devoir maison

essay B

En 2095, deux clans se sont formés : les Zappeurs (adeptes des écrans) et les Lettrés (population allergique aux ordinateurs et ayant pour seuls centres d’intérêt l’écriture, la littérature et la lecture). Une guerre est sur le point d’éclater. Un virus a fait son apparition, mis au point par les Zappeurs. II a pour but de détruire les livres : quand une personne lit un livre, elle pénètre dans l’histoire et devient un personnage du roman, son spectateur. Ce virus peut paraître merveilleux et inquiétant à la fois car il efface les caractères au fur et à mesure de la lecture !

Il en est de même our l’écriture du livre. Les mots et phrases écrites s’effacent au fur et à mesure qu’on les lit. Allis, une Lettrée sourde et muette, élue à l’AElOU, est chargée de trouver un antido communique sur int et demi (il ne sait rie ne peut pas parler, el Les Lettrés pensent 7 Swip page . Chaque soir elle ami(e) depuis un an sie car, comme elle ermédiaire d’écrans. eux. Un soir elle reçoit donc une lettre de l’Académie disant qu’elle doit trouver un antidote, car le virus L. I. V. 3 s’est répandu dans un grand nombre de villes.

Seule Allis peut y arriver et sauver le monde dans lequel es Zappeurs et les Lettrés vivent… Y parviendra-t-elle ? Les livres lus seront donc perdus à tout jamais si Allis ne trouve pas d’antidote. Le contexte de l’ouvrage A la fin du XXIe siècle, l’Europe est gouvernée par un aréopage de quarante écriv Sv. ‘ipe to écrivains, philosophes et intellectuels, qui siègent à la TGB, l’ex-Bibliothèque François Mitterrand. Cette dictature douce a interdit télévision, jeux vidéo, l’usage de l’informatique et bien sûr d’Internet.

La majeure partie de la population, les Lettrés, lit avec passion et s’adonne volontiers à l’écriture. Chacun porte ésormais un prénom, un nom et des initiales qui évoquent un écrivain ou un héros de roman. Pour pouvoir s’exprimer en public, chaque Lettré doit posséder son PPP ( le Permis de Prise de Parole Cependant, une opposition existe. Elle est surtout constituée par les jeunes des banlieues qui se sont eux-mêmes baptisés les Zappeurs. Adeptes des images, des jeux et des technologies interdites, ils communiquent clandestinement via Internet.

Dans leur QG, la ZZZ ( Zone des Zappeurs Zinzins ils ont mis au point un virus redoutable qui efface les lettres des livres au fur et à mesure qu’on les lit. Tout livre atteint du virus ontamine ses lecteurs, et tout lecteur contaminé le transmet aux livres… Mais ce virus possède une qualité : il immerge le lecteur au coeur l’ouvrage ; on vit ainsi l’histoire en trois dimensions, on peut même dialoguer avec les personnages du roman, modifier l’action et changer la fin du récit !

C’est la « Lecture Interactive Virtuelle » (LIV) qui, enfin, permet aux Zappeurs d’accéder aux livres. Tous ces éléments d’information sont bien sûr livrés peu à peu au lecteur au fil de l’action. Au début du roman, l’héroïne ignore tout de ce virus ; seuls les quarante Voyelles ( parlementaires insi baptisés car ils font partie de l’Académie Européenne des Intellectuels Officiels Unis ) l,’ baptisés car ils font partie de l’Académie Européenne des Intellectuels Officiels unis ) en ont constaté avec effroi les premiers ravages…

Le récit Allis CC. Wonder, une jeune Lettrée, communique par Internet avec Mondaye, une amie qu’elle n’a jamais vue. Elle reçoit la visite de trois Voyelles : Emma Croisset, Rob D. F. Binson et Colin B. V. Chloé. Ils lui annoncent qu’elle vient d’être élue à l’Académie grâce à l’ouvrage ( pourtant provocateur et ambigu ) qu’elle vient de publier : Des livres et nous. Le récit d’Allis semble en effet une main tendue aux Zappeurs. Son titre rappelle leur cri de guerre : « Délivrez-nous des livres ! ? Stupéfaits de surprendre Allis en train de communiquer sur Internet, les Académiciens en comprennent vite la raison : Allis est sourde et muette, l’informatique est son seul moyen de communiquer. Ils devinent aussi pourquoi Allis ne condamne pas systématiquement les Zappeurs : elle correspond quotidiennement avec eux. En fait, ils n’ont élu Allis que pour une seule raison : elle leur semble apte à se rendre chez les Zappeurs, découvrir la ZZZ et négocier avec eur chef, Lund, afin que le virus cesse ses ravages ou que soit livré un antidote aux Lettrés.

Après avoir constaté les effets étonnants et séduisants du virus ( car Allis peut entendre et parler en LIV ! ) elle se rend chez les Zappeurs et parvient jusqu’à Lund. De même qu’Allis est privée de la parole, lui aussi est privé de l’usage d’un sens fort précieux : la vue. Cependant, la sourde-muette et l’aveugle communiquent par technologie interposée, grâce à la présence bienveillante de Taboul, un « homme-écran » po technologie interposée, grâce à la présence bienveillante de Taboul, un « homme-écran Pourquoi j’ai écrit Virus LIV 3 ?

Au début des années 90, Internet et les jeux vidéo étaient en pleine expansion. Le cinéma, comme toujours, semblait en crise et les jeunes, passionnés par ces nouvelles technologies, semblaient de plus en plus bouder le livre pour lui préférer la télévision, l’ordinateur et d’une manière générale les écrans. Cétait aussi l’époque où l’on venait de mettre au point l’e- book, le « livre électronique Un e-book avait l’allure d’un livre mais sa couverture et ses pages ( plastifiées en apparence ) étaient blanches.

Il s’agissait en fait d’un véritable ordinateur. Quand on y gl ssalt une disquette qui contenait, en langage informatique, un ouvrage entier, la couverture et les pages se couvraient de caractères et le livre devenait, selon la disquette utilisée, Les Misérables ou Le Petit Prince… Le gain de place était évident et le procédé séduisant : à terme, pensaient beaucoup, les « livres-papier » allaient disparaître au profit de l’e-book. Chacun en aurait un et achèterait les classiques ou les nouveautés en librairie… ous la forme d’une simple mini- disquette. Plus de bibliothèque ! Plus de livres ! Cétait si sérieux que naquirent très vite, à l’époque, des ociétés qui achetaient aux éditeurs les « droits de reproduction et de diffusion informatique » de nombreux ouvrages, notamment des romans. Tous les contrats des auteurs en font d’ailleurs encore mention. Cétait aussi l’époque où les éditeurs, mais aussi les bibliothécaires et les documentalistes étalen 4 OF l,’ bibliothécaires et les documentalistes étaient très inquiets.

Quand j’intervenais dans les collèges ou dans les médiathèques, on me posait souvent la question, comme si, passant pour un auteur de SF donc quelqu’un qui connaît un peu l’avenir… D’après vous, quand les livres vont-ils disparaître ? Je tentais de rassurer mes interlocuteurs. Contrairement ? certains de mes collègues ou camarades ( comme Alain Grousset, avec qui j’avais fait un pari ! je ne redoutais pas du tout la concurrence des écrans, d’Internet et encore moins celle des e- book. Moi-même amoureux des livres, j’étais persuadé que ceux- ci perdureraient.

Mais je devinais chez les intellectuels ( écrivains, profs de Lettres, documentalistes, bibliothécaires ) une telle angoisse et un tel désir de sauvegarder le livre ( et, indirectement, leur emploi ) que je résolus de leur répondre… au moyen d’un roman . Un hommage à Bradbury… t aux livres Ce roman, hommage déclaré à Ray Bradbury (je le lui ai dédié prend l’exact contre-pied de Fahrenheit 451 En effet, dans Fahrenheit 451, les livres sont interdits par le pouvoir qui se sert des écrans pour gouverner. Dans Virus LIV 3, c’est l’inverse : le pouvoir est au mains des Lettrés qui interdisent les écrans.

Ce roman, publié il y a un demi-siècle, m’avait longtemps servi de modèle dans mes interventions sur la SF. Bradbury, j’avais été longtemps en contact avec lui, dans les années 80, quand j’étais directeur de la petite collection Folio-Junior SF chez Gallimard et ue je publiais certaines de ses nouvelles collection Folio-Junior SF chez Gallimard et que je publiais certaines de ses nouvelles. En outre, il venait de m’envoyer très gentiment ( et gracieusement ! ) une préface pour ma thèse de doctorat ( La science-fiction, lectures d’avenir ? ) qui allait paraître aux Presses Universitaires.

Suis-je un Lettré ou un Zappeur ? Je suis moi-même un Lettré zappeur… ou un Zappeur lettré ! Lettré ? Eh oui, j’ai été prof de Lettres, directeur de collection, journaliste, j’ai longtemps travaillé dans l’édition. Je suis aujourdhui écrivain à temps complet et pourtant… Zappeur ? Mais oui ! Je travaille huit heures par jour devant un écran, j’utilise des logiciels, Internet, j’envoie et je reçois trente mails par jour ! Par ailleurs, si je lis beaucoup ( douze à quinze ouvrages par mois je regarde presque toujours la télévision le soir. J’ajoute que mon fils est… informaticien.

Et que moi-même, dans ma propre écriture, j’ai souvent fait intervenir les sciences et les technologies : astronomie, génétique, informatique… Ecrlvaln et lettré, je ne juge pas les écrans ou l’informatique comme des concurrents ou des adversaires mais plutôt comme des alliés, des compléments. Aujourd’hui, on peut à la fois être amoureux des livres, inviter des amis pour débattre avec eux pendant des heures, écrire du courrier… mais aussi aller au cinéma, regarder la télé et se connecter sur Internet pour se documenter, se distraire, écrire des mails ou participer à des chats !

Dans mon esprit, ce roman constitue donc une sorte d’invitation à la cohabitation, à la tolérance. Cet ouvrage s’adresse d’ailleurs autant aux a 6 OF l,’ d’ailleurs autant aux amateurs des écrans, que j’invite à la lecture, qu’aux inconditionnels des livres, que j’invite à s’ouvrir aux nouvelles technologies. Des domaines qu’ils méprisent ou rejettent — en apparence seulement, car ces intellectuels regardent aussi la télévision, ils ont souvent un téléphone portable et… un ordinateur ! Quand ai-je écrit Virus LIV 3 ?

En combien de temps ? Pendant de longs mois, deux ans peut-être, j’ai mûri l’idée de cette société future où s’affronteraient Lettrés et Zappeurs, amoureux des livres et adeptes des nouvelles technologies. Avec un personnage qui tenterait d’effectuer le lien entre ces deux clans. J’ai entrepris la rédaction du récit pendant l’été 1993, dans un petit studio que possédait ma mère au bord de la mer. Je n’avais pas emporté d’ordinateur et je rédigeais mon texte au stylo, sur un cahier. Au bout d’un mois, j’avais écrit quarante pages.

Je les ai relues et Jugées médiocres : le style manquait de vigueur, les personnages manquaient d’épaisseur, mon récit traînait en longueur. J’ai abandonné le manuscrit sur place. Un peu plus tard, mis au défi ( par ma fille ) d’écrire un roman policier, je me suis lancé — à mon retour en Dordogne — dans la rédaction de Coups de théâtre. Mais je n’avais pas perdu le fil ni l’envie décrire Virus LIV 3, dont je continuais à mûrir les péripéties dans ma tête. L’été suivant, je suis revenu au même endroit. Mon fils m’avait fait cadeau d’un vieux 386 et d’un moniteur noir et blanc. Javais emporté ce matériel.

Et… j’ai retrouvé mon cahier. J’ai relu d’un moniteur noir et blanc. J’avais emporté ce matériel. Et. j’ai retrouve mon cahier. J’ai relu les quarante pages de mon histoire. Et j’ai compris pourquoi elle était médiocre. Il me fallait la rédiger à la première personne. Et ménager plusieurs surprises au lecteur. Par exemple, ne pas lui révéler dès le départ que l’héroine était sourde et muette. Je me suis alors remis au travail, pendant tout l’été 1994 ?? juillet et août. Il n’est pas resté une phrase de la première version, même SI la trame de l’histoire était strictement la même.

Des délais de publication très longs… J’ai adressé mon manuscrit à Laurent David, directeur de la collection Le Livre de Poche Jeunesse chez Hachette, où existaient déjà La Machination et Le cœur en abîme. Laurent David m’a promis une réponse rapide mais ce ne fut hélas pas le cas : d’abord, il n’aimait guère la science-fiction, et ce roman n’a pas eu la priorioté dans ses projets ; ensuite, il était sur le point de prendre sa retraite ; enfin, il était débordé à la fois par a rédaction d’une œuvre personnelle ( un dictionnaire par les manuscrits en attente et… es problèmes liés à sa succession. Il a mis plus d’un an avant de me donner sa réponse : oui, mon roman était retenu et il sortirait au Livre de Poche Jeunesse. Mais voilà : après Laurent David est arrivé un nouveau responsable qui m’a laissé sans nouvelles. Quand je me suis manifesté, m’étonnant que mon ouvrage ne sorte pas, il m’a aussitôt déclaré : Cest exact. Ce manuscrit, je veux le lire moi-même et décider si oui ou non je désire le publier. Et depuis que je suis arrivé à ce poste, je t décider si oui ou non je désire le publier. Et depuis que je suis arrivé à ce poste, je suis débordé.

Laissez-moi du temps. Il lui a fallu plus d’un an pour me donner… la même réponse que Laurent David ! Avec une demande de modification pour la fin ( il ne voulait absolument pas… des neuf dernières lignes ! demande qui nous a longtemps opposés, au point que la publication du roman n’a plus constitué une urgence à ses yeux. J’ai tenu bon, mon roman est sorti sans être amputé mais… en 1998, quatre ans après que je l’ai écrit ! Pourquoi une héroïne sourde et muette ? Il ne pouvait en être autrement ! Pourquoi Allis est-elle élue à l’Académie ?

Parce que leurs membres ont besoin d’un nouvel auteur susceptible d’aller rechercher un antidote chez les Zappeurs. Ce nouvel élu ne doit pas en avoir peur, il doit même être plutôt proche deux… même s’il doit absolument être un Lettré ! Or, aux yeux des « voyelles » cette mystérieuse Allis semble être le candidat idéal : son ouvrage, Des livres et nous, est une sorte de main tendue aux Zappeurs ! Voilà pourquoi ils choisissent Allis. Mais au fait… pourquoi Allis a-t-elle écrit cet ouvrage tolérant et ambigu, dans lequel elle montre une sorte de sympathie pour es ennemis jurés des Lettrés ?

Parce qu’elle utilise Internet, parce qu’elle communique avec les Zappeurs notamment avec un d’eux, Mondaye… et il est normal que le courant passe entre eux puisque, si Allis est une « Lettrée qui zappe Mondaye, le chef des Zappeurs… est le fils de la principale Lettrée ! Or, comment se fait-il qu’une Lettrée utilise ces moyens technologiques principale Lettrée technologiques interdits ? Eh bien parce qu’elle ne peut pas faire autrement, elle est sourde et muette . Pourquoi un héros aveugle… et des personnages handicapés ? Je voulais montrer que les handicapés ont souvent des leçons ? nous donner.

Il me semblait à la fois audacieux et intéressant de mettre en scène deux personnages qui ignorent que chacun d’eux est handicapé. Je voulais aussi : * que leur handicap les touche dans ce qu’ils ont de plus cher : Allis, une Lettrée, est privé de la parole et Lund, Zappeur, privé de la vue ! * que malgré leur handicap ( essayez de mettre face ? face une sourde-muette et un aveugle… comment vont-ils communiquer ? ), ils parviennent à parler… et même à s’aimer. Et cela, grâce à leur ténacité — et aux nouvelles technologies ! Ma femme et moi sommes touchés par les handicapés.

Membres de plusieurs associations, nous avons longtemps côtoyé des handicapés. La mère de ma femme était handicapée. La fille de notre meilleur ami, au village, est une jeune autiste. Ma femme a longtemps travaillé dans le domaine de l’enfance inadaptée. Pourquoi un tel titre ? Il se veut un hommage à la littérature — et indirectement ? ces textes du XVIIe, XVIIe et XVIIIe siècle souvent affublés d’un sous-titre : Don Juan ou Le festin de pierre, Frankenstein ou Le Prométhée moderne, etc. Je souhaitais un titre-choc à la manière de Fahrenheit 451 ) qui pose une énigme au s LIV 3 » évoque 0 7