Dossier pathologie du signe
Sujet 2: Étude de deux extraits cliniques: L’étude des deux cas proposés ici nécessite une déconstruction des pathologies et donc de bien définir la situation d’observation des cas. Cela serait en effet une tautologie que de dire que ces cas sont pathologiques car ils ne sont pas « normaux En effet, ici dans le cas de dénomination d’images, une première observation assez simple, et empirique serait de dire que ces personnes n’arrivent pas à dire ce qu’elles voient.
Bien, il y a donc un trouble dans « l’expression », mais la question est de savoi pathologies dans les pathologies sont les troubles d’expressio essemblent reviend 0 p g ux mêmes montre que les ion verbale » comme une chose existante, c’est à dire ? positiver l’expression verbale et en conclure que tous ces troubles de l’expression viendraient d’une même pathologie. Et par une analogie somme toute scabreuse et exagérée cela reviendrait à dire que les bègues, les schizophrènes ou les personnes souffrant d’un syndrome frontal ont la même pathologie.
Nous rejetterons ici les mesures quantitatives des tests psychologiques faites par les cliniciens cognitivistes qui définissent une pathologie par un écart quantifié à une norme établie a priori. Car, si ces pathologies sont des troubles de l’expression, donc du langage, il faut donc conceptualiser et définir ce qu’est le langage et l’expression lexicale. Or ces modèles fonctionnent en prenant le langage comme une chose existant a priori.
La pathologie n’est pas un écart par rapport à la norme, il nécessite donc de dresser un tableau explicatif de ces pathologies selon un modèle théorique cohérent en trouvant des concepts fonctionnant avec ce tableau explicatif; et vice-versa. Il faudra donc essayer de trouver la logique interne du trouble, sa régularité plutôt que de l’estimer illogique ar rapport à une norme. Cela consiste à réfuter le normo-centrisme et à favoriser l’interprétation qualitative à l’interprétation quantitative.
Un modèle théorique doit nous aider à tracer un ensemble de ces pathologies et ces dernières doivent aider à illustrer les hypothèses émises dans le modèle théorique. Ici, la question est donc sur le rapport entre les mots et les choses et donc de la représentation d’un objet (mental) et de ses liens avec le « langage En effet, une observation des plus succinctes des deux extraits cliniques montrent comme dit plus haut que l’on retrouve un trouble dans a verbalisation d’un objet que l’on demande de reconnaître.
La linguistique classique (et notamment Saussure comme en témoigne la citation du sujet 1 du dossier) estime que la connaissance est le produit des mots. La psychologique cognitive estime, elle, que la connaissance est issue de sensations puis des perceptions et enfin des « mots » qui ne seraient que des étiquette 20 est Issue de sensations pus des perceptions et enfin des « mots » qui ne seraient que des étiquettes, des reflets de ce qul est perçu. Avec l’aide de la théorie de la médiation nous allons essayer de surpasser ces deux modes de eprésentation pour construire une réalité clinique.
Le modèle théorique est donc la théorie du signe dans la théorie de la médiation de Jean Gagnepain. Le signe est donc le rapport entre les « mots » (la capacité de langage, d’analyse linguistique, ici la grammaticalité qui est une capacité essentiellement humaine) et les « choses » (gnosie, ce que l’on perçoit sous forme d’objet mental qui est construit par rapport à une réalité,’ ici la capacité de symbolisation, que l’on partage avec l’animal).
Ce qui nous intéresse est que l’homme pour se représenter la réalité utilise ces deux apacités en même temps et les dépasse. Et ce qui nous préoccupe ici est de savoir si les extraits cliniques viennent d’une même pathologie ou de deux différentes, et si elles sont différentes, selon le modèle théorique, de définir si elles appartiennent à un trouble de la gnosie ou à un trouble du langage et en quoi elles se différencient. Nous allons commencer par décrire l’extrait clinique numéro 2: Ce qui est demandé au patient est donc un « exercice un test de dénomination d’image.
Nous allons commencer par décrire de manière très basique les réponses données par le patient. Dans la première série, qui va de [canard] à [poule], sa première réponse est « un oiseau patient. Dans la est « un oiseau Ce qui logiquement est assez juste, le canard faisant partie de l’espèce des oiseaux (ou si je fais une erreur de classification, il ressemble tout de même à un oiseau avec des plumes et des ailes); même si de toute manière, il dit le mot canard.
Puis, on lui demande de dénommer une [cane] (mot basé sur le même radical que canard) et il reste sur le radical « can » mais n’arrive pas à trouver; et il y rajoute des suffixes féminins « ane « ine », « ette Puis au mot caneton], il dit que c’est « l’enfant de la famille », à comprendre l’enfant de la famille du canard et de la cane. Ensuite, on lui demande de nommer un [coq] qui, l’on pourrait dire, est un « voisin » du canard.
Il se fait tromper, piéger ici par le clinicien: la proximité objective, « logique » du canard et du coq le fait persister dans l’utilisation du radical « can » et il va par conséquence utiliser un suffixe (masculin: « on ») pour le dénommer. Il appliquera le même schéma pour la poule qui est de la même famille que le coq. Qu’est-ce que nous disent ces observations? Tout d’abord que le atient ici reconnaît ce qu’on lui montre. Il n’est pas troublé par ce qu’il voit, il a juste ici des problèmes à dire ce que c’est. Nous serions donc ici dans un trouble du langage et non de l’objet.
En effet pour le justifier encore plus, le fait qu’il arrive à dire que le caneton et le canard sont de la même famil 4 20 plus, le famille, le fait qu’il mette des suffixes féminins à des animaux femelles prouvent qu’il reconnaît les animaux qu’on lui montre; d’ailleurs il réfute le mot « caniche » (qui est masculin) pour nommer la cane (qui est féminin), il dit que ce mot n’existe pas. Aussi il réfute de la même manière que récédemment le mot « canette » (qui est féminin) pour parler du caneton (qui est masculin).
Il reconnaît les images, il sait assez bien de quoi il parle, mais il ne sait pas comment le dire: c’est donc bien ici un trouble DU langage, donc une aphasie. De manière descriptive, il est plutôt confus quand il parle et il le fait avec abondance (cf: l’énumération « canane, caniche, canine, canette, canon, canone… Cela nous ferait plus penser que nous avons affaire ici à un aphasique de Wernicke, un aphasique de Broca lui parle peu et est plus précis.
Qu’est-ce qui avec ce que nous avons décrit plus haut peut érifier que c’est un aphasique de Wernicke? En rappelant que les aphasiques ont donc un trouble de la Grammaticalité, c’est à dire un trouble de l’analyse grammaticale. Et que ce trouble se trouve sur un des deux axes théorisés par Jean Gagnepain. Pour l’aphasique de Broca, le trouble est sur l’axe génératif, celui de la segmentation, et pour Wern cke qui nous intéresse tout particulièrement, le trouble est sur l’axe taxinomique, Oit l’axe de la différenciation lexicale.
Dans cet extrait précis, le pati s 0 l’axe Dans cet extrait précis, le patient ne conteste pas la « règle sous-entendue par l’exercice. C’est ? ire que sa première réponse est « canard » et que tout du long, ? cause de la proximité objective des espèces qu’on va lui demander de nommer, il va utiliser le schéma de ce « mot de ce sème pour en former des nouveaux en rajoutant des suffixes.
Ajoutons que l’ajout de ces suffixes est très cohérent, il rajoute les suffixes féminins ette b, « ane Ine » au radical « can » pour désigner un cane, animal femelle. II sait dériver un mot. Il n’a donc pas perdu l’analyse du marquage discontinu et sait donc toujours segmenter: en démontre sa « paraphrase » pour parler du caneton: « l’enfant de la famille »: l sait ici faire du même avec de l’autre,’ il sait construire un phrase syntaxiquement correcte [Il + enfant + de + la + famille] là où un aphasique de Broca juxtaposerait des sèmes.
Par contre, l’on voit bien qu’il est dans la persévération du modèle quand, de la même manière, par un piège du clinicien qui en mettant un animal plus ou moins proche de la famille du canard mais qui ne se construit pas du tout sur le même radical (le coq) le pousse à utiliser justement le même radical. Il ne peut faire autrement que de continuer ? segmenter car il n’a pas l’analyse de la différenciation verbale: il e sait en effet plus différencier et compense par la segmentation, pour arriver à un « nouveau mot » s’approchant 6 0 différencier et « représentativement » du mot coq.
En partant du radical « can » pour parler d’un coq (il ne peut faire autrement, rappelons-le), il rajoute le suffixe masculin « on » qui n’est pas si mal pour s’approcher d’un équivalent « représentatif » de coq. Cest un peu le principe de la quatrième proportionnelle, mais lui ne peut pas rajouter un autre sème dans l’équation. Bien qu’il réfute le mot « canon » pour parler du coq: il a l’air de bien savoir que ce n’est as le mot qui convient, peut-être un réminiscence de son stock de mot qu’il a.
Il réfute d’ailleurs ? chaque fois qu’il donne une réponse « qui ne convient pas comme si il avait conscience que ce n’est pas le mot attendu; certainement répétons-le par réminiscence du stock de mots qu’il a. Il sait peut-être ce que l’on attend mais il ne peut pas le dire. Dernière chose sur cette séquence, après le coq on lui demande la poule. Il met en place encore une fois le même schéma de dérivation du radical can puis réfute les mots qu’il a proposé. Ils ne lui conviennent pas et, brusquement, il dit le mot poulet.
C’est un phénomène difficile à expliquer; nous pouvons faire une hypothèse (qui ne vaut certainement pas grand chose mais essayons): celle de penser que coq et poulet dans la réalité désignent, il me semble, à peu près la même chose et que donc l’image du coq pourrait être celle de l’image du « poulet » en lien avec le mot « po et que donc l’image du coq pourrait être celle de l’image du « poulet » en lien avec le mot « poulet », et que suivi de l’image d’une poule, il y aurait retour d’une prévalence du radical « poule ».
Puisqu’il dit le mot « poulet » puis « poulette » et enfin « poule Et on a l’impression que le mot « poule » lui dit quelque chose puisqu’il ne le réfute pas. Mais c’est un simple hypothèse qui ne se vérifie pas plus bas, car on voit bien que le clinicien essaie encore de piéger le patient en lui remontrant la séquence coq poule, et là la personne reproduit le même schéma qu’avant.
Pour conclure sur la première séquence, nous aurions bien affaire avec un aphasique de Wernicke, le modèle expliquant bien les résultats rapportés, les prédisant presque même. Pour plus d’approfondissement, voyons les autres séquences qui présentent également un grand intérêt pour ‘argumentation que nous essayons de mettre en place.
Prenons la séquence de « poussins » ? « cerf Tout d’abord ce qu’il est important de montrer dans le test est que la première image est poussin et qu’elle n’a objectivement rien à voir avec la suite des trois images « biche, paon, cerf À l’image du poussin, le patient répond presque ce que quelqu’un sans pathologie pourrait répondre, en utilisant un radical phonétiquement ([pul] et [pus] sont tout de même assez proches) et sémiologiquement proches (le poussin est le petit de la poule) et le bon suffixe in Mais il dit n première fois « poulin » et après persévère e la poule) et le bon suffixe (« in »).
Mais il dit un première fois « poulin » et après persévère et dérive autour du radical « poul Ici, certainement que les proximités sémiologiques et phonétiques ont joué dans son « erreur » (en entendant ici par rapport à la norme), mais ce qu’il est important de remarquer est la persévérance du radical « poul une fois qu’il a été dit, il ne peut plus faire autrement que tourner autour du pot avec ce radical là.
Notons encore que le patient n’est pas convaincu par sa proposition: « je ne sais pas Jusqu’ici, on e fait que répéter ce qui a été dit plus haut, mais ce qu’il est important de voir est que quand on passe de l’image du poussin à celle d’un cerf, qui, rappelons-le n’a pas grand chose à voir avec la famille des volailles, on peut croire que le patient sent bien qu’il est difficile de créer un mot avec le même radical. Il est donc complètement bloqué; ne pouvant pas faire de différenciation lexicale, il ne peut non plus utiliser ce même radical pour parler d’un animal dune famille totalement différente.
Il est donc perplexe: « je ne vois pas Mais quand le clinicien lui souffle le mot ? biche », il l’accepte et pardonnez-moi l’expression, mais c’est reparti pour un tour: il va plaquer le schéma du modèle « biche » exactement de la même manière que plus haut. Ce qu’il est intéressant de remarquer également est le fait que quand le mot « biche » pour parler d’un cerf, il n’est pas convaincu par sa proposition et va paraphraser. ot « biche » pour parler d’un cerf, il n’est pas convaincu par sa proposition et va paraphraser. Cest à dire pour répéter les termes plus haut que ne pouvant pas changer de sème (différencier) il va plutôt ajouter des choses, donc continuer ? egmenter: il y a ici surdétermination de la segmentation. Concernant, la troisième séquence, il s’agit de trois images différentes mais dont les mots correspondants à ces Images sont légèrement proches phonétiquement: il commencent tous par un [a].
Ici pour araignée, il semble que le patient avait dans l’idée d’une tarentule et que donc cela contrecarre légèrement le but du test qui était, supposons-le de jouer sur une confusion phonologique potentielle du patient. Pour tarentule » qu’il a du mal à dire, on voit bien qu’il a quelques phonèmes avoisinants et qu’avec ces derniers, il fait, pardonnez-moi encore l’expression, a ratatouille, en collant divers affixes proches des « sons » de [tarentule] (il segmente en somme) pour arriver à quelque chose de plutôt proche de ce mot. uis « tarentelle » étant fort éloigné phonologiquement et sémiologiquement d’« avion le patient a pu dire « avion » Justement. Quand vient l’image de l’abeille, là le patient est un peu plus embêté; en effet il va essayer de combiner autour du [a] de « avion »: « aimeresse » (Ca] et [è] sont proches phonologiquement), puis va même essayer de combiner autour du [v1 d’« avion »: « vil Quand l’examinateur lui souffle [ab], il est toujours dans l’hypothèse, 0 0