Bulletin officiel

essay B

Bordée par 22 Etats et une population de 500 illions de personnes, elle révèle trois grands types de clivages qui conduisent à des tensions, voire des conflits : politiques, économiques et culturels. Convoitée traditionnellement par les grandes puissances, elle se distingue comme un secteur spécifique de la zone de contacts planétaires conflictuels entre le Nord et le Sud. Malgré les multiples lignes de fracture, des tentatives de coopération et de partenariat sont lancées afin de renforcer la stabilité et les échanges pluriséculaires.

Cette dynamique constitue l’une des grandes tendances géopolitiques contemporaines. Quels sont es enjeux géopolitiques et géostratégiques du Bassin 20E 12 l’histoire des civilisations qui se sont succédées. Se distinguent quatre grandes aires politiques (Europe, monde arabe, espace israélien et Turquie) et une zone de fracture économique présentant une asymétrie de développement au profit du Nord. Un carrefour de civilisations 2 La Méditerranée est une zone de contacts permanents, marquée par de nombreux conflits, mais aussi par des croisements commerciaux et culturels incessants.

Entre le IIe s. av. JC et le Ille s. ap. J. C. , cette mer a été une Mare nostrum, sous influence romaine, un nsemble unitaire où s’appliquait l’égalité juridique, la liberté de circulation, le respect de la diversité culturelle et une aire de paix. Depuis lors, plusieurs civilisations se sont succédées et ont marqué durablement les cultures des populations riveraines : arabo-musulmanes (VIIIeXIlle siècles) et ottomane (XIVe-XVIle siècles) dans la partie orientale et méridionale ; européenne dont le rayonnement s’étend à partir de la Renaissance.

A partir du XVIIIe siècle, la puissance britannique s’impose durablement pour maîtriser la route des Indes, en s’installant sur plusieurs sites tratégiques (Gibraltar en 1704, Malte en 1814, Chypre en 1878, Suez à partir de 1875)3. Durant la Guerre froide, ce sont les grandes puissances des deux blocs ui dominent le bassin méditerranéen. Celui-ci co 30F 12 aussi comme une zone de fractures et de clivages entre deux grands ensembles identifiés, un Nord développé et un Sud africain et oriental.

Carte 2 : Bases stratégiques et points de contrôle en Méditerranée en 2004 4 2 métropoles ont évolué pour devenir des villes portuaires importantes sur la route maritime des échanges comme le sont Shanghai en Asie, New York en Amérique ou Rotterdam dans le Nord de l’Europe. Barcelone est ainsi devenue une ville portuaire majeure après le franquisme, un ensemble commercial et économique comprenant un port, un aéroport, une zone logistique. Elle mène une stratégie de grande métropole pour assurer son développement et son ancrage 4 dans ce corridor de la mondialisation, notamment en coopérant avec Gênes.

Sur la rive Sud, Tanger devient un hub et une zone portuaire d’importance croissante, en assurant des prestations de service grâce à sa zone franche. Cette dynamique économique dans ce corridor de la mondialisation explique aussi ‘importance accrue, mais ancienne, de plusieurs verrous stratégiques que constituent les détroits. Ce sont les détroits des Dardanelles et du Bosphore, séparés par la mer de Marmara, à l’Est, et qui relient la mer Noire à la mer Méditerranée.

Ils sont des verrous stratégiques et des passages obligés pour la Russie dont la flotte représente du trafic (sur 50 000 navires environ) au milieu des années 2000. Ils sont aussi d’une grande importance pour la Turquie puisqu’ils relient les parties européenne et asiatique. L’autre porte d’accès d’importance stratégique est le détroit d t les rivages sont s 2 l’Afrique pour les touristes, les migrants légaux et clandestins. Enfin, une dernière porte d’entrée se distingue grâce au canal de Suez, depuis 1869, en reliant la Méditerranée à la mer Rouge.

Ce canal de 162 Km de long fait l’objet d’aménagement pour permettre aux navires de 350 000 tonnes de l’emprunter. Il joue un grand rôle dans l’économie mondiale, avec un trafic annuel de 300 millions de tonnes, permettant d’éviter le contournement de l’Afrique et de raccourcir les distances. En somme, la Méditerranée constitue rune des mers les plus mportantes au monde, en raison tant de sa position de carrefour de civilisations que de son ancrage dans la mondialisation des échanges comme par la présence des grandes puissances mondiales.

En revanche, elle constitue aussi l’une des lignes de clivages parmi les plus significatives dans le monde. DES CLIVAGES AUX TENSIONS : UN ESPACE SOUS TENSION es déséquilibres économiques 5 I apparaît, tout d’abord, de fortes inégalités de richesse entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée. Par exemple, le Produit intérieur brut par habitant est évalué, en moyenne, 3 000 dollars dans les pays de l’Union européenne contre 2 700 dollars dans les pays de la 6 2 revanche, pour les pays de l’Union, les exportations et les importations (4%) restent secondaires avec les pays du Sud.

Certes, des nuances seraient à préciser localement, mais la balance commerciale est négative pour le Maghreb. Carte 3 : Le produit intérieur brut par habitant dans les pays méditerranéens en 2006 2 démographique des pays riverains Nord et Sud de la Méditerranée entre 1950 et 2025 1950 2003 2025 pays riverains européens (millions d’habitants) 132 179 177 Pays riverains u Sud 66 262 339 Cette situation démographique conduit aussi à observer des mouvements migratoires du Sud vers le Nord.

Ces migrations, essentiellement liées au travail, concernent une population de 3 millions d nviron (hors migrants 8 2 front ou d’affrontements » se superposant à une ancienne ligne de confrontation entre Chrétienté et Islam. Il est vrai que les enjeux géopolitiques sont nombreux et que le bassin méditerranéen constitue un secteur particulier des contacts planétaires conflictuels entre le Nord et le Sud. Plusieurs zones sensibles et de tensions se remarquent ainsi.

Entre autres cas, il est possible de mentionner les tensions non résolues liées à Phistoire (partition de Chypre depuis 1974, relations entre Israéliens et Palestiniens depuis 1948), les tensions liées aux minorités (question kurde en Turquie et en Syrie), les tensions liées à la gestion des crises (BosnieHerzégovine, Kosovo), les tensions liées à la délimitation des frontières (la frontière entre Grèce et Turquie en mer Egée par exemple), la montée du terrorisme islamique (Algérie) et la prolifération des armes de destruction massive (Libye, Egypte, Syrie, Israël).

En somme, les objets de tensions sont multiples et complexes. Parallèlement, ils n’excluent pas la relance de projets de coopération régionale entre les deux rives. s’est noué dont les objectifs consistent à introduire une nouvelle dimension dans les échanges Nord-Sud. Toutefois, ce dialogue montre surtout des divergences d’intérêts, économiques pour les Européens, politiques pour les Arabes. Dès 1974, ce dialogue amène à reconnaître des contradictions de sorte que, en 1979, il est suspendu au profit de relations bi-latérales. Le processus de Barcelone (1995)

En 1995, ce premier dialogue des années 1970 tente d’être relancé7. Dans le contexte post-guerre froide, les pays de l’Union et douze pays tiers de la Méditerranée (Algérie, Chypre, Egypte, Israël, etc. ) forment une association régionale pour consolider la paix et la stabilité en Méditerranée et créer des partenariats. Ceux-ci sont de trois ordres : politique et de sécurité, économique et financier, culturel, social et humain. Pour les Européens, fidéal d’une Méditerranée formant un espace unique renaît. Le tropisme méditerranéen suscite des espoirs e stabilité durable.