Camus

essay B

On supposera que les dernières pages ont été influencées par l’exécution de diamant, guillotiné le 16 juin 1939: la scandale qu’elle provoqua, en suscitant autour du condamné une sorte de union mondaine, mit fin aux exécutions capitales sur la voie publique. Mais Camus était déjà sensible à la question de la peine de mort. Premier bu lézardera I phoque 15, 2009 16 pages ou le silence. Ainsi toute l’année. Il attend. Il attend de La première édition de L’Étranger L’Étranger est datée du 15 juin 1942. La critique officielle soumise au régime de Vichy et aux autorités d’occupation, jugea le livre avilissant et immoral.

SOURCES I. On demanda à Camus s’il avait été influencé par le poème en prose de baudrier : L’Étranger, qui débute « Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ainsi 7 ton père, ta mère, ta sueur ou ton frère ? » Camus répondit que « s’il y avait eu emprunt, il était inconscient et de réminiscence. » 2. Camus admirait beaucoup les ouvrages de standard. Dans Le Rouge et le Noir, jolie est un peu comme amoureuse, «étranger» à son procès, l’un et l’autre acceptant l’exécution capitale comme une forme de martyr. [2] 3. AI y a des points communs entre L’Étranger et stade ou Candide de volontaire.

Dans Candide, la démonstration philosophique est ironiquement résumée par la formule célèbre:« Tout est pour le mieux dans le meilleur des ondes possibles ». 4. Plus probants sont les rapprochements opérés entre L’Étranger et café (1883-1924) en particulier son roman le plus célèbre , Le Procès (publié en 1925). Jouées K … Est accusé. Mais il ne sait pas de quoi. AI tient sans doute à se défendre, mais il ignore pourquoi. Les avocats trouvent sa cause difficile. Entre-temps, il ne néglige pas d’aimer, de se nourrir ou de lire son journal. Puis il est jugé. Mais la salle du tribunal est très sombre.

Il ne comprend pas gara il est jugé. Mais la salle du tribunal est très sombre. AI ne comprend pas grand-chose. Il suppose seulement lui est condamné, mais à quoi, il se le demande peine… Dans La Métamorphose, autre ouvre de café, le narrateur, grégaire, transformé en scarabée , pense au mécontentement de son patron quand il constatera son absence. amoureuse, devenu orphelin a la même réaction, disproportionné à son malheur. Ce nivellement par la conscience de tous les événements, ordinaires, extraordinaires ou fantastiques, appartient à une tradition de l’absurde.

Il provoque aussi bien des effets comiques (ainsi dans madame ou Comment s’en débarrasser , de ioniser). Ne pourrait-on, à la limite, trouver comiques ratines réactions incongrues de amoureuse, de grégaire ou de jouées K. ? La situation de amoureuse sur le point de serrer la main au juge deviendrait un gag dans un autre contexte. ÉTRANGER jusqu’ moment où il est jugé, amoureuse ne sent étranger en aucune manière. Il ne se sent étranger ni par rapport la réalité ni par rapport à la société. Son accord avec la nature est même assez parfait pour n’être jamais mis en question.

Il parle de la mer, du sable, du soleil comme nous parlerions de l’air que nous respirons. Il faudra que la société l’en prive pour qu’il cherche à établir un rapport ui est désormais celui de l’absence, de la séparation – avec ce qui était jusquiames son élément naturel. De même, sa façon l’absence, de la séparation – avec ce qui était jusquiames son élément naturel. De même, sa façon d’être avec les autres » les mots «amitié» , «amour» supposent chez celui qui les prononce une prise de conscience de ses rapports avec ses semblables.

amoureuse ne se pose pas le problème des rapports humains: il les vit, et il est étonné (mais disponible) quand rayon lui offre son amitié ou Marie son amour. Tout change à partir du procès:« On avait l’air de traiter été affaire en dehors de moi. Tout se déroulait sans mon intervention. Mon sort se réglait sans qu’on prenne mon avis» Tant qu’il était libre, amoureuse avait montré une étonnante passivité devant les êtres et les choses; il n’avait pas le moindre goût pour l’aventure et le dépaysement: son seul univers était celui de son bureau, de son quartier , du port , de la plage quand il s’ trouvait invité.

Avait-il une journée de loisir ? Il la passait à son balcon. Ses amis étaient ses voisins de palier, son collègue de bureau, son restaurateur. Tout au plus, l’enterrement de sa mère nous -t-il permis de le voir échapper à a routine quotidienne. A l’asile de mariage, puis lors des obsèques, il s’est montré attentif à tout ce qui lui apportait du nouveau: les visages des gens, leur façon de se vêtir, le cérémonial de l’enterrement.

A plus forte raison son emprisonnement et son procès lui ouvrent-ils, si l’on ose dire, des horizons: il assiste à son procès comme à un aspect assiste à son procès comme à un spectacle; il remarque l’emphase des orateurs, le comportement des journalistes, et – chose nouvelle – se livre à des déductions sur les sentiments de ceux qu’il côtoie. S’il est étranger, c’est donc dans un premier sens parce qu’on la dépaysé alors qu’il y était si peu préparé (peut-être se serait-il senti de même, au sens le plus élémentaire du mot « étranger » à Paris s’il avait accepté l’offre de son patron).

Il est presque aussi étranger à son pays, à ses coutumes, à ses lois et ne comprend pas qu’il devrait jouer le premier rôle dans son procès. amoureuse ne se sent pas étranger au monde, mais le lecteur peut voir en lui un étranger. Mais lui est-il étranger ou simplement étrange ? On peut trouver de l’étrangeté (c’est à dire un caractère étrange) dans l’attitude de amoureuse. Tout d’abord, sa nonchalance, qui se traduit par une extraordinaire propension au sommeil : il s’assoupit dans l’autobus qui le conduit à l’asile, puis devant le cercueil, se réjouit à la perspective de dormir « pendant douze heures».

Il a ensuite « de la peine a [se] lever. Le lendemain, il dort «jusqu’ dix heures». Quand rayon vient frapper à sa porte à trois heures de l’après-midi, il le trouve couché ; il bâille quand saloon lui raconte son histoire; enfin – mais il s’agit cette fois d’une triste réalité de l’univers carcéral, ui vaudrait p enfin – mais il s’agit cette fois d’une triste réalité de l’univers carcéral, qui vaudrait pour d’autres prisonniers – il dort, dans sa cellule, de seize à dix-huit heures par jour !

Mais e caractère étrange de amoureuse nous est aussi sensible grâce aux impressions des autres personnages du roman: son indifférence devant son avenir surprend son patron, son indifférence devant le mariage surprend Marie, et son comportement déconcerte son avocat. Sans doute y a-t-il une opacité du personnage, due à la forme même du roman: c’est amoureuse lui-même qui raconte l’histoire, avec ne conscience réduite, sans permettre au lecteur aucun recul. Mais il existe aussi une opacité de l’homme que ce personnage est censé recouvrir.

En somme, la forme choisie par Camus répond à son intention : ce récit, où les événements sont réduits à leur brutalité, traduit la psychologie d’un être qui ne se pose guère de questions. Mais l’étrangeté de amoureuse débouche souvent sur un comportement d’étranger. Dormir avec autant d’obstination, c’est une manière de se retirer du monde. amoureuse est étranger aux conventions sociales, aux règles de la justice. Il dira lui-même, parlant du procureur: « Il a déclaré que je n’avais rien à faire avec une société dont je méconnaissais les règles les plus essentielles. . Il est aussi étranger à lui-même: lorsqu’ a tiré sur l’Arabe, sa main était étrangère à son cour et à son esprit; à l’enterrement de sa mère, où tiré sur l’Arabe, sa main était étrangère à son cour et à son esprit; à l’enterrement de sa mère, où il s’est rendu dans un état voisin du somnambulisme, c’est le fantôme de lui- même qui a assisté aux obsèques; aujourd’hui que se roulé son procès, il est étranger à celui qu’il était lorsqu’ a commis le crime; et il a agi ainsi, c’est parce qu’il a toujours été étranger à Dieu.

C’est du moins ce dont voudraient le convaincre ceux qui lui veulent du bien: le juge d’instruction , l’aumônier.

Ils se donnent la noble tâche de recoller les morceaux de cette personnalité émiettée, de réconcilier le corps – une fois sa juste punition accomplie – avec le cour et l’esprit; ils veulent exercer le amoureuse d’hier à condition que le amoureuse d’aujourd’hui prenne en charge ses fautes et son passé, et le remettre enfin dans le nie de Dieu pourvu qu’il veuille bien croire qu’il a une âme, c’est à dire un principe unificateur de sa personnalité au nom duquel les actes qui l’éloigneraient d’une conduite tracée seraient qualifiés d’égarement.

LE RÉVOLTE Ses bienfaiteurs (le juge d’instruction, puis l’aumônier ), en voulant amener amoureuse à renoncer à son caractère d’étranger, vont provoquer en lui une révolte au terme de laquelle il le revendiquera; du moins, va-t-il gagner une personnalité consciente d’elle-même. AI découvre enfant que sous prétexte de le réintégrer à la société, on veut ‘expulser de lui-même, et qu’on est quel sous prétexte de le réintégrer à la société, on veut l’expulser de lui-même, et qu’on est qualifié d’ «étranger» par les hommes quand on refuse les règles du jeu qu’ils ont inventées.

Les «cris de haine» qu’il appelle de ses vieux à la fin du récit expriment le désir, porté à son paroxysme, d’être séparé des hommes. Paroxysme qui pousse le sentiment jusqu’ sa contradiction: souhaite-t-on la haine des hommes quand on leur est totalement étranger ? Au moins ces cris de haine attesteront-ils, à leur manière, la rateraient retrouvée et désormais lucide de amoureuse avec un autre monde (celui de la tendresse, de l’instinct, d’une communion spontanée avec la nature), ce monde que la société des hommes ignore ou réprouve.

Ainsi amoureuse se rend-il, au dénouement, définitivement étranger à la société. Se pose alors la question de son rapport avec le lecteur. Si nous lisons le roman comme le souhaitait probablement Camus, nous n’épousons pas le point de vue des juges et de l’aumônier, nous ne condamnons pas amoureuse, et nous ne souhaitons pas davantage, pour pouvoir l’absoudre, qu’il se convertisse aux règles du jeu social. Nous admettons que c’est en demeurant «étranger» qu’il garde son authenticité . Mais pour nous amoureuse reste toujours un énigme.

Et pourtant, amoureuse se raconte: l’ouvre se présente même comme une sorte de confession. Or, cette confession n’apparaît nullement comme une tentative de justification,’ elle est confession. Or, cette confession n’apparaît nullement comme une tentative de justification; elle est un document brut (jusque dans l’extrême dépouillement du style, l’oppose des effets qu’affectent d’ordinaire les plaidoiries), qui témoigne de ce qu’est résultat. Mais en écrivant le récit à la première personne, Camus suggère que son héros adresse au lecteur ce témoignage.

Ainsi sommes nous conduits à lire le texte comme la profession de foi d’un homme qui a toujours refusé de transiger, y compris dans son langage, et en appelle à la haine par la haine; il peut réagir chrétiennement, en souhaitant qu’avant de mourir amoureuse ait reçu la grâce de revenir à de meilleurs sentiments; il peut aussi prendre la révolte pour ce qu’elle est, avec son mystère et sa grandeur, surtout quand elle conduit à affronter la mort avec courage.