CONSERVATISME ALGERIEN

essay A

2013/ 13 Facteur culturel et pratiques comptables en Algerie Benaicha badis MC Université d’Alger 3 Hamid fatma Doctorante – Université d’Alger 3 Résumé : Notre articl facteurs environnem tau. ?? particulièrement le fa diversité des pratiqu or 26 ertain nombre de e mieux cerner la A cet effet, l’article se propose d’explorer les liens qui existent entre les valeurs culturelles spécifiques à l’Algérie et les valeurs comptables caractérisant le système comptable financier pour mieux expliquer les pratiques de valorisation et de divulgation adoptée par les entreprises lgériennes. pour réallser notre travail, on a mobilisé le modèle de Hofstede et Gray (1988).

Les résultats de cette recherche indiquent que la culture de chaque société influe sur la conception et la mise en œuvre d’un système comptable donné, et que l’appropriation et l’application du système comptable financier conformément aux normes comptables internationales passent par un changement de la culture this research indicate that the culture of each society affects on the design and implementation of any accounting system and the appropriation and application of financial ccounting system according to international accounting standards requires a change of Algerian accounting culture.

Key words: Cultural Values, Accounting Values, accounting practices. Introduction La diversité des systèmes comptables est déterminée par de nombreux facteurs sociaux, politiques, économiques ou encore culturels. La compréhension des influences de ces facteurs sur le système comptable nous permet d’appréhender et de comprendre la spécificité d’un cadre comptable donné. Le présent article s’intéresse à l’étude des effets d’un facteur parfois oublié : le acteur culturel, sur le système comptable.

La problématique qui va donc guider notre travail est la suivante : quel est l’impact du facteur culturel sur les pratiques comptables en Algérie? L’Algérie, à Pinstar de beaucoup de pays, a adopté un nouveau référentiel comptable: le système comptable financier (SCF) conforme aux normes comptables internationales IAS/IFRS pour remplacer l’ancien système : le plan comptable national de 1975 (PCN). bbadis@gmail. com 27 OF les effets et les conséquences du facteur culturel sur le système comptable financier en s’appuyant sur le modèle de Hofstede-Gray (1988).

Hofstede et Gray ont développé un modèle permettant de déterminer l’influence de la culture sur les systèmes comptables. En effet, Hofstede a mis en évidence quatre dimensions culturelles : l’individualisme contre le collectivisme, le contrôle de l’incertitude, la distance hiérarchique et la masculinité contre la féminité. En 1988, Gray relie les valeurs culturelles identifiées par Hofstede aux quatre valeurs comptables : la professionnalisation contre la régulation par la loi, l’uniformité opposée à la flexibilité, le conservatisme contre l’optimisme et enfin la confidentialité contre la ransparence.

Pour répondre à la problématique posée auparavant, nous allons nous intéresser dans la première partie aux travaux de recherche antérieurs portant sur l’effet de la dimension culturelle sur le système comptable. La seconde partie sera consacrée ? l’exposition des concepts théoriques développés par Hofstede et Gray. Enfin, dans la troisième partie, nous analyserons l’impact du facteur culturel sur le système comptable algérien à l’aide du cadre théorique de Hofstede et Gray. l. Revue des travaux portant sur le facteur culturel et les pratiques comptables.

De nombreux travaux ont essayé de déterminer la relation entre les facteurs environnementaux et le système comptable. Notre étude s’intéressera seulement à celles qui se sont portées sur l’effet d’un seul facteur, en l’occurrence le facteur culturel, sur le système comptable. Cette relation a été étudiée ar certains auteurs en s’appuyant sur un modèle théorique ( PAGF la question d’une façon générale sans se référer à un cadre théorique donné. Dans ce qui suit, nous exposerons les études menées dans quelques pays arabes, notamment les travaux menés par Iraj Noravesh, Zahra Dianati Dilami et

Mohammad S. Bazaz 2007 (Iran), Ibrahim MOUSSA 2009 (Libye), Chouchane 2010 (la Tunisie). Ensuite nous allons présenter des études faites dans d’autres pays du monde lesquels ont une économie différente de celle de l’Algérie. l. 1. Iraj Noravesh et al (2007) : cas de l’Iran1 Dans l’objectif de mettre en avant la relation entre les valeurs culturelles émises par Hofstede et les valeurs comptables de Gray dans le contexte Iranien, Iraj Noravesh et al ? travers un article ont essayé de déterminer les effets des changements culturels en Iran sur les pratiques comptables.

Les résultats de cette recherche montrent la relation entre la culture et les valeurs comptables en Iran. D’après Iraj Noravesh et al, cette relation trouve appui dans plus de la moitié des hypothèses mises par Gray. En effet, après la recherche empirique qu’ils ont mené et qui vise à tester les hypothèses de Gray reliant les valeurs culturelles aux valeurs comptables dans le contexte Iranien, ces auteurs ont conclu que seulement huit sur treize hypothèses mises par grays peuvent être prlses en consldération dans l’explication de l’impact du facteur culturel sur les pratiques comptables en Iran.

Selon Iraj Noravesh, le modèle de Gray ne peut pas être valable pour toutes les sociétés. -2013/ développement, plus particulièrment le contexte culturel. Dans son étude, moussa analyse la compatibilité de ces normes avec la culture de la Libye. Selon Moussa, l’adoption par la Libye des normes comptables internationales est une nécessité pour lui permettre de s’intégrer totalement dans la sphère économique mondiale. L’application d’un système comptable inspiré des normes comptables internationales en Libye se heurte cependant à une culture locale très réticente au changement.

Moussa a, à travers une étude empirique, analysé la relation existant entre la culture et le système comptable à partir du modèle (Hofstede et Gray 1988) afin de répondre à la problématique de recherche, et il est arrivé au constat sulvant : les normes comptables internationales dont le nouveau système est inspiré ne sont pas pertinentes au contexte culturel libyen. Dès lors, Moussa considère que la culture constitue une contrainte ? l’application de ces normes en Libye. 13.

Besma Chouchane (2010) : cas de la Tunisie3 Dans le cadre de sa transition vers une économie libérale et pour ccompagner cette transition, la Tunisie a, dès 2007, adopté le système comptable des entreprises. Ce nouveau système inspiré des normes comptables internationales est problématique pour la Tunisie étant donnée la nature de nomique composé PAGF s OF comptable dans le contexte culturel tunisien. La chercheuse a conclu, à travers un questionnaire qu’elle a réalisé, que le système comptable tunisien conforme au modèle anglo-saxon n’est pas pertinent à la culture comptable tunisienne.

Néanmoins, selon Chouchane, ce nouveau système influence d’une façon lente la culture des cteurs en comptabilité mais elle reste tout de même un obstacle devant l’application de ce nouveau système. De ce fait, Chouchane souligne, à travers son étude, qu’il faut prendre en considération le facteur culturel dans le choix d’un système comptable. Outre les études réalisées dans les pays arabes dont le contexte économique ressemble fortement à l’économie algérienne, nous pouvons aussi nous référer aux études réalisées dans d’autres contextes, comme celles que nous allons exposer dans ce qui suit : 1. . Samir Ayoub et Keith Hooper (2009) : cas de la France4 Samir Ayoub et Keith Hooper ont conduit une recherche empirique suite aux résultats obtenus par le cabinet Français Mazars lors de l’étude européenne qu’il a mené. Cette étude a conclu que la France est le pays qui a le plus résisté ? l’adoption des normes comptables internationale IAS/IFRS par rapport aux autres pays de l’Europe qui suivaient le même modèle comptable continental mais qui n’ont pas montré une forte résistance à l’adoption du modèle anglo-saxon.

Suite à ce constat, Samir Ayoub et al ont étudié, à partir d’une recherche empirique sans se référer à un cadre théori ue les raisons culturelles pécifiques à la France qui PAGF OF ont analysé, à travers des valeurs culturelles comme la langue, le modèle social, la religion, la politique ou encore la résistance au changement, les freins culturels à l’adoption des normes comptables internationales.

Des résultats de cette recherche, il en résulte la nécessité d’un changement culturel qui permettra l’adoption complète de ces normes même si les experts évoquent une baisse future de cette résistance. 1. 5. David R. Borker (2012) : cas des pays de BRIC5 29 Après l’identification de Jim O’Neill en 2001 des économies ?mergentes du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine comme économies de BRIC, David R.

Borker a analysé les nouveaux aspects du système comptable découlant de la culture de ces quatre pays émergents. Afin de réaliser cette étude, le chercheur a mobilisé le modèle de Hofstede et Gray (1988). Les résultats de cette étude montrent que les pays dont les valeurs de la culture comptable s’éloignent des valeurs du modèle anglo-saxon se heurtent à la complexité du processus d’adoption des normes IAS/IFRS. De ce fait, les pays de BRIC ont quelques obstacles à surmonter.

C’est pourquoi l’auteur trouve qu’il est utile de recourlr à des stratégies d’appui à l’adoption de ce nouveau référentiel, en prenant l’exemple de la Russie qui a déployé des moyens considérables pour ameliorer l’infrastructure du cadre professionnel. David R. Borker considère n’est qu’un facteur parmi PAGF 7 OF aidera à mieux gérer son passage au nouveau système. À partir de la revue de ces différents travaux de recherche, nous concluons que la pertinence des normes comptables internationales dépend du contexte culturel des pays dans lequel ces normes sont adoptées.

Outre la nécessité de prendre en considération le facteur culturel lors de l’adoption des normes comptables internationales, il ressort de ces études la pertinence du cadre théorique de Hofstede et Gray pour l’analyse de ce type de relation entre la culture et le système comptable. Il. Cadre théorique de Hofstede et Gray (1988). Plusieurs recherches se sont inspirées des travaux de Hofstede et Gray pour expliquer l’influence de la culture sur les valeurs et pratiques comptables. C’est pourquoi nous allons présenter dans cette partie ce modèle qui est aussi le modèle que ous allons emprunter dans notre étude.

Nous commençons par la présentation du cadre théorique développé par Hofstede (1 980), nous identifierons par la suite les valeurs comptables telles qu’elles sont définies par gray et les hypothèses qu’il a émises pour relier ces valeurs aux valeurs culturelles de Hofstede. 11. 1 . contexte culturel et travaux de Hofstede (1980) L’un des modèles théoriques les plus révolutionnaires utilisé dans la compréhension de l’impact de la culture sur le comportement des indlvidus en entreprise est le cadre théorique de Hofstede (1980).

Les travaux de Hofstede ont été publié dans un ouvrage appelé «culture’s and consequences » où il définit la culture comme étant la programmation collective PAGF 8 OF obtenues de plus de 116000 questionnaires auxquels ont répondu les salariés d’une grande société multinationale IBM dans 72 pays, Hofstede décline la culture en quatre dimensions (la distance par rapport au pouvoir, le contrôle de l’incertitude, l’individualisme et la masculinité) supposées être à la base de différences culturelles entre les nations7.

A partir de ces dimensions, Hofstede affecte un score ? 0 pays. Les quatre dimensions culturelles dégagées par Hofstede peuvent être résumées comme suit : – La distance par rapport au pouvoir Appelée aussi distance hiérarchique, cette dimension représente le degré à partir duquel les membres d’une société acceptent que le pouvoir dans les institutions et les organisations soit distribué de manière inéquitable 8.

Les cultures à faible distance hiérarchique luttent pour l’égalisation du pouvoir et demandent des justifications pour les puissantes inégalités ; par contre dans les cultures à grande distance hiérarchique, les ordres iérarchiques sont acceptés sans avoir besoin de justifications par ceux qui n’ont pas de pouvoir 9. 30 Ainsi le problème fondamental abordé par cette dimension est de savoir comment une société traite les inégalités entre quand elles se produisent par cette dimension est le degré d’interdépendance que la société maintient entre les individusl 2.

Dans les cultures collectivistes, l’attention portée aux normes, aux obligations, aux devoirs guide la plupart des comportements sociaux. Dans les cultures individualistes, le comportement social est guidé par les besoins personnels, les droits et les ontrats 13. – Contrôle d’incertitude : Cette dimension explique le sentiment de mal être et du stress que sent une societé face aux évènements futurs inconnus, ce sentiment les conduit au maintien de règles et de formalité très strictes et à une intolérance envers les personnes et les idées14.

Dans les sociétés à faible contrôle de l’incertitude, les gens prennent assez facilement des risques personnels, ils ont moins d’ardeur au travail et ils sont relativement tolérants à l’égard de comportements et d’opinions qui diffèrent des leurs, car ils n’en éprouvent pas de menaces. Dans es sociétés à fort contrôle d’incertitude, les populations manifestent une grande nervosité et une forte agressivité, c’est ce qui explique le degré élevé de planification des activités économiques dans ces sociétésl 5. Le degré de masculinité ou de féminité : Cette dimension mesure le degré de différenciation dans l’attribution des rôles sociaux entre les deux sexes ; les sociétés masculines sont caractérisées par une préférence pour l’héroisme, la réussite matérielle et l’accomplissement, tandis que la modestie, la qualité de vie et les relations interpersonnelles sont de iées aux sociétés