Bonheur JP

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Le bonheur Introduction 2 La difficulté à définir le bonheur (Kant) 2 Le bonheur est-il concret ou abstrait ? 3 Le bonheur est-il durable ou éphémère ? 4 l. Bonheur et désir 4 A. L’hédonisme4 1 . Le bonheur est dans la satisfaction de tous nos désirs (Calliclès) 4 2. Le bonheur est la satisfaction de certains désirs seulement (Epicure) 5 B. Le stoiCisme 6 Le stoïcisme classi a. Distinguer ce qui d Modifier nos désir b. c La vertu, c’est le b 2. D. or 78 Sni* to View Marc-Aurèle) 6 n’en dépend pas 6 d. ?tre conscient des maux qui nous guettent7 . Conclusion 8 2. Un Stolcien original : Spinoza8 C. Le pessimisme 10 1. Schopenhauer 10 Bouddhisme 11 3. Christianisme 11 a sublimation 11 . Platon 11 2. Nietzsche 12 . Freud 13 Il. Bonheur et temps 14 A. Le bonheur se distingue du plaisir par sa durée 14 B. II faut chercher le bonheur dans l’instant présent 14 L’espoir nous empêche d’être heureux (Pascal) 14 dans l’activité qui lui est propre19 3. Le rôle de la chance 20 IV.

Le bonheur est-il le but de la vie ? 21 A. La questlon de droit 21 e bonheur doit être le but de la vie : l’eudémonisme antique21 2. Il ne faut pas chercher le bonheur mais obéir à Dieu (Christianisme) 22 3. Il ne faut pas chercher le bonheur mais s’en rendre digne (Kant) 2 Il faut être juste (Platon) 23 4. . Un exemple célèbre : Antigone 24 B. Bonheur et politique 25 Le bonheur dot être le but de la politique25 e bonheur ne doit pas être le seul but de la politique 25 C. La question de fait 26 1.

De fait, le bonheur est le but de la vie 26 . Qui veut être un imbécile heureux, un porc satisfait ? 27 3. Le bonheur n’est jamais le but de la vie27 V. Bonheur et technique 28 A. La technique peut mener au bonheur (Descartes)28 B. La technique nous éloigne du bonheur (Rousseau) 29 Concluslon (Freud) 30 Annexe 32 Quelques idées supplémentaires 32 Sois prêt à te suicider 32 Le monde n’est pas un panorama32 Illustrations et références 32 La pilule du bonheur 33 Citations 33 Quelques lectures… 3 Questions et sujets33 Questions d’auto-évaluation 33 Sujets de dissertation 33 Introduction OF [L]e concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut. [l]l est impossible qu’un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu’on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu’il veut ici véritablement. Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d’envie, que de pièces ne peut-il pas par là attirer sur sa tête !

Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d’une manière d’autant plus terrible les maux qui jusqu’à présent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien que charger de plus de besoins encore ses désirs qu’il a déjà bien assez de peine à satisfaire. Veut il une longue vie ? Qui lui répond que ce ne serait pas une longue souffrance ? Veut-il du moins la santé ? Que de fois l’indisposition du corps a détourné d’excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc. Bref, il est incapable de déterminer avec une entiere certitude d’après quelque principe ce qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudrait l’omniscience. On ne peut donc pas agir, pour être heureux, d’après des principes déterminés, mais seulement d’après des conseils empiriques, qui recommandent, par exemple, un régime sévère, l’économie, la politesse, la réserve, etc. , toutes choses qui, selon les enseignements de l’expérience, contribuent en thèse générale our la plus grande part a selon les enseignements de l’expérience, contribuent en thèse générale pour la plus grande part au bien-être.

II suit de là que les impératifs de la prudence, à parler exactement, ne peuvent commander en rien, c’est-à-dlre représenter des actions d’une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu’il faut les tenir plutôt pour des conseils (consilia) que pour des commandements (proecepta) de la raison ; le problème qui consiste à déterminer d’une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheur d’un être raisonnable est un problème out à fait insoluble ; il n’y a donc pas à cet égard d’impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Victor Delbos, 2e section, p. 90-91 Le bonheur est-il concret ou abstrait ?

Le bonheur peut être conçu de deux manières différentes : ou bien comme un sentiment concret, ou bien comme une idée abstraite. Dans le premier cas, le bonheur serait donc un vécu, un ressenti, une sorte de plaisir : il s’éprouverait. Dans le second cas, le bonheur ne s’éprouverait pas dans l’instant, il consisterait plutôt en un jugement porté après coup, a posteriori, sur sa vie. Si le bonheur est un jugement, on peut encore le concevoir de plusieurs façons : (1 ) d’abord, comme un jugement visant ? estimer si nous avons été bien ou mal « lotis si nous pouvons ou non nous « estimer heureux c’est-à-dire si nous avons eu ou non de la chance. Cela rappelle d’ailleurs l’étymologie heureux », c’est-à-dire si nous avons eu ou non de la chance.

Cela rappelle d’ailleurs l’étymologie du mot « bonheur » (bon heur, onne chance : « heur » veut dire « chance » en vieux français, et encore aujourd’hui dans l’expression avoir rheur de : « je n’ai pas l’heur de lui plaire y) et certaines expressions (au petit bonheur, par bonheur). C’est en ce sens qu’on se jugera heureux. par exemple, si on est sorti vivant d’un accident d’avion, même si on est handicapé à vie, même si on souffre physiquement (et qu’on ne saurait donc être heureux au sens d’un vécu, d’un sentiment). (2) On peut aussi penser que le bonheur est un jugement parce que toute sensation est douloureuse : seuls la douleur et le alheur s’éprouveraient, le bonheur, au contraire, ne serait rien de positif, il ne désignerait que l’absence de malheur ou de douleur. Cest par exemple la conception de Schopenhauer. 3) Enfin, le bonheur sera encore un jugement si on le conçoit non comme un plaisir mais comme le contentement ou la satisfaction d’avoir bien agi : là encore il s’agit d’un jugement sur notre passé. Ainsi, selon les Sto-lciens, le bonheur se réduit à la vertu : l’homme vertueux, qui agit bien, est heureux. Il ne s’agit pas ici d’une sensation (la conception stoïcienne du bonheur vise précisément ? montrer qu’on peut être heureux dans la souffrance) mais au contraire d’un jugement sur notre action passée, sur son caractère vertueux, sur la capacité que nous avons eue ? maîtriser nos penchants et nos désirs et à faire le bien. On voit que la distinction entre vécu et jugement coïncide avec la PAGF s OF nos désirs et à faire le bien.

On voit que la distinction entre vécu et jugement coïncide avec la distinction entre abstrait et concret, et aussi avec la distinction entre relatif et absolu : plus préclsément, si le bonheur est vécu, c’est quelque chose de donné, d’absolu au sens où ça ne dépend e rien dautre ; en revanche, si notre bonheur est un jugement qui compare notre sort à celui des autres ou à un sort moyen (ce qu’il était raisonnablement permis d’espérer), alors le bonheur provient d’une comparaison : c’est un être de comparaison il est relatif. Résumons tout cela dans un tableau . Bonheur vécu jugement concret abstrait absolu relatif juger que nous avons eu de la chance juger que nous ne souffrons plus juger que nous avons bien agi bonheur = bien-être, plaisir chance bonheur absence de malheur bonheur contentement, vertu Est heureux en ce sens celui qui savoure un état de bien-être. Ex Adam et Eve au jardin d’Eden, avant le péché originel. Ex : vivre des instants de plaisir (musique, soleil, cuisine, etc. ).

Est heureux en ce sens celui qui est rescapé d’un accident, même s’il souffre. Est heureux en ce sens cel de souffrir : par exemple PAGF OF est-il durable ou éphémère ? L’opposition entre bonheur et plaisir peut être pensée de deux manières : on peut dire que le bonheur est durable, tandis que le plaisir est éphémère. Mais on parle parfois d’un « instant de bonheur et on ne veut alors pas seulement dire un instant de plaisir : ce qui distingue donc, outre la durée, le bonheur du laisir, c’est l’idée que le bonheur est plus entier, qu’il désigne un bien-être complet du corps et de l’esprit, tandis que le plaisir ne concerne que le corps.

On peut aussi remarquer que toute sensation semble éphémère : car nous avons surtout conscience du changement : par exemple, dans un spectacle, notre œil est attiré par ce qui bouge ; de même, bien souvent on ne prend conscience d’un son qu’au moment où il s’arrête, ou au moment où il commence ; de même, on peut penser que toutes les sensations sont éphémères, donc que le plaisir est la conscience d’un changement. Cela expliquerait ue le plaisir ne puisse être durable : car toute sensation qui dure finit par se faire oublier, on sy habitude. Par exemple, l’homme s’habitue à la souffrance (le malade finit par ne plus penser ? son mal) aussi bien qu’au plaisir (une fois guéri, il se réjouira dans les premiers moments, mais après quelques jours il n’aura plus conscience de son bien-être). Le plaisir et le bonheur ne pourraient exister que dans le changement, et à partir de leurs contraires (la douleur et le malheur).

Si la sensation est essentiellement différentielle, nous avons donc le choix entre vivre de grands plaisirs entrecoupés de grandes ouleurs, ou ne vivr 7 OF avons donc le choix entre vivre de grands plaisirs entrecoupés de grandes douleurs, ou ne vivre qu’un état permanent de « bien- être » mais qui nous paraîtrait fade et serait ressenti sans grand plaisir. l. Bonheur et désir Le bonheur est étroitement lié au désir : en effet, l’objet par excellence du désir n’est-il pas le bonheur ? Et le bonheur ne consiste-t-il pas en la satisfaction de nos désirs ? Nous allons donc commencer par étudier les relations entre le bonheur et le désir. A. L’hédonisme Le bonheur est dans la satisfaction de nos désirs : telle est la hèse hédoniste. Chédonisme est la conception qui fait du plaisir la valeur suprême, le but de la vie, qui identifie bonheur et plaisir.

Or le plaisir est conçu comme ce qui accompagne la satisfaction de tout désir ; donc le bonheur consistera, pour l’hédoniste, dans la satisfaction des désirs. On peut distinguer deux versions principales de la théorie hédoniste : il y a ceux qul affirment que le bonheur consiste à satisfaire tous nos désirs, et ceux qui recommandent de ne chercher à satisfaire que certains désirs. Les hédonistes modérés et les hédonistes démesurés, pourrait-on dire. La manière la plus simple de concevoir le bonheur est d’affirmer qu’il consiste en la satisfaction de tous nos désirs. Cest la conception de Calliclès, personnage d’un dialogue de Platon, le Gorgias, qui met en scène Socrate.

Socrate, critiquant l’hédonisme, utilise une métaphore pour pousser Calliclès au bout de son idée : c’est la célèbre image du tonnea 8 OF une métaphore pour pousser Calliclès au bout de son idée : c’est la célèbre image du tonneau des Dana-ldes : Socrate : Considère si tu ne pourrais pas assimiler chacune des deux vies, la tempérante et [‘incontinente, au cas de deux ommes, dont chacun posséderait de nombreux tonneaux, l’un des tonneaux en bon état et remplis, celui-ci de vin, celui-là de miel, un troisième de lait et beaucoup d’autres remplis d’autres liqueurs, toutes rares et coûteuses et acquises au prix de mille peines et de difficultés ; mais une fois ses tonneaux remplis, notre homme ny verserait plus rien, ne s’en inquiéterait plus et serait tranquille à cet égard.

L’autre aurait, comme le premier, des liqueurs qu’il pourrait se procurer, quoique avec peine, mais n’ayant que des tonneaux percés et fêlés, il serait forcé de les emplir jour et nuit sans relâche, sous peine des plus grands ennuis. Si tu admets que les deux vies sont pareilles au cas de ces deux hommes, est ce que tu soutiendras que la vie de l’homme déréglé est plus heureuse que celle de l’homme réglé ? Mon allégorie t’amène-t-elle à reconnaître que la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée, ou n’es-tu pas convaincu ? Calliclès : Je ne le suis pas, Socrate. L’homme aux tonneaux pleins n’a plus aucun plaisir, et c’est cela que j’appelals tout à l’heure vivre à la façon d’une pierre, puisque, quand il les a remplis, il n’a lus ni plaisir ni peine ; mais ce qui fait l’agrément de la vie, c’est d’y verser le plus qu’on peut.

Platon, Gorgias, 493b – 494b Calliclès définit le bonheur comme la capacité de satisfaire tous nos désir PAGF q OF Gorgias, 493b – 494b nos désirs, y compris nos passlons les plus intenses • Calliclès : Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise : pour bien vivre, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, il faut être capable de eur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent. [L]e luxe, l’intempérance et la liberté, quand ils sont soutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur. Platon, Gorgias, 492a – 492c C’est aussi la thèse de homas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle : Un succès constant dans l’obtention de ces choses que, de temps en temps, Fon désire, autrement dit une constante prospérité, est appelé félicité. J’entends la félicité en cette vie.

Car il n’y a rien qui ressemble à la béatitude perpétuelle de l’esprit, tant que nous ivons ici, parce que la vie n’est elle-même que le mouvement et ne peut être ni sans désir, ni sans crainte. Hobbes, Léviathan, l, 6 Dom Juan est un hédoniste au sens de Calliclès et Hobbes : il cherche à satisfaire sans cesse tous ses désirs, notamment ses désirs de conquêtes féminines. L’inconvénient d’une telle théorie est qu’un tel bonheur n’est pas facile à atteindre. L’homme est plein de désirs infinis et démesurés : s’il cherche à satisfaire tous ses désirs, y compris les plus fous, ne risque-t-il pas d’être voué à l’échec et à la frustration, et ainsi d