CNNum Rapport Inclusion Num Rique Nov2013
Rapport à la Ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de PÉconomie numérique. Octobre 2013 www. cnnumerique. fr/inclusion Citoyens d’une société numérique ACCÈS, LITTÉRATIE, MÉDIATIONS, pouvoiR D’AGIR : 01 POUR UNE NOUVELL O p g Conseil national du Bâtiment Atrium 5, place des Vins de France 75573 paris cedex 12 info@ccnumerique. fr – @CNNum 01 53 4421 25 CONTACT PRESSE presse@cnnumerique. fr Rapport remis à la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Innovation et de l’économie numérique
Conseil National du Numérique – vvww. cnnumerique. fr Pour une nouvelle politique d’inclusion comme ailleurs et que règne chez de nombreuses élites une form e de fatalisme, dont on constate les ravages politiques. Un objectif pourtant très réaliste dès qu’on se penche sur la myriade d’initiatives de solidarité citoyennes qui aujourd’hui encore fleurissent dans tous les territoires français. Ce document est avant tout un cadre de pensée pour l’action. No us devons d’abord nous affranchir du concept de fracture numérique.
Il pousse à croire que le probl ème serait résolu dès lors que des esures, forcément temporaires, parviendraient à faire « rentrer dans le numérique ceux qui en sont exclus Quand plus de d’une population est équipée et connectée ; quand tous les jours surgissent de nouvelles générations d’outils qui appellent autant d’apprentissages ; quand nos manières de travailler, d’étudier, de nous relier, de nous déplacer, de créer, de partager se transforment à l’aide et du fait du numérique, cette vision binaire du dedans et du dehors ne tient plus.
Nous sommes entrés dans une phase permanente d’apprentissage collectif et de remise en cause personnelle. Nous devons ensuite composer avec 3 constats, qu pourraient apparaître contradictoires au premier regard, alors qu’ils découlent tous de l’omniprésence du numérique.
En premier lieu, les enjeux d’inclusion numérique concernent désormais l’ensemble de la population et nous sommes face à une cible mouvante : une personne à l’aise avec le numériq ue aujourd’hui dans son univers familial et amical pourra se trouver perdue demain quand il lui faudra réinventer son métier numérisé ou soigner une patholo ie via un dispositif dématérialis 2 01 minoritaires, sont également ceux qui sont par ailleurs ictimes de marginalisation sociale, culturelle et économique, qui appellent d’ autant plus des actions spécifiques en faveur de ces publics.
Penser l’inclusion dans une société numérique impose de construire des politiques pour tous sans perdre de vue ceux qui sont les plus fragiles et qui doivent demeurer la priorité. Mais, troisième constat, le numérique, lorsqu’il est convoqué dans des projets porteurs de sens, peut également constituer un formidable levier ou accélérateur de changement. Mobilisé dans la redécouverte de l’estime de soi, il participe de parcours de recons truction personnelle.
Utilisé dans des projets d’innovation sociale, il apporte des réponses créatives à des besoins sociaux collectifs et nourrit une reconfiguration démocratique. Ce document ouvre également un certain nombre de pistes d’actions, pour donner corps à notre vision. Nous aurions pu en avancer de nombreuses autres. Comm e vous le verrez dans les annexes du rapport, les idées, les initiatives, les expériences réussies ne manquent pas.
Elles doivent aujourd’hui trouver auprès des pouvoirs publics, européens, natio naux et territoriaux, un appui en phase avec l’époque que nous vivons : la puissa ce publique peut se penser comme une plate- forme dont le rôle premier est de soutenir et d’accompagner cette innovation sociale ascendante, d’organiser la mise en réseau et la mutualisation de ces initiatives, parfois d’en accélérer la montée ? l’échelle par des dispositifs législatifs.
L’inclusion est bien entendu une affaire de redistribution. Dans une société immat 3 01 enjeu technique et économique mais participe de la construction d’un projet de société, nous devons faire en sorte que chacun dispose des conditions matériell es et culturelles pour en être non as un simple utilisateur ou consommateur, mais un citoyen à par t entière. MEMBRES DU GROUPE DE TRAVAIL AU SEIN DU CONSEIL Benoît Thieulin, Président du CNNum, Directeur général de l’agence digitale La Netscouade Valérie Peugeot, Vice-présidente du CNNum, pilote du rapport, chercheuse ? Orange Cabs, en charge des questions de prospective au sein du laboratoire de sciences humaines et soci e de l’association VECAM. 01 Avec le soutien du secrétariat général, notamment Jean-Baptiste Soufron, Secrétaire général du CNNum Judith Herzog, Rapporteur adjoint Brice Brandenburg, Rapporteur adjoint (stagiaire) . w. cnnumerique. fr Pour une nouvelle politique d’inclusion www. cnnumerique. fr Pour une nouvelle politique d’inclusion 6 SOMMAIRE UNE AMBITION POUR FAIRE SOCIETE S’appuyer sur le numérique pour réduire les inégalités 9 Un troisième regard sur la relation « numérique- société » . Sept bonnes raisons pour changer d’ambition 12 Dépasser la « fracture numérique », penser fe- inclusion d’aujourd’hui et de demain _ De l’e-inclusion à l’ascenseur social numérique S 01 14 NOS RECOMMANDATIONS . 9 I. FAIRE DE L’ACCES A INTERNET ET SES RESSOURCES ESSENTIELLE S UN DROIT EFFECTIF 31 Il. FAIRE DE LA LITTERATIE POUR TOUS, LE SOCLE D’UNE SOCIETE I NCLUSIVE . 39 Ill. S’APPUYER SUR LE NUMÉRIQUE POUR RENFORCER LE « POUVO IR D’AGIR » DE TOUS LES CITOYENS 49 RÉINVENTER LES MEDIATIONS À L’ÈRE NUMÉRIQUE — 57 V. L’EMPLOI NUMERIQUE : OUVRIR LA PORTE AUX 900 000 JEUNE SA LA DÉRIVE . 65 VI. AIDER LES DÉCIDEURS A EMBRASSER LES ENJEUX SOCIAUX ET P OLITIQUES DU NUMERIQUE 73 VII.
DISPOSER D’INDICATEURS ADAPTES A CIÉTÉS NUMERIQUES ET AUX NOUVEAUX OBJECTIFS D’E- INCLUSION ‘ÉTAT ACTUEL DES SO 81 snmw. cnnumerique. fr pour une nouvelle politique d’inclusion 7 LES ANNEXES – Seconde partie du rapport ANNEXE I. MESURER L’E-INCLUSION OU L’E-EXCLUSION ANNEXE II. LISTE DES PARTICIPANTS AUX VENDR EDIS CONTRIBUTIFS DU GROUPE E-INCLUSION ANNEXE Ill. CONTRIBUTIONS DES PARTICIPANTS AU GROUPE E- NCLUSION iété française. Des phénomènes sociaux fondamentaux accompagnent les transformations industrielles et économiques.
Les sociabilités, la relation aux autres, l’accès aux s avoirs et la façon de les créer et de les partager, le rapport au temps et à l’espace, à l’argent, les façon s de travailler et de se distraire, l’accès aux administrations et aux services essentiels, la vie ublique, la vie citoyenne se métamorphosent en permanence. L’emploi, la formation, la consommation et la production se reconfigurent, directement et indirectement, par le numérique. Cette profonde transformation appelle une reconfiguration toute aussi radicale de nos approches du lien entre numérique et inclusion sociale.
La question de l’accès devient résiduelle – ce qui ne signifie pas qu’elle disparaît. La question de l’appropriation rend mieux compte des inégalités face au numérique, mais chacun se rend compte qu’elle est plus comp lexe, plus multidimensionnelle, que celle de l’accès. Enfin, SI le numérique a pris un rôle aussi central dans notre société et notre économie, alors il devient co-responsable de l’état de cette sociét é et l’on doit déplacer la question : et si, au-delà de chercher à éviter que le numérique n’accroisse le s inégalités, on s’appuyait sur lul pour les réduire ? ? L’e-inclusion» doit désormais prendre un sens positif, offensif. Le numérique peut se mettre au service d’une société plus équitable, plus juste, plus solidaire, plus participative. Pourvu que l’on en pense les conditions. un troisième regard sur la relation « numérique-société » La perception politique des uestions d’inclusion liées au numériq ue et les actions publique 01 technologie/société. La première considère que la technologie doit être accessible à tous, quelles que soient les conditions d’âge, d’habitat, de revenus…
Cette généralisation cher che à éviter que le numérique ne vienne renforcer des facteurs d’inégalité déjà existants. Elle cherc he également à former une main d’œuvre capable de contribuer à une économie informationnelle dont on attend beaucoup en termes de croissance. La société est représentée de façon binaire . ly aurait ceux qui vivent dans le onde numérique et ceux qui en sont exclus. Il s’agit alors d’ame ner massivement les populations « au numérique », par des politiques européennes, nationales ou territoriales de lutte contre la fracture numérique.
Celles-ci s’intéressent principalement ? abaisser les barrières pour que le numérique ne crée pas à lui seul de nouvelles inégalités. Historiquement, les politiques d’e- inclusion se portent alors prioritairement sur les questions de l’accès – équipement, réseaux -r puis dans une moindre mesure si l’on compare les dépenses et les dispositifs engagés, sur les questions de ensibilisation, de formation et d’accompagnement aux usages.
La seconde approche met l’accent sur le nouveau potentiel dont I e numérique serait porteur pour les individus comme pour les sociétés. Il s’agit de libérer ce potentiel, en mobilisant le numérique pour améliorer les dispositifs sociaux (entraide sociale, liens sociaux, médiations), por 8 01 individus et le fonctionnement des organisations publiques comme prlvees.
Il s’agit alors de penser le changement « par le numérique » Cette approche délègue en grande partie à l’innovation techno-économique du secteur marchand le soin de penser des services obilisables par une large partie de la population. Les usages ma ssifs et viraux de certains services comme ceux de réseaux sociaux accréditent l’idée que nous sommes dans un cycle naturel de socialisation et de créativité par le numérique qui n’appelle pas d’ action publique particulière.
Il nous faut aujourd’hui dépasser ces deux approches empreintes l’une comme l’autre d’un déterminisme technologique – négatif pour la première, positif po ur la seconde -, pour penser une société « avec le numérique c’est-à- dire une société dans laquelle le numérique a d’ores et déj? énétré la vie de la large majorité des populations, dans leurs soci abilités, leur travail, leurs loisirs, leurs activités collectives, etc. 10 La diversité des discours « Quelques des Européens n’ont jamais utilisé l’Internet.
Ces gens – pour la plupart des personnes âgées, sans emploi ou à bas revenus ne disposent pas des compétences, de la confiance en eux et des moyens d’utiliser les médias numériques et ne euvent donc pas participer à la société c avancé comme les États-Unis, comme c’est le cas actuellement, aurait fait disparaître la pauvreté. Or, en parallèle de l’essor des nouvelles echnologies de ces dernières décennies, le taux de pauvreté aux États-Unis a stagné autour de 13 gf), demeurant honteusement élevé pour l’un des pays les riches du monde. ? Kentaro Toyama, « Can Technology Commission européenne, Digital Agenda 2020, Poverty? « , Boston Review, 2010 2010 End « Les réseaux sociaux seront-ils un levier pour l’ascenseur social ? C’était l’utopie de départ, c’est au mieux un rêve. Mais nous vivons avec nous pensons que la technologie va construire l’égalité. En réalité, le web reflète et agrandit la dynamique sociale qui existait avant son apparition. Il n’y a aucun doute sur le fait que les gens pourront faire fructifier leurs réseaux plus efficacement et facilement grâce aux outils numériques.
Mais principalement leurs réseaux existants. Une part énorme de la population manque des contacts et des amorces de réseaux permettant d’avoir accès à tout cela. » « Quelle chance pour des familles vivant dans l’extrême pauvreté, souvent isolées, de pouvoir ainsi créer, s’informer, informer d’autres, partager leur expérience de lutte contre la misère, s’appuyer sur des informations, des ir seules, savoirs existants pour n ICI