faite dans l’usage de ces deux termes. Un scénariste, plus préoccupé d’histoire va parler de scène quand le réalisateur parlera de séquence. pour qu’il ne subsiste aucune amblgu-lté entre « scène » et « séquence » dans ce cours, commençons par une illustration : Prenons un personnage, Phil, dont la voiture vient d’être enlevée par la fourrière (Dieu merci, a n’est qu’un exemple PAGF ID 11